Chapitre 7

- Rebonjour Monsieur, soupira t-il. Si vous avez une question, veuillez vous adressez à l'accueil, je ne suis que caissier. Revenez avec des articles.

- L'accueil ne me sera d'aucune utilité.

- Alors que puis-je faire pour vous ? Soupira t-il d'un ton blasé.

- Comment vous vous appelez ? Osais-je lui demander tout en fixant l'étiquette accroché à la poche de sa chemise, dans l'espoir d'y voir un nom.

- Pardon ? Haussa t-il un sourcil surpris.

- Je veux votre nom. Vous n'êtes pas Mr « A votre service », rigolais-je en pointant son blason du doigt.

- Et en quelle honneur ? Me demanda t-il un poil énervé avec tout de même un rictus amusé, avant de croiser les bras sur son torse et de s'appuyer sur le dossier de son siège, pourtant inconfortable.

- Juste comme ça. - Désolé mais cela ne fait pas parti de mes fonctions, ricana t-il avec un rire jaune. Si vous manquez réellement de compagnie, allez dans un bar à rencontre, dans la rue adjacente. Moi, je n'ai pas que ça à faire. Bonne journée, Monsieur.

- C'est pas la mort. Je vais pas vous payer pour ça non plus.

- Non. Effectivement, « c'est pas la mort », reprit-il assez énervé en faisant des crochets avec ces doigts. Mais je ne veux pas. C'est tout.

- Roooh allez, ça fait quoi de donner son nom ? C'est de la politesse, quoi. Je ne vous demande rien d'autre. Allez, on recommence : Bonjour Monsieur, comment vous appelez vous ? Lui dis-je en lui tendant ma main.

Il regarda ma main en plissant les yeux, comme pour comprendre ce que je voulais, avant de relever les yeux vers moi, mais sans l'amabilité qu'il s'était forçait de garder jusque là.

- Vous ne devez pas être habitué à ce qu'on vous refuse quelque chose, hein ? Je ne sais pas comment s'est passé votre vie, ni comment vous avez été éduqué, mais les petits pourris gâtés qui ne lâche pas l'affaire sous prétexte qu'il sont « quelqu'un », je ne les supporte pas. Dégagez avant que j'appelle un vigile. Termina-t-il sèchement.

- Mais- Fis-je en ramenant ma main vers moi.

- Bonjour, Madame, fit-il en m'ignorant et en adressant un grand sourire à la vieille dame qui faisait ses courses derrière moi, avant de scanner la côte de bœuf à moitié prix qu'elle avait acheté dans le rayon des promotions.

- Bonne journée... terminais-je tout de même, étant obligé de me décaler pour laisser passer la cliente payer, alors que je me dirigeai vers la sortie, n'ayant pas obtenu de réponse.



- Eh oh ! Y'a quelqu'un ? S'efforçait mon ami de faire de grand geste avec ses mains devant mes yeux pour me ramener sur terre.

Je secouai alors la tête, et enlever ma joue de ma main en m'étirant.

- Hm ? Lui demandais-je.

- Alors toi, ça va pas. Raconte au bon vieux Jimin ce qui te tracasse, prit-il une voix tel un personnage mystérieux dans un vieux film.

- Hein ?

- T'as quoi ? Je suis pas con. C'est pas ton genre de rêvasser.

- Ah mais non, j'ai rien, t'inquiète. Je suis juste un peu fatigué, c'est tout. M'empressais-je de trouver une excuse à mon état plus qu'anormal.

- Mouais, ça cache quelque chose, plissa t-il les yeux en regardant mon visage comme pour y déceler la moindre expression qui trahirait mon mensonge. Oh ! Je sais ! Son visage passa à la seconde de méfiant à moqueur. Petit coquin va, alors, c'est laquelle cette fois-ci ?

- Mais qu'est ce que tu vas t'imaginer, encore ? Roulais-je des yeux.

- Mr Jeon et Mr Park, vous voulez continuer votre discussion chez le proviseur ?

- Non, c'est bon. Lui répondis-je avant de mettre ma main devant la bouche de Jimin qui allait évidemment sortir un « pourquoi pas ».

En tant normal, je m'en saurai foutu. Mais là, j'étais beaucoup trop dans les vapes pour traverser le couloir menant au bureau du chef d'établissement. Alors que j'allais me mettre à l'exercice, mon meilleur ami me donna un léger coup de coude pas si discret que ça, ce qui m'arracha un gémissement de douleur.

- Tu m'en parle à la pause, me chuchota t-il avec un sourire qui se voulait réconfortant.

Je hochai simplement la tête. De toutes façons, il n'était pas prêt de lâcher l'affaire, le connaissant. Alors autant gagner le plus de temps possible à trouver un excuse digne de ce nom.

- Ah non ! Je ne suis pas d'accord, Kookie ! Il faut prendre des forces pour cette après-midi, alors tu vas me faire le plaisir de manger ça ! Fit Jimin en plaçant dans mon assiette ses haricots verts.

- Dis surtout que tu veux t'en débarrasser. Remarqua Yoongi blasé comme à son habitude, ce qui lui valut un regard plein de reproche de Jimin.

- Maiiis Suga ! Je passai pour le mec super cool qui prend soin de ses potes et t'as tout cassé !

- Tu passes jamais pour le gars cool qui prend son de ses potes. Toi tu passes pour le mec immature intenable invivable insupportable qui se sert des gens de sa table comme poubelle de table.

- T'es obligé d'être aussi méchant ? Fit Jimin en faisant la moue, m'arrachant un petit sourire en coin devant la connerie de mes amis.Ce qui ne leur échappa pas.

- Ah tu vois, au moins, je sais remonter le moral !

- Il se fout de ta gueule. Lança Yoongi entre deux bouchées de nouille.

- Non, Kookie est gentil contrairement à toi !

- Ou il a pitié. Continua le mentholé sans lui adresser un regard.

- C'est bon, arrêtez tout les deux. C'est fatiguant vos embrouilles là. Lançais-je en prenant mon plateau et en me levant, les faisant relever la tête tous les deux. Je ne me fous de la gueule de personne et je n'ai pas pitié. Expliquais-je ce qui valut un petit sourire narquois de Jimin et une grimace frustré de Suga. Enfin, Jimin parfois. Continuais-je tout de même, la franchise étant une des mes principales qualités, échangeant ainsi l'expression de mes amis sur leur visage. Je vais sur le toit, à tout à l'heure. Finissais-je en allant poser mon plateau, sous leurs regards curieux.Je me sens mal depuis hier après-midi.

En fait je me sens énervé. Et frustré. C'est la première fois qu'on me dit non. Et c'est assez désagréable qu'on a pas l'habitude et qu'on s'appelle Jeon. J'ai toujours eu l'habitude de tout obtenir en un claquement de doigts, que ce soit matériel ou social après tout. C'est vrai, quand je veux quelque chose, on me l'achète. Et quand je veux quelqu'un, et bah je l'ai. La faute à mon physique assez avantageux, je suppose.

Peut-être qu'il a raison après tout. Je ne suis qu'un fils de bourge à qui on n'a jamais rien refusé. Pour qui je me suis pris à aller dans un supermarché discount et taper un scandale parce que le putain de beau. Hum. Le putain de magnifique caissier a refusé de me donner son nom. Je suis vraiment trop con. Comment je pourrai lui parler après ça, c'est foutu. Mais tout ça, c'est à cause de Jimin. Si il m'avait pas traîner là-dedans, jamais je ne l'aurai croisé, et mon cerveau ne serait pas envahit par son visage en ce moment. Et depuis que je l'ai vu, en fait.

Et puis c'est quoi cette réaction ? C'est vrai, j'ai rarement vu, voire jamais quelqu'un d'aussi parfait physiquement, mais ce n'est pas une raison. Je voudrais peut-être un ami-œuvre-d'art dans mes contacts. Encore pour mon image. Ou pour mon bonheur personnel.Peut-être que malgré moi, je voudrais avoir un lien, un contact avec mon objet de fascination ?

Personne ne m'a jamais intéressé. Je me suis toujours contenté d'intéresser les autres, de s'en servir pour mes besoins, comme un gros connard, on peut le dire. Mais je ne me suis jamais remis en question. Jusqu'à aujourd'hui. On me l'a déjà dit, bien sûr. Au collège, par exemple, que j'étais qu'un sale fils à papa. Qu'un prétentieux qui croit avoir tous les droits. Et au lycée aussi. Mais ça, c'était uniquement par les filles. Pas plus tard que la semaine dernière, une fille blonde, je n'ai jamais su son nom pour le peu que l'on s'est « vu », m'a traité d'ingrat et d'irrespectueux, qu'un gros connard qui profite.Mais bizarrement, toutes ces insultes ne m'ont jamais touchés.

Et il a suffit d'une personne, pourtant insignifiante dans ma vie de tous les jours, pour que je me mette à réfléchir sur mon comportement. Jimin m'a déjà reprit plusieurs fois, et je ne dis pas que je ne l'ai pas écouté, car son avis est très important pour moi, mais je ne me suis jamais remis en question. Surtout pas à cause d'une réflexion d'un inconnu.Comment ses paroles ont-elles put avoir un quelconque impact sur moi ? Certes des paroles d'un Dieu vivant, mais d'un parfait inconnu, et c'est le cas de le dire.

- Jungkookie ? Me coupa une voix dans ma réflexion, me faisant me relever sur mes coudes alors que j'étais allongé à regarder les nuages dans le ciel, comme si le Seigneur tout puissant m'aurait envoyé un signe, ou une réponse à ma perturbation.

Et cette solution serait Hoseok ? Je n'y crois pas trop.

- Qu'est ce que tu fais à déprimer tout seul comme une personne qui est en pleine séance de questions existentielles ? Ricana t-il en s'approchant de moi.

Je n'aurai pas pu dire mieux, puisque c'est exactement ce que je fais. Je ne me comprends même pas moi-même. Enfin, surtout mon attirance pour le beau châtain du Yampi du centre commercial. C'est existentielle. Pour moi, en tout cas. Je ne lui répondit donc que par un soupir.

- Oh toi, ça va pas mon vieux. Fit-il en s'asseyant à ma droite. Je peux t'aider ?

- C'est gentil, mais malheureusement, non. Lançais-je blasé.

- Je vois. En tout cas, si ça va pas ou quoi, je suis là, d'accord ? Me demanda t-il avec un sourire.

- Merci. Lui répondis-je simplement.

Hoseok est vraiment une personne agréable. Je l'aime beaucoup. Et franchement, il faut y aller pour que j'apprécie une personne. Ce mec est le genre de personne super drôle qui n'arrête pas de faire le clown. Si j'ai un mot pour le définir, je dirais la folie. Mais il sait aussi devenir sérieux quand il y en a besoin, consoler et être capable de tout pour ses proches. Ce genre de personne qui savent faire sourire même pendant un enterrement. Franchement, je le connais pas autant que Jimin, et c'est d'ailleurs lui qui me l'a fait rencontré cette année, mais si je ne le connaissais pas, et bien je serai aller le chercher. Dommage que je ne l'ai pas rencontré avant ma terminale.

- C'est... à cause de quelqu'un ? Demanda t-il tout de même.

- Je n'ai pas trop envie d'en parler...

- Je vois... mais tu sais, parfois, ça fait du bien d'en parler. Je ne te force pas ou quoi hein, je comprends, mais si t'as envie de te défouler ou même d'en parler, je suis ton homme ! Rigola t-il, m'arrachant un sourire au passage.

- Ça marche, lui répondis-je, allant un peu mieux, sûrement le fait de parler.

- Juste... c'est pas à cause de Jimin ? Ou même de Suga ? Parce que sinon je te jure que je vais aller leur casser la gueule ! Fit-il en mimant des coups avec ses poings. Je les adores, vous êtes tous mes amis, mais si il faut passer par la case « cassage de gueule » pour que tout redevienne comme avant, je le ferai. Rigola t-il.

Je rigole à mon tour. Ce mec est l'espoir incarné. Quand je disais qu'il était capable de tout. Même de faire du mal momentanément à un ami, alors qu'à la base, il est quand même plus proche de Jimin et Suga. Même si on s'est beaucoup rapproché ces dernières semaines.

- Non, non, calme-toi, l'arrêtais-je. Ils n'y sont pour rien. Fis-je en arrêtant ses poings dans le vide.

- Alors... c'est à cause de quelqu'un ? Reprit-il avec son air sérieux.

- Plus ou moins. Dis-je un peu plus ouvert que tout à l'heure.

- Tu veux que je lui casse la gueule ?

- Arrête avec ça, rigolais-je en m'asseyant à mon tour. Et puis c'est moi le problème. Cette personne n'y est pour rien. C'est juste qu'elle m'a dit quelque chose qui m'a fait prendre conscience de pas mal de trucs, et qui m'ont blessé. M'exprimais-je en relevant ma tête vers lui, mais en voyant sa tête énervé, je m'empressais d'ajouter la suite. Mais elle a rien fait, c'est moi... je... je me demande juste pourquoi je m'en suis pas rendu compte avant depuis le temps que l'on me le dit.

- Ah oui, je vois. Me gratifia t-il d'un sourire franc. Tu as juste besoin de réfléchir, hein ? Tu t'en veux pour un comportement que tu lui a laissé voir, et tu aimerais te corriger et te faire pardonner.

- Oui, c'est ça ! Lui souriais-je à mon tour content de me faire comprendre.

- Okay, alors, si je peux et donner un bon conseil, tu vas aller voir cette personne, et tu vas t'excuser, c'est la base. Ensuite, tu vas lui dire qu'elle avait raison sur toi, et que tu te sens complètement con d'avoir réagit ou fait quelque chose comme ça, et enfin, tu la remercie de t'en avoir fait prendre conscience, et vous repartez sur de bonnes bases ! Fit-il fier de lui en se levant et en faisant un pas de danse à la conclusion de sa technique de réconciliation.

- C'est...c'est pas une mauvaise idée, lui répondis-je en fermant mes yeux qui s'était écarquillés tout seuls durant son monologue dû à la facilité à laquelle il sortait cette méthode qui m'avait l'air assez efficace.

- N'est-ce pas ? S'exclama t-il, heureux que j'y adhère. C'est une méthode express de réconciliation que j'ai inventé au collège avec mon meilleur ami, garanti à cent pour cent !

- Ton meilleur ami ? Lui demandais-je curieux, puisqu'en effet, je n'en avais jamais entendu parler.

- Yep ! C'est un pote que je connais depuis la sixième, ça fait grave longtemps, du coup, on est super proche, voire un peu trop selon des gens, si tu vois ce que je veux dire, rigola t-il en faisant danser ces sourcils alors que je ne comprenais pas la signification de cette phrase.

- Ah oui, je comprends. Lui lançais-je tout de même.

Je suppose qu'ils doivent avoir la même relation que Jimin et moi, même si nous, on ne se connaît que depuis deux ans.

- Mais bref ! Il fut un temps merveilleux où on était au lycée en même temps, et où les conneries fusées, rigola t-il sûrement au souvenir d'une bonne vieille connerie, mais vu que j'ai redoublé deux fois, les cours c'est pas pour moi, et bah il est parti avant moi dans la vie active, mais on se voit tout le temps, c'est pas un problème !

- C'est vrai que tu préfères danser, ricanais-je.

- T'as tout compris ! Me lança t-il en bougeant son corps tel un danseur professionnel, vraiment doué.

Je suis content pour lui, il a trouvé sa voix, dans un sens, et au moins, on voit que ça lui plaît. Il suffit de le regarder danser pour comprendre la définition du mot « passion ».

- Et toi t'as passé deux classes, c'est ça ? Me demanda t-il, s'arrêtant dans son mouvement.

- Ouais, en CP et en CM1. Lui répondis-je.

Effectivement j'ai passé deux classes, celle de CP par « talent », enfin si on appelle savoir lire et compter le talent, et l'autre parce que mes parents ont payé le directeur de l'école pour que je passe la classe de CM1. Et oui, qu'est ce que vous voulez, c'est dans ce monde là qu'on vit.

Tout tourne autour de l'argent, et mon père étant le PDG d'une grande entreprise, bah il a du pouvoir sur tout. Je vis dans la triche depuis mon plus jeune âge, et après on veut que je sois honnête ?

- Ouahh t'es doué ! Et c'est pour ça que t'as que 17 ans ! Lança t-il comme si il venait de faire une grande découverte. Ehh mais on a presque quatre ans de différences ! Appelle-moi Hyung! Ricana t-il.

- Ouais, si tu le dis. Lui répondis-je, ayant assez honte de faire parti d'un tel arrangement. Et non pour Hyung. Lui répondis-je neutre.

- Haha, le contraire m'aurait étonné. Dit-il en m'ébouriffant les cheveux. Même Jimin, manipulable comme il l'est, n'a jamais voulu m'appeler comme ça.

- T'as essayé avec ton meilleur ami ? Lui demandais-je.

- Oulà non. Mais je suis aussi immature que lui, et on préfère se donner des petits surnoms plutôt que des trucs aussi clichés, tu vois ? M'enfin. Récapitulons la MER, allias « Méthode Express de Réconciliation ». Fit-il avec un clin d'œil joueur. Petit 1 : Je m'excuse. Petit 2 : J'admets mon erreur. Et petit 3 : Je remercie pour m'avoir ouvert les yeux. Puis tu termines en disant « Repartons sur de bonnes bases ».

- C'est bon, fis-je en me levant alors que la sonnerie des cours retentissait, commençant à descendre les escaliers en me répétant sans cesse les « Petits » de la MER.

- En fait, me lança t-il avant de tourner à gauche vers sa salle de cours. Ça te dirait pas de venir voir des cours de danse ce soir ? Me demanda t-il tout excité comme d'habitude. Je veux dire : tu sais quoi faire maintenant, mais c'est toujours agréable de pas se prendre la tête avec ça et de se détendre parfois. Moi, c'est la danse qui me rend heureux, alors je me disais que tu pouvais essayer ?

- Pourquoi pas ? Lui répondis-je en lui rendant son sourire. Mais peut-être un autre jour, je préfère me reposer ce soir. Merci d'avoir proposé.

- T'inquiètes, je comprends. Un autre jour alors. Allez Fighting ! Fit-il en me tendant son poing avant que je le frappe avec le mien comme salut.

- Fighting. Dis-je à mon tour en rejoignant Jimin qui me regardait avec un air inquiet, à quelques mètres de là.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top