7- Réveil et Vérité


J'ouvris faiblement les yeux. Mon champ de vision était assez trouble ; tout était flou autour de moi et un petit bruit régulier se faisait entendre d'une machine branchée près de mon lit. Après quelques minutes d'attente, mes yeux commencèrent à discerner les contours de certaines formes, dont des meubles. Je me sentais faible et j'avais atrocement mal à la gorge. Je tournai lentement la tête vers la gauche et vis Sunshine, assise sur une chaise de fortune, profondément endormis. Je n'avais jamais entendu pareil silence que ce soir-là, aussi reposant qu'effrayant.

J'étais allongée dans un lit aux draps blancs, dans une pièce qui me rappelait notre cabanon à la seule différence que celle-ci était remplie de produits et d'installations médicales que je ne connaissais pas mais que je me souvenais seulement avoir vu dans quelques films. Mon bras était transpercé de part en part par des fils aux couleurs différents, reliés à une poche remplie d'un liquide transparent. Sous mon nez avait été glissé un tube qui me chatouillait un peu les narines. Je n'avais plus mon maillot de bain sur moi et j'étais maintenant habillée d'un tee-shirt XXL du camp, parfaite copie de celui que je possédais déjà ormis la taille qui était beaucoup plus grande. La porte de la chambre était ouverte. Lentement, je me redressai sur mon lit. Je pris une longue respiration et basculai une jambe dans le vide pour essayer de me lever. Mes doigts de pieds touchèrent le sol froid. Je pris une nouvelle inspiration et me mise debout. 

Sous mon poids, une de mes deux jambes céda sans prévenir et je basculai en avant. Je réussis à me rattraper au dernier moment à un barreau de mon lit. Le coeur battant, je me redressai avec précaution et m'enquis d'avancer un pied après l'autre. Arrivée à la porte de la chambre, je m'appuyai contre la chambranle et risquai un regard dehors. Je reconnaissais l'endroit, je me trouvai à l'infirmerie du camp. Le souvenir des piqures de fourmis rouges me revint à l'esprit et je grimaçai. Dans le couloir se trouvait une rangée de chaises sur lesquelles étaient assis trois personnes. Derrière eux se trouvait une fenêtre. Il faisait nuit dehors. Je m'approchai lentement et reconnus Coline, Rose et Tom, profondément endormis. Je souris faiblement et soulevai une mèche qui tombait devant les yeux de Coline, en prenant bien soin de ne pas la réveiller.

Ils étaient restés pour m'attendre.

Mais que faisais-je ici ? 

En me concentrant, un flot de souvenirs envahit ma mémoire et je pris conscience d'une chose : que j'avais de la chance d'être encore vivante à ce moment-même. Tout devenait flou après que je sois tombée dans l'eau. Je n'arrivais pas à me souvenir de quoi que ce soit après : qui m'avait sauvé ? Ramené ici ? Comment le ou la remercier ?

Je continuai mon chemin, marchant dans ce couloir gelé à l'aveuglette, ne sachant pas exactement où me diriger. Parfois mes jambes me faisaient défaut mais j'arrivais à me rattraper de justesse. Au bout d'un moment, je me mis à grelotter. Il faisait si froid ici... Et je n'avais rien pour me réchauffer. Mon tee-shirt ne m'était pas vraiment d'un grand secours. 

Je sentis soudain une présence derrière moi. Je me retournai, effrayée, et vis un jeune homme me dépassant d'une tête aux cheveux bruns, habillé d'un polo de moniteur. Je mis un peu de temps avant de reconnaître que c'était lui, le moniteur de la forêt. 

Était-ce encore un rêve ? Comme sur la plage ? 

Puis soudain, une série d'images me revint en tête. Lui, me regardant d'un air angoissé, ses cheveux mouillés collés sur le front, s'agitant au-dessus de moi pour faire en sorte que je respire de nouveau. 

Nous nous fixâmes de longues secondes, sans dire un mot. Je ne me rendis pas tout de suite compte que je me trouvais seulement habillée d'un tee-shirt qui laissait tout voir de mes jambes nues. Après tout, il me semblait qu'il m'avait bien vu en maillot de bain. 


- C'est vous, qui m'avait sauvé, n'est ce pas ?, demandais-je d'une voix enrouée et incertaine.

- Qui t'ai sauvé la vie ? Oui.

- Oh... Et bien... merci, répondis-je en esquissant un sourire reconnaissant, sans vous, je ne serai pas là aujourd'hui. 


Il ne répondit pas à mon sourire comme je l'aurai espéré, mais garda une expression froide. Il se contenta seulement de croiser ses bras sur son torse et de froncer un peu plus les sourcils. 


- Ne me remercie pas, c'est normal, c'est mon boulot. Mais, je tiens juste à dire un truc : je n'ai jamais vu quelqu'un faire une chose aussi stupide que toi.


Je me pris l'effet d'une gifle de plein fouet. Mon cœur rata un battement et j'étais totalement abasourdie par ce que je venais d'entendre. Avais-je d'ailleurs bien entendu ? Je ne savais pas quoi répondre, à part rester là, la bouche ouverte de stupéfaction. Je me repris rapidement et m'appuyai d'une main contre le mur. Je n'allais pas le laisser partir comme ça, sans m'être défendue. En plus il a quoi...2-3 ans de plus que moi ? 


- Merci pour le compliment, j'apprécie. Et c'est normal que tu sois aussi crétin, au juste ? Je ne pensais pas ça du gars qui m'aurait sauvé !


Je regrettai déjà mes mots, mais il l'avait cherché. De plus, je ne m'étais même pas rendue compte que j'étais passée du vouvoiement au tutoiement aussi facilement. 


- Tu sais à qui tu parles là, j'espère ? Je suis un moniteur et je t'ai sauvé la vie, tu me dois un minimum de respect. Ah et se faire des films comme quoi un gars hyper sexy et sympa viendrait te sauver, c'est idiot. Je ne suis pas sympa.

- C'est fou comme tu es prétentieux en ne disant pas que tu n'es pas sexy.

- Les filles que je drague me disent suffisamment le contraire pour que je les croie.

- Ça ne m'intéresse absolument pas ! (Si tu veux parler de tes histoires de cœurs, va ailleurs !) Tu sais quoi ? Si c'était pour venir me parler comme ça à mon réveil, je pense que je vais aller me recoucher. Je n'ai pas besoin de tes conseils ou de tes remarques débiles, monsieurlemaîtrenageurjesuispasunmecsympa.

- Oui c'est ça. Va te rendormir. Quelle gamine tu es ! Pire que ce que je pensais !


J'étais furieuse contre lui. Je voulais me défendre, lu faire comprendre qu'il n'avait aucun droit sur moi mais mon corps me faisait trop mal pour que je puisse répliquer plus méchamment. Je ne voulais pas courir le risque d'une bagarre. Je savais déjà qui en reviendrait vainqueur. En plus c'était un moniteur. Je ne me sentais pas trop lui mettre un coup de pied dans ses parties génitales, ne pouvant déjà que difficilement me tenir debout sur mes deux jambes.


- C'est quoi ton problème, au juste ?, lui dis-je en crachant mes mots.


Ce fut son tour de ne rien répondre. Ses yeux me fixaient toujours, lançant des éclairs mais j'y vis aussi autre chose que je ne sus pas reconnaître. Je n'étais pas, jusqu'à preuve du contraire, experte dans le langage des yeux. Il ne put soutenir plus longtemps mon regard et se gratta la nuque de son bras, embarassé de la situation.

« Oh dieu ! Qu'il est sexy ! »

Non Clém' ! Tu ne craqueras pas !


- Ecoute, tu as raison, je suis désolée, dit-il gêné. Je me suis un peu emporté et je n'aurais pas dû. Je ne sais pas ce qui m'a pris. Les émotions de la journée, sûrement. Bon, repartons de zéro. Je me présente, je m'appelle Connor. Et toi ?


Quel brusque changement de situation ! J'étais tentée de lui répondre mais je sentais que je tenais ma vengeance. Je fis mine de le dépasser et une fois à sa hauteur,  un sourire moqueur en coin, je lui dis  :


- Je ne suis pas celle que tu pourras draguer en jouant à ton bad boy, ni la fille facile que tu as l'habitude de sûrement mettre dans ton lit. Je ne suis pas celle avec qui tu peux jouer, tout simplement. Alors ne fait pas le mec énerver et t'excuser deux secondes après, ça ne marche pas. 

- Qui a dit que je te draguais ?


Aïe. Mon amour propre a mal... 

Sans répondre, je m'éloignai de lui, sentant son regard sur mes épaules. 

En rentrant dans ma chambre, j'étais toujours en train de pester intérieurement. Je n'avais jamais imaginé que notre première conversation se passerait ainsi ! En fait, il y a plein de choses que je ne pensais pas de lui : son orgueil, son petit air prétentieux, son agressivité, son assurance, et... son charme. Raaah !

Le seul point positif est que, maintenant, je pouvais mettre un prénom sur son visage. 

C'est avec colère que je remontais dans mon lit mais dans ma précipitation, je me cognais le doigt de pied contre ce même barreau qui m'avait aidé tout à l'heure lors de ma chute. Comme quoi ceux qui nous aident peuvent se retourner contre nous après. Jolie comparaison de ce maître-nageur prétentieux et de ce barreau de lit. Malgré ça,  la douleur fut immédiate. Je poussais un gémissement étouffé qui réveilla en sursaut Sun'.


- Clémence ?... Clém' ! Tu es réveillée putain !

- Quel est ce vocabulaire, jeune fille, que je ne vous connais d'habitude pas ?, dis-je en prenant un air ironique.

- Ferme-là !


Elle se jeta sur moi et m'enlaça en me serrant d'une force hérculienne. Puis elle explosa en sanglots tout en riant. Drôle de fille, celle-là.


- Tu m'as tellement fais peur, si tu savais ! Non ! Tu NOUS as tellement fait peur ! Pourquoi as-tu fait ça ? Tu es tarée ou quoi ? Tu voulais mourir ? Le prof nous avait dit de ne pas surfer cette vague ! Pourquoi l'as-tu fait ?


Et ce fut à mon tour de pleurer. Je me sentais tellement coupable d'un coup que je n'avais pas  pu contenir mes émotions et qu'elles s'étaient libérées d'elles-même. Sun' me serra de nouveau dans ses bras et la douce odeur de son parfum envahie mes narines. 


- Je voulais... voulais te... surpasser au point que s'en était devenue une véritable obsession, réussi-je à dire entre deux reniflements peu gracieux.

- Mais me surpasser en quoi ?

- Arrête Sun' ! Tu sais bien que tu as réussi à surfer du premier coup ! Tu... Tu as réussi à surfer ta première vague jusqu'à la plage sans aucun problème ! Tout le monde t'admirait... et... Je sais que je suis parfois égocentrique, jalouse, égoïste et têtue mais je souhaitais juste qu'on fasse un peu attention à moi, tu comprends ?, dis-je en pleurant de nouveau.

- Clém', ma chérie, si tu savais ! Tu es peut-être tout ça mais moi en tout cas je suis une menteuse. Lorsque je t'ai dit hier que c'était la première fois que j'en faisais, je t'ai menti. J'ai déjà fait de nombreuse fois du surf avec ma famille lorsque nous partions en vacances ! Et ce mensonge idiot a failli te coûter la vie. Je m'en veux tellement de t'avoir dit ça !

- Si tu savais comme je me sens bête maintenant !


Nous nous serrâmes dans les bras, et en posant ma tête derrière l'épaule de Sun', je vis, appuyés contre le cadran de la porte, Coline, Rose et Tom. Je leur souris et ils répondirent de même malgré les quelques larmes qui roulaient le long des joues.

~~

Le soleil était maintenant bien haut dans le ciel, lorsque je reçus la visite de mes parents et d'Aléa en personne. Je vous avoue avoir passé un mauvais quart d'heure. Mes parents insistaient pour que je revienne à la maison et que je sois prise en charge par un docteur compétant à l'hôpital, remarque qui fit froncer les sourcils de l'infirmière qui s'était postée près de moi. Je fis mon possible pour qu'ils acceptent que je reste dans le camp.


- Je ne sais pas, Clémence. Ça ne fait que 3 jours que tu es au camp et déjà tu te noies !


Ok papa. Tu as gagné un point.


- Si je reviens à la maison, je serais malheureuse et je passerai un été pourri. Ce camp me plaît vraiment, je ne veux pas partir. Pour une fois que je me sens bien dans un endroit où vous m'emmenez, il faudrait peut-être en profiter, non ? Oui, j'ai fait une erreur, mais n'est-ce pas ça qui nous fait grandir et qui nous rends plus mature dans nos pensées et nos choix ?

- Pas quand on risque sa vie, chérie.

- Papa, on risque notre vie tous les jours.


Il soupira longuement. Ma mère posa sa main sur son épaule et lui chuchota quelque chose dans l'oreille qui lui fit hocher la tête.


- Très bien, jeune fille. Tu peux rester ici. Mais je demande à Aléa de te donner une punition digne de ce nom. Et interdiction de refaire du surf, vu dans l'état où ça te met ! Regarde toi voyons ! Tu ne ressembles plus à ma petite fille chérie !


En effet, je n'étais pas très jolie à voir. Mes jambes et mes bras était bleues des coups que j'avais reçu, ma cheville droite était violette, mon arcade sourcilière était constellé de point de sutures, ma poitrine avait un énorme bleu et l'infirmière avait posé des agrafes sur le haut de ma tête pour renfermer la blessure que je m'étais faite à cause de ma planche.

Je soupirai.


- Je vous remercie de votre confiance M.Campbell. Je vous promets que je m'occuperai personnellement de votre fille, dit Aléa.

- Je ne m'inquiète pas sur ce point-là. Nous allons partir, Clémence, prends soin de toi, ok ? J'espère que c'est la dernière fois que je reviens ici pour un problème sinon tu rentres directement à la maison. Et AUCUNE négociation ne sera possible.

- Je t'aime, Clém', me chuchota ma mère en m'embrassant sur le front, mais c'est la dernière fois que tu nous fais ça. Si tu as le moindre problème, tu nous appelles, d'accord ? 


Je répondis à leurs embrassades et ils me laissèrent seul avec Aléa. Oh oh... Les vrais ennuis commencent...


- Maintenant que tu te sens mieux, parlons un peu de ce que je t'ai mijoté..., me dit-elle le regard dur.

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Hey tout le monde !
Que pensez-vous du chapitre ? Ou de l'histoire en générale ?
Que pensez-vous de Connor ?
Quelle punition Aléa va-t-elle infliger à Clémence, à votre avis ?
Vos avis et réponses m'intéressent beaucoup ^^
J'espère que ce chapitre vous a plut !

Xoxo, Ellie

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