Chapitre 13 - Sois mon médicament (2)
Et alliant le geste à la parole, il dépose un linge humide sur mon front. Puis, il le relève pour le presser contre une de mes tempes, puis l'autre. Il glisse jusqu'à mes joues, ma mâchoire et mon cou. Le gant de toilette tiède laisse sur ma peau une impression fraîche qui fait un bien fou. Je soupire de soulagement. Son autre main se met alors à effleurer ma peau également et cette caresse pleine de tendresse éveille mes sens embrumés par le virus. Ses soins glissent sur mes clavicules, la naissance de ma poitrine et mes épaules et son contact est si délicieux qu'il semble presque magique.
- Je suis contagieuse, suis-je obligée de m'inquiéter.
- Ça va, je gère.
Et dieu qu'il gère bien.
Mais s'il essaie de faire baisser ma température, je ne suis pas certaine qu'il soit le mieux placé. Si je n'étais pas aussi K.O, ses mains caressant ma peau auraient même eu l'effet inverse. Mais pour l'instant, je me contente de savourer cette douce attention qui me pousse à sombrer à nouveau dans la somnolence.
Je crois que je me rendors et me réveille plusieurs fois au cours des heures suivantes, mais la plupart du temps, Sun est dans les parages. Quand il n'est pas en train de me rappeler de boire de l'eau, je l'aperçois dans le salon ou je l'entends dans la cuisine. Il me prépare d'ailleurs de la soupe et veille à ce que je mange malgré mon manque d'appétit. Jamais je n'aurais pensé qu'il pouvait être aussi ouvertement attentionné. Se reposer est plus facile quand on a quelqu'un pour prendre soin de soi.
Tout le reste de la journée, mon colocataire reste à ma disposition. Et même dans la nuit, alors que je me lève pour aller aux toilettes, je le trouve endormi dans le canapé du salon. Il a choisi de dormir ici, juste devant ma chambre, plutôt que de regagner la sienne à l'étage. Je ne m'approche pas, de peur de le contaminer, mais son visage d'ange me donne particulièrement envie de me blottir contre lui. Ma raison prend toutefois le dessus et je m'éclipse rapidement pour ne pas céder.
Le lendemain ressemble à la veille, mais je me sens un peu moins mal. Mon corps est encore plein de courbatures, la toux me secoue toujours et la fièvre n'a pas totalement disparu, mais plus la journée passe et moins je suis affaiblie. Dans l'après-midi, Haru tente de passer me voir et Sun fait barrage, ne le laissant pas mettre un pied dans l'appartement. Je l'en remercie, même si mon frère m'inonde de messages et d'appels par la suite.
Finalement, le soir venu, je suis surprise de me rendre compte que les douleurs se sont bien amoindries. Je n'ai fait quasiment que dormir pendant deux jours, ça m'a aidé et je me sens beaucoup mieux. Je suis évidemment très loin du top de ma forme, mais je reprends un peu de force. Évidemment, je suis encore contagieuse alors je n'ai d'autres choix que de me terrer dans ma chambre. Je constate toutefois que Sun n'est pas de cet avis puisqu'il débarque une fois de plus dans la pièce. Et cette fois, il est bien moins précautionneux. En effet, c'est sans délicatesse qu'il se laisse tomber sur mon lit. Il s'y étale en diagonale et de toute sa longueur, calant sa tête sur mon ventre, par-dessus les couvertures.
- Sun ! Qu'est-ce que tu fiches ? Tu n'as même pas de masque ! protesté-je en me cachant le visage sous la couette.
- C'est plus la peine. J'ai fait un test, je l'ai chopé aussi.
Immédiatement, je me découvre pour lui adresser un regard plein de réprimandes.
- Sérieusement ? Je t'avais dit de garder tes distances et de faire attention.
- Mh, grommelle-t-il, ce n'est pas comme si j'avais un jour su rester loin de toi.
Cette phrase coupe mon élan de reproche et il me laisse muette. Son expression fatiguée me laisse deviner qu'il ressent les symptômes de la maladie lui aussi et je n'ai pas le cœur de le lui reprocher. À la place, je glisse une main sur son front puis dans son cou avec la même délicatesse qu'il a eu à mon égard.
- On dirait que tu as de la fièvre.
- Je me sens mal, confirme-t-il.
Sa mine souffrante me fend le cœur et je passe doucement mes mains dans ses cheveux. Il ferme les yeux, reposant toujours sa tête sur moi.
- Ne bouge pas, je vais te chercher du paracétamol.
- Attends, m'arrête-t-il. Reste encore un peu comme ça, sois mon médicament.
Et sur ses mots, il découvre le haut de mon corps et se blottit un peu plus contre moi en enlaçant ma taille. La surprise me fige sur place. La dernière fois qu'il a été si proche remonte à si longtemps. Mais très vite, je me détends et j'enroule mes bras autour de ses épaules à mon tour. Malgré l'ambiance fiévreuse de cette étreinte - et pas dans le bon sens du terme - c'est agréable de le retrouver. Et moi qui voulais me venger de ses rejets incessants, je me vois dans l'impossibilité de le repousser ce soir.
Il finit par s'assoupir dans mes bras et après m'être assuré qu'il s'est profondément endormi, je me faufile hors du lit. Je vois une certaine ironie dans cet échange des rôles, mais je suis celle qui prépare le paracétamol, l'eau fraîche et le linge humide à présent. Je lui dois bien ça. Je ne suis pas encore totalement remise, mais Sun a l'air encore plus mal en point et j'ai envie de prendre soin de lui.
Je m'apprête à regagner la chambre lorsque mon téléphone se met à sonner. Sans grande surprise, le nom de mon grand frère s'affiche sur l'écran, mais cette fois il tombe bien. Je pensais justement à l'appeler.
- Allo ?
- Hey, comment ça se passe la malade ?
- Ça va un peu mieux. Mais je crois bien que je suis passée de malade à infirmière à l'instant.
- Comment ça ?
- Sun est positif lui aussi. On va devoir rester confiné un peu plus longuement.
- Et merde ! Je savais que c'était moi qui aurais dû m'occuper de toi.
- Ça n'aurait rien changé. Tu serais tombé malade aussi. Et puis, Sun vit ici, si ça se trouve je lui ai transmis avant même de savoir que je l'avais. Cela faisait plus de sens qu'on se confine ensemble.
Même s'il faut avouer que Sun n'a pas été prudent en mettant tout en œuvre pour s'assurer de mon bien être et être à mes côtés. Mais ça, je ne vais pas l'expliquer à Haru. Je l'entends déjà râler à l'autre bout du combiné, même sans cette information.
- Quand même. Ça me dérange de vous savoir malade tous les deux.
- Ça va aller, ne t'en fais pas. Je me sens déjà mieux. D'ailleurs, je vais te laisser, il faut que j'apporte un cachet à Sun.
- D'accord, mais appelle-moi au moindre problème.
- Promis.
Après avoir raccroché, je rejoins ma chambre et bien que j'essaie de rester discrète, mes pas réveillent Sun qui se retourne vers moi en grommelant. Il semble prendre une seconde pour réaliser où il est et ce qu'il se passe mais il se redresse quand je lui tends un verre d'eau. Il avale un cachet avant de poser son regard sur la fenêtre pour s'apercevoir que la nuit est tombée.
- Ça fait longtemps que je dors ? Je suis désolée d'avoir squatté ta chambre, je vais retourner dans la mienne.
Il pousse les couvertures et s'assied sur le bord du lit, mais un vertige l'empêche de se lever tout de suite.
- Ne dis pas n'importe quoi. J'étais à ta place il y a deux jours et je n'ai pas vraiment envie de te regarder ramper dans les escaliers pour essayer de regagner ta chambre.
Je le repousse sur mes oreillers et, comme je m'en doutais, il n'a pas la force de protester.
- Je vais dormir sur le canapé pour ce soir. On verra comment tu te sens demain, l'informé-je en remontant les couvertures sur lui.
Mais alors que je m'apprête à le laisser tranquille et à regagner le salon, il attrape mon poignet pour me stopper.
- Reste avec moi. Je me sens mieux quand tu es là.
Sa voix fébrile me donne l'impression de me retrouver face à un enfant grippé qui a besoin de calin. Sans grande surprise, je n'y résiste même pas une seconde et je le laisse m'attirer dans le lit avec lui. Il m'enlace et son corps chaud se blottit contre le mien à nouveau. Il a encore de la fièvre, c'est un peu inquiétant. Quand je passe une main dans ses cheveux pour les caresser doucement, je sens tout son corps se détendre. Il relève alors légèrement le visage pour venir le déposer contre mon cou, ses lèvres effleurant à peine ma peau. Dans ce contexte, je ne devrais sans doute pas y porter une quelconque importance, mais mon égo blessé ne peut s'empêcher de lâcher une petite pique face à tant de tendresse.
- C'est ce genre de comportement que tu as avec tous tes "amis" ?
Un semblant de rire secoue brièvement ses épaules et avant de me répondre, il dépose un doux baiser contre mon cou.
- Ça va, je suis malade, j'ai le droit d'être inconsistant, rétorque-t-il avec une certaine légèreté.
- Tu l'es même en temps normal.
- C'est vrai. Mais ce soir, j'ai une excuse.
- D'accord. Juste pour ce soir alors, soupiré-je en enroulant mes deux bras autour de ses épaules.
Il semble satisfait de cette réponse et un silence s'installe pendant quelques instants, mais il finit par le rompre en reprenant la parole.
- Le voisin, Andréa... je le déteste.
Cette déclaration soudaine m'amuse autant qu'elle me surprend. Visiblement, la fièvre le rend bavard.
- Je sais. C'est pour ça que, moi, je l'apprécie d'autant plus.
- Tu es diabolique, grommelle-t-il.
Cette fois, il arrive à m'arracher un léger rire. Je me doutais bien que la nouvelle indifférence de Sun face à mes fréquentations n'était pas tout à fait sincère. Sa jalousie m'énerve parce qu'elle est en totale contradiction avec sa soi-disant envie d'être "juste amis". Mais il faut admettre que je n'aime pas non plus le voir jouer les indifférents.
- Et je suppose que c'est aussi pour me pousser à bout que tes pyjamas sont de plus en plus courts ? m'interroge-t-il.
- Bah quoi ? On est amis, je pourrais débarquer au petit-déj' complètement à poil que ça ne te ferait rien, normalement.
- Mh, on devrait sans doute tenter l'expérience pour en être sûr, me provoque-t-il à son tour.
- Ne me tente pas.
- Ça rendrait le petit déjeuner encore plus... appétissant.
Le ton lubrique de sa voix me provoque un nouvel éclat de rire.
- On est vraiment les meilleurs amis du monde, ironisé-je, cette discussion prouvant une fois de plus le contraire.
- Et toi, tu es le diable en personne, murmura-t-il contre ma peau avant de l'embrasser à nouveau.
Et tout d'un coup, je me dis que si c'est à ça que doit ressembler l'enfer, je suis tout à fait prête à m'y brûler avec lui.
🌙🌙
Je passe en coup de vent aujourd'hui, juste pour vous poster cette fin de chapitre. Du coup, je n'ai pas trop le temps de discuter mais je suis toujours aussi touchée par vos commentaires, vous êtes vraiment des amours ! Si l'envie vous dit, vous pouvez également me suivre sur instagram (@c.augustin.auteure), j'envisage d'y faire bientôt une FAQ pour parler de Sunset, de moi, de mon parcours, pour vous donner des conseils si vous avez des questions, bref pour papoter quoi 😊 Et sinon, je vous dis à bientôt pour la suite !
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