24- Retour


PDV de Coline

- Ça fait une heure qu'ils auraient dû arriver, dit Rose avec une inquiétude évidente dans la voix.

- Ils vont arriver, ne t'inquiètes pas, lui dis-je en posant une main sur son épaule.

- On devrait aller les chercher.

- Non.

- Et pourquoi ?

- Parce que notre rôle s'est arrêté au moment où nous avons prévenu une monitrice qu'ils n'étaient pas revenus. Ce n'est pas à nous d'aller les chercher, nous on a rempli notre mission.

Rose s'écarta brusquement de moi en enlevant dans la foulée ma main de son épaule. Elle croisa les bras en me défiant du regard.

- Et tu veux attendre ainsi, les bras croisés, à fixer la forêt dans l'attente de les voir revenir ?! Et s'ils ne revenaient pas, hein ?

- Ils reviendront, dit Sun'.

- Et comment peux-tu en être aussi sûre ?, la fusilla du regard Rose.

Elle n'avait pas l'air d'avoir digéré leur dispute lors de la soirée... Quant à Sun, elle avait les poings fermés, le visage concentré sur un point en face d'elle. Elle devait sûrement se faire violence pour ne pas répondre aux provocations de Rose. Mais malgré cela, un silence lourd de menaces flottait dans l'air et je sentis que je devais dire quelque chose avant que l'orage n'éclate.

- Ils reviendront parce que c'est comme ça. Nous le savons. Nous les connaissons. Ils vont les retrouver.


~~


PDV de Clémence


Le soleil se levait lentement et les premiers rayons du soleil jouaient entre les feuilles touffues des arbres.

Je baillai et m'étirai lentement. Je passai ma main le long de mes jambes. Les boutons que je sentais étaient le résultat d'une guerre acharnée contre les moustiques. Quelle nuit !

Je me levai et époussetai mon débardeur ainsi que mon short encore humides. Je devais avoir une tête de folle à lier ou de zombie, au choix ; les cheveux sûrement décoiffés et mouillés, des cernes immenses sous les yeux, de la terre et des boutons plein le corps... Ce n'était pas mes minces vêtements qui m'avaient protégé des insectes cette nuit. J'étais extenuée, il n'y avait pas d'autres mots pour me qualifier.

Je me tournais vers Tom qui m'observait les yeux à demi-clos. Il avait les cheveux en bataille, de la terre sur la joue, une griffure le long du cou et autant de boutons que moi. Quelles proies faciles avons-nous été pour ces moustiques assoiffés de sang frais ! Oh combien j'ai regretté les moustiquaires de mon cabanon !

Si je devais raconter en détail notre nuit, ça donnerait quelque chose comme :

20h

-Tom, j'en peux déjà plus.

- De quoi ?

- Des moustiques.

- Ah... Nous sommes deux alors...

21h

-Tu dors ?

- Non.

- Ah.

22h

- Putain de moustiques !

- Tom, tais-toi.

Minuit

-Il faut qu'on trouve une solution.

- Pour ?

- Les moustiques.

- Tu m'as prise pour dame nature ou quoi ?

2h

-Je rêve où une goutte d'eau a atterrie sur mon front ?

- Toi aussi ?! Je croyais que tu ne sentirais rien !

- Tom, je te jure que s'il pleut, tu peux faire tes prières.

2h 15

- Fais chier ! Il pleut ! Tom ! T'es où ? Ne pars pas te cacher, ça ne te servira à rien ! J'arrive !

3h

- Tiens ! Il s'est arrêté de pleuvoir.

- Il était temps.

5 minutes plus tard...

- Putain ! Qu'est-ce qu'il fait froid ! Je suis trempée ! Et le feu s'est éteint !

- Il faut qu'on trouve une solution...

- Bah fais vite ! Je crois que je vais perdre mes doigts...

- Pff t'es bête parfois... En y réfléchissant, lors de mes sorties en pleine nature avec les scouts, un ami à moi m'a dit que pour avoir plus chaud, il fallait se recouvrir de terre et de feuille, pour que la chaleur reste un peu plus longtemps... Tu vois ?

- Ouais ! Viens ! On essaie !

10 minutes plus tard...

-Putain ! Putain ! Putain !!!!

(L'écrivain a décidé de vous faire sauter quelques dialogues car les grossièretés étaient devenues trop présentes et cela serait fort impolie pour les lecteurs que je les retranscrive. Merci de votre compréhension !)

-Je vais tuer ton ami scout !!!! BORDEL !!

(Puisqu'il fait noir et que ce moment part en freestyle dans la forêt, l'écrivain, donc moi-même, va vous décrire le problème. Après s'être recouvert de terre et de feuilles, nos deux jeunes amies se sont rendues rapidement compte que la terre et les feuilles étaient habitées par des insectes en tout genre... Je vous laisse deviner la suite.)

4h

- J'ai envie d'aller faire pipi.

- Clémence ! Tu ne peux pas te retenir ?

- Bah non !

- Ah oui, c'est vrai, j'ai oublié que tu étais une fille.

- Tais-toi et file-moi ton portable. J'ai besoin de lumière.

- Que la lumière soit ! Et la lumière fut...

- Pff, t'es aussi bête que moi, je te rassure.

5h

- Je crois que... je ne vais pas survivre à cette nuit.

- ...

- Tom ?

- ...

- T'es mort ?

- Pff ! Mais t'es vraiment bête en fait !

6h30

- Hé ! Je crois que le jour commence à se lever !

- ...Zzzzzrrrr

- Clémence ?

- Rrrr...

- Et elle se met à ronfler maintenant... Pff...


7h

-Clémence, réveil-toi.

- ...

- Clémence !

- Quoiiii ?!

- Bonjour à toi aussi ! Allez viens ! On doit reprendre notre marche !

Trouver une route était maintenant notre seul préoccupation. Nous marchions, encore et encore, continuant de mettre un pied l'un devant l'autre malgré les courbatures de la journée précédente. Retrouver le camp devenait notre obsession.

Aux alentours de 9h00, une route se dessina au loin, cachée derrière des arbres.

-Clémence ! Tu vois la même chose que moi ?

- Oh que oui ! Viens !

C'est presque en courant que nous nous pressâmes de rejoindre la route. Une fois arrivés, pas de voiture à l'horizon, pas de gémissement lointain d'un moteur.

- On va devoir faire du stop.

- Tu en as déjà fait ?

- Non.

- Moi non plus...

En trouvant une route, nous ne nous imaginions pas rester au bord, assis dans l'herbe, à patienter dans ce silence étouffant.

-J'ai faim. À cette heure-là, tout le monde est au réfectoire en train de déjeuner...

- Je les imagine en train de dévorer des assiettes de frites...

- Et de goûter aux crumbles aux abricots fraichement cuisiné par cette vieille bique de cuisinière que je déteste tant !...

Nos soupirs succédèrent aux protestations de nos ventres. Nous commencions à avoir faim, et pas qu'un peu.

-Oh et qu'est-ce que j'ai soif ! Et cette chaleur n'arrange rien...

Nous soupirâmes de nouveau. Quelques secondes passèrent lorsque soudain Tom releva la tête, l'œil brillant.

- Écoute !

- Quoi ?

- N'entends-tu pas ?

Je me tus et écoutai attentivement. Au loin, un bruit de moteur se faisait entendre.

-Une voiture ! Une voiture arrive !

- Vite, lève-toi et faisons lui des signes !

Un vieux pick-up rouillé apparut au tournant du chemin. Tom et moi nous mîmes alors à faire de grands signes tout en criant des paroles incompréhensibles. Le conducteur nous jeta un rapide coup d'oeil avant de continuer sa route en nous ignorant superbement. Mais au moment où Tom et moi pensions qu'il nous avait laissé en plan, le conducteur sembla avoir changé d'avis car il fit marche arrière pour s'arrêter juste à côté de nous. Il baissa sa vitre côté passager. L'homme avait d'épais sourcils bruns, des cheveux mal coiffés de la même couleur ainsi qu'une épaisse barbe qui couvrait une grande partie de son visage. Il nous toisait d'un regard méfiant.

- Vous voulez quoi ?, dit-il sèchement.

Tom prit immédiatement la parole, ayant sûrement peur que je ne dise quelque chose qui le ferait fuir.

- Bonjour monsieur. Nous venons du Summer Camp et nous nous sommes égarés lors d'une course d'orientation. Pourriez-vous nous ramener là-bas ?

- Ça fait combien de temps que vous êtes perdus ?

- 2 jours.

Le conducteur semblait réfléchir. Il prit un paquet de cigarettes posé au-dessus de sa radio, alluma une clope et cracha sa fumée.

-Allez, montez. J'espère que l'odeur de la cigarette ne vous dérange pas.

Tom fronça les sourcils.

- En réalité, si mais...

Le conducteur l'interrompit brutalement.

-Ce n'était pas vraiment une question.

- Ah...heu... d'accord, bredouilla Tom mal à l'aise.

J'ouvris la portière arrière tandis que Tom s'asseyait à l'avant. L'intérieur de la voiture était tout aussi usé que l'extérieur. Les banquettes qui étaient autrefois oranges étaient devenues beiges, des toiles d'araignées occupaient les angles du véhicule, la poussière sur les vitres empêchait de voir clairement à l'extérieur et l'odeur n'était pas des plus exquise. Ça sentait le chien malade...

Le conducteur, habillé d'un simple tee-shirt et d'un jean me faisait penser aux gangsters que l'on voyait dans les films. À cette pensée, je pris peur. Dans quoi nous sommes nous embarqués avec Tom ? Et si cette personne avait de mauvaises intentions ? Et si en réalité, il nous kidnappait ? Nous n'aurions pas dû monter dans la voiture d'un inconnu !

- Et... vous faites quoi dans la vie ?, se risqua Tom pour tenter d'engager la conversation.

- Des trucs pas pour les gamins.

C'est ici que ma peur prit définitivement son apogée. Au moment où je me demandais si je ne devais pas ouvrir la portière pour sauter, la pancarte en bois clair du camp indiquant l'entrée dans quelques kilomètres apparut. Une bouffée de soulagement m'envahit. Nous étions sur le bon chemin, il ne nous kidnappait pas, il nous ramenait juste chez nous.

PDV de Tom

Assis à l'avant de la voiture, je faisais mon possible pour respirer le moins possible la fumée de la cigarette du gars à côté de moi. Heureusement qu'il roulait fenêtre ouverte sinon je n'aurais pas supporté. Derrière, j'entendais Clémence commencer à s'agiter. Je lui lançais un coup d'œil et lui adressai un sourire qui se voulait rassurant. Elle ne me vit pas, les yeux agrandis par l'inquiétude. C'était compréhensible et je ne voulais pas la brusquer. Je décidai alors de parler un peu, histoire de détendre l'ambiance lourde qui flottait dans la voiture. 

- Et... vous faites quoi dans la vie ?

- Des trucs pas pour les gamins.

Bouche-bée, je n'osais pas demander plus de précisions, de peur de l'énerver ou d'apprendre des choses que je n'aurai préféré ne pas connaître.

Lorsque la voiture s'engagea dans l'allée du camp, ce même chemin que j'avais emprunté avec mes parents quelques semaines plus tôt, un poids en moi s'évapora. Nous étions de retour et non plus dans cette forêt hostile.

Nous avions faim. Nous avions soif. Nous étions sales et extenués.

L'homme gara son pick-up devant le bureau d'Aléa et cette dernière sortit de son bureau, alertée par le boucan que faisait la voiture. Lorsqu'elle vit le visage de Clémence et le mien, ses yeux s'agrandirent de surprise pour être très vite remplacée par une colère noire.

Les ennuis ne faisaient que commencer.

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Hey !

Nous sommes mercredi donc qui dit mercredi dit nouveau chapitre ! Wééé !

J'espère qu'il vous a plut ! Moi je l'aime bien :) pour une fois, me direz vous ;)

Bref, n'hésitez pas à laisser en commentaire vos impressions et vos avis sur ce chapitre, ça me fait évidemment toujours autant plaisir de les lire :)

Xoxo

Ellie

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