So far away

- Jimin reviens !

J'entendis à peine la voix de Taehyung derrière moi, la pluie et mon rythme cardiaque battaient bien trop fort à mes oreilles.

Cela ferait bientôt vingt-quatre heures.
Une journée entière que Jungkook m'imposait un silence radio que je ne comprenais pas.
J'avais demandé à Jisoo de l'appeler ce matin-là, pensant que mon téléphone avait un problème.
Il ne lui avait pas répondu.
Pas plus qu'à Taehyung.

J'avais fini par chercher l'aide de Minha.
Quand elle avait demandé à son fils quand il rentrerait à la maison, il avait répondu avec un laconique "dans quelques jours".

Elle avait semblé agacée qu'il s'absente pendant nos vacances en famille, mais cela lui arrivait parfois d'après elle.
D'après le regard que m'avait lancé Jisoo, ce n'était pas bon signe.

Je n'avais pas de voiture, il pleuvait des cordes et il ferait bientôt nuit.
Mais qu'est ce que je pouvais faire d'autre ?

J'avais essayé de l'appeler encore et encore. Il lisait mes messages sans y répondre.
Que s'était-il passé ?

Je ne pouvais pas me contenter d'attendre, je ne savais même pas s'il reviendrait.
Dans quelques jours... Dans quelques jours, nous serions repartis à Busan.
J'avais l'inquiétante impression que c'était ce qu'il attendait pour rentrer.

Alors en voyant la limite des vingt-quatre heures s'approcher, après une dernière tentative de le contacter, j'étais sorti en trombe, prenant à peine le temps d'enfiler ma veste.
Il fallait que j'aie le dernier bus.

Seul Taehyung m'avait vu sortir, c'était mieux comme ça, les autres se seraient posé des questions.
Je savais que je pouvais compter sur mon meilleur ami pour me couvrir, d'autant plus qu'il pouvait s'appuyer sur Jisoo, la reine des bonnes excuses et des cachotteries.

Une fois sur la route, j'aurais pu m'arrêter et hésiter, mais mon cerveau n'arrivait même pas à réfléchir correctement. J'allais être trempé et j'allais mettre du temps pour arriver à destination, mais il fallait que je le fasse.
Je refusais qu'on me tourne une nouvelle fois le dos sans aucune explication. Il n'avait pas le droit de me faire ça.

Mon téléphone sonna dans ma poche, c'était la sonnerie attribuée à Tae. Je ne le sortis pas de mon pantalon, me contentant d'écraser le bouton du son pour le mettre en vibreur. Ce n'était pas la peine de risquer de lui faire prendre l'eau pour entendre des phrases dont je pouvais anticiper le moindre mot : Reviens tout de suite ! C'est stupide et tu vas attraper froid !

C'était peut être stupide, mais ne rien faire l'était encore plus de mon point de vue.

Mes poumons commençaient à brûler et mes vêtements étaient trempés, m'alourdissaient et m'obligeant à ralentir.
Je n'avais qu'une vague idée de la distance et de la direction à prendre mais je continuai. Maintenant, il n'était plus question de faire demi-tour.

Ce n'est qu'au bout de ce qui me parut être une éternité que j'entrevis l'arrêt de bus que je cherchais.
Je ne m'arrêtai qu'une fois abrité en dessous du petit toit incliné, le nez pratiquement collé aux horaires.
Cinq minutes. J'étais arrivé trop tard à cinq minutes près.

Je songeai un instant à rentrer.
La nuit était tombée à présent, et même si elle n'était pas complètement noire, mes chances de me perdre augmentaient grandement.
Le village n'était pas grand, et la fête foraine était visible de loin mais... Je commençai à avoir peur d'avoir fait une bêtise.

Je levai les yeux vers la rue dont je venais de débarquer. La pluie restraignait mon champ de vision, et je n'en voyais pas le fond.
Je me tournai alors vers ce que j'espérais être ma destination.
J'étais peut-être maladroit, mais mon sens de l'orientation n'était pas si mauvais.

J'apercevais de loin la grande roue arrêtée à cause de la pluie.
J'hésitai une seconde, secouai mes cheveux mouillés pour les empêcher de tomber devant mes yeux, et me résolus à ressortir sous la pluie.

Je ne pouvais pas rentrer maintenant.

Je me dirigeai vers la fête, gardant la roue bien en vue et manquant parfois de louper les trottoirs et de m'étaler sur le sol.
J'avançais moins vite à présent. Je n'avais plus de bus à attraper, et je n'avais aucune envie de trébucher sur un trottoir et de finir ma nuit à l'hôpital.

Je finis par atteindre la fête foraine dépeuplée et la traversai, passant devant les autos tamponneuses, les machines à pinces, le train fantôme... Les souvenirs affluaient, me donnaient envie de pleurer.
Qu'est-ce qui avait bien pu mal tourner cette fois ?

Jungkook avait-il finalement mal vécu cette soirée avec Yugyeom ? Pourquoi ne pas m'en avoir parlé ?
Est-ce qu'il...?

Mon cœur accéléra lorsqu'une hypothèse folle se construisit peu à peu dans mon esprit.
Je me remis à courir, sans trop savoir pourquoi.

Je dépassai la grande roue sans m'arrêter, m'attirant le regard très surpris d'un forain en train de charger sa roulotte.

Je me souvenais du chemin que nous avions pris pour aller chez Yoongi, mais entre la nuit et la pluie, je peinai vraiment à le retrouver.
Je finis par me perdre dans les rues de la ville et je dus me résoudre à marcher pour retrouver ma route.
Je rejetai une énième fois mes cheveux en arrière pour éviter que l'eau ne goutte dans mes yeux et essayai de repérer un détail qui me rappellerait quelque chose.

Ma respiration sifflante était le seul bruit qui surpassait celui de la pluie s'abattant sur les maisons et l'asphalte sombre de la route.
J'avais vraiment la gorge en feu et je commençais à désespérer à force de tourner en rond. Les regards des quelques passants abrités sous leurs parapluies ne m'aidaient pas non plus à me sentir mieux.

La frustration, la peine et la peur eurent raison de ma concentration et je sentis tout à coup mes joues brûler.
Comparées à l'eau de pluie fraîche, mes larmes me faisaient l'effet de gouttes de métal en fusion, rapidement avalées par l'averse cependant.

Il nous avait vus, n'est-ce pas ?
Il m'avait vu embrasser Yugyeom...?

- Crétin... soufflai-je dans la nuit, pour évacuer ma frustration.

Le qualificatif nous allait bien à tous les deux.
J'étais stupide de m'être laissé embrasser, et Jungkook...
Bon sang, pourquoi Jungkook ne m'en avait pas parlé ?

Je me frottai les yeux pour m'empêcher de pleurer et me redressai, déterminé à nouveau.
Je faillis crier de joie en reconnaissant la façade d'une maison aux volets violets.
J'étais enfin sur la bonne voie !

Je recommençai à trottiner mais je n'avais plus la force de courir comme je l'avais fait tout à l'heure.
Je me traînai jusqu'à l'endroit que je cherchais et me laissai à moitié tomber contre le mur d'enceinte, les muscles paralysés par les efforts qu'ils avaient dû faire sans aucun échauffement et par ce temps.

J'écrasai la sonnette de l'interphone et reniflai avant qu'on me réponde, histoire ne pouvoir parler correctement.

- Oui ? fit une voix légèrement traînante, tirant vers les graves.

- Yoongi... !

Ma voix s'étrangla dans ma gorge.
Le plus âgé ne m'inspirait pas réellement de la peur, mais je n'avais jamais été très à l'aise avec lui. Je ne savais pas quoi lui dire ensuite...

Il poursuivit pour moi.

- Il ne veut pas te voir Jimin.

Il aurait tout aussi bien pu me gifler.
La théorie du malentendu s'écroulait brusquement. Je n'avais pas conscience de m'y être accroché si fortement.

- Mais il va bien, ajouta Yoongi face à mon silence.

Mon bras retomba le long de mon corps et je secouai la tête avant de me souvenir que Yoongi ne pouvait pas me voir.

- Hyung... soufflai-je d'une voix éteinte. Est-ce que je peux juste lui parler ?

- Je suis désolé Jimin, ça ne va pas être possible pour le moment.

J'étais arrivé jusqu'ici, j'étais tout près de lui, et il m'était impossible de l'atteindre.

- Tu devrais rentrer chez toi... Bonne nuit.

Le son se coupa d'un seul coup à l'interphone. Je le fixai pendant quelques secondes, comme si cela allait le forcer à se rallumer, mais n'osai pas écraser de nouveau la sonnette.

Tu devrais rentrer chez toi.

N'était-ce pas la meilleure chose à faire ?
Je devais être ridicule.

Je m'éloignai du portail. Toutes mes forces venaient d'être douchées, je pensais tellement à la façon dont j'allais devoir m'expliquer face à Jungkook que je n'avais même pas pensé à ce que j'allais faire en cas de refus.
J'avais déjà en tête une dizaine de scénarios différents en arrivant ici mais ce dernier n'en faisait pas partie.

Dans mon malheur, la chance me sourit un peu : la pluie était un peu moins intense que tout à l'heure.

Cela ne suffit pas à me redonner énergie et motivation.

Qu'est ce que j'allais faire si Jungkook ne voulait plus jamais me revoir ? S'il me laissait rentrer chez mon grand père et ne reprenait plus jamais contact ?
Je ne pouvais pas croire qu'il m'ait abandonné... Pas après tout ce que je lui avais confié...

J'avais besoin de lui. Je crevais de froid mais j'aurais volontiers donné ma veste et même mon T-shirt pour l'avoir juste là, devant moi.

Le ralentissement de la pluie ne m'aida pas à me motiver, non, mais il m'aida à entendre.
Le bruit de l'eau s'était calmé, pour laisser la place à celui, encore un peu étouffé, d'une guitare sèche. Et d'une chanson.

If you.

Il n'y avait pas de paroles, juste quelques notes, mais je pouvais les imaginer.

Si ce n'est pas trop tard, pourrait-on être à nouveau ensemble ?
Si c'est aussi dur pour toi que pour moi, ne pourrait-on pas rendre les choses un peu plus faciles ?
J'aurais dû faire mieux quand tu étais encore là.

Ah, elles faisaient mal. Elles faisaient encore plus mal sortant de la guitare de Jungkook.

Je suivis le son, presque hagard, et finis par me planter sous un balcon. Une porte vitrée était entrouverte, et la musique en sortait, me parvenant comme une sorte de sérénade à l'envers.
SI j'avais chanté pour l'accompagner, depuis la rue, nous aurions eu l'air de deux personnages de comédie musicale.

Au lieu de ça, je ressortis mon téléphone, essayant de le protéger de mon mieux.
Je tapai quelques messages, espérant qu'il les lirait, comme les précédents.

D'anciens souvenirs me viennent à l'esprit. Tu me viens à l'esprit. Si ce n'est pas trop tard, pourrait-on à nouveau être ensemble ?
J'aurais dû faire mieux quand tu étais encore là.

Je fixai les paroles qui s'affichaient à présent sur mon écran.
J'attendis quelques secondes, presque une minute, puis la musique s'arrêta net.
Je retins mon souffle par automatisme.
Le temps passa à nouveau, en silence cette fois-ci, puis une ombre se leva contre les murs que j'apercevais à l'intérieur.
Une main ouvrit la porte fenêtre et il apparut enfin.

Il baissa les yeux vers moi.
Je me doutais que ce qu'il voyait n'était pas très reluisant.
J'étais trempé, désespéré, j'avais les yeux rouges et mon nez ne devait pas être bien mieux.
Son visage resta impassible.

- Jungkook...

Il était tout près. Le minuscule balcon n'était qu'au premier étage, mais il ne m'avait jamais paru aussi loin.

- Qu'est ce que tu fous... ?

Je n'en savais rien. Je ne savais pas ce que je faisais, je ne savais même plus quoi dire.
Une sorte de hoquet secoua ma poitrine et je compris avec un temps de retard que je m'étais mis à pleurer.

- Jimin ! Ça va ?

Cette fois-ci son visage réagit. Un éclair de panique le traversa avant que je ne baisse la tête pour essuyer une énième fois le visage et éviter de lui montrer à quel point j'étais pathétique.

- Jimin ! s'exclama-t-il pour attirer mon attention.

Je relevai les yeux, hésitant, et découvris sa main penchée par dessus la barrière, au dessus d'un petit compteur électrique installé au bas du mur, sur mon trottoir.
Me demandait-il vraiment de le rejoindre ?

J'aurais pu trouver cela étrange, mais ce n'était pas la première fois qu'il était question d'escalader une façade entre nous, et j'étais trop à bout de nerf pour réfléchir correctement.
Alors j'attrapai sa main.

Je manquai de glisser au moins trois fois, mais il finit par me hisser à ses côtés, par dessus la petite rambarde en fer.
J'avais envie de le prendre dans mes bras, mais son regard m'en dissuada.
Au moins, nous étions à l'abri de la pluie à présent...

- Jungkook ? répétai-je d'une petite voix engourdie par les sanglots qui menaçaient de sortir de ma gorge.

- T'es cinglé, regarde dans quel état tu es !

Je baissai les yeux et observai mes vêtements trempés et mes chaussures boueuses.
Ce n'était pas glorieux.

Il m'attrapa par les épaules et me tira en avant pour me faire entrer.
Il me planta à l'entrée, et je le laissai faire, mon corps m'obéissant à peine.

- Reste là ou tu vas tout dégueulasser, fit Jungkook en se redressant, je vais chercher une serviette pendant que tu enlèves tes chaussures.

J'étais trop sonné pour faire autre chose que ce qu'on me dictait de faire, je commençai à délasser mes chaussures pendant qu'il s'éclipsait.
Je mis pas mal de temps à en venir à bout, mes doigts étant encore tout engourdis.

Quand il revint, je venais juste de retirer mes baskets et mes chaussettes. Il me laissa tomber une serviette gris foncé sur la tête et je m'empressai de me frotter les cheveux avec pour les rendre moins dégoulinants et un peu plus présentables.

Il me regarda me sécher en silence, adossé contre un mur.
Il ne prit la parole que lorsque je m'enveloppai dans cette couverture de fortune pour arrêter de grelotter :

- T'es venu jusqu'ici à pieds ?

Je hochai la tête.

- Avec juste cette petite veste ?

Je secouai à nouveau la tête.

- Pourquoi ?

- Je... Devais te... Te parler...

Les tremblements de ma mâchoire n'avaient pas rien à voir avec l'émotion, mais j'avais toujours très froid.
Jungkook ne sembla pas s'en émouvoir et continua :

- Me parler ? Tu veux dire m'expliquer pourquoi t'as entraîné ton ex à l'écart pour lui rouler pelle ?

C'était donc ça.
Je ne l'avais jamais entendu me parler comme ça. Ses traits étaient fermés mais je devinais aisément qu'il était profondément blessé.

- Je suis désolé... murmurai-je.

- À propos de quoi ? reprit Jungkook sur ce même ton acerbe. De l'avoir embrassé à même pas dix mètres de moi ? Désolé de m'avoir mené en bateau pendant toutes les vacances ? Est ce que tu as un jour été sincère ou est ce que je n'étais qu'une pâle copie visant à remplir temporairement le trou qu'avait laissé l'original ?

Sa voix, d'abord dure, avait fini par se craqueler. Je crois que je préférais quand il faisait mine de m'en vouloir. Voir la douleur et la peine sur ses traits me broyait le coeur.

- Jungkook ce n'est pas...

- Je lui ressemble un peu physiquement, c'est vrai. J'y avais pas accordé d'attention avant de tout voir sous cet angle. Tu t'es bien foutu de ma gueule en fait... "Est-ce que tu m'aimes ?"... Tu pensais à lui quand tu m'as demandé ça ?

Mes larmes coulèrent en écho aux siennes mais elles passèrent inpercues sur mon visage trempé.
Je prenais conscience de toutes les erreurs que j'avais faites et j'aurais tellement aimé pouvoir revenir en arrière...

- Répond ! gémit-il en s'essuyant rageusement les yeux. Vous allez... Vous remettre ensemble... ?

Peut-être étais-je en train de devenir fou, mais j'étais presque sûr d'avoir entendu mon cœur se craqueler dans ma poitrine.
Je n'arrivai même pas à lui répondre, choqué.
Je venais de me mettre à sa place, de comprendre tout ce qui lui était passé par la tête, et ça faisait mal.

- Je me sens stupide... continua-t-il en se laissant tomber contre le mur opposé à la fenêtre. J'aurais dû le voir... Mais je me disais que tu avais besoin de temps, que si tu ne m'avais pas répondu ce jour là c'était que tu avais peur, que tes mauvaises expériences t'avaient trop marqué pour que tu t'engages aussi rapidement, que tu avais besoin d'être rassuré avant...

Le fait qu'il m'ait aussi bien compris ne m'étonnait pas, cela raviva un petit espoir en moi, l'espoir qu'il pourrait me comprendre à nouveau...

- Yugyeom m'a embrassé, c'est vrai.

Il releva les yeux vers moi, un mélange de colère et de tristesse se disputant ses iris.

- Mais je ne lui avais rien demandé, poursuivis-je, et il ne savait pas, pour nous, on ne lui avait rien dit, c'était un malentendu. Malentendu que j'ai rectifié tout de suite. Ce baiser ne m'a rien fait Kook...

- Tu mens... !

Il secoua la tête en me quittant à nouveau des yeux, comme s'il cherchait à combattre mes mots.

- Je ne mens pas. Il m'a expliqué ce qui s'était passé il y a sept ans et il m'a dit qu'il avait toujours des sentiments pour moi. Mais ça ne m'a rien fait, là.

Je posai une main sur ma poitrine pour souligner mes propos.
Jungkook cessa de secouer la tête, peut-être pour m'écouter, alors je continuai.

- J'avais peur de raviver quelque chose, je l'avoue. Mais ça n'a pas été le cas. J'avais seulement besoin de savoir, j'avais besoin de lui pardonner pour pouvoir l'oublier.

Il m'écoutait avec attention de l'autre côté de la petite, les yeux rouges et méfiants.

- J'ai compris dès qu'il m'a touché qu'il n'aurait plus jamais accès à cette place dans mon coeur. Il l'a compris aussi, il m'a demandé si je t'aimais...

Ses yeux accrochèrent profondément les miens.
Je ne l'avais jamais vu aussi fragile... Est ce que c'était comme ça que je paraissais à ses yeux ? Quelque chose qui pouvait casser au moindre faux pas ? C'était terrifiant, de savoir que mes mots avaient autant de puissance sur lui à cet instant.

- Et quoi...?

Il renifla et je refermai la bouche une seconde.


- Te le dire ne changerait rien, n'est-ce pas ? Dis moi ce que je dois faire pour t'en convaincre...

Il savait très bien de quoi je parlais, pas besoin de plus d'explications. Il m'observa une seconde avant de répondre d'une petite voix :

- Dis le quand même...

Je fis quelques pas dans sa direction et, comme s'il me donnait son autorisation, il ne bougea pas, me laissant approcher en me suivant du regard.

Quand je fus à quelques pas, il se tendit et je m'arrêtai. Ses cernes étaient profondes, il ne devait pas avoir beaucoup dormi non plus.
Même comme ça, il faisait se serrer mon cœur dans ma poitrine. Même comme ça, il était magnifique.

- Je t'aime, soufflai-je avec toute la sincérité dont j'étais capable. Je suis terriblement désolé...

Il soutint mon regard, l'air désemparé.
C'était un peu comme si son corps voulait me croire, mais que sa tête le lui interdisait encore.

- Tu ne vas pas partir avec lui alors... ?

- Bien sûr que non.

Je tendis les mains vers lui et il les observa, les lèvres pincées.

- Jungkook.

- Oui ? fit-il en relevant les yeux.

- Je t'aime, répétai-je. Je t'aime toi et personne d'autre.

- Personne d'autre... ?

- Juste toi, affirmai-je à nouveau. Jungkook, il n'y a que toi dans ma tête depuis qu'on a pris ce bateau...

Sa lèvre trembla, mais je n'eus pas le temps d'en voir plus. Il combla le bien trop grand espace entre nous et m'écrasa contre sa poitrine.
Le soulagement manqua de me couper les jambes, mais je doutais de toute manière de pouvoir tomber, tenu ainsi.

Mes mains serrèrent le tissu de son sweat si fort que je me fis mal et si je n'avais pas passé la dernière heure à pleurer, j'aurais probablement recommencé.

Est-ce que cela voulait dire que le pire était passé ?
J'avais eu tellement peur que tout se termine brutalement comme ça avait été si souvent le cas...
Mais par dessus tout, j'avais eu le coeur brisé de voir le mal que je lui avais fait.

J'avais survécu à mes précédentes ruptures, même au départ de Yugyeom, mais je ne pense pas que j'aurais réussi à me relever si lui aussi m'avait tourné le dos. J'aurais probablement fini ma vie tout seul.

Je crois qu'il y avait indubitablement quelque chose de fort entre nous, depuis le début, même si je n'avais voulu le reconnaître que très récemment.
Si je n'avais pas été irrémédiablement attiré dès le départ, je n'aurais pas eu autant de mal à lui résister et je me serais détourné de lui, tout simplement.

Je n'avais pas pu. Je m'étais même carrément jeté dans ses bras, m'abandonnant malgré mes déboires passées, j'avais instinctivement senti qu'il était celui qui serait capable de me les faire oublier.

Ses bras se glissèrent tout autour de moi et il me serra contre lui à son tour, son menton posé sur le dessus de ma tête.

- Je veux plus jamais qu'on se dispute, déclarai-je, la voix étouffée par ses vêtements. Je te promets d'être le plus sincère possible à partir de maintenant.

Je ne voulais plus qu'il puise douter de moi, ou de quoi que ce soit.
Ses mains se firent douces par dessus mon haut et la serviette qui m'entourait, se mettant à caresser tendrement mon dos.

- Et moi je te promets de venir te parler au lieu de m'enfuir au moindre problème... Je suis désolé Jimin.

Je m'autorisai enfin à souffler. La tempête était calmée.
J'avais l'étrange sensation que ma poitrine avait été compressée tout ce temps et que je pouvais à nouveau respirer correctement.

Je tournai la tête pour avoir seulement la joue posée sur son épaule et pouvoir regarder autour de nous.

- Alors... Tu as une chambre chez Yoongi ?

Les photos sur les murs, la présence de sa guitare et d'autres objets personnels m'avaient mis la puce à l'oreille dès mon entrée, mais j'avais eu autre chose à faire que de poser la question.
Maintenant je le sentais se détendre un peu aussi.

- Oui, je suis ici tellement souvent qu'il a fini par réaménager ce vieux bureau. Mais à chaque fois que je viens il n'arrête pas de me menacer de me faire payer un loyer.

Je posai les yeux sur son visage désormais nettement moins triste et souris.

J'allais lui dire à quel point je le trouvais beau lorsque mon téléphone se mit à s'affoler dans ma poche arrière.
Je me redressai, me sentant un peu coupable d'avoir planté Taehyung un peu plus tôt...

Je décrochai et la voix de mon meilleur ami ne me laissa pas le temps d'en placer une :

- Jimin ! Sérieusement !! T'es où espèce de... !

J'éloignai le portable de mon oreille avec une grimace, ce qui m'épargna le joyeux nom d'oiseau qu'il venait sûrement de me donner.

- Tae calme toi, je suis avec Jungkook chez Yoongi.

- Min Yoongi ?

- T'en connais beaucoup d'autres dans les parages ?

- Jimin, le voisin de ton père s'appelle Yoongi...

Pas faux.
Je soupirai devant sa logique, ne sachant pas très bien si je devais l'admirer ou la trouver absurde.

- Min Yoongi oui, confirmai-je, pas la peine de t'inquiéter pour moi, je vais bien.

- J'ai dit à ton père que tu étais sorti parce que tu avais oublié ton porte feuille dans la voiture de Jungkook, du coup je l'ai caché dans ta valise.

Je souris, reconnaissant. Taehyung avait vraiment l'air d'un gamin la plupart du temps, mais je pouvais vraiment compter sur lui dans toutes les situations.

- Merci, dis à mon père que je l'ai récupéré et que je rentre bientôt.

Du mouvement devant moi me poussa à relever la tête vers Jungkook, qui m'observait d'un air triste.

- Reste ici avec moi... murmura-t-il près de mon oreille.

- Quoi ? fit la voix de Tae qui avait certainement entendu quelque chose.

- Je... Dis-lui plutôt que j'ai été surpris par la pluie et que je reste dormir chez l'ami de Jungkook.

- Ça marche, affirma le châtain sans sourciller, mais tu m'en dois une belle maintenant.

- Merci Taehyung.

- Mouais, à demain crétin.

Toujours aussi respectueux et attentionné.

Je posai mon portable sur la surface d'un bureau en bois qui se trouvait sur ma gauche pour éviter de le remettre dans ma poche mouillée.
Je glissai ensuite l'une de mes mains sur celle de Jungkook, autour de ma taille.

- Tu es trempé, fit-il remarquer.

- J'avais prévu de prendre le bus, mais je l'ai raté...

J'étais en train de me repasser mentalement mon échec lamentable lorsque les lèvres de Jungkook effleurant mon cou me distrayèrent.

- Tu es glacé, tu peux pas te coucher comme ça.

Me coucher ? Ne valait-il pas mieux prévenir Yoongi de ma présence avant ça ?

Sa voix au creux de mon oreille me fit abandonner l'idée pour le moment.

- Déshabille toi Minie, je vais te prêter quelque chose.

×××

Hehe, je suis à l'heure
Sortez le champagne x)

💜

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