5.


C'est dans un lit d'une éclatante blancheur, que l'adolescente au yeux froids se réveilla. Il lui sembla un instant, que tout n'était que blanc et lumière, et puis, la vue lui revint. Elle était désormais assise, sur un matelas lait, dans un lit au barreaux de fer, dans le coin d'une grande pièce découpée en petite partie par des rideaux.

L'infirmerie. Elle connaît cette endroit, c'est l'infirmerie du collège. Pourquoi est-elle ici ? Elle repoussé la couverture, observe d'un œil sombre ses vêtements froissés, et passé une main dans sa chevelure d'or pur. Puis, elle se lève, mais se rattrape bien vite à la barre en métal du lit.

Un vertige. Elle a eu un vertige. Un vague souvenir de douleur lui parvient, et une lancinante migraine vint s'emparer de son crâne. Elle a eu une crise. De quoi ? Elle l'ignore. Elle ne se souvient plus. Elle doit trouver l'infirmière.

-Excusez moi ! Il y a quelqu'un ?! appelle t'elle.

Pas de réponse. Elle marche lentement vers la porte, à l'autre bout de la pièce. Quand elle y est, enfin, elle soupire, lâché sa tête douloureuse, et pousse la poignée. Il n'y a personne dans le couloir, tout comme il n'y avait personne dans la pièce blanche. Étrange. Elle s'avance, parcourt quelques mètres.

Et puis, elle la voit. C'est l'infirmière, dans sa tenue d'un blanc laiteux, la peau ridée par l'âge, les cheveux attachés en un chignon sage et brun, les yeux d'un marron boueux et terne. L'aide. Cette femme ne mérita pas qu'Inès la regarde. Mais, elle n'a pas le choix, alors s'approche.

-Mlle. Rose ! s'exclame la femme en courant vers elle, affolée sûrement.

-Madame... que c'est il passé ? Je ne me souviens de rien...

-Oh Mademoiselle, vous devriez rester un peu à l'infirmerie—

-Non. Je vais rentrer chez moi.

-Je crains, Mlle. Rose, que ce ne soit—

-Eh bien quoi, vous n'allez pas me retenir ici non plus, s'exclama la jeune fille, à bout. Voilà que l'on souhaitait la garder ici pour une durée indéterminée ! Vincent saura bien s'occuper d'elle, non ?

-Justement, Mademoiselle. Je dois vous parler, suivez moi.

La voix triste du proviseur fit se retourner la jeune fille d'un coup, et elle se figea en voyant son regard. Froid, tristesse, pitié, compassion, gêne. Toutes ces émotions tourbillonnaient dans son regard sombre. Pourquoi ? Pourquoi l'adolescente sentait-elle que quelque chose de grave c'était produit ?

-Venez.

Elle ne contesta pas. Elle n'en avait ni la force, ni l'envie. Il lui semblait, soudain, qu'un regard pesait sur elle. Un regard empli de colère, de joie, et de plaisir sadique. Ce regard qui l'avait hanté. Elle se retourna, alors qu'ils tournaient à l'angle d'un couloir, mais rien. Pas de garçon étrange. Juste... rien.

Elle soupira, et se tourna à nouveau pour suivre son directeur, qui prenait lentement mais sûrement la direction de son bureau. Les couloirs, le collège, les classes, semblaient vides, aucun élèves, aucun professeurs, juste une ambiance sourde et pesante. Enfin, ils furent devant le bureau de l'homme. Ils entrèrent, et s'assirent.

-Bien... Mlle. Rose. Sachez tout d'abord que ce que je vais vous dire risque de provoquer chez vous un choc émotionnel. Il est possible que vous soyez en position de refaire une crise d'angoisse.

-Une... crise d'angoisse ? demanda d'un ton prudent la jeune fille.

-Oui. Ignorez vous donc même la raison pour laquelle vous étiez à l'infirmerie ?

-Je... ne me souviens plus de grand chose, à vrai dire. Juste d'avoir quitté votre bureau Monsieur.

-Je vois. Vous avez fait une crise d'angoisse, en plein milieu du couloir, et heureusement, l'un des cinq surveillants passait par là, expliqua le proviseur en voyant l'air perturbé de son interlocutrice.

-Je... je... ne comprend pas, c'est la première fois que...

-Vous en faisiez une ? Ah. C'est étrange, mais là n'est pas la question.

-Euh... bien. Je vous écoute.

-Voyez vous, nous avons prévenu votre famille, pour qu'ils viennent vous chercher.

Froid. C'est froid. La poupée. Inès secoua la tête, tentant tant bien que mal de repousser loin de sa mémoire, ces souvenirs brisés. Dans la pièce austère, une aura de chagrin pesait. Au dehors, les oiseaux ne chantaient plus. Comme si le monde entier entrait en deuil. En deuil. Comme si il pleurait la mort.

-Monsieur, commença hésitante, l'adolescente, ma famille ne peut venir me chercher à cette heure ci.

-Justement, Mademoiselle. Voyez-vous, votre chauffeur, un certain Vincent, a proposé de venir. Il a dit, très clairement " ma lady a besoin de moi ? Eh bien, je suis au collège dans quelques minutes."

Froid. Noir. Une poupée. Une poupée tissée d'or lumineux et d'anthracite. Non. Inès concentra toute son attention sur l'homme au visage en peine, et au regard triste. Pitié. Compassion. Gêne. Non. Elle passa une main dans ses cheveux d'un terne jaune, puis sur son visage et ses yeux d'un fade et délavé gris anthracite.

-Vos parents ont déjà étés prévenus par les secours.

-Monsieur... Monsieur, s'il vous plaît. Taisez-vous... s'il vous plaît.... murmura la jeune fille, en se prenant la tête dans ses mains, comme animée d'une folie en peine.

-Je suis sincèrement désolé Mlle. Rose. Votre chauffeur, en venant vous chercher au collège, a eu un accident avec un homme ivre, qui a succombé sur le coup. Il est en ce moment à l'hôpital, et risque de ne plus pouvoir marcher.

Froid. C'est d'un noir froid. La poupée d'or et d'anthracite. Elle... elle... la poupée... la jolie poupée... elle est cassée. Inès, la jolie poupée, la belle, belle, belle, avec des cheveux d'or et des yeux de pierres, et cassée. Comment, comment la réparer. Vincent. Lui aussi, il est cassé. Non, lui, il est brisé. Inès est cassée. Comme la jolie poupée préférée d'Inès,

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