Chapitre 12 - Tu causeras ma perte (2)
Ce soir, elle a sorti le grand jeu. Sa petite robe noire remonte sur ses cuisses pour découvrir sa peau légèrement bronzée qui me tente tant. Elle épouse chacune de ses courbes avec une sensualité divine et laisse apparaître un décolleté bien trop plongeant pour que je ne m'adresse à elle qu'en la regardant dans les yeux. Sa bouche est habillée d'un joli rouge que je meurs d'envie d'abîmer et même ses cheveux - habituellement lisses - retombent sur ses épaules en une cascade d'ondulations sauvages. Elle représente la tentation à l'état pur.
C'est étonnant que Haru ne l'ait pas recouverte d'un pull. Peut-être ne l'a-t-il pas encore croisé. Ou est-il trop occupé par sa belle pour se rendre compte de la beauté ravageuse de sa sœur ? Moi, je suis incapable d'en détacher le regard en tout cas.
- Salut, corazón, soufflé-je en m'installant près d'elle. Ça fait un bail, tu t'amuses bien ?
- Je m'amusais, oui, jusqu'à ce que tu arrives.
Je ne peux retenir un léger rire devant sa mine renfrognée, mais je ne renchéris pas. Si je l'agace trop, elle risque de me filer entre les doigts et passer la soirée à lui courir après ne transmettrait pas bien le message "gardons nos distances" que je suis censé établir depuis des mois. Alors, je me contente de prendre part à la discussion, un peu comme si je m'étais retrouvé sur ce canapé totalement au hasard et pas parce que je me languis d'elle à chaque seconde qui passe.
Au fil de la soirée, nos verres se remplissent aussi vite qu'ils se vident et même Neela finit par se détendre. Elle est plus raisonnable que moi et n'a pas l'air saoule, mais ses joues rosées me laissent deviner qu'elle est tout de même légèrement alcoolisée. Malgré moi, je prends un peu de recul pour l'admirer. Pourquoi faut-il qu'elle soit si irrésistible ? Il y a des tas d'autres femmes sur cette terre, à cette soirée, voire même dans ce salon. Pourtant, je n'ai d'yeux que pour elle et devoir rester éloigné m'entraîne dans une lente agonie.
Alors qu'elle replace une mèche de cheveux derrière son oreille, je remarque qu'elle porte toujours ma bague et je ne peux retenir le sourire niais qui s'épanouit sur mes lèvres. Ce bijou n'a jamais été aussi beau qu'à son doigt. Et il me donne espoir qu'elle ne me déteste pas autant qu'elle en à l'air.
Je ne devrais pas en être si soulagé. J'ai volontairement menti à Neela en lui disant qu'il n'y avait rien entre nous pour la tenir à distance. Et je continuerai à le faire. Je ne peux pas choisir entre elle et mon meilleur ami. C'est la seule façon de garder la paix et de les avoir tous les deux dans ma vie. Même si cela me force à la désirer de loin. Mais ce soir, après quelques verres, je suis plus que ravi d'admirer cette jolie main qui porte mon bijou. Avec insouciance, je vais même jusqu'à pousser l'audace au point de venir la caresser du bout des doigts pour effleurer l'alliance de mon pouce avec délicatesse. Ce contact la fait réagir immédiatement et elle reporte son attention sur moi, puis sur nos deux mains. Mais elle ne se retire pas alors je continue de la toucher, retrouvant ce contact électrisant avec délectation.
Finalement, elle se retourne vers le reste du groupe pour continuer la conversation comme si de rien n'était et je crois bien qu'elle choisit de m'ignorer jusqu'à ce qu'elle ouvre sa paume avec douceur. Ses doigts se meuvent à leur tour et nos mains s'entrelacent, s'effleurent, se cherchent et se rencontrent dans des caresses pleines de douceur. Encore une fois, je crois mourir en me rendant compte que cette fille pourrait presque me faire bander rien qu'en m'effleurant la main. C'est pathétique.
Neela continue la conversation tout en jouant de petites caresses comme si ces gestes avaient toujours été normaux entre nous. Moi, je n'arrive à me concentrer que sur elle. Et je dois admettre que je suis presque vexé du peu d'attention qu'elle me porte. Alors, c'est dans une tentative totalement puérile de repousser les limites que j'ai moi-même fixées que je lâche sa main pour venir déposer la mienne sur sa cuisse. Mes doigts se referment sur son genou avant de glisser délicatement sur sa peau frissonnante pour remonter jusqu'à l'ourlet de sa robe. Je meurs d'envie de glisser mes doigts sous celle-ci, mais cette fois, Neela arrête mon geste.
Je relève le regard vers elle et constate qu'elle a finalement reporté son attention pleinement sur moi. J'en suis inévitablement satisfait. Et lorsque son regard intense s'ancre dans le mien, je ne peux cacher l'aura séductrice dans mon sourire. J'ai beaucoup trop de mal à rester raisonnable face à elle.
- Ne commence pas un jeu que tu ne pourras pas terminer, me prévient-elle.
L'autorité dans sa voix m'excite un peu plus et mon esprit de contradiction me donne envie de faire tout le contraire de ce qu'elle me concerne. J'agrippe sa cuisse un peu plus fermement.
- Tu ne sais pas de quoi je suis capable.
Ma voix grave résonne à son oreille dans un murmure et elle m'observe une seconde comme considérant cette affirmation. Mais étonnement, elle n'entre pas dans mon petit jeu.
- Je ne sais que trop bien que tu n'es pas capable de tenir tête à mon frère.
L'entendre évoquer Haru et le ton cinglant qu'elle utilise m'atteignent telle une gifle qui me fait redescendre de mon petit nuage alcoolisé. Elle a raison. Qu'est-ce que je fous ? J'effleure sa cuisse une dernière fois en retirant ma main et cela me coûte plus que je ne le montre. J'ai besoin de prendre l'air. Sa proximité m'enivre bien plus que les quelques shots de tequila que j'ai enchainés.
Sans lui répondre, je me détache alors pour me relever. Je l'entends pousser un soupire las et elle reprend la conversation avec les autres tandis que je m'éloigne. Garder mes distances, c'est le plan. C'est sans doute le mieux à faire, mais la frustration que je ressens dans l'instant me fait douter. Lutter sans cesse contre ce que je désire réellement est une torture qu'il est bien difficile d'assumer ce soir.
Alors que je titube dans les couloirs de la fraternité afin de m'éloigner le plus possible de la nymphe qui fait battre mon cœur bien trop vite pour que cela soit sain, j'envisage de quitter la soirée purement et simplement. J'étais venue pour me changer les idées et ne plus penser à mes drames familiaux. C'est chose faite, mais je ne suis pas sûre de préférer les tourments qui m'assaillent à présent.
J'envisage de chercher Haru pour le prévenir de mon départ, mais comme par miracle c'est lui qui débarque soudainement pour m'agripper par les épaules.
- Hey, mec ! T'as vu Neela ?
Cette question sortie de nulle part me donne instinctivement l'impression d'avoir fait quelque chose de mal.
Je ne l'ai pas vu, je l'ai dévoré du regard.
- Euh... je l'ai croisé tout à l'heure, oui, bafouillé-je en trafiquant la réalité.
- Et merde ! Je n'avais pas pensé que Liv l'emmènerait avec elle.
Peu désireux de me retrouver un peu plus impliqué dans cette histoire, je me contente de hausser les épaules sans rien ajouter.
- J'allais partir avec Olivia, continu-t-il, mais si Neela est là, je ne peux la laisser toute seule. À moins que...
Et le regard qu'il m'adresse suffit à me faire comprendre ce qu'il a en tête.
- Non, Haru, non. Je m'apprêtais à rentrer moi aussi. Ne me demande pas de jouer les baby-sitters.
- Je t'en supplie, insiste mon meilleur ami. Je l'apprécie vraiment beaucoup cette fille et je ne veux pas risquer de manquer ma chance.
- Alors, va la rejoindre. Neela est assez grande pour s'occuper d'elle toute seule. Elle n'a besoin ni de toi ni de moi, tenté-je pour me sortir de ce pétrin.
- Tu sais pertinemment que je ne peux pas la laisser ici. C'est la seule première année et elle ne connaît personne. Elle est la cible idéale pour tous les mecs en chien.
Il n'a pas tort. C'est la première chose que je me suis dite en la voyant ce soir. Mais être près d'elle est une torture. Je ne sais pas quoi lui répondre, j'ai juste envie de fuir. Malheureusement, il prend mon silence pour un accord résigné puisqu'il m'adresse une tape sur l'épaule en me remerciant.
- Merci mec, je te revaudrais ça. Garde bien un œil sur elle et ne la raccompagne pas en conduisant, tu pues la tequila.
Je n'ai pas le temps de protester ou même d'ajouter quoi que ce soit qu'il s'éloigne déjà en courant pour rejoindre Olivia qui l'attend à la porte d'entrée. Ils quittent la soirée main dans la main et je lâche un profond soupir, convaincu que le karma est décidé à m'en mettre plein la gueule. Que suis-je censé faire à présent ? Retrouver Neela et lui coller aux basques jusqu'à ce qu'elle se décide à rentrer chez elle ? La surveiller de loin tel un stalker pervers ? Elle va détester l'idée qu'Haru m'ait demandé d'être son garde du corps dans tous les cas. Et elle sera encore plus énervée que j'ai accepté.
J'ai encore plus envie d'elle quand elle m'assassine de son regard furieux.
Mes pensées partent vraiment en vrille ce soir. Je suis dans la merde. Et le karma refait son apparition quand dans mon dos, j'entends des bruits de talon qui s'approchent. Plus le temps de tergiverser, Neela avance vers moi d'un pas décidé. Dans ce petit couloir, j'ai l'impression de me retrouver pris au piège par les Gray et encore plus hypnotisé par le charme envoûtant de la cadette. Je me prépare donc à affronter la tornade Neela, mais à ma plus grande surprise elle ne m'adresse même pas un regard en passant à mes côtés. Il aurait sans doute été plus simple de la laisser m'ignorer, mais j'ai promis à Haru - et pour être totalement honnête, j'ai horreur qu'elle m'ignore.
- Hey, où est-ce que tu vas ?
Je l'arrête dans son élan en attrapant son poignet pour l'inciter à se retourner vers moi. Je me retiens de toutes mes forces pour en rester à ce simple contact et ne pas l'attirer un peu plus contre moi.
- Je rentre.
- Déjà ?
- J'étais venue pour accompagner Liv et elle est partie, j'ai plus grand-chose à faire ici.
Son ton froid et distant me laisse deviner que la petite Française n'est pas la seule raison qui pousse Neela à partir. Je l'ai froissé tout à l'heure. Et si je m'en veux de lui faire de la peine, une part de moi est tout de même soulagé de ne pas la laisser totalement indifférente.
- Je te raccompagne dans ce cas.
- Non, merci.
Elle est plus froide que l'Alaska. Pour autant, je soutiens son regard plein d'arrogance sans faillir.
- Ne complique pas les choses, corazón. Il fait nuit, tu es à pieds, toute seule, et Haru m'a demandé de veiller à ce que tu rentres en un seul morceau.
Elle souffle un rire dont je peux presque goûter l'amertume et son regard ne se fait qu'un peu plus dur.
- Pourquoi ne suis-je même pas étonnée que la seule chose qui te pousse à vouloir faire un truc gentil pour moi, ce soit mon grand frère ? Tu accours aussi quand il siffle ?
Ses yeux m'interrogent avec une ironie provocatrice et je me tends sur place. Elle tente de me pousser à bout, c'est plus clair que de l'eau de roche. Pourtant sa petite pique atteint tout de même ma fierté.
- Pourquoi tu me cherches alors que j'essaie juste de faire les choses bien ? demandé-je en luttant pour garder mon calme.
- C'est moi qui te cherche ? C'est donc ça qu'il s'est passé sur ce canapé, il y a quelques instants ?
- Je ne vois pas de quoi tu parles, marmonné-je de mauvaise foi.
- Donc tu ne mourrais pas d'envie de glisser tes doigts sous ma robe ? me provoque-t-elle.
Et comme pour lier le geste à la parole, elle relève la jambe pour venir appuyer son pied sur le mur du couloir étroit. Sa robe remonte légèrement dévoilant un peu plus sa peau qui m'appelle et elle s'empare de ma main pour la redéposer sur sa cuisse. Comme par instinct, je ne peux m'empêcher de la caresser du bout des doigts avant de l'empoigner un peu plus fermement. Elle affiche un sourire victorieux.
- Arrête de jouer avec le feu, corazón.
- C'est toi qui as commencé, me rappelle-t-elle d'une voix suave.
C'est trop dur. Elle est trop belle, trop tentante. Je ne peux pas lui résister plus longtemps. Je referme ma poigne sur sa jambe et relève un peu plus son genou pour le caler contre ma hanche. Mon autre bras s'enroule autour de sa taille et la ramène à moi brusquement. Elle lâche un soupir surpris et je me délecte de ses joues rougissantes. J'ai comme l'impression que mon corps agit de lui-même, instinctivement attiré par Neela. La distance entre nous est à présent inexistante et seuls quelques millimètres séparent sa bouche charnue de la mienne. Je n'arrive plus à penser à rien d'autre qu'à ses lèvres qui m'hypnotise, qu'à son corps qui me hante, qu'à son souffle qui pourrait me redonner vie. Je n'ai jamais rien ressenti d'aussi fort.
🌙🌙
Hello à tous ! Voilà la suite du chapitre 12 posté à une heure très (très) tardive. Du coup je pense que vous dormez tous à cette heure là, mais ce n'est pas grave, ça vous fera votre petite lecture dans les transports en allant en cours ou au travail demain matin ahah En tout cas, j'espère que ce chapitre vous plait toujours. Comme vous vous en doutez, il n'est pas encore fini (et oui, je suis horrible de m'arrêter là 😈). Mais ne vous inquiétez pas, je poste la suite et fin de ce chapitre d'ici quelques jours (samedi ou dimanche si tout va bien). Je vous dis donc à bientôt ! 😘
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