39- Blues orangés
Le premier rayon de soleil filtrait à travers les volets à demi clos de la fenêtre. Les yeux ouverts, comme durant toute la nuit qui venait de passer, je fixai le plafond en bois du cabanon. Connor, un bras sur ma taille, dormait profondément. Son torse calé contre mon dos se soulevait au mesure de sa respiration.
Sun' ne m'avait pas vraiment pardonné comme je l'escomptais. Je savais que ça n'allait pas être facile mais j'avais espéré qu'elle comprenne et qu'en moins de deux tout redevienne comme avant. Mais c'est à croire que j'ai été trop optimiste. Elle a clos la conversation aussi vite qu'elle avait commencée.
- Je n'ai pas envie d'entendre ce que tu as à me dire. Laisse-moi tranquille.
C'était la dernière chose qu'elle m'avait dite avant de s'enfermer dans la salle de bain.
Je soupirais pour la énième fois de la nuit et enfouis ma tête dans mon oreiller, retenant mes cris de frustration pour ne pas réveiller Connor.
Cette nuit, j'ai été prise d'insomnie. Incapable de fermer l'œil, j'avais alors pris le temps de faire le point sur cet été. Août était sur le point de finir et il ne restait plus que 6 jours avant la fin du camp.
1 semaine avant la rentrée.
Je jetai un coup d'œil au visage serein de Connor.
J'ai appris hier qu'il habitait à deux heures de chez moi. Je savais qu'on ne se reverrait pas, que ces moments qu'on passait ensemble seraient sûrement les derniers.
De plus, on ne pourra pas se retrouver l'année prochaine. Le camp se finit à 16 ans. Toute la bande sera trop vieille pour y retourner l'été prochain. Et les moniteurs ne sont acceptés qu'à l'âge de 18 ans. On avait pensé y retourner en tant que tel mais malheureusement, pour l'instant, nous étions trop jeunes. Il ne restait plus que les messages, les appels et les réseaux sociaux pour garder le contact.
Sunshine et moi sommes dans le même lycée. Ce n'est pas un problème. Quant aux autres, il n'y a que Coline qui habite près de nous. Les autres sont un peu éparpillés aux quatre coins.
Je secouai légèrement la tête pour chasser ses pensées qui déjà rendaient mes yeux embués.
Je me redressai légèrement et attrapai la montre que j'avais empruntée à Coline durant la nuit.
6h00.
Je soufflai de nouveau, de mauvaise humeur.
Vers 2h00, je suis partie me réfugier dans le cabanon de Connor, souhaitant profiter de sa présence et de son réconfort. Il n'avait pas posé de questions. De toute manière, je n'aurais pas su quoi lui dire. Nous avons alors tous deux glissés sous les draps et, une seconde plus tard, il s'était rendormi.
Et, même avec sa présence, je ne pus me résoudre à fermer l'œil.
Je me retournais, de manière à lui faire face et à coller mon front contre le sien. Sa main était restée à sa place mais, me sentant bouger, il grogna légèrement. Je souris, malgré l'humeur peu chaleureuse que pouvait avoir Connor le matin.
Lentement, il ouvrit les yeux.
- Bonjour, chuchotais-je.
Il sourit avant de refermer les yeux.
- Ça fait longtemps que tu es réveillée ? Ou plutôt, devrais-je dire : ça fait longtemps que tu me mates en train de dormir ?
Je ris doucement avant de le frapper du poing.
- Non... Je ne te matais pas ! Par contre, je n'ai pas dormi de la nuit.
- Ah oui ?...
J'acquiesçai en silence tandis qu'il tentait de réfugier sa tête dans mon cou.
- Tu sens bon.
Je souris.
- Pas toi.
Ma remarque finit de le réveiller. Il ouvrit grand les yeux, offusqué.
- C'est vrai ? Pourtant, mon odeur de jeune lion sauvage devrait te mettre dans tous tes états ! La virilité, tu connais ? Pff, de toute manière, tu ne peux pas comprendre, dit-il avant de se détourner de moi.
Je posai ma main sur ses épaules et me rapprochai de manière à coller son dos contre mon corps.
- Ah oui ?, dis-je en prenant une voix volontairement langoureuse. Je ne sais pas ce qu'est la virilité ? Pourtant, j'ai un parfait exemple devant moi...
Doucement, je baissai mes mains le long de son dos, descendant doucement, traçant des petits cercles irréguliers sur sa peau. Le passage de mes mains laissa rapidement place à mes baisers qui voyagèrent tout le long de sa colonne. Je le sentis tressaillir lorsque j'arrivais sur les bords de son caleçon.
- Clémence, tenta-t-il d'une voix rauque. Attention, tu t'aventures en terrain dangereux.
- Terrain dangereux ? Connais pas.
Je continuais mes baisers tandis que je remontais jusqu'à sa mâchoire. Arrivée à sa bouche, j'attrapai sa lèvre inférieure et la mordillai. Il me fit basculer en califourchon au-dessus de lui tandis que ses mains descendirent d'agripper mes fesses. Il enleva d'un geste précis mon tee-shirt qu'il passa au-dessus de ma tête. À moitié nue sur lui, je ne me sentais nullement mal à l'aise. Il se redressa et colla son torse dénudée au mien avant de me faire basculer sous lui.
J'oubliai alors toutes mes sombres pensées, le temps de quelques minutes.
~~
- Attends, tu as oublié ta montre, m'interpella Connor.
- Ah oui, merci. Je l'ai emprunté à Coline, il faut que j'aille le lui rendre.
Il hocha de la tête et me détailla de haut en bas.
- Je te trouve très jolie dans cette tenue. Elle te va bien.
- Merci, dis-je rougissante.
La combi short que j'avais revêtu était noir avec des motifs colorés sur le haut. Mes cheveux étaient toujours lâchés, de manière à cacher le suçon qui était toujours présent dans le creux de mon cou.
- Bon, il faut que j'y aille avant que quelqu'un ne nous voit.
- Oh, heu, ouais. Vas-y.
Il passa devant moi et ouvrit la porte. À l'extérieur, personne. Le soleil était à peine levé.
- Dépêche-toi, avant qu'on ne te voie.
- Oui, je sais !
- Ah et... n'oublie pas les jus d'oranges que tu dois presser ! Je te le rappelle au cas où !
Son regard moqueur me regardait amusé. Je levai les yeux au ciel avant de me détourner, légèrement agacée qu'il me rappelle ma punition.
Je m'avançai pour sortir du cabanon mais sa main me retint par le poignet.
- Attends, tu ne m'as pas dit au revoir.
Il me rapprocha de lui et m'embrassa furtivement. Je souris.
- Je t'aime, me dit-il.
- Moi aussi.
Je me retournai et me rendis dans la forêt pour aller au réfectoire mais cela, sans compter sur le regard que je sentais peser sur mes épaules.
Mais, ce dont je ne me doutais pas, c'est que ce n'était pas celui de Connor.
~~
- Hey ! Y'a quelqu'un ?
Pas de réponse. Je refermai la porte de la cuisine derrière moi et m'avançai vers le centre de la pièce. Une mine boudeuse prit place sur mon visage quand je vis le panier d'oranges qui trônait sur le plan de travail. Je m'avançai et mes yeux s'arrondirent lorsque je vis le nombre de fruits qu'il contenait.
Mes sourcils se froncèrent. J'ouvris un placard et sortis le presse-agrumes. Dire que je dois tout faire à la main !
Je n'aurai pas pu la fermer hier ?
J'attrapai un couteau qui m'avait l'air plutôt tranchant et ouvris le robinet pour me laver les mains. J'enfilai un tablier et une fois prête, je pris le couteau et découpai la première orange, d'un air appliqué. Une fois découpée en deux, je l'enfonçai dans le presse agrume et m'enquis de la presser.
Arrivée au quinzième fruit, de la pulpe plein les doigts et sous les ongles, je m'arrêtai. C'était trop dur ! Il devait en avoir une centaine en tout ! Je n'y arriverai jamais !
Au même moment la porte s'ouvrit sur David, le moniteur d'hier. Les mains dans les poches, il regardait mon travail. Malgré mes efforts, j'avais réussi à remplir seulement le quart d'une carafe. J'en avais 9 à remplir en tout.
- J'ai soif, dit-il.
- Je n'y arrive pas.
- C'est normal. Mais j'ai toujours soif. Et ceux qui commencent à arriver dans le réfectoire aussi.
Je ne répondis pas, désemparée. Je ne pouvais pas aller plus vite et la tâche était trop dure.
- Je... Je ne vais pas y arriver.
Face à ma remarque, il rit. Il avait plus l'air de s'amuser de ma situation qu'autre chose.
- Je sais.
Je fronçai les sourcils. Je n'étais pas d'humeur à ce qu'on me cherche, surtout après cette nuit. Alors que j'allai lui répliquer une remarque cinglante, il s'avança dans la cuisine, s'approcha d'une porte qui était d'habitude fermé à clé et rentra à l'intérieur. Je n'étais jamais rentrée ici, même lors de ma punition quelques semaines plus tôt.
- Bon, tu attends quoi ? Prends le panier, tant que t'y es.
Je pris la poignée du panier et rassemblant mes forces, le porta de l'autre côté. J'entrepris de le poser sur le plan de travail de l'autre pièce et une fois cela fait, je soufflai bruyamment. Ce n'était pas léger !
À l'intérieur de la pièce, une cuisine, plus petite que l'autre, contenait de grandes friteuses, de grandes plaques électriques et des congélateurs. Sur le côté, quelques produits électroménagers étaient entreposés tel qu'un mixeur, une bouilloire et un appareil à gaufre. Mais caché derrière une cafetière, un presse agrume électrique apparut sous mes yeux.
Alors que je m'étais acharnée à essayer de presser ces oranges à la main, David avait attendu le dernier moment pour me montrer l'appareil qui m'aurait fait gagner beaucoup de temps et m'aurait permis d'économiser mes forces, surtout après ma nuit blanche. En colère, je ne dis pourtant rien. J'étais énervée qu'il ait attendu que je sois à bout pour me le montrer. J'imagine que c'était sa façon de me punir. Mais j'étais à la fois soulagée de ne plus avoir à continuer le travail à la main.
- Allez, au boulot !
David me jeta un dernier regard avant de sortir de la cuisine en claquant la porte.
« Il me traite comme une bonne ! »
Je fis taire mes pensées pour me concentrer sur les oranges que j'entreposais déjà sur le haut de la machine. J'appuyai sur le bouton ON et, attendant que le jus s'écoule, je m'assis le long d'un congélateur et tentai de rattraper les heures de sommeil perdues.
~~
Un claquement de doigt près de mes oreilles me réveilla en sursaut.
- Hein, quoi ?, dis-je endormie.
Mes amis me regardaient curieusement. D'autres, comme Tom et Bradley me regardaient amusés. Nous étions en train de prendre notre petit déjeuner et je m'étais endormie sans même m'en rendre compte, pour la deuxième fois en une heure.
- Il faut dormir la nuit, Clémence !, me dit Tom hilare.
Je me redressai, baillai à m'en décrocher la mâchoire et me frottai les yeux.
- Je n'ai pas réussi à dormir cette nuit.
- Oh c'est pour ça que tu as cette tête de...
- Tom !, s'exclama Coline.
- Rooh c'est bon, si on ne peut même plus rire !
Le regard de Tom voyageait malicieusement entre Coline et moi. Il finit par sortir d'une voix mielleuse :
- Ah et en fait, excellent ton jus, Clémence !
Sous le regard menaçant de Coline, Tom finit par se taire en tachant d'étouffer son rire. Je lui tirai la langue avant de mordre dans une madeleine.
- Alors, Clémence, avant que tu ne t'endormes de nouveau, sache qu'il y a une soirée qui se déroulera dans 3 jours.
« La dernière soirée de cet été... »
- Et puis, dans 5 jours, ça sera le dernier feu de camp..., murmura Sunshine, perdue dans ses pensées.
Cette dernière ne m'avait toujours pas jeté un regard. Je commençais à désespérer.
- En effet, renchérit Bradley. C'est la tradition.
- Ah bon ?, dis-je. Je ne suis pas au courant.
- Oh tu sais, la plupart des camps le font. Lors de la dernière soirée du camp, un feu est allumé et nous nous rassemblons autour afin de finir l'été en beauté. On se rappelle nos souvenirs au camp. On pleure, on rit. C'est l'occasion de se dire au revoir.
- Oh, je vois...
Suite à ça, tout le monde s'enferma dans ses pensées. La conversation avait donné un petit coup de blues à toute la tablée. Le truc, c'est qu'on n'avait pas envie de pleurer. Encore moins de rire.
On voulait seulement ne pas avoir à se dire au revoir.
On ne voulait pas que l'été finisse.
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Hey hey hey !
Voilà le chapitre !
Chapitre qui, s'il était en papier, j'aurai déchiré. Je ne le supporte pas. Je crois que c'est celui que j'aime le moins de tous.
*prend une voix fluette*
- Mais pourquoi tu l'as pas réécris ?
Parce que, je ne pouvais pas l'écrire autrement. Je l'ai déjà modifié deux fois. Je ne me voyais pas écrire autre chose... Je sais pas trop si ce que je dis est compréhensible... Désolée.
*soupir*
J'espère au moins qu'à vous, il vous aura plut.
N'oubliez pas que vous pouvez toujours voter pour moi dans "Story of 2016" ! Spammez ! Laissez un (voir des) commentaire(s) !
Je remercie déjà ceux qui l'ont déjà fait ! Vous êtes tops les gars !
Merci à ceux qui le feront, ça compte beaucoup pour moi !
Kiss kiss,
Ellie
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