25- Incertitude



PDV Clémence

Après nous avoir ordonné de l'attendre dans son bureau d'un air glacial, Aléa a chaleureusement remerciée l'homme qui nous avait ramené. C'est fou comme elle arrivait à changer d'expression en quelques secondes ; de passer à une froideur extrême à une chaleur bienveillante. D'après les quelque bribes de paroles que j'entendais, ils avaient l'air de se connaître. Mais je n'eus pas le temps de me poser plus de questions que déjà elle se dirigeait vers le bureau, prenant cette fois-ci une expression démunie de tous sentiments tandis que l'homme rentrait dans sa voiture en faisant claquer la portière de son vieux pick-up. Aléa ouvrit d'un geste calculé la porte de son bureau dans lequel nous étions, Tom et moi, sagement assis. Elle s'installa derrière son bureau, dans son fauteuil, en face de nous. Je déglutis difficilement, sentant une boule se former dans mon ventre. Le silence pesant qui régnait dans la pièce avait le don de me stresser plus que je ne l'étais déjà. Dieu merci, Aléa eut l'idée de l'interrompre.

- Alors comme ça, vous vous êtes perdus ?

Comme d'habitude, se fut Tom qui prit les devants, mais c'était mieux ainsi. Il avait un certain don de persuasion envers les gens et il avait une facilité à dialoguer assez déconcertante.

- Oui.

- « Oui » ? C'est tout ce que vous avez à me dire tous les deux ? Je vous préviens que le camp entier s'est fait un sang d'encre ! Nous avons presque dû séquestrer vos amis pour éviter qu'ils viennent vous chercher en pleine nuit et qu'ils ne se perdent à leur tour ! Tous les monos ainsi que moi-même vous avons cherchés ! Comment avez-vous fait pour vous perdre ?! Tout était balisé ! Vous aviez même une boussole !

- Tom et moi avons un très mauvais sens de l'orientation, dis-je. La boussole, nous l'avons cassé suite à une chute. Il ne nous en fallait pas plus pour réussir à nous enfoncer dans les bois et perdre notre chemin.

- Comment avez-vous passé la nuit ?

- Tom a réussi à allumer un feu et nous avons dormi à la belle étoile.

Aléa laissa échapper un léger rire et nous regarda de haut en bas.

- Vous avez passé la nuit dehors, alors qu'il a plu, habillé en short et tee-shirt, avec les moustiques ? Vous êtes courageux dit donc ! Rien qu'à voir vos têtes, ça se voit que vous avez passé une très bonne nuit !

Elle finit sa phrase sur un ton des plus ironiques mais cela ne me fit pas rire. Je me mis même à rougir de honte. Nos apparences devaient être vraiment épouvantables pour qu'Aléa en rie ainsi.

- Eh bien, écoutez, ce qui compte, c'est que vous soyez rentrés à temps ! Une heure de plus et j'appelais la police !

Soudain, je me mis à bégayer des choses incompréhensibles. Mes parents. Étaient-ils au courant ? La dernière fois que je les avais vus c'était lors de mon réveil après ma noyade. Ils m'avaient clairement stipulé que si Aléa venait à les appeler encore une fois pour un problème, j'allais rentrer à la maison sans aucune négociation possible. Pour avoir vécu avec mes parents depuis maintenant 16 ans, je savais qu'ils respectaient leurs promesses. Je me tournai vers Aléa, ma température corporelle ayant soudainement augmenté d'un cran.

- Avez-vous appelé mes parents ?, dis-je d'une voix trop tremblante à mon goût.

Ces quelques secondes de silence me semblèrent durer une éternité. En réalité, j'espérais qu'il n'en était rien. Il me restait moins de 3 semaines au camp avant la fin, je ne voulais pas partir plus tôt.

-Non, dit Aléa en se redressant dans son siège.

Mon corps se détendit immédiatement.

-Pas les tiens, Clémence. J'ai seulement eu le temps d'appeler ceux de Tom. J'ai raccroché au moment où vous êtes arrivés au camp. J'allai appeler les tiens juste après.

Tom et moi nous redressâmes rapidement.

- Non ! Attendez ! Il faut les rappeler immédiatement ! Leur dire que je suis revenu, sain et sauf ! Ou laissez-moi les appelez moi-même !, dit Tom en se levant brusquement.

- Clémence, sors de la pièce s'il-te-plaît, articula calmement Aléa.

- Mais !...

- Clémence ! Ne me fais pas répéter deux fois !

Je jetai un dernier regard à Tom qui n'avait pas quitté des yeux Aléa avant de sortir en serrant les poings. J'ouvris la porte en bois et la refermai doucement derrière moi. Je m'assis sur les marches du porche et attendis, les coudes sur les genoux, la tête entre les mains. Des bruits de pas me firent relever la tête et je scrutai le visage du nouveau venu. Connor se tenait devant moi, me surplombant de toute sa hauteur.

- Jolie coupe de cheveux, me dit-il d'un sourire.

- Bonjour à toi aussi, idiot.

Il s'assit près de moi en fixant un point devant lui.

- Si nous n'étions pas devant le bureau d'Aléa, je te jure que je t'aurais pris dans mes bras. Je suis tellement content qu'il ne t'ai rien arrivé de grave.

Je pouvais lire à travers sa voix le soulagement qu'il ressentait de me voir saine et sauve à ses côtés. Il tourna son visage vers moi et je scrutai ses yeux bleus. Je lui souris doucement et il fit de même.

- Tu attends Tom ?

- Oui...

Il hocha de la tête et ne rajouta rien.

- Je ne fais pas trop peur à voir ?

- Si on fait abstraction de la terre sur tes joues, de ton corps couvert de rougeurs, de tes cheveux en pétards et de tes vêtements sales, tu es toujours aussi jolie.

Je lui donnai un coup de poing dans l'épaule tandis que mes joues rougissaient, ce qui le fit rire.

- Merci pour ta "caresse", me dit-il pince-sans-rire.

- Ne sous-estime pas ma force, Hills.

- C'est nouveau que tu m'appelles par mon nom de famille ?

- Je fais ce que je veux !

- Ah oui ?, me dit-il en chuchotant d'une voix langoureuse.

Oh mon dieu.

La seule chose dont j'avais envie à ce moment précis était de l'embrasser à n'en plus respirer.

Mon cœur battait à une vitesse fulgurante et ses yeux bleus ainsi que son sourire craquant n'arrangeaient rien.

Avant que je ne finisse par faire une bêtise, il se leva. 

- Il va bientôt être midi. Tu viens avec moi au réfectoire ?

- Oh... Non, désolée. Je dois attendre Tom.

- Si tu veux. On se voit ce soir ?

Pour toute réponse, je hochai de la tête, les joues rougissantes. Il se retourna en riant doucement puis parti en direction du réfectoire. Au même moment, une porte s'ouvrit derrière moi laissant apparaître un Tom décontenancé. Immédiatement, je sortis de mon esprit l'image des lèvres de Connor et me concentrai sur ce qu'allait me dire Tom.

- Alors ?, dis-je en murmurant.

- Ils arrivent.

~~

PDV de Rose

Assis à la table du réfectoire, je piochai mollement dans mon assiette les quelques têtes de brocolis qu'ils restaient. Je n'avais pas envie de manger, pas tant que mes amis ne seraient pas de retour. Notre tablée était silencieuse. Il n'y avait que Will et Bradley qui chuchotaient entre eux en jetant des regards vers la porte. Peut-être espéraient-ils voir arriver Clémence et Tom comme par magie, sortant de nulle part ! Je continuai de fixer mon assiette sans grande conviction lorsque je vis du coin de l'œil mes amis se redresser soudainement. Je levai les yeux et rencontrai ceux de Connor.

- Ils sont là, nous annonça-t-il simplement dans un léger sourire. 

Cette phrase déclencha une véritable bombe sur notre table. Ni une ni deux, Sunshine, Coline, Bradley, Will et moi nous levâmes et nous élançâmes sans grande discrétion vers le bureau d'Aléa, sous les regards éberlués de tous les adolescents et monos présents dans le réfectoire. Nous savions instinctivement qu'ils seraient là-bas. Très vite, nos pas laissèrent place à de grandes foulées, dû à l'impatience de les revoir.

~~

PDV de Tom               

Mes parents habitaient à moins de trois quart d'heure du camp. Lorsque je les avais eus au téléphone, ils étaient déjà sur la route. Je ne savais pas ce qui m'attendait, si je devais faire mes valises tout de suite ou s'ils allaient me laisser finir mon été au camp. Ils ne m'avaient pas trop donné d'indications, ce qui me laissait énormément appréhender la suite.

Clémence et moi étions assis sur les marches du porche, sans qu'aucun de nous deux ne disent quelque chose. Très vite, des bruits de cavalcades me vinrent à l'oreille. Au détour d'un tournant, nous pûmes enfin identifier qui étaient les auteurs de ce boucan. Nos amis étaient en train de foncer sur nous, en poussant des cris à tout va, leurs visages transpirant le bonheur de nous retrouver. Ils se jetèrent sur nous et nous tombâmes tous à la renverse, sous les multiples éclats de rires qui explosèrent telle une délivrance trop longtemps contenue. Leur joie fut vite rejoint par la mienne et je me mis même à rire, oubliant quelques secondes la venue de mes parents. Mais ce temps de retrouvaille fut trop court à mon goût.

D'autres bruits de pas s'approchèrent et deux silhouettes s'arrêtèrent au-dessus de moi. Je relevai les yeux et tombai face à face avec mon père et ma mère.

~~

Les minutes s'écoulaient tandis que mes parents déblatéraient leur discours qu'ils avaient déjà dû préparer dans la voiture lorsqu'ils étaient sur la route. Mais je ne les écoutais pas. Leurs paroles n'arrivaient pas jusqu'à mes oreilles, j'étais dans un autre monde. Assis sur la même chaise que trente minutes plus tôt, Aléa en face de moi semblait un peu désorientée. Et il y avait de quoi ; elle n'avait pas pu placé un mot depuis le début de l'entretien.

Pas de bonjour ni de « comment ça va, fiston ? ». Et pourtant, ce n'est pas comme si je venais de passer 24 heures perdu dans une forêt ! Ils ne m'avaient en réalité rien dit, me détaillant sous tous les angles pour regarder mon apparence qui ne devait pas être des plus belles à voir. Mais ils n'avaient pas fait de commentaire. Pourquoi être venus si ce n'est pas pour s'assurer que son fils va bien ?

Je ne pensais pas revoir mes parents avant la fin du camp. Mon visage fermé leur faisait clairement comprendre. Mes parents, eux, en un mois et demi n'avait pas changé. Ils étaient toujours aussi tirés à quatre épingles, arborant le même sourire faux, les vêtements stricts et sobres, et leur air supérieur qui ne les quittait jamais. Il fallait que je la joue fine sinon, au moindre faux pas, je saurai déjà que j'aurai tout perdu. Je n'avais pas envie de partir maintenant. Je ne voulais pas rentrer chez moi à passer mes journées allongé sur mon lit à scruter le plafond ou à lire des histoires que j'avais déjà lu une cinquantaine de fois.

Pas de frère, pas de sœur avec lesquels m'amuser.

Des parents trop occupés à travailler plutôt que de s'occuper de leur seul enfant.

Aujourd'hui, j'avais des personnes à mes côtés qui faisaient attention à moi, avec qui rire et m'amuser, avec qui penser à autre chose qu'à mon quotidien. Même s'il ne me restait qu'un peu plus de deux semaines au camp, je voulais en profiter au maximum. Une chose était sûre, mes parents n'allaient pas me ramener sans que je ne me sois battu pour rester.

PDV de Clémence

Une serviette autour du corps, je sortis de la salle de bain accompagnée d'une épaisse buée. Mes amies étaient assises sur les lits du cabanon, me regardant d'un air mi-inquiet mi-compatissant. Elles savaient que j'étais en stress total pour Tom.

Je pris des affaires avec moi et retournai dans la salle de bain. J'enfilai rapidement mes vêtements et sortis de nouveau de la pièce. J'avais choisi un jean, un débardeur et un sweat afin de cacher au maximum mes piqures qui me démangeaient.

Coline s'approcha de moi et sortit de sa poche un mouchoir dans lequel elle avait caché un bout de brownie. Sans attendre, je sautai dessus et le dévorais sans faire attention aux regards amusés de mes amies. Je poussai un gémissement de bonheur. Je n'avais besoin que de cela.

Ce fut ensuite au tour de Rose de s'approcher et de me donner une bouteille d'eau qu'elle avait dû emprunter, pour ne pas dire voler, dans les cuisines. Je bus le tout d'une seule traite.

Lorsque j'eus tout finit, l'estomac rassasié et ma soif apaisée, les filles vinrent se réfugier dans mes bras pour faire un calin groupé. Il n'y eut même pas de commentaire déplacé entre Sun' et Rose. La hache de guerre a dû être enterrée pour quelques secondes.

Sunshine relâcha son étreinte et me sourit.

-Allez viens, on va à l'infirmerie maintenant.

Sans aucune résistance, je me laissai prendre par le bras et me laisser docilement emmener.

~~


- Tiens, prends ça.

L'infirmière me tendit deux sucres que je m'empressai de manger. Gourmande comme je suis, je ne pouvais pas résister à me jeter sur la nourriture, surtout après 24 heures sans manger.

- Merci, dis-je reconnaissante.

Elle me répondit par un sourire qui s'effaça quelques secondes plus tard lorsqu'elle se retourna pour fouiller dans quelques bocaux. J'inspectais la pièce, mon regard s'attardant sur une affiche sur le don du sang. Je fus sortie de mes pensées par l'infirmière qui avait dû trouver ce qu'elle cherchait, elle se tourna vers moi avec un récipient entre les mains.

- Enlève ton jean et ton sweat.

Je m'exécutai et enlevai soigneusement mes habits.

- Allonge-toi là-bas, je vais t'appliquer une lotion qui va très vite te soulager.

Je m'assis sur la table d'osculation puis m'allongeai tandis qu'avec un coton imbibé, elle me frottait vigoureusement les jambes. Au bout de quelques secondes, toute envie de me gratter et toute douleur disparue.

- Comment avez-vous fait ça ?

- C'est une recette que m'a apprise ma mère, me dit-elle malicieusement.

Je ne rajoutai rien tandis qu'elle continuait de passer son coton sur mon corps meurtri. Un sentiment d'aise prit peu à peu place en moi et silencieusement, sans m'y attendre, je m'endormis.

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Heyyyyyy !!

Bon, ce chapitre, je vous l'avoue, je le trouve pas tip-top. J'avais beau le relire, corriger des phrases, la concentration n'était pas vraiment la. Mais bon ! Pour nous consoler, il est presque doublement plus grand que les précédents ! Wééé !!

Vous pensez que Tom va rester ? Qu'il va réussir à faire entendre sa cause ?
Moi, je sais pas encore ce que je vais décider... Je penche entre mon côté sadique et mon côté sympa ^^

Autre chose, je pense que je vais bientôt changer la couverture ; c'est la photo en média. Dites moi si vous préférez l'ancienne ou la nouvelle en commentaire ! ;)

Et dernière chose, n'oubliez pas que vous pouvez votez pour moi au concours WCF 2016 sur le compte de WattyContestFR . Pour plus d'info, allez voir le chapitre précédent. Merci à ceux qui l'ont déjà fait ! Vous êtes les meilleurs !

Je vous aime foooort !

Ellie

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