8
Le trajet en ascenseur se fit dans le plus grand calme. Ni Marco, ni Juliette n'ouvrit la bouche, et c'est dans ce même silence qu'ils quittèrent le QG des meanies. À peine arrivés dehors, Juliette vérifia rapidement qu'aucun citoyen n'était dans les alentours avant d'attraper le bras de Marco et de les téléporter dans le lieu qui lui vint à l'esprit où absolument personne ne pourrait les entendre.
-Vraiment, Juliette ? Le Signal Iduna Park ?
-J'ai paniqué, elle répondit. Et puis c'est pas le sujet. Qu'est-ce qui t'as pris d'accepter ce marché comme ça ? T'es vraiment inconscient, on—
-Juliette.
-Quoi, « Juliette » ? elle râla. Tu peux pas m'interrompre juste pour dire mon prénom. Tu dois dire autre chose.
-Très bien. Juliette, je savais ce que je faisais. Je le sais toujours.
-Je t'en prie, explique-moi, alors, parce que de mon côté, je n'ai absolument aucune idée de ce que tu fous !
Marco soupira.
-Je peux pas t'expliquer. Mais je t'assure que je n'ai pas accepté sans réfléchir, ok ?
-Wow, super, je suis vraiment rassurée, là, Juliette ironisa avant de lui tourner le dos et de se diriger vers une des cages. Marco la suivit en secouant la tête. Pourquoi est-ce qu'il finissait toujours par devoir la rattraper ?
Parce que tu ne sais pas ce que tu veux, lui rappela sa conscience. Ou plutôt, parce que tu sais ce que tu veux, mais que tu ne l'exprimes pas clairement...
Il soupira et parcourut rapidement les derniers mètres qui l'éloignaient de Juliette avant de lui attraper la main. Elle ouvrit la bouche--probablement pour s'énerver à nouveau--, mais il attrapa délicatement son menton avant de poser ses lèvres sur les siennes.
Et même s'il avait vraiment peur qu'elle le repousse et le frappe, elle ne le fit pas. Au contraire, elle l'embrassa en retour.
-Reus...elle s'éloigna, les sourcils froncés.
-Marco, il corrigea. Mon prénom, c'est Marco.
-On se détestait...Qu'est-ce qu'on est en train de faire ?
-De ne plus se détester, il répondit avec un sourire, et elle lui frappa l'épaule. Ça fait un moment qu'on a transformé cette haine en autre chose, Juliette, pas la peine de faire comme si c'était nouveau.
-Tu sais pas ce que tu fais...quand t'es pas superhéros, t'es joueur de foot, merde, et hormis le fait que ton salaire est complètement indécent, tu fais quelque chose qui te plaît. Moi, je bosse chez Globus toute la journée du lundi au samedi, et—
-Tu crois qu'en me disant que tu travailles dans un supermarché, tu vas me faire changer d'avis ? Genre, sérieusement ? Marco haussa un sourcil.
-Et quand je ne suis pas en train de bosser, elle reprit comme s'il ne l'avait jamais interrompu, je dois encore m'occuper de Thea, qui—
-Juliette, abrège. On a abordé les points Globus et Thea avec brio.
-Pourquoi t'es encore là ? Pourquoi t'as pas encore fui ?
-Peut-être parce que je savais déjà tout ça ? Marco haussa un sourcil.
-Et le fait que le père de Thea soit un meanie, ça te fait pas fuir, ça ? Le fait que je suis bêtement tombée amoureuse d'un meanie sans m'en rendre compte ? Le fait qu'il continuait de me faire des coup-bas dans mon dos ? Le fait que quand il m'a dit qu'il était un meanie, quand j'ai accouché, je lui ai demandé de choisir et qu'il a choisi les meanies plutôt que Thea et moi ?
-Arrête, il secoua la tête avant de faire un pas pour la prendre dans ses bras, et elle se laissa faire.
-Ça te fait pas fuir ? elle redemanda d'une petite voix.
-Non.
-D'accord, elle répondit. D'accord.
Cette fois, c'est Marco qui les téléporta jusqu'à la maison de Juliette.
💫
-Où est Juliette ? demanda Marco, les sourcils froncés, en entrant dans la cuisine, où sa mère et celle de Juliette étaient depuis qu'elles étaient arrivées ensemble il y a quelques minutes pour déposer Thea.
-À l'étage avec Thea, elle a vu une araignée, répondit Manuela. Café ?
Il hocha la tête, et sa mère lui tendit une tasse déjà remplie.
-Alors ? elle demanda à son fils.
-Alors, j'attends Juliette pour vous raconter.
-Je ne te parle pas de votre visite chez les meanies. Je te parle de toi et Juliette.
Marco fronça les sourcils.
-Hein ? Il n'y a absolument rien entre moi et Juliette, il répondit, et aucune des deux mères n'eut le temps de protester, car Juliette entra dans la cuisine.
-C'est bon, l'araignée est morte, elle sourit. Qu'est-ce que j'ai manqué ?
-Absolument rien, je t'attendais, Marco répondit du tac-o-tac afin que leurs mères n'aient pas le temps d'en placer une.
-Ah, tu as besoin de moi pour leur dire que tu acceptes des marchés qui n'ont pas lieu d'être ? Juliette lui demanda avec un petit sourire.
-Un marché ? répéta Fanny. Quel marché ? Tu as accepté un marché avec les meanies ?
-Ils ont promis de ne plus toucher aucun de nos enfants.
-En échange de quoi, Marco ? Manuela demanda.
-La fin des deux superhéros dans la ville.
Un silence accueillit cette annonce. Les deux mères se regardèrent longuement, et Juliette soupira.
-Il sait que Thea n'est pas mon héritière, ne vous retenez pas de parler.
-Donc l'un d'entre vous ne peut pas ou plus avoir d'enfant, résuma Manuela, et elle fronça les sourcils en voyant son ancienne collègue sourire à Marco, qui avait aussi un sourire narquois sur le visage. Qu'est-ce qui vous fai—oh, Marco, elle secoua la tête en comprenant.
-Pourquoi je suis la seule qui ne comprend rien ? Juliette demanda, et Marco haussa les épaules.
-T'inquiète, je serais celui qui n'a pas d'enfants si jamais on ne les fait pas ensemble.
-Quoi ? elle haussa les sourcils avant d'éclater de rire. Ne me dis pas que tu penses réellement que je vais faire des enfants avec toi, Reus ?
-Bien sûr que si, il haussa les épaules.
-On se déteste.
-Arrête de dire ça, tu veux qu'on s'embrasse de nouveau pour que tu te rappelles qu'on se déteste plus maintenant ?
-Vous vous êtes embrassés ? demandèrent leurs mères en chœur, et Juliette se tourna vers elles.
-J'essaie de prétendre que vous n'êtes pas toutes les deux à nous épier depuis le début de la conversation, ça m'arrangerait si vous jouiez le jeu.
-Tu me dois dix euros, Manuela.
-Vous avez parié sur nous ? Marco croisa les bras.
-Ta mère croyait qu'il allait vous falloir un mois pour vous mettre ensemble, aucune confiance, rétorqua la mère de Juliette, et Juliette et Marco échangèrent un regard.
-Dehors, vous sortez de la cuisine, déclara Juliette en poussant sa mère vers la porte, tandis que le blond faisait de même de son côté.
-Mais on vous dérange pas ! se défendit Manuela, mais elle n'eut pas le temps d'ajouter quoi que ce soit, parce que Marco leur avait fermé la porte au nez.
-C'est bon, elles sont plus là, t'es plus obligée de prétendre que tu ne m'aimes pas, sourit Marco, et elle leva les yeux au ciel. Je suis sérieux, pour ce que j'ai dit. Si jamais on n'a pas d'enfants ensemble, tu trouveras quelqu'un d'autre et tu auras des enfants, ok ?
-C'est pas vraiment juste, parce que j'ai déjà Thea, c'est plutôt toi qui devrait faire ça.
-Je suis sûr à genre 99,9% qu'on aura des enfants ensemble, inutile qu'on perde notre temps à argumenter sur ce qui se passerait si les 0,01% venait à se réaliser.
-C'est quoi, ces 0,01%, toi qui réalise que sortir avec quelqu'un qui t'appelle par ton nom de famille, c'est une mauvaise idée ?
-Non. C'est si Thea n'accepte pas que je me mette avec sa mère.
Marco sourit.
-Tu sais ce qu'on va faire ? Tu vas arrêter de tenter de m'éloigner de toi par tous les moyens possibles et imaginables, parce que je crois qu'on a fait le tour et que je vais pas partir tout de suite. J'allais aussi te demander d'arrêter d'être aussi sarcastique, mais ça ne serait pas toi, si tu n'étais pas sarcastique.
-Très bien, Juliette déclara comme si elle prenait la décision de sa vie. Tu veux rester ? Reste. Mais tu vas finir par le regretter, Reus.
-Heyy, je viens de trouver un jeu de mot génial ! Reus-méo. Reus-méo et Juliette.
-Je vais juste sortir de la pièce et prétendre que tu n'as jamais dit ça, d'accord ? Juliette tapota son épaule avant de se diriger vers la porte. Jamais je ferais des enfants avec cet idiot...elle souffla pour elle-même.
-Hey, j'ai entendu !
-Tant mieux pour toi, Reus, elle sourit avant de refermer la porte de la cuisine derrière elle, toute contente d'enfermer Marco dans sa cuisine, ce qui le fit rire.
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