☆ 𝗖𝗛𝗔𝗣𝗜𝗧𝗥𝗘 𝟮𝟬 ☆


Alya n'a été jamais morte. Et je ne le savais pas pendant tout ce temps. On ne réalise que l'attachement à une personne seulement quand elle passe près de la mort.
Grièvement blessée, elle était dans le coma durant deux semaines.

À son réveil, elle avait perdu la moitié de sa puissance, de son pouvoir, aujourd'hui, elle se repose sur la planète Laterra. Mon soulagement est tel que je sens un lourd poids disparaître de mes épaules. Je ne peux pas la contacter pour l'instant, mais ça ne sera sans tarder.

Cette nouvelle bouleversante m'a rendu mieux durant quelques heures, mais je sais que mon état se détériore. Même si je tiens debout, le reste ne va pas mieux. Je me cache derrière un sourire pour rassurer Alkes, et surtout qu'il me laisse postuler pour l'ÉLIT.

Je trépigne d'impatience et mon cœur s'affole devant le téléphone de communication que je tiens entre mes mains. Un rectangle de métal et transparent, qui affiche un hologramme réaliste. Je vais appeler Eridan, lui parler après avoir fui la protection qu'il m'avait offerte.

Il m'a aidé, et moi, je n'ai rien fait en retour. Pire, j'ai apporté des problèmes. Oh Véga, ce n'est pas l'heure de se remettre en question existentielle. Je pianote sur l'hologramme, rentre les données et un léger son régulier me rappelle les téléphones humains.

— Allo ? Grésille une voix.

— Bonjour Eridan, heureux de vous entendre.

— Merde Lyrae ...

— Aucun pardons ne peut excuser ma fuite, mais j'avais un besoin absolu de trouver une réponse particulière. J'avais, et ai très peu de temps.

— Et alors, tu as trouvé des réponses.

Je grimace, mais il ne peut pas le voir.

— Pas réellement, mais cela ne m'étonne pas. Néanmoins, j'ai trouvé une piste.

— Quel rapport avec moi ? S'impatiente-t-il.

— Je veux intégrer l'ÉLIT.
Je le dis directement, évitant une perte de temps inutile. Je l'entends inspirer derrière le micro.

— Ce n'est pas aussi simple...

— Alkes m'a dit que vous étiez -

— Prêt ? Oui, mais je vous ai déjà remplacé...

— Cette personne est-elle au courant ?
Silence.

— Non.

— Cette personne possède-t-elle une bonne maitrise de ses pouvoirs ? A-t-elle réussi à garder son sans froid dès le premier jour avec vous ?

— Non.

— A-t-elle combattu lors d'une attaque qui la visait ? A-t-elle réussi de fuir l'une des bases les plus gardés au monde sans aucune expérience ? Peut-elle conduire un hovercraft sans avoir rien conduit de sa vie ? Où s'introduire chez un espion pour arriver à son but ?

Silence. Il dure une éternité avant qu'Eridan souffle vaincu :
— Non.

— J'ai raison, et vous le savez, que je suis la meilleure pour ce rôle.

— Imaginons, et puis ? Quel pouvoir vas-tu représenter ? L'eau ?

Cette fois, c'est moi qui reste silencieuse. Je souhaitais éviter ce sujet le plus longtemps possible. Et ne surtout pas lui avouer que ces pouvoirs me détruisent.

— Lyrae ?
Je ne le corrige pas sur mon prénom. Et reste muette. Je finis par abandonner.

— Je ne sais pas Eridan... Je ne sais plus rien.

— Qu'est-ce qui s'est passé ?

— J'ai le pouvoir du feu également. Je perçois un juron lui échapper.

— As-tu des symptômes ?

— Non, mens-je trop vite à mon goût.

— Tu es sûr ? Fièvre ? Brûlures ? Fatigues hallucinations ?

— Sûr.
Ça me brule la langue de le dire. J'aimerais tellement que ce soit vrais. Que je suis forte, que je suis capable de supporter une dose de puissance supplémentaire.

— Penses-tu que tu es une AEther ?

— Si je ne le suis pas, qui serais-je ? Il ne répond pas, partageant le même sentiment que moi.
Qui suis-je ?

☆☆

Je suis si épuisée par la discussion avec mon ancien entraîneur que ma vision devient floue. Mes mouvements lents et saccadés alertèrent Alkes qui me guida jusqu'à mon lit.

— Comment ça s'est passé ?

— Neutre, il est d'accord que... Je suis... (ma respiration est devenue sifflante) la meilleure pour... Ce rôle. Mais il n'a...pas...dit qu'il... me prenait.

Sa mine est devenue inquiète, ses sourcils sont froncés, et il mordille sa lèvre.

— Ce n'est pas bon qui tu respires ainsi, on dirait que tu t'es pris une balle. Est-ce qu'il t'a questionné sur les pouvoirs ?

— Oui. Chaque mot est un effort pour moi, et une douleur me transperce telle une balle.

— Et j'ai menti...à moitié.

Ses épaules s'affaissent puis se crispent à nouveau. Je me concentre sur ce mouvement pour ne pas sombrer dans le sommeil.

— J'ai dit...que j'ai le pouvoir feu...mais...mentis sur... problèmes...lui doutait...

— Dors Véga, n'y pense pas.
Il me tend une pilule que j'avale sans réfléchir.

Les ténèbres sont froides, glacés, elles m'enveloppent. Cette fois-ci, elles ne sont pas calmes. Elles ne sont plus douillettes. Les paroles de ma mère, d'Eridan, d'Alkes, de Noah se répercutent dans mes rêves. Leurs voix me hantent, me répètent les mêmes choses, des choses sans sens. Je pèse lourd, et je tombe de la lune sur laquelle je tenais.

Je glisse lentement, ma main se décroche du croissant et la chute est indescriptible. Je perds tous mes sens, ils fusent, attrape un son, une lumière, une odeur fugace. Je n'ai pas peur, la chute m'éloigne de tous mes problèmes.

Je les vois, au loin, tels des astres dans le ciel, se perdent dans la noirceur des trous noirs. Moi aussi, je serais engloutie par l'un d'entre eux. Peut-être qu'il m'emmènera dans un autre univers. Meilleur, avec des oiseaux dorés qui chantent une mélodie magique.

Il aurait des croissants à la place de lunes, et les étoiles brilleront si fort que je porterais des lunettes. Je pourrais nager dans un lac violet et grimper aux arbres suspendus à l'envers, d'où poussent des clefs. J'en cueillerai une et elle ouvrira les étoiles, dans lesquels je pourrai enfin me cacher.

Être brillante, source de rêve, de recherche, de chaleur et de lumière. — Les réponses se cachent dans l'univers. Dans le cosmos. Une lumière blanche m'aveugle et le son de voix me parviennent, étouffés, chacun de leur geste m'agressent les tympans et une forte odeur de désinfectant s'insinue dans mes narines.

— Impossi...la ...soigner...peau ...brule...migraine...

Je sens l'odeur fraîche et glaciale d'Alkes et mes lèvres remuent sans produire de son.
À la place, un goût âcre et chaud. Ma tête me tourne et le sang tangue dans mes tempes.

Point de vue Alkes

— On dirait qu'elle mute, c'est anormale de devenir AEther en quelques mois seulement avec une maitrise impressionnante ! S'exclame le docteur Tureis.

Un LaTerra réputé pour les anomalies et chercheur sur les pouvoirs.

— Impossible jusqu'à ce qu'il y a l'exception !

— Tu as raison mon garçon, seulement je n'arrive pas à m'approcher d'elle sans souffrir !

C'est comme si elle était sous tension électrique. Je jette un regard désolé à son visage paisible, enfermé dans le sommeil. Elle a commencé à siffler des poumons quand je l'ai allongée dans son lit et elle délirait avant de s'évanouir.

Une affreuse sensation de douleur m'avait attaqué la tête et ne sachant pas que faire, j'ai appelé une vielle connaissance. Le docteur Tureis. Il l'a emmené tant bien que mal jusqu'à son cabinet sur LaTerra.

— Vous ne pensez pas que ce soit risqué de la garder sur la planète d'un pouvoir qu'elle ne possède pas ? Cela ne risque-t-il pas de le réveiller ?

— Tu penses que c'est mieux de la garder sur une planète avec un pouvoir qu'elle a ? Elle aurait tout brulé ou inonder.

Je sursaute à la voix d'Alya. En arrivant, j'ai tout de suite pensé à elle. Elle était paniquée d'apprendre que son amie était en état critique. J'ai de la peine de voir que l'éclat de ses yeux est parti, devenu plus pâle. Ses joues en perdu en rose et ces cheveux ressemblent presque au mien. En renouvelant son pouvoir de l'air, elle a changé son apparence. Si avant elle ressembler plus à une Haqua, elle ne l'est plus. Mais lorsque ses yeux croisent les miens, mon cœur s'affole. Je veux balbutier, m'enfuir loin et rester près d'elle.
Et si le batard d'Alkes éprouvait...quelques chose d'interdit ?

Cette conclusion me pince le cœur.
Tu n'es qu'un bâtard Alkes.
Et personne n'ose poser la question. C'est Alya qui brise le silence.

— Elle va s'en sortir ?

— Tout dépend d'elle. Si son corps, esprit et âme accepte cette nouvelle puissance, alors oui. Sinon personne ne saura ce qui va lui aviver.

Une pointe d'ironie me fait penser au culte du fantastique humain. J'ai énormément étudié la culture humaine. Elle me garde perplexe. La terre reste la deuxième planète la plus civilisée après la nôtre. Les autres que je connais, sont à égalité ou inférieure.

Les autres ne souhaitent aucune communications extragalactiques et ont engendré des guerres de colonisation. Je me sens lâche de forcer mon esprit à ne pas penser au cas de Véga. Et je vois ses doigts se crisper. Le médecin se jette à son chevet pour la réveiller en douceur.

Ses yeux ensommeillés fixent le vague, puis s'attarde sur mon visage. Ses lèvres remuent, elle me reconnaît. Je lui lance un sourire désolé. Elle coupe le contact.

✯☆✯
Fin de chapitre :)

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