10 | it's all I ever wanted

Je fais de la merde. De la grosse merde. C'est seulement maintenant que je m'en rends compte, c'est bien triste à dire mais la vérité est là, je suis un imbécile, un idiot sans cervelle qui ne sait pas comment marche le monde et qui croit pourtant tout savoir. Je soupire, allongé dans mon lit, attendant que Jisung me veille. J'ai envie de m'enterrer, pas de mourir, mais juste de disparaître un petit moment, partir, me faire oublier. Ce n'est pas vraiment comme si je manquerais à quelqu'un de toute façon. La porte s'ouvre, et je ne me relève même pas pour regarder Jisung rentrer. Cette nuit, je suis fatigué, je n'ai pas envie d'affronter son regard, de faire comme si de rien était alors que tout ce dont j'ai envie c'est d'être près de lui.

" - Ce soir c'est un peu spécial, dit-il justement. "

Je m'assois pour voir de quoi il veut parler, et je constate qu'il porte une poche hermétique vide et une petit seringue.

" - Il faut faire une prise de sang, contrôle annuel, enfin... Tu sais déjà de toute façon. Bref, ils voulaient te la faire et j'ai demandé à ce que ça soit moi qui m'en occupe, je me suis dit que tu préférait qu'on ne soit que tout les deux.

- Non, dis leur de venir eux. "

Jisung, qui préparait la seringue s'arrête en entendant ma phrase, puis se retourne vers moi, une mine interrogative.

" - Demande leur de venir, je répète. Je préfère qu'ils le fassent eux. "

Jisung serre le poing.

" - Bon, tu veux bien me dire ce qui ne va pas ? Ça fait depuis des semaines que tu es désagréable, et ce n'est pas très plaisant de travailler avec quelqu'un qui ne coopère jamais.

- Je t'ai déjà dit qu'il n'y avait rien, arrête de me prendre la tête avec ça. "

Je sens que c'est la phrase de trop, celle qui le fera exploser. Et je ne me trompe pas une seule seconde, puisqu'il prend une chaise, s'assoit devant moi, et me regarde droit dans les yeux.

" - Sérieusement, c'est quoi ton problème ?

- Aucun problème.

- Aucun problème ? Bien évidemment. Moi je sais ce que c'est ton problème, et je vais te le dire. J'ai du faire quelque chose qui t'a déplu, qui t'as blessé, et du coup, comme ton égo surdimensionné et ton caractère de cochon t'empêchent d'avouer que tu as un problème, tu te replie sur toi-même parce que évidemment, c'est tellement plus intelligent de faire ça, plutôt que d'en parler directement avec moi. "

Ses mots sont durs, je n'aime pas quand il est comme ça. Je ne voulais pas que ça se termine comme ça. Si, en fait c'est ce que j'ai voulu. C'est moi qui ai déclenché ça, c'est moi qui ai évité Jisung depuis le début, je suis le seul à qui on peut rejeter la faute. C'est ce que j'ai envie de voir. Je veux le voir en colère, je veux le voir me détester, plus il me déteste mieux c'est pour lui, pour nous. Je n'ose pas vraiment répondre, acculé. Il me voit, perdu puis soupire.

" - Pardon, j'avais dit que je m'énerverais pas. Minho... Tout allait bien au début, t'étais super cool, et puis là... Qu'est-ce qu'il se passe ? Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal, qui t'as déplu ? S'il te plaît, parle moi... "

Oui, j'aimerais tellement pouvoir te dire les choses, mais je ne peux pas. Si je te l'avoue, tu partiras, tu prendras peur et tu disparaîtra, pour toujours. C'est ce que je veux lui dire, mais je me contente de tourner la tête. Je sens que sa colère remonte. Soudain, la porte s'ouvre en furie, c'est Yeji, une infirmière du service chirurgical.

" - Monsieur Han ! On a besoin de renforts au service, vous êtes disponible ? "

Il regarde Yeji, puis me regarde. Il fronce les sourcils.

" - Oui, je suis libre, dit-il en tournant la tête vers elle. J'arrive. "

Yeji le remercie, puis ferme la porte.

" - Bien, dit Jisung en se levant, puisque tu es comme ça et que visiblement je suis le problème, alors limitons toutes nos interactions. En dehors du lever et du coucher, on ne se voit pas, on ne se parle pas, et puis pour la cantine tu n'auras qu'à te débrouiller, c'est pas comme si tu mangeais de toute façon. J'ai assez fait d'efforts, maintenant je ne peux plus. "

Il ouvre la porte, et avant de sortir il se retourne et me regarde une dernière fois. J'aimerais lui dire de rester, mais c'est trop tard, il ferme la porte et je réalise que j'ai enfin gagné. Il me déteste, on ne se verra plus, je n'aurais plus besoin de souffrir autant. C'est fini. C'est ce que je voulais, ce que j'ai toujours voulu. Tout ira mieux maintenant.

Mais si c'est bien ce que j'ai voulu, pourquoi ai-je toujours cette envie de pleurer ?

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