Episode 52 : juste envie de dormir
Une heure plus tard, sur le parking du cimetière.
Joshua fixe l'allée avec attention. Il me regarde remonter le chemin de graviers. Je suis pensive, mon visage est mélancolique. Il ne peut détacher ses yeux de moi.
Son regard protecteur me fait du bien et à la fois, cela m'inquiète, car je sens qu'il s'attache à moi. Mais est-ce que j'ai le même élan vers lui ?
Je sais qu'il se sent impuissant face à cette tornade qui lamine soudain ma vie. Je l'entends prévenir Gail :
-La voilà !
Je me force à leur sourire lorsque je m'installe dans le véhicule.
-Merci de m'avoir laissée seule, j'en avais besoin ! Quand je pense que je ne reviendrai certainement jamais ici.
-Qui sait ? souffle mon amie en effleurant de la main mon épaule.
-Je vous avais dit dans l'avion que je désirais visiter un peu les lieux, mais je me sens épuisée, je préfère aller à l'hôtel pour dormir. Désolée, mais je suis vidée.
En venant ici, j'espérais me souvenir de ce pays, des paysages, mais je réalise que je me sens totalement perdue. Je ne reconnais rien alors que je suis née près d'ici et que j'ai vécu mes premières années ici auprès de ma famille.
Mes plus belles années se sont envolées et je ne les retrouverai jamais, je le sens. Ma mémoire a gagné. C'est tellement injuste de ne pas se souvenir de sa toute petite enfance.
-Ne t'excuse pas. Tu dois être lessivée après notre vol, la route et... et tout le reste, murmure Joshua, compréhensif.
Comment fait-il pour toujours être si parfait ?
Il démarre la voiture en silence afin de rejoindre une petite route isolée qui traverse des champs à perte de vue. Il espère que leur hôtel ne sera pas trop loin d'ici, car je semble décomposée, vidée de mon énergie vive. Hébétée, je somnole sur le siège passager. Je me sens comme épave échouée sur une plage oubliée.
Finalement, je m'endors peu à peu, la tête contre la vitre, comme bercée par le ronronnement du véhicule.
Toute la tristesse qui m'oppresse semble s'alléger lorsque je ferme les yeux pour oublier cette journée éprouvante.
Peut-être que mes craintes et mes peines vont me rattraper dans mes cauchemars ?
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