43- Mélancolie
Eyes on fire de Blue Foundation en média ! Je l'ai decouverte hier et je souhaitais vous la faire partager :)
De plus, elle se colle bien au chapitre.
Enjoy !
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J'ouvris les portes de mon placard et pris le dernier vêtement qui se trouvait à l'intérieur entre mes mains. Mon regard balaya ce meuble dorénavant vide, où plus aucune affaire ne reposait.
Je me détournai de ce spectacle et m'assis près de ma valise. J'y rangeai le tee-shirt, parmi tous ses autres conjoints déjà entreposés.
Je pris la seconde partie de la valise, la repliai sur elle-même et fermai dans un clic sonore le système d'ouverture.
J'avais seulement laissé de côté un change pour le lendemain et ma trousse de toilette.
Aujourd'hui, c'était le dernier jour au camp. Nous avions passé notre journée encore une fois à la plage puis sur le lac en faisant du canoë tout l'après-midi.
Nous sommes rentrées au cabanon peu avant dix-sept heures. Nous avions pris rapidement nos douches, sommes allés au réfectoire dîner puis avions entreprit de faire nos valises pour le départ de demain.
Le cabanon ce soir était silencieux. Personne n'osait réellement parler, de peur de craquer. Les yeux embués, nous fermions nos valises et c'était le cœur lourd que nous les rangions en-dessous du porche.
Maintenant devait avoir lieu le feu de camp. Nous en avions eu deux pendant cet été, un pour annoncer cette nouvelle saison au camp et un deuxième pour la clore.
Connor et moi avions prévus de nous revoir une-dernière fois en privé cette nuit dans son cabanon.
Je ne voulais pas dire que ça allait être nos adieux mais... cela s'en rapprochait trop fortement.
Les filles ne m'en voulaient d'ailleurs pas d'aller le rejoindre. Elles avaient été compréhensives.
Après avoir correctement rangé ma valise près des autres, je rentrai dans le cabanon. Je me penchai pour prendre ma paire de sandales, seules chaussures que je n'avais pas rangé dans ma valise et me tournai vers les filles qui étaient en train d'enfiler leurs chaussures. Je fis de même.
- On y va ?, demanda Rose, la gorge nouée.
- Oui, allons-y, répondis-je presque en murmurant.
En réalité, aucune de nous n'avaient réellement envie d'aller à ce feu qui signifiait clairement que c'était la dernière nuit qu'on passait au camp.
J'ouvris la porte du cabanon et sortis la première, très vite suivie de mes amies. Nous nous avançâmes sur le chemin terreux sur lequel d'autres adolescents avançaient d'un pas lent. Un peu devant, Côme marchait à côté de deux garçons que je ne connaissais que de vue.
- Côme !, l'appelais-je.
Ce-dernier se retourna, surpris, puis sourit lorsqu'il me vit. Il s'excusa auprès des garçons puis vint me rejoindre. Sun' lui jeta un regard suspicieux. Elle n'avait pas totalement accepté le retour de Côme dans la bande. Rose aussi d'ailleurs, malgré ce qu'il avait fait pendant la soirée. En réalité, c'est seulement grâce à cela qu'elles arrivaient à le supporter.
- Ça va ?, me dit-il pour me saluer.
- Ça peut aller et toi ?
- Oh, tu sais, ce n'est jamais une très bonne soirée pour moi, dit-il en grimaçant. En réalité, ça va être mon dernier feu de camp depuis des années. L'été prochain, je n'y retournerai pas. Mais je compte y revenir en tant que moniteur à mes 19 ans.
Revenir en tant que moniteur. C'était une bonne idée.
- Bon, tu m'excuseras, mais je dois retrouver Théo et Paul.
- Pas de problème, vas-y.
- On se retrouve là-bas, de toute manière ?
- Bien sûr !
Souriant, il partit en courant rejoindre ses amis. Je m'arrêtai pour attendre les miennes sur laquelle j'avais pris un peu d'avance en marchant plus vite.
Nous débouchâmes rapidement sur la plage sur laquelle un immense feu de camp, ressemblant fortement au premier, brûlait.
Tom, Bradley et Will étaient assis sur un rondin de bois et semblait nous garder la place. À mon plus grand étonnement, ils parlaient énergiquement.
- Vous nous laissez une place ?, leur demandais-je.
Ils se décalèrent et les filles et moi nous assîmes.
Nous attendîmes pendant plusieurs minutes que les derniers retardataires s'assoient. Une fois que plus personne ne manquait à l'appel, Aléa se leva et demanda le silence.
- Bonsoir à tous. Si ce soir nous sommes tous réunis, c'est pour cloturer cet été au camp. Certains d'entres-vous ne reviendront pas l'année prochaine mais sachez que vous aurez la possibilité de revenir à 19 ans en tant que moniteur.
Elle sourit à Côme qui hocha de la tête.
- Je propose que ce soir je ne fasse pas un discours trop long. J'aimerai juste vous dire que depuis que je tiens ce camp, je n'ai jamais vu un été se ressembler. Et celui là y compris. Surtout celui-là, en réalité.
Elle ria doucement, et quelques adolescents eurent un sourire léger sur les lèvres, se remémorant certains souvenirs de cet été.
- C'est vous qui le faites vivre, ce camp. Et j'aimerai remercier chacun d'entre vous pour avoir rendu cet été si fantastique. C'est vous qui le rendez si différent chaque année. Et pour cela, je vous remercie du plus profond de mon cœur.
Beaucoup se mirent à applaudir tandis que la directrice essuyait discrètement une larme qui perlait au coin de l'œil.
- Je voudrais aussi une salve d'applaudissements pour nos moniteurs qui ont eu le courage de vous supporter tout l'été !
Cette fois-ci, c'était tout le camp qui semblait vibrer sous les sifflements, les cris de joies et les « bravo » lancé à tout va.
Je tournai la tête et croisai le regard de Connor qui semblait me scruter à travers les flammes du feu. Il me souriait. Les gens autour de lui, lui donnaient des accolades, des tapes dans le dos, l'applaudissaient lui ainsi que tous les autres moniteurs.
- Maintenant, distribuons les marshmallows !
Les moniteurs se levèrent en même temps, comme un seul homme, et sortirent d'énormes sacs dans lesquelles se trouvaient des paquets entiers de marshmallows rosés. Ils en lancèrent un à chaque groupe et j'attrapai le mien que m'avait lancé Connor dans un clin d'œil.
D'autres moniteurs nous distribuaient des bâtons de bois en nous recommandant de ne pas le planter dans l'œil de nos voisins par mégarde.
Ou pas, d'ailleurs.
J'ouvris le paquet de marshmallows et piquai un bonbon sur le bout de bois que je mis à chauffer au-dessus du feu.
Connor en profita pour sortir sa guitare et commencer à jouer. Très vite, la voix de Léna s'éleva, une monitrice du camp, chantant en anglais, en rythme avec la mélodie qu'il jouait.
Je relevai les yeux vers lui, toujours le marshmallow au-dessus du feu. J'étais une nouvelle fois sous le charme. Comment fait-il pour me faire toujours tomber autant amoureuse de lui ?
- Clémence, ton marshmallow brûle.
Je décrochai mon regard de Connor et vis mon marshmallow en flamme. Contrariée, je soufflai dessus afin qu'il s'éteigne. Le bonbon avait perdu sa couleur pastel pour une couleur noire d'encre. Il était cramé.
Tom m'en tendit un nouveau et je le remerciai d'un sourire.
Je me concentrai de nouveau sur la silhouette de Connor.
Etais-ce réellement la dernière soirée que l'on passait au camp ? J'avais du mal à le réaliser. A croire qu'au fond de moi, je ne voulais tout simplement pas l'accepter.
Personne ne semblait plus vraiment parler et était concentré sur Connor qui jouait, les yeux rivés sur sa guitare, les lèvres légèrement pincées par la concentration.
Un peu plus loin, Côme, en train de retourner son bâton entre ses doigts, le dos courbé, les coudes sur ses genoux, ses cheveux blonds sur son front, semblait être plongé dans de profondes réflexions.
Je vis même Sydney, assise à l'écart, avec seulement une fille à ses côtés. C'était étonnant de la voir aussi peu accompagné. Elle regardait avec haine Côme qui ne semblait pas s'en apercevoir.
Kévin était assis à côté d'un autre garçon et semblait totalement absorbé par le marshmallow qui était en train de caraméliser au-dessus du feu.
Sunshine et Bradley, assis dans les bras de l'autre, se berçaient au rythme de la voix mélancolique de Léna.
Will parlait à voix basse avec Rose.
Coline, la tête appuyée contre l'épaule de Tom, avait fermé ses yeux.
Moi, assise sur ce rondin de bois, je fixai les flammes dansantes.
J'étais perdue.
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Je me levai discrètement, tandis que plusieurs adolescents marchaient pour rejoindre leurs cabanons. Il restait de moins en moins de personnes sur place. Cela devait faire plus d'une heure que le feu s'était presque éteint.
Je m'enfonçai dans les bois, me dirigeant vers le cabanon de Connor. Une fois devant, j'y entrai.
Il n'était pas encore arrivé, et c'était normal. Il devait encore aider à ramasser les bâtons de bois et a complétement éteindre le feu. J'avais une bonne demi-heure devant moi avant son arrivée.
À l'intérieur, je fus surprise de voir la pièce presque entièrement vide. Sa valise était rangée dans un coin, à côté d'un gros sac en toile marron.
Il n'y avait plus rien. Tout avait disparu dans les valises et les sacs, laissant vide le cabanon de tout propriétaire.
Les larmes aux yeux, j'enlevai mon tee-shirt, mon short, puis mon soutien-gorge. Je m'avançai vers le placard de Connor.
À l'intérieur, un tee-shirt.
Je l'enfilai sans un mot. Trop grand pour moi, le vêtement arrivait en haut de mes cuisses.
Je me faufilai dans sa salle de bain. Sa trousse de toilette se trouvait à côté du lavabo, fermé. Je m'approchai et l'ouvris doucement, faisant coulisser la fermeture éclaire. Dedans se trouvaient une brosse à cheveux, une brosse à dent ainsi que son dentifrice, sa mousse à raser et, au fond, son flacon de parfum. Je pris ce dernier et le fis tourner entre mes doigts. Je m'attardai sur l'étiquette puis ouvris le capuchon et m'en aspergeai sur le poignet. Je l'approchai de mon nez et fermai les yeux. Son odeur envahit mes sens. J'avais la sensation qu'il était tout près de moi.
Je regardai de nouveau le flacon et m'en aspergeai une nouvelle fois mais dans le cou. J'inspirai profondément, tandis qu'une larme dévalait ma joue.
Je reposai le parfum dans la trousse et la refermai.
Je sortis de la salle de bain, et me faufilai sous les draps du lit.
Dernière nuit au camp, pensais-je pour la millième fois.
Les yeux embués, les larmes menaçant de couler, je me tournai sur le côté, face au mur, et fermai les yeux.
L'ouverture de la porte et les pas de Connor me réveillèrent. Je m'étais endormie. J'entendis un bruit de tissu se froisser, des vêtements chuter à terre avant de sentir un poids dans le lit, derrière moi. Connor se colla contre mon dos et passa un bras autour de mes hanches. Il posa sa tête dans le creux de mon cou, pensant sûrement que j'étais en train de dormir lorsque soudain, je le sentis se figer. Je me retournai et le vis me regarder, un sourire flottant sur ses lèvres.
- Tu as mis mon parfum, n'est-ce pas ?
Je ne répondis pas, me contentant seulement de le regarder dans les yeux. Je passai une main le long de sa joue avant de le lui embrasser.
- Tu sais que ça te rend diablement sexy d'avoir fait ça ? De t'être mis mon parfum ?
- Parce que je ne le suis pas, d'habitude ?, murmurais-je faussement indignée.
- Je voulais dire, encore plus que d'habitude. Tu ne sais pas dans quel état ça me met de savoir que tu portes mon odeur sur toi.
Je lui souris et rapprochai nos deux visages. Je l'embrassai tendrement.
- Je t'aime, soufflais-je.
- Je t'aime plus encore, me répondit-il.
Je nichai ma tête dans le creux de son bras et posai ma main sur son torse. Il passa sa main sur ma hanche, à croire que c'est son endroit préféré.
Je fermais les yeux, prête à m'endormir.
Mais le soupir de Connor me sortit de ma somnolence.
- Je vais te manquer ?, demanda-t-il, la gorge nouée.
Il ne semblait plus vouloir rigoler. Il m'avait posé la question le plus sérieusement du monde, attendant une réponse sincère.
- Évidemment !
Il tourna son visage vers moi, comme s'il souhaitait voir si je lui mentais ou non. Il n'avait pas l'air satisfait de ma réponse, comme si je n'avais pas compris sa question. De toute évidence, il ne me croyait pas.
- Pourquoi ?, demandais-je, attristée par sa réaction.
- Je me demandais juste si tu n'allais pas m'oublier. Tu seras dans une nouvelle classe cette année, tu vas rentrer en 1ère, tu feras la connaissance de plein de personnes, dont des garçons de ton âge, qui n'auront pas 3 ans de plus que toi et...
Je savais où il allait en venir.
Je m'étais redressée et m'étais mise à califourchon sur son corps. Je me penchai et, veillant à ne pas être trop brusque, je l'embrassai le plus passionnément possible. Je voulais le faire taire, je ne voulais pas qu'il pense à cela durant notre dernière nuit passée ensemble, à notre dernier moment d'intimité avant de devoir nous cacher de nouveau le lendemain.
Je passai mes lèvres le long de sa mâchoire, pour finir le long de son cou. Sur mon chemin, j'y laissai mille baisers, ne négligeant aucune parcelle de peau. Je voulais qu'il comprenne que je l'aimais plus que tout ; les mots ne suffisant plus, j'allais lui montrer autrement.
Petit à petit, je quittai sa clavicule et descendis plus bas, sans le quitter des yeux. Son torse se dessina sous mon visage, puis le bas de son ventre. J'arrivai à la limite, laissai un dernier baiser, puis remontai pour embrasser hardiment ses lèvres.
Il me fit basculer sous lui, et entreprit d'enlever mon tee-shirt, tout en continuant de nous embrasser.
Sans un mot, nous finîmes bientôt sans vêtements, cherchant continuellement l'autre des yeux.
Tout se fit dans le silence, parfois ponctué de quelques gémissements étouffés.
Dans la chaleur de l'été, nos lèvres scellés l'une contre l'autre, la tristesse enserrant nos cœurs, nous fîmes pour une dernière fois plus qu'un.
Et je ne pus m'empêcher de penser que finalement, malgré tout mes efforts pour me contredire, nous étions en train de nous dire adieu.
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Hello !
Ouh, je suis un peu triste, après ce chapitre. Voir même carrément mélancolique (d'où le titre).
Il ne reste plus qu'un chapitre et l'épilogue...
J'espère que ce chapitre vous aura plût. J'ai eu beaucoup de mal à l'écrire.
J'espère aussi avoir réussi à vous transmettre les émotions que je souhaitais que vous ressentiez.
Je vous dirai bientôt si je fais un tome 2 ou non ; sûrement après l'épilogue.
Kiss kiss,
Ellie
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