La vie est pleine d'ironie. Surtout au moment présent. Je sens encore une secousse, sûrement due à une bosse sur la route et je sens mon corps sauter, c'est assez désagréable. Je suis dans une ambulance, en route pour retourner à l'hôpital.

Récemment mon état s'aggrave apparemment, alors rester les week-ends et les jours de fêtes chez Jisung devient impossible. Je soupire en regardant le plafond gris de l'ambulance au-dessus de moi. Retour à la case départ, c'est marrant quand on y pense. Je relativise en me disant que je verrais Jisung tout les jours maintenant, même pendant les week-ends. Youpi.

Quelques pensées éteintes et encore une douzaine de secousses plus tard, je retrouve ma chambre, celle qui m'accueille depuis que j'ai huit ans, une vieillerie à force. Certaines choses ne changent pas, le plafond est toujours aussi blanc, les murs ont toujours leur couleur bleu canard que je trouve hideuse, la chambre respire toujours la même énergie malsaine qu'elle a toujours eue, toujours le sentiment de solitude qui colle aux murs sans jamais me laisser un moment de répit. J'aurais vécu beaucoup de choses dans cet hôpital, quasiment toute ma vie en fait, alors je me sens un peu chez moi. C'est un retour à la maison. Un bien triste retour dans une bien triste maison.

C'est là que je me rends compte que tout est triste ici, tout est sombre et dénué de sens, l'hôpital est à l'image de ma vie d'avant. Triste constat, mais malheureusement réel. Je me place devant la fenêtre pour observer les arbres dépourvus de feuille plantés dans la cour. J'ai sommeil, l'envie de fermer les yeux me gagne progressivement, pourquoi suis-je si fatigué, je ne pense pas que ça soit normal au final, ou peut-être que j'ai toujours eu cette fatigue au fond de mon coeur. Je soupire, je ne sais plus ou donner de la tête.

Je repense à la tête de Jisung quand l'hôpital a appelé pour annoncer mon retour, il avait l'air tellement paniqué, et à la fois j'ai encore une mauvaise impression qu'il sait quelque chose mais qu'il ne dit pas tout. On dirait qu'il savait déjà tout ça, qu'il savait que tout ça allait arriver et qu'il agit juste comme il est censé le faire. Mes pensées se seraient sans doute encore plus accumulées si la porte ne s'était pas ouverte. Je tourne la tête pour apercevoir Jisung entrer, le pas timide. Un grand sourire se dessine naturellement sur mes lèvres quand je le vois rentrer et s'approcher de moi.

" - Désolé de ne pas avoir fait plus vite, il s'excuse en déposant un petit baiser sur mon front. 

- Aucune importance, cette chambre est déprimante de toute façon. Tout est déprimant ici. " 

Jisung retire son manteau et s'assoit sur le fauteuil rouge posé à côté de mon lit.

" - Tu exagères, ce n'est pas si horrible que ça, dit-il en rigolant.

- Je promet que ça l'est. Je l'ai tellement vu, sous tout les angles, à toutes les sauces que je vais finir par me tatouer ce maudit hôpital sur le front. 

- Ca t'irait pas mal.

- Je sais, merci. "

Jisung et moi nous contemplons pendant quelques secondes, puis je sens qu'il reprend son sérieux. Il me regarde avec quelque chose que je n'arrive pas à déchiffrer dans son regard, une once de culpabilité, et à la fois de la tristesse teintée de regret, quelque chose d'étrange. 

" - Je suis désolé, il finit par dire, beaucoup de fatigue dans sa voix. J'aurais du comprendre que quelque chose dans ton état n'allait pas, j'aurais du t'emmener à l'hôpital, mais je n'ai pensé qu'à moi, je voulais te garder avec moi et je n'ai pas fais attention. Pardon Minho. "

Maintenant, je suis sûr à 90%, non, même 100% qu'il me cache quelque chose. Je ne sais pas tout.

" - C'est rien, je mens. J'ai juste l'impression d'être le seul qui ne soit pas au courant de ce qui m'arrive vraiment. Mais ce n'est pas vraiment de ta faute je suppose. Alors ce n'est pas grave. Tant que tu es là, tout va bien. "

Jisung me sourit faiblement, et se lève pour m'embrasser rapidement. 

" - Je suis là, je serais toujours là. Appelle moi si tu as besoin de quelque chose. 

- Merci. J'ai juste besoin de dormir. "

Jisung hoche la tête, m'embrasse encore une fois et retourne travailler. Juste avant qu'il passe la porte, je l'appelle.

" - Jisung. "

Il se retourne, et me regarde en attendant que je lui parle. J'ai envie de lui dire que ça me blesse qu'il ne me dise pas tout, qu'il me mente, mais je me dis que ce n'est pas de sa faute. Je n'arrive pas à lui en vouloir au final, c'est trop dur.

" - Je vais bien, je finis par mentir. "

Il me sourit, je sens la culpabilité dans son regard, c'est incroyable comment il ne peut rien me cacher. J'en suis limite flippant. Il ferme la porte, et je me retrouve seul, encore. Je vais bien. Je me dis que nous formons un bon couple lui et moi. 

Chacun ment a l'autre, mais personne ne dit rien.