Une petite fille est immobile sur le trottoir, face à son nouvel établissement scolaire. Elle s'avance un peu jusqu'à la large pelouse qui s'étend jusqu'aux bâtiments. Des enfants passent à côté d'elle sans même la remarquer. Elle serre contre elle son cartable comme pour oublier qu'elle est seule ici, sans personne pour lui serrer la main.

La petite blonde fixe le ciel bleu qui ensoleille sa première journée d'école.

Le stress la paralyse, l'isole des autres. Elle n'y arrivera pas. Son souffle est court, son cœur bat la chamade.

Une fille de son âge la frôle puis lui jette un coup d'œil surpris.

-Qu'est-ce que tu fabriques ? Pourquoi tu restes plantée là ? s'exclame-t-elle en souriant.

Arrachée de sa réflexion, elle la regarde avec surprise. Qui lui parle alors que les autres l'ignorent ?

-Tu es nouvelle, j'imagine ?

-Oui.

-Et tu t'appelles ?

-Leonora Spencer.

-Oh !?! Tu es l'orpheline adoptée par Mme Georgia ! constate-t-elle avec enthousiasme.

Ses paroles la blessent, la résumant à être l'orpheline de madame Georgia, rien d'autre que cela. Ils ont parlé d'elle dans cette école et cela la perturbe. Qu'ont-ils raconté sur son compte ? Elle a soudain envie de fuir, de partir n'importe où sauf ici.

Mais elle reste immobile, impuissante et effrayée. L'enfant grimace, frustrée par cette réputation qui la précède déjà et qu'elle déteste.

-Moi, c'est Gail. La maitresse nous a parlé de ton arrivée. Tu seras dans ma classe.

La petite fille enjouée qui bondit de joie face à elle la laisse dubitative.

-Pourquoi tu fixais le ciel comme ça ?

-Parce que...

-Parce que quoi ?

-Parce qu'à cet instant précis, j'aimerais voler... voler si haut que je pourrais aller ailleurs.

Gail lui sourit gentiment, hésitant même à lui saisir la main pour la réconforter, mais elle n'ose pas.

-Je comprends, mais là, on est dans la vraie vie, pas dans un dessin animé.

La sonnerie retentit.

-Va falloir y aller, mais tu sais quoi, Leonora, les ailes, ça n'existe pas ! Par contre, une amie pour t'aider à passer ce mauvais moment, ça, ça peut se trouver !

Son sourire sincère l'enveloppe aussitôt. En fait, Gail a raison. Elle a réussi à lui donner des ailes. 

Pas celles qu'elle espérait, mais des ailes malgré tout pour surmonter cette terrible première journée.