21- Nouvelle facette


PDV de Côme

Plusieurs coups frappèrent la porte du cabanon. La brosse à dent dans la bouche, du dentifrice moussant le long de mon menton, je fis signe à Jules d'aller ouvrir la porte. Il me regarda d'un air légèrement ennuyé mais s'exécuta, tandis que je retournai finir de me brosser les dents dans la salle de bain.

- Tu sais où est Côme ?, dit une voix masculine que je ne connaissais que trop bien.

Je soupirai, crachai le dentifrice, me rinçai la bouche puis rangeai ma brosse à dents. Je jetai un dernier coup d'œil au miroir puis sortis de la pièce pour faire face à Connor qui se trouvait dans l'encadrement de la porte, regardant d'un air menaçant mon colocataire. Il avait l'air de mauvaise humeur.

- Que me vaut l'honneur de cette visite si matinale ?, dis-je en prenant des airs théâtraux.

- Tu sais que les brosses à cheveux existent ?

Je grommelai et passai une main dans mes cheveux blonds. Connor avait toujours eu le chic pour pouvoir casser une ambiance en claquant des doigts. Qu'est-ce qu'il m'exaspère ! Il prit un tee-shirt roulé en boule par terre et me le lança.

- Enfile ça, faut qu'on parle.

- Je ne peux pas rester torse nu ? Est-ce un crime de vouloir se mettre au naturisme ?

Il me regarda du même air menaçant que celui qu'avait bénéficié Jules et je décidai de ne pas insister. Quand il tourna le dos, je reposai vivement le tee-shirt qu'il m'avait donné à l'endroit où il se trouvait un peu plus tôt. Je ne savais pas à qui il appartenait mais ce que je savais, c'est qu'il était plus que sale et laissé à l'abandon à même le sol depuis maintenant un temps indéterminé. Je ne saurais pas étonné de voir pousser des champignons dedans ou de voir ce bout de tissu muter. Je me penchai vers mon armoire et en sortis un tee-shirt bleu. Pour narguer mon cousin, je pris tout mon temps pour l'enfiler, prenant un air pervers, lui faisant même des petits regards taquins accompagnés de gestes très suggestifs ce qui avait l'air de l'exaspérer. Je continuais de mettre mon tee-shirt de manière sensuelle lorsqu'il me stoppa dans mon élan.

- Je t'ai demandé de mettre un tee-shirt, pas de me faire un strip-tease.

- Bah alors, faut se décoincer un peu dans la vie !

Je lui fis un dernier clin d'œil coquin, ayant du mal à étouffer le rire qui se coinçait dans ma gorge puis sortis du cabanon, suivant les pas pressés de Connor. Le provoquer était ce que je préférais au monde. 

- Tu n'as pas aimé mon petit spectacle ?, dis-je d'une voix mielleuse.

Il grogna en guise de réponse.

- Je prends ça comme un oui !

Il bifurqua et commença à s'enfoncer dans une forêt de pins. Malgré mes efforts, un petit sentiment d'inquiétude commençait à naître au fond de moi.

- Eh ! Tu m'emmènes où là ?

- Loin des oreilles curieuses. Ça serait dommage que quelqu'un t'entende crier...

- Ha-ha ! Très drôle !, dis-je sarcastiquement.

Lorsque nous fûmes assez loin du camp, nous nous arrêtâmes. Même si je me donnais un air décontracté, à l'aise, j'appréhendais notre discussion. De longues secondes s'écoulèrent où notre seul échange étaient nos regards qui se jaugeaient l'un et l'autre. Les secondes s'écoulaient et rien ne venait. Je commençais à avoir de plus en plus de mal à cacher ma gêne qui ne faisait qu'accroître de seconde en seconde, contrairement au visage de Connor qui était totalement dépourvu de sentiments, aussi froid que de la glace.

- Bon, allez, balance tout qu'on en finisse. J'ai pas que ça à faire, dis-je finalement.

Ma phrase dû être de trop pour Connor. Il s'avança rapide comme l'éclair, m'empoigna fermement par le col de mon tee-shirt et me plaqua contre le tronc d'un pin. Ses yeux jetaient dorénavant des éclairs et les miens, habitués à encore et toujours provoquer, eurent une étincelle de défi.

- C'est donc pour ça que tu voulais que je mette un tee-shirt. C'était plus pratique pour me cogner contre un arbre, n'est-ce pas ?

Connor me pressa plus fort contre le tronc et je sentis l'écorce rugueuse commencer à me rentrer dans le dos. J'étouffais un grognement mais je continuai de jouer la carte de l'insolence.

- C'est vrai que ça fait longtemps que tu souhaites te venger de moi, COUSIN !, dis-je en criant le dernier mot, sachant pertinemment que je touchais une corde sensible.

Je n'aurais peut être pas dû car ni une ni deux, Connor me mis une droite bien placée. Cette fois-ci, un juron sortit de ma bouche. Malgré que ma mâchoire me lançait atrocement, j'étais content. Pendant une seconde, j'ai pu voir de la panique dans les yeux de Connor.

En effet, je sais qu'il y a bien une chose qu'il ne souhaite révéler à personne : notre lien de parenté. La seule personne à être au courant dans le camp est Aléa, même si nous ne lui en avions jamais parlé auparavant et malgré nos noms de familles différents. Connor Hills pour lui, Côme Brands pour moi. Mais elle a sût. Je me souviens encore il y a 2 ans, poussé par une curiosité trop retenu, j'avais toqué à son bureau. Je lui avais posé cette fameuse question qui me torturait depuis les plusieurs années où je venais au camp. Elle n'a même pas sourcillé, s'attendant presque à ce que je vienne la voir aujourd'hui même dans son bureau. Elle est peut être médium, qui sait ? Elle m'avait répondu une chose qui m'avait beaucoup surpris. Je m'attendais à une réponse comme : « vous vous ressemblez », ce qui serait idiot car Connor et moi ne nous ressemblons absolument pas ou « vos parents me l'ont dit ». Mais non. Elle m'a répondu « c'est grâce à vos yeux. Ils sont exactement pareils. Vous les avez tout deux bleus et vous avez le même point noir à l'œil gauche ». Je lui ai alors rétorqué d'un air agacé que ce n'était pas une vraie preuve, que pleins de gens ont cela mais que ça ne faisait pas d'eux des personnes de la même famille !

« C'est choses ne trompent jamais », m'avait-elle simplement répondue, un sourire mystérieux sur le visage.

Sur le moment, ça m'avait un peu troublé. J'étais alors sorti de son bureau, sans rien rajouter, fermant la porte sans un dernier regard.


- Répètes ça et je t'en remets une, me menaça Connor en me montrant son poing en guise d'avertissement.

- T'inquiètes, cousin, je...


Je n'eu pas eu le temps de finir ma phrase qu'un coup de poing dans le ventre me fit cambrer en deux. Il relâcha la pression qu'il avait sur moi et je pus me tenir le ventre à une main, m'appuyant contre l'arbre de l'autre. Je toussotai, il ne m'avait pas raté. Connor avait reculé de plusieurs pas maintenant, me toisant d'un regard satisfait.

- En effet, cela faisait longtemps que j'attendais ça, cousin, me dit-il d'un ton hargneux. Mais en réalité, te frapper n'était pas dans mes plans aujourd'hui, même si je t'avoue que ça m'a fait pas mal de bien. J'espère que ça t'aura remis les points sur les i et les barres sur les t. Prends ça en guise de menace par rapport à ce qui s'est passé hier soir.

- Hier soir ?, dis-je en toussotant.

- Arrête Côme ! Tu sais bien ! Clémence... Tu l'as vu hier soir non ? Elle est venue se réfugier dans mon cabanon, tard dans la nuit, en larmes. Et ce, en parti à cause de toi. Ça te dit quelque chose maintenant ?

Il s'avança de quelques pas et me toisa de toute sa hauteur.

- Si je suis venu ici aujourd'hui c'était pour te dire de ne plus l'approcher. Si je te vois lui parler, la regarder, la toucher de nouveau, je te jure que ce que tu viens de te prendre n'est que le commencement. Je ne veux plus que tu lui fasses du mal, qu'elle pleure par ta faute, qu'elle me parle de toi. Je ne veux plus entendre ton nom de sa bouche.

- Si elle savait ce que tu viens de me faire, je ne crois pas qu'elle te regardera comme son sauveur là maintenant.

Il ria d'un air sonnant atrocement faux.

- Oh que si, elle me regardera comme avant. Et tu sais pourquoi ? Parce que tu ne lui diras rien, tu ne lui parleras pas de notre conversation, de ce que je t'ai fait, rien. Je me suis bien fait comprendre ?

Je ne lui répondis pas, le regardant du regard le plus méprisant possible.

- Bien, je pense que tu as compris. Ah et si on te demande pourquoi tu as un bleu sur le visage, je te fais confiance pour trouver une excuse digne de ce nom. 

Sur ces derniers mots, il quitta la forêt sans se retourner une seule fois.


PDV de Clémence


- Vous êtes au courant ? Une nouvelle soirée va être organisée dans 3 jours !, nous dit Rose en sautillant de joie.

Elle évitait de regarder soigneusement Sunshine qui affichait un air déconfit sur le visage.

- J'ai pas envie d'y aller, me dit-elle un peu plus tard alors que nous marchions vers notre cabanon.

- Tu rigoles, lui dis-je, que tu le veuilles ou non de toute manière, je t'y emmène !

- Mais !...

- Il n'y a pas de « mais », Sunshine !

Elle finit par sourire faiblement, ayant sûrement abandonné la partie. Je savais qu'elle n'osait pas revenir à une soirée, se sentant toujours fautive pour  avoir gâchée la précédente. Rose et elle ne s'étaient d'ailleurs toujours pas pardonné, elles s'ignoraient chacune de leurs côtés. Ce comportement exaspéraient au plus haut point Coline et moi. Nous ne supportions plus de les voir ainsi. J'espérais de faire en sorte de les réconcilier lors de la soirée.

Un bruissement près de moi, me fit sursauter.

- Psssst ! Clémence !

Je scrutai les buissons et vis la tête de Tom en sortir. Sunshine et moi sursautâmes en même temps, nous retenant à temps de ne pas crier.

- Tom ! Tu nous as fait peur ! Qu'est-ce que tu fais là, caché dans un... buisson ?

Ma dernière phrase me semblait si improbable que je pouffai de rire accompagnée rapidement de Sun'. Tom leva les yeux aux ciels et nous fit signe d'approcher.

-Il faut que je te parle, Clémence, c'est urgent !

- Vas-y, Clém'. Moi je rentre au cabanon, me dit Sun' d'un regard bienveillant.

- Ok ! À tout à l'heure alors, lui dis-je avant de disparaître dans les buissons touffus.

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Hey !

Oui ça fait longtemps, oui, oui, je sais. Ne m'en voulais pas. En réalité, ça faisait longtemps que j'avais écrit le chapitre 21. Il y a à peu près 3 semaines. Mais, le lendemain, j'ai fait une fausse manip qui a tout supprimé. Si vous n'avez jamais écrit quelque chose en prenant du temps, en y mettant de la passion, vous ne pouvez pas comprendre le moment de pure rage que j'ai vécu. Alors, après, j'ai été super démotivé et je n'ai plus ouvert un document Word pour écrire quoi que ce soit. Mais hier, je m'y suis un peu remis et... Le chapitre est là ! Alléluia !

Je ne vous cache pas que le chapitre que j'ai supprimé nous dévoilait un Connor encore plus machiavélique que dans celui-là. Il était vraiment violent. Disons que là, je l'ai adoucie ^^

Je ne sais pas si vous allez aimer ce chapitre car on voit une nouvelle facette de Connor. Comme quoi, personne n'est tout blanc.

J'avoue avoir eu un petit pincement au cœur quand j'écrivais le passage de la victimisation (car on peut vraiment appeler ça comme ça). La fille sensible que je suis à eut pitié ^^

Bref, je vous fais plein de bisous baveux,

Ellie

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