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Marco se retrouvait dans une situation complètement imprévue.

Et il ne savait pas quoi en penser.

Ça faisait presque dix ans que Juliette et lui sauvaient la ville chacun de leur côté, et même s'il avait souvent été agacé par ce fait-il aurait préféré être le seul superhéros de cette ville-, il en était aussi parfois reconnaissant. Quand il quittait Dortmund pour un match à l'extérieur, il savait que Juliette était là pour s'occuper de la ville. Évidemment, il continuait secrètement de penser qu'elle faisait le travail moins bien qu'elle, mais elle lui avait assez prouvé ces dix dernières années qu'elle savait le faire quand même, et seule, contrairement ce qu'il avait bien pu penser la première fois qu'il l'avait vu. Cependant, jamais l'idée saugrenue de travailler avec elle lui avait traversé l'esprit. De toute façon, fière comme elle était, elle n'aurait jamais accepté. Finalement, cette espèce d'alternance devait l'arranger aussi, puisqu'elle était tombée enceinte à peine un an après leur investiture, et donc, devait s'occuper de sa fille en plus de son vrai boulot et de celui de superhéros.

Sa fille. Le problème majeur actuellement.

Depuis toujours, les meanies avaient regorgés d'idées pour semer la pagaille dans la ville, cependant, jamais ils n'avaient essayé de s'en prendre aux superhéros eux-mêmes. Et depuis quelques mois, c'est ce qu'ils essayaient de faire, en vain. Marco et Juliette avaient plus d'un tour dans leur sac pour éviter leurs coups, et par conséquent, ils s'en étaient toujours sortis complètement indemne.

Alors les meanies avaient apparemment décidé de s'attaquer aux héritiers, ou dans le cas présent, à l'unique héritière tant que Marco n'avait pas d'enfant. La seule personne qui pourrait sauver la ville d'ici quelques années.

Ils n'avaient probablement pas prévu de la tuer, tout du moins, Marco ne pensait pas qu'ils iraient jusque-là. Mais ils étaient tout à fait capables de lui faire un lavage de cerveau, et d'après les dires de Juliette, ils avaient déjà commencés.

Et si jusqu'à maintenant, il s'était promis de jubiler dès que la blonde venait lui demander de l'aide, aujourd'hui, il refusait de s'y résoudre. Parce que ce problème le concernait aussi. Il n'avait pas d'enfants pour le moment, en l'occurrence, la fille de Juliette était la seule qui, à ses dix-huit ans, devrait protéger la ville. Rien ne devait lui arriver, il ne pouvait pas laisser quelque chose lui arriver.

Cependant, la veille, ils n'avaient pas réussi à trouver le moyen de les arrêter. Ils n'avaient pas pu parler bien longtemps, parce que Juliette devait rentrer s'assurer que sa fille dormait, et Marco n'avait pas cherché à savoir si c'était vrai ou pas-est-ce que son père ne pouvait pas la surveiller ? Ou il n'était pas là ? Peut-être que c'était simplement une excuse pour ne pas rester plus longtemps en sa compagnie ?-et lui avait proposé de la revoir le lendemain, et elle avait accepté en lui précisant qu'en vue des circonstances, elle ne pouvait pas quitter sa fille des yeux, et donc, ils devaient parler chez elle.

C'est comme ça qu'à 16:45, il se pointa devant la maison de Juliette. C'était la première fois qu'il venait ici, mais il passait souvent en volant par-dessus lors de ses missions. Aujourd'hui, il était venu en voiture, comme un simple humain, il s'était garé devant la maison, et frappait à la porte comme un simple humain.

Il fronça les sourcils en voyant que la porte mettait du temps à s'ouvrir. Il commença à s'inventer les pires scénarios-et si elle s'était foutue de lui en inventant cette histoire et était en train de rire sur son canapé ?-quand la porte s'ouvrit sur une petite blonde aux yeux bleus, qui avait un regard pas très rassuré. Marco n'eut besoin que de quelques secondes pour voir la ressemblance avec sa mère.

-Hey, tu es la fille de Juliette ? il demanda, et elle hocha la tête, hésitante. Est-ce qu'elle est là ?

-Non, elle ouvrit enfin la bouche. Elle va rentrer du travail à 17:15.

-Oh. Ouais, il lâcha, se souvenant que la veille au soir, Juliette avait dit qu'elle n'était pas là quand sa fille rentrait de l'école.

-Tu peux l'attendre avec moi, si tu veux, proposa la petite, toujours un peu hésitante.

Marco était à peu près sûr qu'une enfant de son âge n'était pas supposée proposer ça à la première personne qui se présentait à sa porte en prétendant connaître sa mère. Cependant, il ne déclina pas l'invitation et entra, suivant la petite blonde jusqu'au canapé.

C'était une toute petite maison, mais Marco la trouva immédiatement plus accueillante que n'importe quelle villa dans laquelle il avait pu entrer. La porte donnait directement sur le salon, qui était lui aussi de taille modeste, et une porte entrebâillée menait probablement à la cuisine. Au fond, un escalier en colimaçon devait mener aux chambres.

-Tu connais cette chaîne ? elle l'interrogea en montrant la télé, et Marco réalisa qu'elle parlait de la chaîne des meanies. C'est trop bien et la maîtresse dit que ça nous apprend plein de trucs. Tu regardes parfois ?

-Jamais, il répondit honnêtement. Je ne trouve pas ça intéressant.

Ce n'était même pas un mensonge. Il n'avait jamais regardé cette chaîne, mais il n'avait pas besoin de le faire pour savoir que ça n'avait absolument rien d'instructif ou de distrayant.

-Ah bon ? elle demanda, très surprise. Je t'ai déjà vu, elle changea soudainement de sujet. Tu fais du foot et tu joues pour le Borussia. La maîtresse dit que le foot, ça fait perdre des neurones.

Deuxième jour : les meanies n'y allaient définitivement pas de main morte. C'était pire que ce que Marco pensait.

-Eh bien, je ne crois pas que l'avis de ta maîtresse soit très important. Il faut se forger son propre opinion.

La petite haussa les épaules.

-J'aime bien le foot.

-Moi aussi, il sourit avant d'attraper la télécommande pour éteindre la télé.

Il s'attendait à des protestations, mais la fille de Juliette resta silencieuse. Elle avait sept ans, elle avait peut-être passé l'âge de piquer des crises pour ce genre de choses futiles ?

Finalement, ils décidèrent de se lancer dans une partie de memory, et c'est donc sur un Marco et une Thea affalés au milieu du salon que Juliette entra chez elle.

-Marco ? Thea ? elle lâcha comme si elle n'en croyait pas ses yeux, ce qui était en fait le cas.

-Salut maman ! s'exclama la petite, et comme Marco ne savait pas comment la saluer, il décida simplement de ne pas le faire.

-Hey, Juliette leur sourit à tous les deux. Finissez votre jeu, elle fit un geste de la main avant d'enlever sa veste de chez Globus et ses chaussures. Quand elle reporta son attention sur Marco et Thea, la partie était finie, et les cartes rangées. Qui a gagné ?

-C'est moi ! sourit Thea en tendant sa main à sa mère, et celle-ci tapa dedans.

-Tu as terminé tes devoirs ?

-Je dois apprendre ma poésie. Je vais commencer, elle haussa les épaules, l'air peu enchanté, avant de rejoindre sa chambre.

Quand elle entendit la porte se fermer, Juliette se tourna vers Marco.

-Désolé, je ne savais pas à quelle heure tu finissais, et ta fille m'a laissé entrer, un peu trop facilement d'ailleurs, alors je suis entré, et-

-Tu as réussi à l'éloigner de la télé, lâcha Juliette pour seule réponse.

Il haussa les épaules.

-C'était assez simple. On s'est bien amusé, tous les deux. Où est son père ?

Le visage de Juliette se renfrogna.

-Pas dans le coin. Ça m'étonne qu'elle ait accepté de jouer avec toi aussi facilement.

-Elle m'a reconnue, tu as dû passer un peu trop de temps à regarder les matchs du BVB dans l'espoir de me voir, il fit un clin d'œil, et Juliette haussa un sourcil.

-Bien sûr, Reus, c'est exactement ça, elle ironisa.

Ils restèrent silencieux quelques instants, avec juste la voix de Thea qui répétait la même phrase de sa poésie en boucle. Finalement, c'est Juliette qui brisa le silence :

-Tu as une idée ? elle demanda, et même si elle affichait un visage neutre, son ton était suppliant.

Marco soupira. Ce qu'il allait lui proposer n'allait absolument pas lui plaire.

-Il fait que tu deviennes amie avec la maîtresse.

-Pardon ? lâcha Juliette, à peu près comme il l'avait prévu-en vérité, il s'attendait à plus de cris et de protestations, mais un seul mot suffisait à exprimer son désaccord.

-D'accord, pas amie, mais au moins, que tu sympathises.

-Reus, j'ai pas d'idées, mais n'importe quelle idée serait meilleure que celle que tu viens de me sortir.

-Tu sais ce qu'on dit... « keep your friend close, and your enemies closer ».

Pour la première fois depuis qu'il la connaissait, Marco vit Juliette sourire. Et même si c'était un sourire narquois, ça lui fit plaisir.

-Ouais. C'est pour ça que t'es là.

Il ne put s'empêcher de sourire à son tour.

-Ennemi duquel tu as besoin.

-Ennemi qui a des idées sacrément merdiques.

-Je savais que ça n'allait pas te plaire, mais je suis sérieux. C'est la meilleure façon de trouver comment l'arrêter tout en la laissant croire que tu ne sais pas ce qu'elle a fait.

Juliette soupira avant de regarder le blond.

-Quel est le plan ?

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