6
Un caillou. Deux cailloux. Trois cailloux. Quatre cailloux.
Sur une échelle de un à dix, l'agacement de Juliette venait d'atteindre huit. Mauvaise nouvelle pour la personne qui jetait les cailloux sur la fenêtre de sa chambre, en l'occurrence.
Elle se leva et tira le rideau, et la colère pouvait se lire sur son visage quand elle réalisa que son visiteur n'était autre que Marco. Elle ouvrit la fenêtre brutalement, mais n'eut pas le temps d'en placer une.
-Reu-
-Mais doucement ! Quelle est cette lumière qui brille par la fenêtre ? Voici l'Orient, et Juliette est le soleil.
-Ferme-là, Reus, Thea dort.
-« O Romeo, Romeo ! »
-Tu connais la pièce par cœur, ou quoi ?
-J'aime bien Shakespeare. Est-ce que tu vas m'ouvrir ou on continue à parler comme ça ? il rétorqua.
Juliette soupira avant de refermer la fenêtre et de tirer le rideau, et la porte d'entrée s'ouvrit presque une minute plus tard.
-Qu'est-ce que tu fais là ? elle chuchota une fois à l'intérieur, et Marco haussa un sourcil.
-Comment ça, qu'est-ce que je fais là ? Ça fait trois jours que Thea et toi êtes enfermées là-dedans, tu ne t'occupes même plus des missions.
-J'ai pris ma semaine. Si tu as un déplacement à l'extérieur à faire, je vais m'occuper des missions, tu peux partir l'esprit tranquille, elle haussa les épaules.
Depuis que les meanies avaient kidnappé Thea, elle n'était évidemment pas retournée à l'école, même elle ignorait toujours pourquoi. En effet, ces derniers n'avaient absolument rien révélés à la petite, et Marco se demandait même s'ils avaient un plan avant de passer à l'action. D'après les paroles de Thea, ils l'avaient kidnappé, emmené dans leur base, et lui avait donné des coloriages et des feutres pour l'occuper, avec pour seule surveillance des caméras. Leurs mères n'avaient eu aucun mal à entrer et à récupérer Thea, qui semblait tout de même terrorisée.
-Je me suis blessé.
-Quoi ? elle demanda, n'étant pas sûre d'avoir bien compris.
-Je me suis blessé, il répéta un peu plus fort. Enfin, je suis blessé aux yeux du club.
-Tu fais semblant d'être blessé ? Tu entends ce que tu dis, Reus ?
-C'est pas la première fois que je fais ça, il haussa les épaules.
-Mais qu'est-ce que tu racontes ? Juliette pesta comme elle pouvait, étant donné qu'elle ne pouvait pas hausser la voix.
-Tu n'as jamais remarqué que je suis blessé à chaque grande compétition ? Les Coupes du Monde, l'Euro..., et pourtant, je m'occupe quand même des missions ? Je fais semblant de me blesser à chaque fois parce que je ne peux pas laisser tomber la ville.
-Neuf ans après, tu crois toujours que je ne mérite pas mon titre, elle lâcha avant de lui tourner le dos pour aller dans la cuisine, et Marco soupira avant de lui attraper le bras pour la retenir.
-Non. Et je m'excuse d'avoir dit ça. Tu mérites ton titre de superhéros autant que moi. C'est juste qu'on a besoin de l'aide l'un de l'autre, et que je ne peux pas te laisser tomber un mois pour aller faire du foot, tout comme je ne peux pas te laisser tomber maintenant. Parce que c'est injuste.
-C'est pas une histoire de juste ou de pas juste, Marco.
Le joueur de foot la dévisagea.
-Redis ça ?
-Redis quoi ? elle s'agaça.
-Mon prénom. Tu m'as appelé par mon prénom. Pour la première fois.
Juliette ne répondit rien, elle-même surprise. Il avait raison, elle ne l'avait jamais appelé par son prénom. Il l'appelait Juliette, mais elle l'appelait Reus. Elle avait pris cette habitude lorsqu'elle le détestait, et elle ne savait pas pourquoi elle continuait. Parce qu'elle était habituée. Parce qu'aujourd'hui, elle ne pouvait plus dire qu'elle détestait Reus. Elle ne savait pas où elle en était, mais elle ne détestait pas.
-Erreur de ma part.
-Tu m'as demandé de vous aider, laisse-moi vous aider.
-Laisse-moi deviner, tu as un plan ?
-J'ai toujours un plan.
💫
Marco cligna des yeux pour s'habituer à la lumière. Il n'y avait jamais de lumière, quand il se réveillait, habituellement. Il fermait toujours ses volets minutieusement avant de se coucher.
Il se redressa soudainement en voyant Thea assise par terre, au milieu du salon, un bol de céréales dans les mains.
-Thea ? il balbutia, et la petite sourit.
-Coucou Marco, je voulais pas vous réveiller, alors j'ai pas mis le son de la télé, elle dit avant de reporter son attention sur le match qu'elle regardait, et Marco fronça les sourcils avant de regarder à côté de lui, ou Juliette était allongée, encore endormie.
Elle s'était encore endormie dans ses bras. Et il ne put s'empêcher de sourire.
Ils étaient restés éveillés tard à essayer d'organiser leur plan du mieux qu'ils pouvaient, assis sur le canapé, et ils avaient dû s'assoupir. Et Thea les avaient trouvés comme ça en se réveillant.
-Est-ce que toi et maman, vous êtes amoureux ? demanda soudainement la petite, un grand sourire aux lèvres, comme si elle n'attendait que d'entendre un « oui » sortir de la bouche de Marco.
-Où est-ce que tu vas chercher ça ? il secoua la tête.
-Vous n'êtes pas amoureux, alors ? Mais pourquoi ? elle insista, très sérieuse.
-Parce que...euh...il tenta d'expliquer, mais il n'avait pas d'explication, ce qui rendait la tâche compliquée.
Pourquoi ils n'étaient pas amoureux ? Parce qu'ils se détestaient mutuellement jusqu'à il y a quelques temps. Et que maintenant, eh bien, Juliette le détestait toujours de son côté. Et de son côté à lui, il évitait au maximum d'y penser parce que ça le faisait flipper.
-Mon papa est parti depuis longtemps, elle haussa les épaules, et étant donné la façon indifférente avec laquelle elle avait prononcé ces mots, Marco se douta qu'elle ne l'avait pas beaucoup côtoyé. Tu peux être mon nouveau papa. Vous pourrez vous embrasser mais pas trop devant moi parce que c'est un peu dégoûtant.
-Thea...Marco l'arrêta, ne pouvant s'empêcher de rire.
-Tu veux pas qu'elle soit ton amoureuse ?
-C'est pas ce que j'ai dit.
-Tu veux qu'elle soit ton amoureuse ? elle se leva en sautillant, abandonnant son bol de céréales devant la télé.
-J'ai pas dit ça non plus ! il se défendit, mettant sa main devant la bouche de Thea pour empêcher ses rires de se diffuser dans la pièce. Hey, tu sais quoi ? On va préparer des pancakes pour le petit-déjeuner.
-Mais j'ai pris des céréales, elle fit la moue en regardant son bol, et Marco balaya cette idée d'un geste de la main.
-Tu peux manger des céréales tous les jours. Des pancakes préparés par le grand Marco Reus, c'est exceptionnel. On y va ?
Ils se dirigèrent tous les deux vers la cuisine, laissant Juliette seule dans le salon.
Elle ouvrit directement les yeux, se mordant la lèvre.
Parce qu'elle venait d'entendre toute la conversation. Et qu'elle et ses sentiments étaient complètement largués.
Elle resta allongée là, seule, dans le calme, pendant un bon moment. Elle ne savait pas combien de temps exactement. Elle entendait des brides de la conversation qu'avaient Marco et Thea dans la cuisine, mais elle ne pouvait distinguer aucun mot, étant donné qu'ils avaient fermé la porte pour ne pas la réveiller.
Elle finit par se lever en sentant l'odeur des pancakes, et quand elle entra dans la cuisine, elle se mit à sourire. Marco était d'un côté, avec une grande poêle sur laquelle cuisait plusieurs pancakes, et à côté, Thea s'occupait d'une autre poêle, dans laquelle il n'y avait qu'un pancake auquel elle accordait toute son attention. Ils ne parlaient pas, mais ils avaient tous les deux un sourire aux lèvres, et Juliette se sentait presque coupable d'éclater la bulle dans laquelle ils étaient en faisant irruption dans la pièce. Elle ne recula pas pour autant, et au contraire, décida d'arrêter de réfléchir. C'est comme ça qu'elle avança d'un pas décidé vers Reus, et qu'elle posa sa main sur son bras. Il quitta ses pancakes des yeux et releva la tête avant de lui sourire. Il eut à peine le temps de la saluer qu'elle s'était déjà glissée dans ses bras.
-Hey, bien dormi ? il l'interrogea, surpris.
C'était la troisième fois qu'elle se retrouvait dans ses bras.
Mais la première où elle ne le faisait pas à cause du chagrin. Là, Juliette allait parfaitement bien, et elle avait choisi de venir dans ses bras.
Elle hocha la tête en se détachant, serrant Thea dans ses bras à son tour, avant de les observer sortir les pancakes de leurs poêles en silence. Ils s'installèrent tous les trois autour de la table, et Marco avait l'impression qu'en quarante-huit heures, tout avait changé.
Il y a deux jours, ils étaient assis autour de cette même table avec Auba, et Marco et Juliette s'adressaient à peine la parole. Aujourd'hui, les trois têtes blondes ressemblaient à une famille en train de prendre le petit-déjeuner ensemble.
Et même s'ils ne l'admettraient pas à haute voix, ça ne dérangeait ni Marco, ni Juliette.
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Voilà vous savez pq Reus est tjr blessé mtn😉
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