Chapitre 2
- Il est venu tout seul ? s'étonna un des enquêteurs qui vit entrer Yin dans le bâtiment.
- Ouais, y a qu'un chauffeur dehors mais il reste dans son taxis, je doute que ce soit quelqu'un de son clan.
- On sait jamais.
- Tiens? War ! Regarde qui vient se jeter dans la gueule du loup ?
Son chef semblait assez fier, mais pas War. Pourtant, il ne put ressentir que le besoin de prendre ce petit garçon dans ses bras et le consoler, mais devant lui se trouvait un jeune homme affirmé qui venait simplement récupérer et pleurer son père.
Le coeur du jeune homme saignait à la fois d'une sourde colère pour ses collègues et celui qui s'en prenait à cette famille mais une tristesse immense qu'il partageait avec Yin. On lui indiqua la direction de la morgue et War accompagna le cortège qui le surveillait jusqu'à la salle de recueillement.
La porte était fermée, mais une fenêtre sans tint leur permettait de voir ce que ce garçon faisait de l'autre côté.
- Pourquoi il pleur pas ?
- Tu crois vraiment qu'il va se donner en spectacle ?
- Pas besoin de pleurer pour montrer qu'on est triste, leur dit War en guettant la réaction de Yin.
Malgré les années, il savait encore comment interpréter les signes chez son ami. Les larmes leur étaient invisible mais pas pour lui, il les voyait couler à flot sur les joues pâles du jeune homme, les poings serrés le long du corps. Il leva juste une main pour la poser sur le torse recouvert de son père et murmura quelques paroles inaudible en chinois que War pouvait facilement traduire par :
"Fais bon voyage père, je te retrouverais de l'autre côté après l'avoir retrouvé et tué."
Yin venait de donner un indice mais seul War l'avait comprit. Il l'avait su innocent, mais personne ne le croirait, il devrait se battre pour lui.
Yin dû signer une tonne de paperasse afin de faire sortir le corps de son père de cet endroit froid, s'assurant que personne n'en aurai plus jamais besoin et qu'il puisse l'incinérer et déposer son urne dans le caveau familiale où résidait déjà sa mère.
Yin était seul, plus personne n'était autour de lui.
Pourtant, les enquêteurs furent invités avec leur unité et bien d'autres hommes et femmes importants du pays et du monde à assister aux funérailles.
Yin savait War quelque part à garder un œil sur lui tout en surveillant le reste dans cette grande maison. Mais son cœur à lui était partie avec le dernier être qui avait su l'aimer.
- War, on va y aller.
- Je vais rester.
- Si tu veux.
Alors que plus personne ne se trouvait dans la maison, tout avait été rangé et Yin était enfin seul dans sa chambre, War profita de faire le tour pour s'assurer qu'ils étaient bien seuls. Il ferma la maison, même si il savait que quelque part, ils étaient surveillés, puis monta à l'étage.
Il toqua à la porte sans attendre qu'on lui réponde, il entra.
- Yin, l'appela t-il doucement le trouvant debout devant sa fenêtre.
- Combien d'années ?
- Ils disent une quinzaine, mais je ne sais plus.
- War... Comment il a été trouvé ?
- Sur la plage, un marcheur nocturne l'a trouvé déjà mort et en décomposition.
- Qui ?
- Tout pointe vers toi pour l'instant.
- Mais tu n'y crois pas.
- Je suis le seul.
Yin se tourna et montra enfin son vrai visage, celui du petit garçon pleurant son père pour la première fois. War se précipita vers lui pour le prendre dans ses bras et le tint serré contre lui tandis que Yin se laissa aller aux larmes. War pleurait à son tour, soulagé d'avoir retrouvé son ami, mais attristé et détruit par cette vision qu'il lui offrait. Ils restèrent ainsi pendant un long moment, War le laissait extérioriser sa peine, sa colère et sa douleur jusqu'à ce qu'il se sente trop fatigué pour dire quoi que ce soit. Il l'aida à s'allonger dans le grand lit qu'il avait occupé autrefois quand il était encore ici. War s'allongea à côté de lui, laissant Yin s'engouffrer dans ses bras et s'endormir dans la chaleur nostalgique de ce jeune homme qu'il avait toujours aimé secrètement.
- Je vais te protéger, entendit-il doucement à son oreille alors que Morphée le plongeait déjà dans son royaume des Rêves.
[...]
Dans la grande salle à manger vide, War trouva Yin déjà à table, en tenue de sport. Était-il sortie pendant qu'il dormait ?
- Salut.
- Salut, bien dormis ?
- J'ai connu mieux, mais j'étais pas seul cette nuit. répondit le mafieux en mordant dans un petit pain frais. J'ai acheté le petit déjeuner sur le retour.
- T'es allé courir ?
- Ouais.
- Pourquoi tu ne m'as pas réveillé ? Tu sais qu'ils attendent qu'une chose c'est te tomber dessus ! le gronda War affolé.
- T'en fais pas, je suis resté que sur la route devant la maison. Je sais qu'ils sont devant et à tout les trentre mètres sur la grande rue.
- Une seule voiture ne suffira pas tu le sais.
- War, l'appela t-il en faisant signe au jeune homme de venir le rejoindre.
Comme si c'était tout naturel pour eux, ce dernier attéri sur ses cuisses et le tint serré dans ses bras.
- C'était long sans toi, se plaignit faiblement War en fermant les yeux, reniflant l'odeur familière de son ami d'enfance.
- Pour moi aussi.
- Ton père t'as envoyé trop loin j'ai cru que j'avais fait quelque chose.
- Non, juste qu'il était temps pour moi d'apprendre la gestion et de m'endurcir sans distraction.
War se décrocha pour planter son regard dans le sien.
- J'étais une distraction ?
- Tu l'es encore, sourit Yin.
Il posa son nez contre la gorge de son ami, reniflant son odeur de sommeil.
- Tu sais que défendre un gars de la mafia va te coûter ton poste.
- Je sais, mais si ton père m'a encouragé à m'engager c'est parce que je voulais te protéger et protéger la loi.
- Tu as toujours été turbulent mais juste P'War.
- Yin...
- Je sais que tu déteste ça.
- Mais tu ne peux pas t'empêcher de m'emmerder à le faire.
- C'est bon de t'entendre à nouveau tu sais.
Le silence remplis la salle, les laissant tout les deux dans un cocon apaisant et chaleureux. L'un comme l'autre en avait besoin, tout en sachant qu'à l'extérieur... à l'extérieur de cette protection de douceur masculine, il y avait le mal qui guettait, prêt à les séparer et à blesser Yin pour mieux lui mettre la main dessus. War se savait déjà tiraillé entre son devoir et son amitié ++ avec Yin.
- Je trouverais avec toi qui a tué Oncle Kan, lui promit War, embrassant son œil fermé.
- Tu me connais trop bien.
Ils se dévisagèrent, cette tension n'avait pas disparue, elle était encore intacte et quand War déposa sa bouche sur la sienne, c'était comme si leur premier baiser avait été effacé pour être remplacé par celui-ci. Il était doux mais trop rapide pour eux, pourtant, c'était un besoin vital et ils n'avaient jamais réussi à se défaire de cette attraction qui les attiraient toujours vers l'autre.
- Un flic et le fils d'un chef de mafia, souffla Yin dans un rire désabusé. Tes patrons risques de pas apprécier.
- Ta gueule Yin.
Ce dernier pouffa et déposa sur sa gorge une petite pluie de baisers légers.
- Tu devrais monter te changer, je vais aller chez moi.
- Laisse moi te ramener.
- Je dois passer voir ma' et pa'.
- Ça fait longtemps que je n'y suis pas allé.
- Ils seraient content de te voir, mais tu viens de rentrer et on surveille la maison.
- Rappelle toi qui je suis.
- Hm ?
Yin grimpa dans sa chambre, récupéra des affaires de rechange et embarqua War avec lui au garage puis passèrent par une trap que le père de Yin avait condamné après les avoir grillé durant une de leurs escapades nocturnes.
- J'y crois pas c'est encore là ! s'écria War surpris.
- Tu croyais vraiment que je m'en rappellerai pas malgré tout ce temps ? lui dit son ami en souriant.
- Attends, si je pars avec toi, ça va paraître suspect. J'ai passé la nuit ici et ils t'ont vu sortir seul ce matin, si je me montre pas ils vont croire que tu m'as tué.
- Hmm tu as raison. T'es venu en voiture ?
- Ouais, mais retrouve moi de l'autre côté, je sais où tu vas sortir.
- Tu t'en souviens ?
- Bien sûr !
Ils se quittèrent et Yin descendit profondément, longeant un tunnel qui allait l'envoyer de l'autre côté de la route et déboucher dans une petite cabane à l'abris des regards et des détecteurs des patrouilleurs postés partout dans la rue.
War fit sa sortie, jetant un regard triste et pleins de nostalgie envers cette demeure qui gardera à jamais ses souvenirs d'enfance, puis passa bien en vue devant les nombreuses voitures de patrouilles pour rejoindre la sienne garée en contre bas. Il entra et la démarra, mais un de ses collègues s'approcha.
- He ! Salut.
- Salut.
- Comment ça c'est passé cette nuit avec un meurtrier ?
War tiqua mais fit preuve d'un grand sang froid pour ne pas sortir de sa caisse et lui éclater la tête avec la portière. Peut-être que lui rouler dessus lui fera enfin fermer ta bouche ? Il hésita.
- Il a dormit.
- Quoi ? C'est tout ? Et pour ce matin ?
- Il a dormit et ce matin il est partie courir.
- Pourquoi t'es pas partie avec lui ? l'accusa son collègue.
- J'en ai profité pour visiter les lieux.
- Malin et du coup ?
- Il vient de revenir, donc rien de suspect, mais si tu veux savoir, il adore porter des boxers léopard quand il dort.
L'homme se recula, totalement déconfit par cette dernière remarque fausse mais il n'avait pas besoin de le savoir. Yin dormait toujours en caleçon large et sombre.
War démarra et quitta son emplacement, Yin avait eu le temps de traverser et de se rendre de l'autre côté, il devait sans doute l'attendre depuis un moment d'ailleurs. Il devait se dépêcher. Heureusement pour lui, sa voiture n'était pas une de service, mais sa voiture personnelle, ce qui signifiait qu'il savait qu'il ne serait pas tracé si jamais il était suivi. Il tourna à l'angle sur la droit pour reprendre la grande artère un peu plus loin et croisa Yin.
- Je te dépose quelque part ?
- Ouais, chez mes beaux-parents.
- Ah merde t'es marié ?
- Au plus beau con de la terre, se moqua Yin en entrant dans la voiture de son ami qui lui jeta un regard noir. T'en as mis du temps.
- J'ai eu la visite d'un des gars en faction dans ta rue.
- Il te voulait quoi ?
- Savoir ce qu'il c'était passé cette nuit et pourquoi j'étais pas avec toi ce matin.
- Et tu lui as dit que tu as passé une nuit torride avec un meurtrier et que le lendemain t'étais trop courbaturé pour te lever ?
- Non, j'ai dit que tu avais dormis et que j'avais pu fouiller ta valise et la maison et que tu avais un penchant pour dormir en boxer léopard.
Yin regarda son ami concentré sur la route et éclata de rire.
Ça faisait du bien de l'entendre rire, combien de temps avait il dû attendre pour l'entendre encore rire comme ça ?
Après une bonne vingtaine de minutes, ils arrivèrent dans la résidence familiale des Wananrat donnée par Kan de son vivant.
Il pénétra les lieux et coupa le moteur.
- War ! s'écria une femme en sortant de la maison.
- Ma', désolé d'être venu aussi tard.
- Comment ça c'est passé ?
- C'était émouvant mais très triste.
- Pauvre homme... Mourir ainsi, que...
- Tantine. entendit-elle.
- Oh mon dieu ! Oh mon dieu !!
Elle se précipita vers Yin et le prit dans ses bras, pleurant son retour et ses condoléances à ce petit garçon qui avait été si important pour leur vie.
- Laisse moi te regarder, mon dieu fils comme tu as grandit !
- Tantine, soupira Yin en la prenant dans ses bras, heureux de retrouver la douceur de cette femme chaleureuse.
- Quand es-tu rentré ?
- Le jour du décès.
- C'était rapide.
- J'ai reçu un appel et les nouvelles ont enflammées la toile, j'ai fais aussi vite que j'ai pu. Je...
- Tu devais le ramener à la maison. Venez tout les deux, ton père va être fou de joie de vous voir tous les deux.
Elle les poussa vers l'intérieur de la maison un sourire heureux, mais un regard inquiet, guettant la moindre ombre dehors.
Rien n'était moins sûr, quelqu'un viendrait le chercher et ce n'est pas pour le féliciter de sa promotion.
***
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