20 - Une Famille Brisée (partie 2)


Le soleil venait à peine de se lever sur la petite ville. Les rayons filtrant à travers les rideaux miteux du motel se répandaient doucement sur le sol, éclairant les objets éparpillés dans la pièce. La nuit avait été longue, mais Dean se réveilla avec sa vigilance habituelle, une habitude acquise après des années à dormir sur ses gardes. Il se frotta les yeux, encore ensommeillé, et grogna en se redressant lentement. Ses cheveux étaient en bataille, et sa bouche pâteuse réclamait un café immédiatement.

Il jeta un coup d'œil vers la pièce, ses instincts de chasseur toujours en alerte, même au réveil. Son regard se posa sur le lit à côté du sien, celui de Sam. Vide. Les draps étaient à moitié défaits, signe qu'il n'était pas là depuis un moment.

Dean fronça les sourcils, mais ne s'inquiéta pas immédiatement. Sam était un lève-tôt, beaucoup plus que lui. Il avait probablement décidé de partir chercher des cafés ou faire des recherches à la bibliothèque, comme d'habitude. Dean grogna en se levant, un "Grouilles-toi avec mon café, Sammy..." marmonné entre ses dents, avant de traîner des pieds vers la salle de bain.




Quelques minutes plus tard, Dean sortit de la salle de bain, une serviette autour du cou, encore en train de sécher ses cheveux. Il se sentait un peu plus réveillé, mais quelque chose d'étrange continuait de le titiller. Sam était matinal, oui, mais il aurait au moins laissé un mot ou une indication sur où il était allé. Dean retourna vers son lit pour attraper son jean et son t-shirt, jetant un nouveau coup d'œil vers le lit de son frère. Puis son regard se posa sur l'espace vide où le sac de Sam était censé être.

Dean se figea.

"Où est son sac ?"

Un sentiment d'urgence monta en lui, une boule froide qui se forma dans sa gorge. Sam ne partait jamais, avec toutes ses affaires, sans ne rien vous dire. Pas sans une bonne raison. Dean marcha rapidement vers la table de chevet et attrapa son téléphone. Son pouce trouva instinctivement le contact de son frère dans la liste. Il appela, collant le téléphone à son oreille, son pied tapotant nerveusement le sol.

Une tonalité. Deux tonalités. Trois... Puis le répondeur.

"C'est Sam Winchester. Laissez un message."

Dean raccrocha avec agacement avant même que le bip ne retentisse. Il essaya de nouveau. Une fois, deux fois. Toujours rien. Chaque appel qui tombait sur le répondeur ne faisait qu'aggraver son inquiétude.

«Putain, Sam, décroche !» grogna Dean entre ses dents, sa voix trahissant une pointe de panique qu'il tentait de maîtriser. Il passa une main dans ses cheveux, frustré, et se tourna vers toi.




«T/N !» dit Dean d'une voix forte, presque brusque. Il s'approcha du canapé où tu dormais encore profondément, tirant doucement sur ton épaule pour te secouer.
«T/N, réveille-toi ! On a un problème.»

Tu ouvris les yeux en sursaut, désorientée par le ton inhabituellement pressant de Dean. Tu te redressas rapidement, clignant des yeux pour t'habituer à la lumière.
«Dean ? Qu'est-ce qui se passe ?» demandas-tu, la voix rauque de sommeil.

«Sam a disparu,» répondit-il, clairement agité. Il se redressa, croisant les bras.
«Son lit est vide, son sac a disparu, et il répond pas au téléphone. Je suis sûr qu'il s'est barré quelque part, mais bordel, pourquoi il nous fait toujours ça ?»

Tu te frottas les yeux et te levas précipitamment, sentant déjà la tension dans la pièce.
«Attends, il est peut-être juste sorti chercher un café, non ?»

Dean secoua la tête.
«Non, pas cette fois. Pas sans nous le dire ou laisser un mot. Et certainement pas avec son foutu sac. Ça sent pas bon.»

Ton regard s'assombrit. Dean avait raison. Sam avait tendance à jouer les héros solitaires, mais il avait toujours la décence de laisser une note ou d'envoyer un texto pour vous prévenir quand il était loin de vous durant plusieurs heures. Cette fois, c'était différent.

«Ok, donne-moi cinq minutes,» dis-tu, te dirigeant rapidement vers la salle de bain pour te préparer. Tu savais que Dean était inquiet, et il n'y avait pas de temps à perdre.




Quelques minutes plus tard, vous étiez tous les deux dans l'Impala, sillonnant les rues de la petite ville. Dean tapotait nerveusement le volant, son regard balayant chaque trottoir, chaque café, chaque restaurant. Il s'arrêtait à chaque coin de rue, scrutant les vitrines comme s'il s'attendait à voir Sam sortir à tout moment. Mais il n'y avait aucune trace de lui.

«Rien au premier café,» grogna Dean en redémarrant la voiture après un énième arrêt infructueux. Il se tourna brièvement vers toi.
«Tu crois qu'il a décidé de se la jouer héros encore une fois ? Parce que je jure que s'il fait ça, je vais le...»

Tu t'installas sur le siège passager, à ses côtés, ton cœur serré en le voyant aussi bouleversé. Tu vis la frustration et l'inquiétude dans ses yeux. Sous ses mots agacés, tu savais que Dean était surtout terrifié à l'idée que quelque chose soit arrivé à Sam. Tu essayas de le rassurer.

«Dean, écoute-moi.» l'interrompis-tu doucement mais fermement, posant ta petite main sur son avant-bras.
«Sam doit avoir une bonne raison d'être parti. Tu sais comment il est. Il a besoin d'espace, parfois. Mais il sait qu'on est là pour lui.»

Dean secoua la tête, le visage fermé.
«Bon sang, Sammy !» cria-t-il, les poings serrés. Il tourna brusquement la tête vers toi, ses yeux brillants de colère et d'inquiétude.
«Non, sérieusement, T/N. Combien de fois il va encore nous faire ça ?! Il sait qu'on va s'inquiéter, qu'on va retourner la ville pour le retrouver, mais il le fait quand même !»

«Ce n'est pas la première fois qu'il fait ça, tu as raison. Peut-être qu'il avait une raison, peut-être qu'il s'est passé quelque chose. Mais je suis sûre qu'il va bien. On va le retrouver, d'accord ?» dis-tu, ta voix calme mais pleine de détermination.

Dean serra la mâchoire, hochant la tête presque à contrecœur.
«Ouais, mais je suis son frère, T/N. C'est moi qui suis censé le protéger. Pas... pas le laisser disparaître comme ça. S'il lui est arrivé quoi que ce soit... Je sais pas ce que je ferai.»




Vous passâtes les deux heures suivantes à fouiller chaque recoin de la ville. Les cafés, les boulangeries, les restaurants, la bibliothèque... tout y passa. À chaque endroit, vous posiez la même question :
«Vous avez vu un grand type, cheveux bruns, avec un air sérieux ? Il était peut-être avec un sac.» Mais les réponses étaient toujours les mêmes : des hochements de tête négatifs ou des excuses vagues.

Dean devenait de plus en plus nerveux, son impatience visible dans chaque geste. Il tapotait le volant avec ses doigts, soupirait bruyamment, et jetait des coups d'œil rapides à son téléphone, comme s'il espérait que Sam finirait par l'appeler. Mais le silence de son téléphone était assourdissant.

«Rien. Absolument rien,» grogna Dean, frappant légèrement le volant du plat de la main.
«C'est quoi son problème ? Pourquoi il peut jamais juste... rester ? Pourquoi il peut jamais me dire ce qu'il a en tête ?»

«Parce que c'est Sam,» répondis-tu doucement, un petit sourire triste aux lèvres.
«Il porte le poids du monde sur ses épaules, Dean. Tout comme toi. Vous êtes pareils, tu sais ? Vous voulez protéger tout le monde, mais vous vous oubliez parfois.»

Dean ne répondit pas immédiatement. Il serra le volant un peu plus fort, ses pensées visiblement tournées vers son frère.
«Ouais, ben ça commence à me gonfler,» finit-il par dire, mais sa voix trahissait plus de peur que de colère.

Vous finîtes par retourner au motel, fatigués et frustrés. Dean fit claquer la portière de l'Impala et marcha vers la chambre, l'air sombre. Il s'installait sur le bord du lit et tambourinait nerveusement sur la table de nuit avec ses doigts, son téléphone dans l'autre main. Les appels et messages qu'il avait passés à ses contacts habituels depuis ce matin n'avaient rien donné. Ni Ellen, ni Rufus, ni aucun des chasseurs qu'il connaissait n'avait aperçu Sam. Pourtant, il était introuvable, et la frustration de Dean montait d'un cran à chaque appel infructueux. Et ça lui rongeait les nerfs. Dans la chambre, tout était silencieux, hormis le faible ronronnement de l'ordinateur posé sur la petite table branlante. Tu étais plongée dans ton écran, ton visage éclairé par la lumière bleutée, tandis que tes doigts tapaient frénétiquement sur le clavier. Chaque ligne de code, chaque caméra piratée te rapprochait un peu plus de Sam.




Quelques heures plus tard, le soleil commençait à décliner à l'horizon, colorant le ciel de nuances brûlées. Votre petite chambre de motel était devenue une cage d'attente, saturée d'angoisse. Dean faisait les cent pas, son téléphone collé à l'oreille, le visage crispé par l'inquiétude et l'irritation. De ton côté, tu n'avais toujours pas bougé, concentrée sur ta mission, déterminée à comprendre où il était parti. Sam n'aurait jamais dû partir comme ça, sans prévenir, sans laisser de trace. Chacun de vous deux portait un poids lourd et silencieux.

«Allez, Bobby, décroche... décroche, bordel,» murmura Dean, ses doigts tapotant le pied de son lit en un rythme saccadé.

Enfin, une voix bourrue se fit entendre à l'autre bout du fil.

«Dean ? Qu'est-ce que tu veux, morveux ? J'étais sur le point de me servir un verre.»

Dean lâcha un soupir de soulagement.
«Bobby, dis-moi que t'as vu Sam. Il a encore décidé de jouer les héros et il s'est barré sans rien dire. J'ai besoin d'un miracle, là.»

«Sam ? Non, j'ai pas vu ton frère. Pourquoi, qu'est-ce qu'il mijote encore ?»

Dean passa une main sur son visage, ses traits tirés par l'inquiétude et la fatigue.
«Il a disparu, Bobby. Cette nuit, il a pris son sac, volé une bagnole, et il est parti. Pas de mot, pas de message, rien. Je sais pas ce qu'il fabrique, mais ça sent mauvais. J'ai besoin de savoir s'il est passé chez toi ou si t'as entendu quoi que ce soit, et je commence à perdre patience.»

«Non, gamin, désolé. Mais écoute, je comptais t'appeler, justement. J'ai une info importante au sujet du Colt.»

Dean se figea, son intérêt piqué et son cœur s'accélérant légèrement.
«Le Colt ? Attends, tu plaisantes, Bobby ? Après tout ce qu'on a traversé pour le retrouver, et après que cette foutue garce nous l'ait volé, tu me dis qu'il est là, à portée de main ? Tu l'a retrouvé ?»

«Je ne plaisantes pas, Dean.» confirma Bobby, un soupçon d'irritation dans la voix.
«Alors, pas exactement, mais j'ai une piste solide. Il semblerait qu'il va y avoir un échange demain. Un chasseur et un démon vont se retrouver pour marchander le Colt. Si tu veux récupérer cette arme, il va falloir les devancer.» 

Dean resta silencieux un instant, son regard fixé sur un point invisible devant lui. Le Colt. L'arme ultime. Celle qui pourrait enfin mettre fin à tout ça. Azazel, ses plans, ses manipulations... tout. L'idée de l'avoir entre ses mains, de nouveau, le remplissait d'un mélange de détermination et de rage contenue. 

Dean passa une main sur son visage, une lueur dangereuse dans les yeux.
«Tu sais où ça va se passer ?»

«Oui. Un vieux cimetière abandonné, à environ deux heures de chez moi. Si on agit vite, on peut récupérer cette arme avant que ces abrutis ne concluent leur petit deal.»

Un sourire sans joie, mais rempli d'espoir, se dessina sur le visage de Dean.
«Parfait. Enfin une bonne nouvelle.»

Bobby, toujours prudent, ajouta :
«Mais écoute, Dean. Ce genre d'opération, ça peut vite tourner au vinaigre. Tu dois être sûr de toi. Le Colt, c'est un ticket direct pour se débarrasser de ce foutu démon aux yeux jaunes. Tu sais ce que ça représente. C'est une chance qu'on n'aura pas deux fois, gamin. Si tu veux cette arme, c'est maintenant ou jamais.»

Dean hocha la tête, bien que Bobby ne puisse pas le voir.
«Ouais. Ça veut dire que ce fils de pute va enfin payer pour ce qu'il nous a fait. Cette fois, personne ne me doublera. Je vais récupérer ce Colt et, avec un peu de chance, ça sera enfin la fin de cette saloperie de démon.»

Bobby fit un bruit qui ressemblait à un soupir.
«Fais gaffe, morveux. Ce Colt, c'est pas juste une arme. C'est un symbole. Mais c'est aussi un aimant à problèmes. Ces démons vont pas te laisser mettre la main dessus aussi facilement.»

Dean eut un sourire en coin, bien qu'il était seul à l'apprécier.
«T'inquiète pas. Ça fait des années que je me prépare pour ça. Il est grand temps de finir ce qu'on a commencé.»

«Bien. Alors, bouge ton cul. Je t'attends ici demain matin.»

Dean passa une main sur son visage, sentant l'espoir renaître malgré le chaos de la journée.
«Je serais là, Bobby. Je fais aussi vite que possible.»




Il raccrocha, expira longuement et glissa son téléphone dans sa poche avec une expression de détermination gravée sur son visage. Il se tourna vers toi, son regard brillant d'une lueur d'espoir. C'est à ce moment-là que tu te redressas brusquement, un sourire triomphant illuminant ton visage. Tes yeux brillaient d'excitation et d'une touche de soulagement.

«Dean ! J'ai retrouvé Sam !» dis-tu doucement, mais avec une urgence dans la voix.

Tu étais debout près de la table, ton ordinateur portable ouvert et l'écran tourné vers lui. Ton visage rayonnait de pure joie. Dean, pourtant, restait figé, sa mâchoire se crispant, comme s'il avait été pris en plein élan. Ses sourcils se fronçant alors qu'il s'avançait vers toi, son regard perçant s'accrochant au tien et tu vis une lueur conflictuelle passer dans son regard.

« Attends... quoi ? T'es sérieuse ?» fit-il finalement, l'air confus.

Tu pointas l'écran avec excitation, tes doigts tremblant légèrement d'émotion.
«Regarde ! J'ai piraté les caméras de surveillance. Celle du parking du motel l'a filmé en train de voler une voiture et de partir. J'ai trouvé la plaque d'immatriculation et fait des recherches, et... il est là. Dans un entrepôt à la périphérie d'une ville isolée dans le Kansas. C'est à cinq heures de route d'ici. On peut y être rapidement.»

Dean regarda les images, silencieux. Mais sa réaction n'était pas celle que tu attendais. Il était calme, trop calme. Tu t'attendais à ce qu'il réagisse immédiatement : qu'il attrape ses affaires et qu'il te dise que vous alliez partir immédiatement, qu'il prenne les clés de l'Impala et te dise de monter. Mais à la place, il se détourna, passant une main dans ses cheveux, son expression se fermant lentement.

«Dean ?» demandas-tu, ton ton hésitant.

«On peut pas y aller tout de suite, T/N.» dit-il finalement. 

Le choc te cloua sur place. Tu ouvris la bouche pour répondre, mais rien ne sortit pendant une seconde. Tu restas figée, tes sourcils se fronçant.
«Quoi ? Mais pourquoi ?»

Dean inspira profondément, comme s'il cherchait à contenir quelque chose. Il croisa les bras, un mélange de regret et de détermination dans ses yeux.
«Parce que Bobby a une piste sur le Colt. Il sait où il est. Demain, y'aura un échange entre un chasseur et un démon. On doit les devancer. Si on laisse passer cette chance, c'est foutu.»

Tu restas sans voix une seconde, essayant de comprendre ce qu'il venait de dire.
«Attends... tu veux dire qu'on ne va pas chercher Sam ?»

Dean soupira, comme s'il avait anticipé ta réaction.
«Écoute, Sam a choisi de partir. Il sait ce qu'il fait. Mais le Colt... c'est notre seule chance de tuer cette pourriture de démon et de finir ce qu'on a commencé.»

Tu t'approchas encore plus de lui et releva tes yeux pour les ancrer dans les siens. Ton cœur battant plus fort alors que la colère et l'incrédulité montaient en toi.
«Tu plaisantes, n'est-ce pas ? Dean, Sam est là-bas, seul, et on ne sait même pas s'il va bien ! Tu veux qu'on le laisse tomber pour une arme ?!»

Dean planta son regard sombre et glacé dans le tien, son expression se durcissant.
«C'est pas juste une arme, T/N. C'est la seule chose qui peut tuer ce fils de pute qui a détruit ma famille.»

«Ta famille ?!» Tu ris nerveusement, incapable de croire ce que tu entendais.
«Et Sam, alors ? Il fait pas partie de ta famille ?!»

«Bien sûr que si,» répondit Dean, sa voix se faisant plus forte.
«Mais Sam est un grand garçon et il saura s'en sortir. Il a pris ses affaires et il s'est barré. Il savait ce qu'il faisait et il peut attendre. Le Colt, par contre, on l'a déjà perdu une fois. Et il ne va pas attendre qu'on décide de le récupérer.»

«Dean, arrête,» dis-tu, ton ton devenant suppliant.
«Sam est notre priorité. C'est ton frère. Il a toujours été là pour toi. Et maintenant, toi, tu es prêt à l'abandonner ? Comment tu peux penser à ta vengeance, alors qu'il pourrait être en danger ? Il est tout ce qu'il nous reste... Comment tu peux faire ça ?!»

Dean baissa les yeux un instant, mais il se ressaisit rapidement et serra les poings.
«Parce que c'est pas juste une putain de vengeance, T/N ! C'est notre mission. Ce démon a détruit nos vies. Et ce Colt, c'est notre seule chance de le tuer. Si on passe à côté, tout ce qu'on a traversé, tout ce qu'on a sacrifié, ça aura été pour rien. Si on perd ça, qu'est-ce qu'on a ?»

«On a Sam !» répliquas-tu, les larmes montant à tes yeux.
«Dean... Tu feras quoi s'il est blessé, ou pire, parce que tu n'as pas voulu aller l'aider ?»

Dean serra la mâchoire, visiblement affecté par tes larmes, mais il resta inflexible.
«Sam est le premier à vouloir se venger de la mort de Jessica et de nos parents. Lui, au moins, il comprend ce qui est en jeu et que le Colt soit notre priorité.»

Tu secouas la tête, les larmes roulant sur tes joues.
«Non, Dean. Ce que je comprends, c'est que tu es tellement aveuglé par ta vengeance que tu es prêt à sacrifier tout le reste. Même Sam. Et tu sais quoi ? S'il est mort, alors il n'y aura plus rien à venger.»

Dean détournant le regard comme si tes mots étaient une lame qu'il ne pouvait supporter. Mais malgré la douleur dans ses yeux, il resta ferme et ne céda pas.
«Tu ne comprends pas. T'as jamais compris.» dit-il finalement, sa voix basse et remplie de frustration.
«Ce n'est pas juste de la vengeance. C'est notre devoir. C'est ce qu'on fait.»

Tu secouas la tête, dévastée et reculant de quelques pas.
«Et moi, je vais faire mon devoir, Dean. Je vais retrouver Sam. Si tu veux ta vengeance, fais-le seul.»

Il baissa les yeux vers toi, la douleur visible dans son regard, mais il ne céda pas.
«Si on laisse passer cette chance, on le regrettera pour le reste de nos vies.»

«Alors, vas-y,» dis-tu, la voix brisée, incapable de croire ce que tu entendais.
«Va chercher ton Colt. Mais si tu perds ton frère, c'est toi qui devras vivre avec ça.»

Tu coupas court à la dispute et allas t'enfermer à la salle de bain pour te laver le visage inondé de larmes. Dean était seul dans la chambre, l'air semblait s'être épaissi sous le poids de la colère, de la douleur et des non-dits. Il passa une main sur son visage, luttant contre l'envie de tout casser dans la pièce.




Le soleil déclinait lentement, et le ciel, teinté de nuances de pourpre et d'orange, offrait une lumière trompeusement paisible sur le parking du motel. Dean, le visage fermé, rassemblait ses affaires en silence, balançant sacs, armes et autres équipements dans le coffre avec une violence contrôlée, comme s'il cherchait à canaliser la colère qui bouillonnait en lui. Il claqua une fois le coffre, puis le rouvrit pour y glisser une trousse de soins. Ses gestes étaient nerveux, saccadés, et tu pouvais presque sentir la frustration qui émanait de lui. Les claquements des portières et le grincement du métal remplissaient l'air, rendant l'atmosphère encore plus tendue.

De là où tu te trouvais, juste à l'entrée de la chambre, tu ne pouvais pas détourner les yeux de lui. Tes mains tremblaient encore, ton cœur battant trop fort dans ta poitrine, mais c'était la douleur, plus que la peur, qui te paralysait. Chaque geste de Dean semblait porter le poids de sa colère et de sa frustration. Et toi, tu savais que cette dispute n'était pas près de se terminer.

Il referma violemment le coffre, le bruit claquant comme un coup de tonnerre dans le calme du parking. Il se tourna vers toi, son regard perçant et furieux, fixant le tien avec une intensité qui aurait pu te clouer sur place. Il pointa le doigt vers l'Impala.

«Monte dans cette foutue voiture, T/N.» ordonna-t-il, sa voix rauque, pleine de colère retenue.

Mais tu ne bougeas pas.
«Non...» répondis-tu doucement, mais fermement.

Dean pencha la tête légèrement, ses yeux plissés dans une expression de pure colère et exaspération.
«T/N, je t'ai pas demandé ton avis. Je t'ai dit de monter. Alors fais-le.»

Tu secouas la tête, sentant les larmes te monter aux yeux, mais tu refusais de céder.
«Non, Dean. Je ne vais pas te suivre. Pas cette fois. Pas quand tu fais passer ta vengeance avant ton frère.»

Dean serra les mâchoires, ses muscles robustes prêts à exploser alors qu'il te fixait.
«Putain, tu recommences ?!» hurla-t-il, fou de rage.
«Tu comprends pas que tout ce qu'on fait, tout ce qu'on a traversé, ça mène à ça ? Ce Colt, c'est notre seule chance de tuer ce démon aux yeux jaunes ! Tu crois que ça me plaît de laisser Sam derrière ? Mais bordel, on a un boulot à finir !»

Tu fis un pas vers lui, les poings serrés.
«Un boulot à finir ?!» répétais-tu, incrédule.
«Tu parles de boulot, mais c'est ton frère, Dean ! Ton petit frère ! Est-ce que c'est vraiment ce que John aurait voulu de toi ?!»

À la mention de son père, Dean se raidit, son regard devenant encore plus sombre.
«Ne parle pas de mon père.» grogna-t-il, sa voix glaciale.

«Pourquoi pas ? Parce que ça te force à regarder la vérité en face ?!» crias-tu, les larmes coulant maintenant sur tes joues.
«Qu'est-ce que John dirait, Dean ? Tu penses qu'il serait fier de toi ? Fier que tu abandonnes Sam pour ta foutue vengeance ?»

Cette phrase fut comme une détonation. Dean s'avança vers toi, son regard noir brûlant de colère.
«Cette fois, tu dépasses les bornes, T/N.» lâcha-t-il, sa voix basse mais menaçante.

«Non, Dean, c'est toi qui les dépasses !» répliquas-tu, ta petite voix brisée.
«Comment peux-tu justifier ça ?! Comment peux-tu tourner le dos à Sam ?!»

Dean rit sèchement, un rire amer et sans joie. Il te regarda avec une colère noire, celle qu'il réservait à ses pires ennemis, d'habitude.
«Tu sais quoi, T/N ? T'as aucune idée de ce que c'est, une famille. Aucune. Toi, tes vrais parents t'ont abandonnés dans la forêt, et ton père adoptif est mort avant que t'aies pu vraiment comprendre ce que c'est, la famille. Alors arrête de me donner des leçons sur ce que je devrais ou ne devrais pas faire. C'est ma famille, mon combat, pas le tiens !»

Ses mots te frappèrent comme un coup de poignard, transperçant ton cœur avec une douleur que tu ne pouvais décrire. Tu restas figée, les yeux écarquillés, incapable de répondre pendant un instant, trop choquée pour réagir. Tu savais que Dean pouvait être brutal dans ses paroles, mais là, il avait franchi le point de non-retour.

Puis, il secoua la tête, son regard se durcissant encore, et ajouta avec sa voix cinglante :
«Tu comprendras jamais. Ce salopard a tout pris à ma famille. Toi, t'as jamais su ce que c'est, ce sentiment qui nous ronge. T'as jamais eu à vivre avec ça, chaque putain de jour de ta vie !»

Les larmes coulèrent sur tes joues, mais tu ne pouvais pas détourner les yeux de lui.
«Comment tu peux dire ça...» murmuras-tu finalement, ta douce voix brisée par l'émotion.
«Comment tu peux utiliser ça contre moi ? Surtout toi, Dean ?»

Dean détourna les yeux, comme s'il réalisait la gravité de ce qu'il venait de dire, mais il ne s'excusa pas. Pas tout de suite. Ses mains tremblaient légèrement alors qu'il les serrait en poings, ses nerfs bouillonnant encore, visiblement partagé entre sa colère et un soupçon de regret. Mais il ne recula pas.
«Parce que c'est la vérité, T/N.»  reprit-il, sa voix plus basse mais toujours dure.
«Tu sais pas ce que c'est de perdre ses parents à cause d'un démon. Toi, t'as jamais eu à vivre une mort surnaturelle. Tu peux pas comprendre pourquoi c'est si important, pour Sam et moi, de finir ce qu'on a commencé.»

«Et toi, tu sais ce que ça fait de ne jamais les connaître ?» répliquas-tu, les larmes coulant librement sur tes joues.
«De grandir en te demandant pourquoi ils t'ont laissée ?! Tu sais ce que ça fait d'être seule, Dean ?! Toi, au moins, tu as toujours eu ton frère...»

Il te fixa, son regard vacillant pour la première fois, mais il ne répondit pas.

«Tu es tout pour Sam...» continuas-tu, ta petite voix se brisant à chaque mot.
«Tu es son frère, sa famille. Comment peux-tu l'abandonner comme ça ? Comment peux-tu justifier ça ?»

Dean secoua la tête, comme pour se défendre de tes paroles.
«Il s'est barré tout seul.» grogna-t-il.
«Il savait ce qu'il faisait. Sam est parti pour une bonne raison. C'est un excellent chasseur et il va s'en sortir.»

«Et si ce n'est pas le cas ?!» hurlas-tu, ton désespoir éclatant dans ta voix.
«S'il est blessé ? Mort ? Qu'est-ce que tu feras alors, Dean ?! Qu'est-ce que tu diras ?!»

Dean détourna les yeux, son visage une mosaïque de colère, de culpabilité et de douleur. Mais il resta inflexible.
«Je fais ce que je dois faire.» murmura-t-il finalement, presque à contrecœur.

Tu te mis à pleurer ouvertement, incapable de contenir ta douleur, tes mains tremblant alors que tu essayais de trouver les mots. Tu sentis ton cœur se briser un peu plus.
«Je pensais que tu avais changé, Dean. Que tu étais plus que ça. Mais je me suis trompée. Tout ce qui compte pour toi, c'est ta foutue vengeance. Rien d'autre n'a d'importance, même pas ton frère.»

Dean resta figé, tes mots le frappant comme un coup de poing. Il ouvrit la bouche, comme s'il allait répondre, mais aucun son n'en sortit. Il détourna les yeux, et t'ordonna :
«Bon, je te le redis une dernière fois, T/N. Monte dans la voiture.» répéta-t-il, sa voix plus basse, presque fatiguée.

Tu secouas la tête, reculant encore.
«Non, Dean. Je ne peux pas te suivre. Pas quand tu fais ça. Pas quand tu abandonnes Sam.»

Il te fixa un moment, ses yeux verts brûlant d'une colère qu'il semblait avoir du mal à contenir. Après un moment de silence, il tourna les talons sans un mot et monta dans l'Impala. Le moteur rugit, brisant le silence du parking. Dean jeta un dernier regard vers toi, ses yeux étaient pleins de reproches mais aussi, peut-être, d'une profonde douleur qu'il refusait d'exprimer. Puis il accéléra, laissant derrière lui un nuage de poussière et le bruit des pneus crissant sur l'asphalte. Tu regardas la voiture disparaître au bout de la route, ton cœur en miettes.




Tu restas immobile un moment, fixant la voiture de Dean qui disparaissait au bout de la route. Ton cœur était lourd, brisé par la dispute et par ses paroles. Vos derniers échanges résonnaient encore dans ta tête. Ses mots, ses accusations, son ton glacial... Ils t'avaient frappée là où ça faisait le plus mal, et malgré tes efforts pour rester forte, tu avais encore les joues humides de larmes. Tu n'arrivais pas à croire qu'il ait pu te dire toutes ces horreurs et qu'il ait pu te regarder dans les yeux et choisir autre chose que son frère. Tu essuyas tes larmes d'un geste tremblant et, malgré la douleur, une seule pensée te traversait l'esprit : tu devais retrouver Sam.

Tu retournas dans la chambre pour rassembler tes affaires. Ton esprit était flou, mais ta détermination était claire. Chaque mouvement était mécanique, comme si tu essayais de te concentrer uniquement sur la prochaine étape. Tu savais ce que tu devais faire. Si Dean refusait de sauver Sam, alors tu le ferais toi-même.

Une fois prête, tu sortis à nouveau sur le parking. Tu te dirigeas vers une vieille voiture garée dans un coin non loin. Avec des gestes rapides et précis, tu crochetas la portière, ton cœur battant à tout rompre. Tu montas dans la voiture, insérant deux fils pour démarrer le moteur, sous le tableau de bord. Lorsque celui-ci rugit enfin, tu sentis une vague de soulagement mélangée à de la peur. Tu savais que ce que tu t'apprêtais à faire était risqué, mais tu n'avais pas d'autre choix.

«Tiens bon, Sam,» murmuras-tu, tes mains tremblant légèrement sur le volant.
«J'arrive.»

Tu quittas le motel, suivant les coordonnées que tu avais trouvées plus tôt. La douleur de votre première dispute, avec Dean, était toujours brûlante dans ta poitrine. Malgré ta souffrance émotionnelle et l'épuisement, tu étais déterminée. Rien ni personne ne t'empêcherait de retrouver Sam. Pas même Dean.


À suivre...

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