34- Déclaration
PDV de Clémence
En sortant de la réunion, j'affichais une mine déconfite. Je n'avais pas besoin de me voir pour le savoir. Les yeux des autres qui me dévisageaient sans se cacher me suffisaient.
Je ne savais pas quoi faire. Attendre Connor pour nous expliquer ou partir ?
« Ce n'est peut-être plus le moment de fuir, Clémence. Il faut savoir faire face, surtout s'il nous manque le temps... »
Je soupirai. Je fis un signe de main à Sunshine pour lui indiquer de ne pas m'attendre. Elle hocha de la tête et s'éloigna sans se retourner. Je m'assis sur un rocher et, les coudes sur les genoux, guettai la sortie de Connor. Je savais qu'il ferait parti des derniers à sortir.
Je n'attendis pas longtemps avant de le voir sortir, téléphone à l'oreille, la mine préoccupée. Il me jeta un bref coup d'œil avant de s'éloigner à grands pas dans les pins, me laissant stupéfaite et vexée que je ne fasse pas partie de sa priorité.
« Suis-le... »
Discrètement, je le suivis entre les arbres épineux. Depuis le début du séjour, j'avais rarement vu Connor décrocher au téléphone. S'il l'avait fait, c'est que ça devait être important. Il préférait le laisser au fond de sa poche et de répondre à un ou deux textos si c'était nécessaire.
Faisant attention à où je mettais mes pieds, je le suivais, déterminée à avoir une conversation sérieuse avec lui.
Soudain, il s'arrêta. De dos, je ne pouvais pas déterminer l'expression de son visage. Je me cachai alors derrière un buisson et tendis l'oreille.
- Non... Écoute, c'est toi qui es fautive... Tu m'as trompé je te rappelle.
J'haussai un sourcil, soudain suspicieuse et prise d'un mauvais pressentiment.
- Alicia... C'est compliqué... Je ne sais pas... Laisse-moi réfléchir... Ok ? Allez, salut...
Il raccrocha et son regard se posa directement sur le mien, comme s'il avait été aimanté par une force quelconque. Nous semblions pétrifiés, ne sachant pas quoi dire, ni faire. La seule chose qui se répétait en boucle dans ma tête et qui m'empêchait de réfléchir correctement était : Alicia, Alicia, Alicia.
Je pensais l'avoir oubliée mais un seul mot avait réussit à la faire ressurgir du plus profond de ma mémoire.
Alicia, l'ex petite-copine de Connor.
Je fermai les yeux tandis que Connor continuait d'hésiter sur la meilleure chose à faire : me prendre dans ses bras ou m'ignorer. Il opta finalement pour la troisième solution, la plus lâche : l'accusation.
- Alors, comme ça, tu m'épies maintenant !, déclara-t-il en colère.
J'étais abasourdie. Il n'en fallait pas plus pour m'énerver à mon tour.
- C'est à croire que j'ai bien fait ! J'espère que tu as bien fait passer mes salutations à Alicia !
S'il pensait que je n'avais pas entendu sa conversation, il avait maintenant la confirmation du contraire. Il s'approcha les poings fermés et la mâchoire contractée.
- Clémence, ne joue pas à ça avec moi !
- Mais à quoi veux-tu que je joue ? Je t'attendais à la sortie de la réunion pour qu'on parle sérieusement toi et moi, pour qu'on puisse s'expliquer sur le malentendu de ce matin mais tu as préféré choisir ton téléphone et déguerpir dans la forêt parce que ton ex t'appelait !
- Et alors ?
- Pardon ?, m'étouffais-je.
- Et alors ?, répéta-t-il plus fort. J'ai le droit, non ?
Sa remarque me vexa et il s'en aperçut rapidement. Il préféra remuer le couteau dans la plaie plutôt que de s'excuser.
- Toi, par contre, tu n'avais pas le droit de me suivre et d'écouter ma conversation.
Je ris jaune.
- Surtout si tu parlais avec ton ex. Excuse-moi d'avoir voulu t'attendre, d'avoir voulu m'expliquer avec toi ! Mais de toute manière, depuis ce matin, tu n'en as plus rien à foutre de rien !
Ma dernière phrase l'étonna assez pour que je continue dans ma lancée.
- C'est fou... Moi, je n'ai pas le droit de te faire une petite réflexion sur Alicia et si par erreur, je parle de la nuit que j'ai passé dans le cabanon de Tom, là, j'ai le droit à du grand Connor !
- Je t'interdis..., dit-il menaçant.
- Mais tu veux m'interdire quoi, putain ?
- De dire ça et de dire que je n'ai plus rien à foutre de rien.
- Ose me contredire ! Ose ! Ose me dire que ce matin, la nouvelle des "9 jours" t'a ébranlée ! Ose me dire que ça te fait quelque chose qu'on se quitte dans moins d'une semaine ! Ose me dire que tu ne vas pas te remettre avec cette Alicia dès la minute où je serais partie dans la voiture de mes parents ! Ose !
Je n'étais plus calme, je criai maintenant. Et les larmes se faisaient dorénavant abondantes sur mon visage, sans que je puisse les retenir. C'était des larmes de rages qui semblaient me brûler à travers leurs sillons humides. Lui, ne disait rien, totalement dépassé par la situation. Si elle pouvait, sa mâchoire se décrocherait. Il ne s'attendait pas à ça et avait tout le mal du monde à reprendre contenance.
- Connor, ne m'en veux pas d'avoir écouté ta conversation. Ne m'en veux pas de quoi que ce soit. Si tu savais ! En réalité, j'ai juste peur. J'angoisse à la vue de ses fameux 9 jours. Nous deviendrions quoi ? Nous... Il y a-t-il seulement déjà eut un "nous" ? Je ne sais même plus si ça a été un jour important à tes yeux, notre relation.
Comme si mes forces m'avaient quittées, comme si ma colère n'en pouvait plus de propager son flux destructeur, comme si mon cœur fatigué me demandait de rendre les armes, je tombai à genoux, désarmée, nue de tous sentiments face à son visage décomposé. Il s'approcha de moi à grandes enjambées tout en ouvrant ses grands bras pour que je m'y blottisse mais je le repoussai d'un geste.
- Je pense qu'au fond, de nous deux, c'est moi qui tenais le plus à ce "nous" que toi. Si ça se trouve, tu n'y as jamais guère fait attention. Une relation de plus parmi tant d'autres... Un je t'aime par-ci par-là pour alimenter cette flamme fictive qui brûlait toujours un peu plus haut sans que je me rende compte qu'en réalité, elle ne faisait que me consumer toute entière.
Connor me regardait, les bras ballants, les yeux écarquillés, ne sachant pas quoi faire. Je devais passer pour une folle avec ce mascara qui dégoulinait le long de mes joues et mes pleurs qui rougissaient mes yeux.
- Mais vois-tu, je sais ce que tu dois penser du haut de tes 19 ans. Tu dois te dire que je dramatise. Qu'à 16 ans, aimer ne veut rien dire. A cette âge-là, ce ne sont que des amourettes passagères, que des passions éphémères, que des petits coups de cœurs qui finiront par vous laisser un goût amer dans la bouche, avant de s'en remettre le lendemain... On dit « je t'aime » sans savoir la force et l'intensité de ces deux mots, on murmure des « toujours » alors que dans 2 semaines, ça sera finit, on dit « oui »... Trop vite. Mais moi, vois-tu, j'ai peut-être bien 16 ans mais à la différence de ces autres filles qui se disent être amoureuses, moi, je le sais. Je l'ai su au moment où je t'ai vu dans la forêt jouer de la guitare, je l'ai su quand j'ai vu ton visage trempé après que je me sois noyée, je l'ai su quand tu m'as embrassé pour la première fois derrière le bureau d'Aléa. J'ai su que je t'aimais et aujourd'hui, je t'aime encore. Peu importe ce que tu en penses, je sais ce que mes sentiments valent.
Quelques secondes passèrent. Un silence presque total avait pris place, seulement ponctué de mes reniflements pathétiques. Je n'osais pas relever la tête pour affronter son regard. J'entendis seulement le bruit de ses pas s'éloigner.
PDV de Sunshine
Après avoir laissé Clémence au réfectoire, je me dirigeai vers mon cabanon. Alors que j'allais pousser la porte battante, une main attrapa mon poignet. Je me retournai et croisai les yeux bleus de celui que je m'efforçais d'éviter.
- Ah... Heu... Salut, Bradley.
- Salut, Sunshine.
Je déglutis difficilement, me revoyant de nouveau nu, la serviette à mes pieds, devant lui. Habillée seulement d'un débardeur et d'un short, j'avais l'impression de sentir son regard voir à travers mes vêtements. Le rouge tinta mes joues tandis que je cherchais quelque chose à dire.
- Ça... Ça te dit de venir te balader avec moi avant le déjeuner ? Sur la plage ?, dit-il presque hésitant.
- Heu... Ouais. Attends deux secondes, j'arrive.
Je me précipitai à l'intérieur du cabanon, avec peut-être trop de hâte, et me jetai sur mon pull blanc pour recouvrir mes bras découverts. Le sentiment de me sentir toujours aussi dénudée ne me quitta pas pour autant et je ressentis le besoin pressent d'enfiler un pantalon. Lorsque je sortis du cabanon, je compris que j'en avais fait un peu trop quand je vis Bradley me regarder de la tête au pied, incrédule. Il fronça légèrement des sourcils et croisa les bras contre son torse.
- Met une combinaison de ski tant que tu y es ! Je ne verrai pas la différence !
Je me jetai un coup d'œil rapide. Peut-être que l'écharpe et les gants avaient été de trop... À moins que ce ne soit le bonnet... Bradley s'approcha lentement de moi, de peur peut-être que je prenne peur. Doucement, il m'enleva mes accessoires hivernaux que j'avais réussi à trouver dans les valises de mes trois amies. Cette fois-ci, malgré la disparition de quelques habits, je me sentis confiante. Je parvins même à lui sourire.
- Tu devais crever de chaud là-dessous !
- Je te le fais pas dire !
Il posa les vêtements sur le banc du porche et me tendit la main.
- Tu viens ?
Je souris et lui saisit la main. Deux secondes plus tard, nos lèvres étaient scellées l'une à l'autre.
~~
Après le déjeuner...
PDV de Côme
J'ouvris le placard et empoignai mon tee-shirt favori avant de l'enfiler. Je troquai ensuite mon pantalon pour un short de sport. Je jetai un rapide coup d'œil dans le miroir de la salle de bain et passa ma main dans mes cheveux. Je fis un clin d'œil à mon reflet, satisfait, puis sortis du cabanon.
Aujourd'hui est organisé un tournoi de volley. Et comme chaque année, j'étais bien décidé à y participer et de le remporter une nouvelle fois.
En arrivant sur la plage, il y avait beaucoup de monde. On croirait presque que tout le camp s'est regroupé ici pour pouvoir assister au tournoi. Les spectateurs étaient regroupés autour du terrain, là où le filet me narguait déjà. Un sourire en coin apparut sur mes lèvres et je m'avançai pour rejoindre le moniteur de l'activité, saluant quelques filles sur mon passage d'un clin d'œil. Sur le terrain, je fus surpris de voir Clémence ainsi que toute la bande presque au complet. Il manquait juste Coline et Tom qui devait sûrement être parmi les spectateurs. Je les rejoins et les salua. Lorsque je me penchai vers Clémence, je la vis, le regard dans la vague. Je posai ma main sur son épaule tout en me protégeant au cas où elle aurait décidé de faire passer toute sa colère ou sa tristesse sur moi (expérience vécue).
- Hey... Ça va ?
Elle ne me répondit pas tout de suite, ne faisant que de fixer ses pieds enfoncés dans le sable blanc. Lorsqu'elle releva les yeux vers moi, je pus les voir légèrement rougis.
- Oui. Ça va... et toi ?
Oh mon dieu, elle ne m'a pas insulté, ni frappé !
« Pour le moment... »
Je lui souris d'un air se voulant réconfortant.
- Et bien écoute, je suis au meilleur de ma forme. Tu vois ce tournoi ? C'est un de mes moments préférés au camp car chaque année, avec mon équipe, je le remporte. Donc, tu t'imagines bien que cette année, je suis de nouveau déterminé à gagner !
Lorsque je finis ma phrase, nos regards se rencontrèrent et ce que je pus lire dans le sien me renfrogna légèrement. Ce regard, je ne l'aimais pas car c'est avec ce genre de regard que la coupe ne me revenait pas : un regard de défi et de détermination.
Elle voulait gagner.
- Bonne chance, Brands. Mais ne soit pas trop confiant pour ta coupe cette année.
- Merci, Campbell, mais à ta place, je ferai attention.
Je me détournai de son regard qui me mettait mal à l'aise et qui, je l'avoue, mettait ma confiance à rude épreuve. Une monitrice se leva et demanda le silence.
- Bonjour à tous ! Bienvenu au traditionnel tournoi de volley-ball !
Des applaudissements se firent entendre.
- Pour les équipes, veuillez faire des groupes de 6. Pas un de plus, pas un de moins !
PDV de Clémence
Je comptais silencieusement. Avec Bradley, Sunshine, Rose, Will et moi, nous n'étions que cinq.
- Il nous manque quelqu'un, déclarais-je.
- Et si on demandait à Côme ?
- Même pas en rêve ! C'est mon rivale du jour !
- Ah...
Je cherchais du regard mes deux autres amies pour leur demander de se joindre à nous mais avant que je ne les repère, mes yeux se posèrent sur le coéquipier parfait.
- Alex !
Ce-dernier se retourna. L'ayant rencontré dans le cabanon de Tom et le sachant très ami avec Coline, je l'appréciais particulièrement.
- Hey ! Ça va ?, me demanda-t-il d'un air joyeux.
- Oui, ça va ! J'aimerai savoir : est-ce que tu as une équipe ?
- Non, mais...
- Ça tombe bien, il nous reste une place exprès pour toi !
- Si tu me prends par les sentiments, Clémence..., me dit-il dans un clin d'œil. J'accepte.
- Yes !
Je lui tapai dans les mains tandis que je courus annoncer la nouvelle au restant de l'équipe. Nous étions enfin six.
- On va le gagner, ce tournoi ! Je vous le promets ! Et Côme n'a qu'à bien se tenir !
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Hey !
Alors oui, j'ai un jour de retard... Mais ce chapitre est plus long que les autres : 2420 mots, il me semble. Et je vous avoue que j'ai eu un peu de mal à l'écrire... Petite panne d'inspiration. ^^
J'espère au moins qu'il vous aura plut et si c'est le cas, laissez un commentaire pour me donner votre avis !
Kiss kiss,
Ellie
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