Chapitre 52
Évidemment, avec tout ça, j'avais oublié de fermer mes volets hier soir, et c'était certainement la cause principale de mon réveil précipité ce matin, la lumière du soleil matinale agressant mes yeux même à travers mes paupières fermées.
Je venais d'ouvrir les yeux, et la première chose que je ressentais c'était le froid qui passait à travers la fenêtre encore ouverte. La deuxième, c'était que en fait, ma couverture était super chaude. Et la troisième, c'est que je me rendis compte que ma couverture était humaine.
Je me redressais lentement, mettant mon dos contre mon coussin au mur, et jeter un regard sur l'énergumène qui avait profité de la nuit pour se rapprocher plus qu'il ne le fallait. Il était impossible.
Déjà hier, il avait soutenu ne pas pouvoir dormir s'il ne serrait pas quelque chose dans ses bras, et alors que je lui avais gentiment répondu qu'il pouvait prendre tous les coussins qu'il voulait, celui-ci avait fini par les foutre par terre.
Et contrairement à moi, il semblait avoir le sommeil lourd, puisque la lumière ne semblait pas le déranger.
Je me retrouvais dans une situation délicate, où j'hésitais à me lever en prenant le risque de le réveiller, ou à le laisser dormir encore un peu et rester bloquer comme un abruti.
Je choisis d'être un abruti lorsque je me perdis à l'observer dormir.
Sa tête était écrasé sur mon torse, sa joue bombée écrasant son propre œil, tandis que ses cheveux étaient en pagaille, victimes d'un sommeil un peu trop mouvementé. Je passais doucement ma main à la surface de son crâne, remettant quelques mèches à leurs places, et me fit la remarque qu'ils étaient vraiment doux, trop pour qu'il ne prenne le temps d'en prendre soin régulièrement.
Comment un homme pouvait-il être si mignon ?
Je passais une main sur mon visage, les yeux encore ensommeillés, comme pour me réveiller de mes pensées qui prenaient un chemin assez particulier ces derniers temps.
Il fallait vraiment que j'arrête.
Mais soudainement, je sentis quelque chose passer sous mon T-shirt, à même ma peau.
Je baissais la tête vers le visage du blond, cherchant à savoir si ça avait été volontaire ou non, mais son visage était toujours baissé, détendu, comme s'il dormait et que aucun muscle ne soutenait sa tête.
Bizarre. Pensais-je en haussant les sourcils, puis en abandonnant finalement de me faire une raison valable à ce geste tout de même peu anodin.
Cependant, lorsque je sentis cette même main caresser doucement mes muscles abdominaux, je tournais la tête de Taehyung brusquement, ne lui laissant pas le temps de fermer les yeux qu'il avait précédemment ouvert. Il contrôlait parfaitement ces gestes, et en fait, il avait fait exprès.
Nous nous regardions comme deux idiots, yeux dans les yeux, et innocemment, il me demanda.
- Je suis au paradis ?
Il se foutait vraiment de ma gueule, le coco.
Brusquement, je le renversais sur le dos, attrapa sa main baladeuse et la bloqua à côté de son visage, tandis que mon corps le surplomber pour éviter tout autre mouvement suspect.
- Hop là, bloquais-je ses deux mains au niveau de ses poignets, et mes jambes maintenait les siennes contre le matelas. Tu vas beaucoup mieux toi. Je déclarais, celui-ci semblait pas mal en forme, et avait toutes ses idées en place, pour un matin.
- Oui ! Il répliqua, ne cherchant même pas à s'en cacher, et son sourire rectangulaire et sincère m'éblouit, plus encore que les rayons du soleil.
Si bien que je me demandais même si je ne venais pas de plisser des yeux en une réponse innée.
Je soupirais, voyant parfaitement que qu'importe ce que je dirais, il ne comptait pas se cacher de son geste volontaire et maîtrisé, ni le regretter.
Quant à moi, je m'efforçais de ne pas penser que cette vision était un de mes meilleurs réveils depuis bien longtemps.
A la place, je souris influencé par son rire contagieux, fermant les yeux et me résignant.
- La baise matinale ? On entendit soudainement, nous faisant tous les deux nous tourner vers cette voix, étonnés. La meilleure.
Jimin se tenait dans l'encadrement de la porte, la main sur la poignée comme s'il venait de l'ouvrir pour venir nous réveiller, et la première chose qu'il avait vu c'était ça.
Nous.
Moi dessus, lui dessous.
Je lui jetais un coussin qu'il esquiva en refermant la porte en un geste réflexe impressionnant, tandis que le blond semblai trouver la situation amusante puisqu'il ricanait comme un idiot.
Je prenais appui sur mes mains pour m'éloigner de lui, n'ayant pas la même assurance que lui dans ce genre de situation, puis m'assit sur le côté du lit commençant des étirements, tandis que lui se mit en tailleur.
- Je peux aller me laver ? J'entendis.
Je cachais mon sourire en lui répondant à l'affirmative : le vrai Taehyung était de retour.
Évidemment, Monsieur avait prit tout son temps. Et du fait que nous nous étions levé assez tard, lorsqu'il descendit les escaliers, cheveux mouillés et sa tenue d'hier, il était déjà l'heure de manger.
- Tu arrives pile à temps. Jimin lança mesquinement alors qu'il déposait des assiettes sur la table à manger, ma mère cuisinant avec la radio allumée dans la cuisine n'entendant pas notre conversation. Madame Jeon a bientôt fini de cuisiner, il aurait été bête pour toi de rater ça.
Taehyung fronça les sourcils, continuant de frictionner ses cheveux à l'aide d'une petite serviette qu'il m'avait emprunté. Il s'adressa à moi, puisque le blond disparut de la salle pour rejoindre la cuisine.
- Pourquoi il a dit ça ?
Je haussais les épaules, puis répondit nonchalamment, en toute vérité et sans détourner les faits.
- Parce que ma mère à ton niveau en cuisine ? Si ce n'est pas pire.
- Ça ne doit pas être si grave que ça. Il haussa à son tour des épaules, allant à son tour dans la cuisine pour dire bonjour à ma mère et aider.
Je souris, sadique.
- C'est délicieux. Taehyung complimenta ma mère en essayant du mieux que possible de cacher sa grimace.
- Ah ça, ça me fait plaisir ! Ma mère le resservit, et mon meilleur ami et moi dûment baisser la tête à notre assiette pour nous empêcher de rire.
Nous deux, maintenant experts, avions prétendu avoir déjà mangé ce matin et donc ne pas avoir trop faim, ce qui faisait qu'on sortait beaucoup mieux que le caissier prit au piège.
Maintenant qu'il y avait goûté, il devait prendre conscience que ma mère cuisinait vraiment comme un pied.
En parlant de pieds...
Taehyung semblait avoir décidé de se changer les idées - en m'utilisant- puisqu'il était devenu tout d'un coup très tactile, si bien que lorsque sa chaussure commença à frotter ma cheville, je lui jetais un regard outré, de ce qu'il croyait faire tout en échangeant avec ma mère.
Cela dura un bon moment. Puis, nous nous jetions un regard indiscret et lourd de sens, pendant que Jimin discutait avec ma mère sans même qu'ils puissent se douter ce qu'il se passait sous la table.
Mes yeux l'incendièrent sur place, et tout ce qu'il trouva à faire était de me répondre d'un sourire provocateur.
Vu de l'extérieur, il était pourtant évident que nous participions pas à la conversation car il se passait quelque chose entre nous deux. Et pourtant, j'avais accepté cette idée, car si je l'ignorais, que je ne lui donnais pas une réaction satisfaisante, je pensais que celui-ci abandonnerait. Donc je le laissais faire, puis de toutes manières, peu importe combien je reculais mes propres jambes, il arrivait toujours à les trouver. Et pourtant, nous étions en diagonale, moi à côté de ma mère, et lui à côté de Jimin.
Je le laissais faire, jusqu'au moment que je jugeais exagéré, lorsqu'il remonta un peu trop haut le long de ma jambe, j'en profitais pour lui donner un coup de pied, espérant que la douleur lui fasse comprendre qu'il n'avait pas à jouer comme ça avec moi. Enfin, si, c'était en toute logique ce que notre jeu voudrait qu'il fasse, mais de là à le faire devant ma mère. Et surtout, il était hors de question qu'il reprenne le dessus chez moi.
- Aie !
Je jetais un regard apeuré au cri de mon meilleur ami, comprenant ce qu'il venait de se passer, tandis que Taehyung riait comme un idiot dans son coin, ce gamin.
J'ignorais comment il avait fait, mais ce n'était pas dans son pied que j'avais tapé, mais bel et bien dans celui de Jimin.
- T'es sérieux, Kookie ? Il me redonna un coup de pied dans le tibia, le pire, et je serrais les dents pour ne pas jurer devant ma mère, voire l'insulter.
Ma mère justement, bien trop aveugle, se leva pour aller chercher le dessert, et nous laissa tous les trois à table. L'ambiance était fortement tendue, et ce n'était certainement pas à cause de mon meilleur ami qui me demandait pourquoi je venais de le frapper sans aucune raison. Et j'hésitais fortement à tout balancer, et à lui apprendre que pendant qu'il parlait gentiment avec ma mère, son voisin de table n'hésitait pas à m'embêter, à s'amuser avec ma jambe.
Ma mère revint assez rapidement, mettant fin à ce blanc glacial. Et évidemment, lorsque celle-ci amena le dessert, cette-fois ci non cuisinée par elle parce qu'elle n'avait pas eu le temps, Jimin et moi avions retrouvé l'appétit en quelques secondes à peine.
Surtout que lorsque celui-ci se révélait être des glaces.
Aussitôt, je me jetais sur celle chocolat-menthe, car je ne me voyais même pas raisonner pour en choisir une autre, et la seconde d'après, elle était déjà dans ma bouche, alors que les autres étaient encore entrain de faire le choix qui semblait crucial dans leur vie.
Jimin finit par choisir au caramel, tandis que Taehyung demanda quels parfums nous possédions en fruits, ce qui me fit me rire. Cependant, je riais moins lorsqu'une proposition de ma mère fut le support idéal pour que le blond marque un point.
_ Non, merci. Il adressa la suite de ses mots bien à ma mère, mais pourtant, ses yeux semblaient défier les miens. Je n'aime pas la cerise.
Je m'étouffais littéralement avec ma glace, comprenant parfaitement le sous-entendu, et ayant d'ailleurs la scène qui me revint en tête. Et c'est ce qui me fit tout de suite tousser très fort et inquiéter ma mère.
_ Fais attention mon lapin, ne t'étouffes pas enfin. Elle fit la remarque tandis que Taehyung avait fini par choisir framboise.
_ C'est ce qui arrive quand on avale trop vite. Ce con ajouta, et je dus me contenir très fort pour ne pas provoquer un double étouffement, suivi d'un homicide volontaire, sur mon voisin en diagonale.
Jimin et ma mère était parfaitement en paix, mangeant leur glace de la manière la plus détendue qu'il soit, pendant que Taehyung me fit un clin d'œil satisfait de lui.
Je fulminais depuis ma chaise, frustré, irrité, et ne sachant pas quoi faire, comment réagir.
Et puis, soudainement, une lueur de lucidité me frappa. Un élan de courage même. Car, si lui semblait prendre du plaisir à me gêner chez moi, dans ma propre maison, je ne vois pas pourquoi je ne participerais pas également. Je devais faire pire, qu'un simple sous-entendu oral, et cette fois-ci, je gagnerais vraiment cette bataille.
Taehyung me regardait toujours avec un sourire satisfait. Mais il disparut bien vite lorsque un rictus déforma mes lèvres, piquant sa curiosité juste assez pour qu'il continue de me regarder, de voir ce que je comptais faire.
J'avais penché un peu ma glace ces dix dernières secondes pour la faire couler un peu. C'est ce qui arriva lorsque de la glace fondu, presque liquide glissa le long de mes doigts. Pour éviter que celle-ci ne tombe plus bas, sur mon poignet voire pire, mes vêtements, je la rattrapais avec ma langue, prenant bien évidemment soin de contourner chaque phalange de mes doigts, tout en ne lâchant pas le sujet du regard.
Et quelle ne fut pas surprise, lorsque celui-ci fut victime de mon regard intense associé à ses gestes fortement subjectif, et qu'il attira l'attention sur lui, lâchant une injure mêlée à un grognement.
- Seigneur, tout va bien Taehyung ? Ma mère qui n'en avait pas comprit un mot, se tourna vers lui, inquiète.
Jimin lui tapota le dos, lui demandant à tout va s'il voulait qu'il fasse la technique de la virgule, ce à quoi le blond essayait de répondre entre deux hoquets, qu'il n'avait rien en travers de la gorge, et qu'il avait simplement avalé de travers.
Il toussa rapidement, prix de soudains maux de toux, et je dû mordre mes propres lèvres pour cacher mon sourire satisfait, et feindre l'inquiétude.
- Bah alors ? Ne t'étouffes pas, Tae'. Je lançais mielleusement, et il me lança un regard noir tandis qu'il attrapa le verre d'eau que ma mère lui tendait.
Il avait voulu joué, et bien pour une fois, je jouais avec lui. Je pensais en me levant, pour aller me placer derrière son dos et commencer à entreprendre un massage sur ses épaules à première vue totalement inoffensif et sans arrières pensées.
Cela faisait bien trop longtemps que l'on se cherchait sans aboutir à quelque chose de concret - de mon côté du moins-, et ça, plus la gêne de Taehyung lorsque je le taquinais un peu trop, me confirmait bel et bien que je n'étais pas le seul à ressentir ça, envers lui.
« Ça ».
Je ne pouvais pas encore le déterminer, mais ce « ça » était agréable, lorsque j'étais avec lui.
Je savais lui faire autant d'effet, lorsque je m'en donnais les moyens, et c'est cette constatation qui me fit prendre confiance en moi, et me donner des idées et du courage pour la suite.
La gravité de nos actions montait progressivement depuis le début du jeu, et même si aujourd'hui encore, nous n'en avions pas dépassé les limites de sorte à ce que l'un de nous perde, il y a avait eu des progrès. On était passé à de simples sous-entendu, à des simulations à titre sexuelles en face de ma mère je le rappelle - sans oublier le passage assez « tendue » dans la réserve du Yampi.
Je ne sais pas si je commençais à m'impatienter, mais ça faisait bien trop longtemps que ça durait.
Ou plutôt, j'avais juste envie d'autres choses, que de simplement jouer.
Et Taehyung en était en grande partie responsable, et l'acteur principal.
Si autrefois je n'aurais eu aucune chance contre un adversaire de sa trempe, ses réactions à de simples provocations ne faisaient que me pousser à en vouloir en voir plus, chacune de ses expressions de visage.
Voilà sur quoi était basée notre étrange relation, elle-même fondée par un jeu de séduction ambiguë : de la taquinerie amicale, voire - souvent- de la provocation sexuelle, à simplement de l'affection.
Un peu plus tard, je l'avais raccompagné sur le pas de la porte, laissant ma mère et Jimin à l'intérieur, me servant de lui comme excuse pour ne pas faire la vaisselle.
Avant de partir travailler, il avait prit le temps de se calmer, et sa haine était devenue une soudaine admiration de mon évolution. Il me l'avait dit, d'ailleurs.
- Je suis étonné de ce que t'as osé me faire. Il avait presque pouffé.
- Et bien moi je ne suis plus étonné de tout ce que tu as osé faire. J'avais répliqué amusé également.
Il avait roulé des yeux au ciel, s'attendant probablement à cette répartie, puis avait enchaîné.
- N'empêches, je pensais que je gagnerais haut la main, lorsqu'on a commencé de jeu de merde. Et, malheureusement, il se trouve que non. Je dois admettre que je suis impressionné. Il soupira dramatiquement, puis releva le visage vers moi. Mais... ça commence à me lasser, tellement que ça en devient presque frustrant.
Je fus surpris, de constater qu'il ressentait la même chose de son côté.
La frustration. C'était exactement le bon terme. Le fait de ne pas pouvoir en faire plus, juste parce qu'aucun de nous deux n'acceptait d'admettre sa défaite. C'était son entêtement contre ma fierté, et à ce niveau là, elles étaient au coude à coude.
- T'es certain de ne pas vouloir abandonner ? Il relança, et j'avais l'impression que si ce n'était pas moi, il le ferait prochainement tant il semblait au bout.
- Il n'y a aucun moyen que j'abandonne. Ma fierté parla d'elle même. Toi, par contre... Je détournais mon regard, l'incitant clairement le faire.
Mais Monsieur semblait plus con que frustré.
- Moi non plus. Il lâcha, et je roulais des yeux au ciel pour la trente-sixième fois ce soir. Bonne soirée, mon lapin.
Je le regardais partir, les yeux perdus dans le vide, n'ayant pas la force de lui courir après pour lui faire ravaler le surnom qu'il avait osé utiliser, avec une seule pensée en tête :
Je veux le faire craquer.
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