Chapitre 50
Hormis la danse, Taehyung et moi n'avions pas l'occasion de nous voir. Mis à part les semaines où je prenais mon courage à deux mains pour aller au Yampi, ou bien celles où nous avions la simple occasion de nous voir grâce à nos amis en commun ou par de pures coïncidences - qui n'en étaient pas vraiment.
Pas que nous n'en ayons l'urgente envie de nous voir souvent, mais c'était juste un fait. Tout de ce qu'il y a de plus vrai, ça avait toujours été le cas, et ni lui ni moi n'avions eu ce besoin de faire la remarque. Car après tout, maintenant, le blond et moi étions amis.
D'accord, une amitié assez étrange, basée sur la provocation et sur la course à celui qui fera tomber l'autre, mais il n'empêche que notre relation était du registre de l'amitié. Et, l'amitié, ça pouvait aussi engendrer des sortes de manque, lorsque nous ne voyons pas la personne appréciée.
Par exemple, Jimin et moi- non mauvais exemple, puisque je le voyais tout les jours, si ce n'était pas toutes les heure. De même que pour Yoongi ou Hoseok...
Je pouvais peut-être comparer la situation à Namjoon, qui était aussi un bon ami maintenant, peut-être un peu trop prit par le travail. Ou Jennie, même si je voyais celle-ci aussi en dehors des cours de danse, je la croisais au lycée, et ces quelques minutes suffisait à ce que l'on se tape dessus.
Non, décidément, mon frère était la meilleure comparaison possible. Je ne le voyais que très, il lui arrivait de revenir des week-end avec ou sans sa copine, et j'étais toujours très heureux de pouvoir lui parler, prendre de ses nouvelles.
Oui, au final, ça devait être la solution, de ce manque étrange.
Taehyung me manquait à la semaine, comme mon frère me manquait à l'année.
Et c'était déjà pas mal.
-Ton enceinte fait un bruit bizarre.
Je sortis de mes pensées alors que j'étais entrain de regarder le principal concerné de celle-ci se battre avec mon enceinte, en tailleur devant. Je m'étais mis à penser à lui, alors qu'il était dans la même pièce que moi, et même sous mon nez bien qu'il soit de dos à jurer, et cela faisait parti de nombreux trucs que je ne voulais pas assumer.
Mais le fait était bien là. En ce moment, le mardi soir, c'était le moment que j'attendais le plus dans la semaine. Certes j'adorais la danse, et je remercierais jamais assez Jimin de m'avoir prit la tête au début de l'année pour l'accompagner, mais plus que la danse, j'aimais le mardi soir.
Ici, je me sentais bien. Mieux que chez moi, seul, à ne même plus me demander si un de mes parents, ou plutôt ma mère, ferait un petit détour à la maison avant de retourner à leurs occupations apparemment plus importante qu'une vie de famille.
Je m'étais approché, puis assis en tailleur à ses côtés, pour vérifier ce qu'il m'indiquait, lui lançant un regard mi-hautain, mi-vexé.
- Mon enceinte n'est pas bizarre, c'est toi qui ne sait pas comment la régler. Et je te ferais remarquer que c'est la dernière édi-
- Édition de la version Tone de la marque, et t'as choisi ce modèle pour la tonalité et la qualité des basses. Oui, ça, je sais. Mais répare là, parce que pour l'instant, tout ce qu'elle fait, c'est qu'elle me nique les oreilles.
Je ne répliquais rien, un peu irrité, ne voulant pas donner de l'importance à la critique méchante sur mon dernier bijou, et me mit aussitôt à régler les paramètres afin d'obtenir le meilleur son possible, et ainsi lui faire retirer ce qu'il venait de dire.
Je me concentrais aussitôt dans la tâche, fronçant mes sourcils et mes yeux avisés recherchant le moindre détail, pendant que mes mains touchaient un peu à tout. Taehyung était sûrement concentré aussi sur ce que je faisais, puisqu'il ne parlait plus.
Puis, lorsque le son revint parfaitement clair, de qualité, mon visage se transforma aussitôt en un sourire soulagé, fier et satisfait. Je me tournais immédiatement vers lui, puis constatais qu'il était déjà entrain de regarder mon visage, en seulement quelques secondes à peine que mes mains eussent quitter l'enceinte.
- Yes ! Je m'exclamais, heureux de mes talents amateurs en ingénieur du son. Tu vois, je te l'avais dit que c'était toi le problème.
Cependant, il ne répondit pas immédiatement. Il semblait occupé à regarder mon visage fier, et ce, peut-être depuis plus longtemps que je ne le pensais. Peut-être même l'avait-il admiré lorsqu'il était en pleine concentration.
- C'est bien, Jungkook. Il répliqua doucement, me félicitant, alors qu'il n'avait même jeté un regard à mon travail. J'étais même certain qu'il n'avait entendu la fa différence de son. T'es intelligent...
Les trois derniers mots avaient été dit d'une manière spéciale, très douce, et c'est ce qui m'avait perturbé. Si avant, il arrivait à me déstabiliser en étant tactile, maintenant, seulement quelques mots prononcés de manière sensuelle me faisait presque le même effet.
Et c'était grave. Comment l'effet qu'il me faisait était bâtard, se développant au fil du temps dans même me demander mon avis, considérer mes valeurs et me remettre en question sans cesse. Déjà que j'avais essayé d'effacer de ma mémoire l'épisode du Yampi de la semaine dernière, où il avait fini par gagner, alors que j'étais au départ celui qui devait être en position de force.
Et puis, je ne savais pas comment le prendre. Est-ce que c'était vraiment honnête, où il se foutait de ma gueule ? Était-ce un vrai compliment, ou une de ses cartes pour me séduire ?
Je n'en savais que trop rien.
Tout ce que je voyais maintenant, ce n'était que son visage purement sincère.
Cependant, pour ne pas lui laisser le plaisir de voir qu'il m'avait encore perturbé, je répliquais, insolemment.
- Ouais, je sais, merci. Dis-je de ma voix la plus confiante, et il me sourit.
La situation actuelle était vraiment étrange : nos deux corps assis l'un à côté de l'autre, mon genou droit touchant son genou gauche, une musique basse en fond, et nos yeux se battant encore en duel, comme si nous venions de commencer un nouveau jeu, duquel je n'arrivait pas à détourner le regard, et enfin, la voix criarde de Lisa e, arrière-fond, bien qu'elle n'était pas prévue dans cette équation ma foi romantique.
- Vous êtes vraiment des tire-au-flanc, vous deux. Elle se plaignit. Pourquoi faut-il qu'à chaque fois que je viens vous voir, vous faîtes absolument TOUT, sauf danser ? Je dois faire quoi pour que vous bossiez, foutre des caméras dans cette salle, et vous surveiller comme des gosses de maternelle ? Et qu'est ce que vous foutiez assis par terre dans le coin déjà ?
Il faut dire qu'elle arrivait souvent au mauvais moment - ou au bon-, à chaque fois que nous faisions une pause ou que nous avions une conversation sérieuse, elle finissait par se ramener, comme si elle avait un radar.
- L'enceinte faisait un bruit bizarre...
Je me levais, ne me préoccupant pas de sa menace. J'avais déjà assez de choses à penser en ce moment, comme par exemple, l'effet que Taehyung avait sur moi en un simple regard.
- ...Donc on la réparait.
Taehyung acheva ma phrase à ma place, se levant à son tour en dépoussiérant son jogging, ou plutôt son sarouel, si je pouvais donner mon avis amateur du sens de la mode.
Lisa expira, et elle l'aurait fait qu'importe ce qu'on lui aurait répondu. Elle fit demi-tour, puisque de toutes façons, elle ne pourrait jamais savoir si nous disions la vérité, ou si nous venions de compléter un mensonge commun sans même avoir à nous regarder.
- Peu importe. Elle souffla, puis lança avant de disparaître dans une autre salle de danse. Si la prochaine fois que je viens, vous ne foutez rien, les gars, je serais obligée de vous contraindre à danser sur la danse des canards devant tout le monde.
Et croyez-le ou non, mais cette menace nous avait pas mal motivé à danser.
Il y a une différence entre vouloir, et faire. J'étais entrain de l'apprendre alors ça faisait de bonnes minutes que j'imitais mon voisin de droite, qui était officiellement mon professeur temporaire. Mais rien à faire, je n'arrivais pas à reproduire ce pas de la chorégraphie.
Taehyung expira d'un coup, puis brusquement, il se tourna vers moi, et s'avança, tandis que je reculais aussitôt par réflexe, sachant pertinemment ce qu'il cherchait à faire. Et non merci, j'avais déjà donner. J'avais tendu mon bras entre nous deux pour lui imposer la distance de sécurité que je pensais bonne pour ma santé mentale, et il souffla, visiblement peu patient.
- Qu'est-ce que tu comptes faire ? Je lui demandais, suspicieux.
Parce à chaque fois qu'il avait fait ça jusqu'à aujourd'hui, c'était dans le but de me rendre fou de part sa proximité, en servant pour excuses vouloir m'apprendre la danse.
- T'aider. Il expliqua brièvement. Baisses ton bras.
Je le baissais pas. Je n'étais clairement pas en état mentalement de lui tenir tête, et le mieux pour moi, pour ne pas perdre notre pari, c'était de ne pas s'approcher trop, de garder mes distances. Seulement, si on continuait ainsi, je ne comprendrais toujours pas le mouvement.
- Écoutes, je veux simplement qu'on avance. Il insista. Si tu penses que je fais ça pour en profiter et te gêner ensuite, tu te trompes. Je ne ferais rien, promis. Fais moi confiance.
Je restais un moment à hésiter. Mais il venait clairement de me rassurer sur ce dont j'avais peur, et j'avais beau me dire qu'il pouvait faire ça pour m'apprivoiser, son visage sérieux et fatigué fut l'élément déclencheur de ma capitulation.
Peu à peu, mon bras se baissa, et il s'approcha tout doucement, pas à pas, comme on le ferait à une animal sauvage que l'on aurait peur de brusquer. Et c'était peut-être la comparaison la plus adaptée à la situation.
Je le sentis se mettre derrière moi, puis délicatement, il attrapa mes bras et repositionna ma jambe correctement à l'aide d'un coup de pied léger dans mon mollet.
Quand à moi, je regardais simplement nos deux corps collés dans le miroir face à nous, et je m'en voulu de bien aimer ce que j'y vis. Je le regardais se concentrer, essayer de m'expliquer des trucs dans mon oreille, alors que cela déclencher des frissons sur moi qu'il ne voyait pas. Et je trouvais ça normal. Pire, cette vision était belle, on était beaux. Beaux comme quoi, je ne sais pas. Comme deux amis dont la manière d'être est complémentaire, comme deux jeunes hommes dont l'aura est électrisante, comme deux êtres humains qui aiment être ensemble.
Je savais déjà être fatigué, et ne plus avoir la force de lutter contre mes propres pensées.
Mais en ce moment-même, je me laissais aller contre le corps derrière moi.
Et je n'avais jamais autant aimé la danse.
Enfin, ce ne fut que de courte durée, lorsque mon caractère trempé, enfin surtout mon impatience, revint au galop.
- J'y arrive pas, j'en ai marre. Je m'exprimais, et je le vis s'exaspérer par dessus mon épaule.
- Effectivement, si tu dis ça, tu ne risques pas d'y arriver. Il attrapa ma main et la mit sur mon cœur, sa paume sur le dos de la mienne, et je déglutis. Il a fit coulisser le long de mon torse, puis continua sa course dans le vide à droit de ma hanche. Plus lentement, on dirait que t'es stressé, sinon.
Mais j'avais encore une fini le mouvement trop rapidement, et comme il le disait si bien, c'était peut-être justement parce que j'étais stressé.
C'était un échec de plus.
- Mais c'est pas compliqué ! Il s'énerva. Cré...
J'attendais la suite, mais elle ne vint jamais. Alors, je tournais mon visage et penchais ma tête en arrière pour le voir, haussant un sourcil joueur.
- Crétin ? Je repris à sa place, étonné qu'il n'ai pas fini sa phrase.
- Recommences. Il souffla, en me donnant un coup de genou pressé à l'arrière de ma cuisse.
Mais comme lorsque je ne comprenais pas, j'insistais, je le fis.
- Pourquoi tu ne continues pas ? Ça faisait longtemps que tu ne m'avais pas insulté, tiens. Je ricanais presque nostalgique de ce temps là.
- T'es maso ou quoi ? Il ricana mauvaisement à son tour.
- Non, mais je pense qu'à ce niveau là, je peux me le demander.
Il roula des yeux au ciel et se détacha de moi. Évidemment, je ressenti un froid tout le long de mon dos, et des zones où il ne me touchait plus.
- ... J'y arrive plus. Je l'entendis marmonner.
Je fronçais les sourcils, parce que ce que je croyais avoir entendu, m'étonnerait pas mal. Et surtout, je n'en voyais pas la cause. Je ne voyais vraiment pas ce qui pouvait l'empêcher de me traiter, car après tout, ça avait toujours été comme ça entre nous. A moins qu'il essayait de réduire ses insultes quotidiennes.
- Hein ?
Je le relançais, restant face à lui, tandis qu'il détourna le regard.
- Non, rien.
Alors là, il venait vraiment de me mettre sur les nerfs. C'était vraiment la chose à ne pas faire avec moi. Je me décalais, avançant jusqu'à me repositionner devant sa tête pour ne plus qu'il évite ma question et accessoirement qu'il me regarde lorsque je lui parlais.
- Vraiment, Taehyung. Je voulais comprendre, alors j'insistais. T'as dit quoi, là ?
Il me fixa quelques instants, semblant assez étonné que veuille autant savoir, que ce qu'il disait m'importait autant, puis, un sourire déforma ses lèvres lorsqu'il murmura.
- J'ai mal au cul ? Il répliqua, en riant comme un idiot.
J'écarquillais les yeux, ne m'attendant à ce genre de réponse. Ce n'était clairement pas ce qu'il avait dit, et même le pire des naïfs l'aurait comprit en le voyant se payer de ma tête comme ça. Il se foutait clairement de ma gueule. Au moins, cela m'enlevait l'option disant qu'il fasse un effort pour essayer d'être moins vulgaire.
Je soupirais, un sourire mal dissimulé en coin - car oui, j'étais un gamin- et allait répliquer, mais il me devança.
- « Haha, on se marre ». Il fit une imitation. C'est ce que tu allais dire, n'est ce pas ?
Et le pire, c'est que oui, c'est ce que j'allais dire.
Et c'est cette constatation qui me fit prendre conscience qu'il me connaissait bien maintenant,peut-être même un peu trop.
- La ferme, Tae'. Je soupirais, utilisant un diminutif pour la première fois, abandonnant avoir une vraie réponse pour me replacer face au miroir.
Notre relation était vraiment étrange. On passait d'un jeu de séduction, au rôle d'un professeur, de simples amis, à deux idiots, de lui sur mes genoux, à lui un peu distant. Ça allait me rendre fou un jour, c'en était certain.
Il allait me rendre fou.
Et je crois que j'aimais bien ça.
fun fact ( or not ) : ce chapitre était écrit hier soir mais suite à une coupure de mon Pc je n'ai rien pu récupérer. Bref je l'ai écrit 2 fois je vous dis pas la frustration hier soir lorsque j'ai compris que j'allais devoir tout réécrire :((
MAIS c'est ce qui explique mon retard d'un jour ;)
bonne soirée ~
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top