Chapitre 9 : Attendre

Je cours paniquée, à côté du brancard que les pompiers poussent en vitesse. Voir le masque sur le visage de Phil, ses mains pleines de sang, ses paupières closes, me donne mal au cœur. Ils ne se rendent pas compte de ce que leur bêtises peuvent engendrer.

- Dégagez le passage ! Crie un pompier qui ouvre les portes du camion.

La foule d'élèves est placés derrière le fil rouge et blanc mis en place par l'équipe des pompiers. Hailee est affolée, les mains sur la bouche, les yeux larmoyants. Un immense brouhaha se propage dans la vague de personne, tout le monde est en panique, on en entendra parler demain matin. Et après-demain, jusqu'à ce que cela passe, et que le cercle infernal reprennent, à moins que cette bande soit bien trop bête pour continuer. Encore et encore...

- Quelqu'un doit monter, qui ? Demande un pompier qui s'adresse à Stevie et moi.

- Moi, répond quelqu'un dans notre dos.

- Toi ? S'écrit Stevie en pointant du doigt un garçon faisant partie de la bande des harceleurs.

- Montez alors.

- Quoi ?!

Stevie sert les poings, la mâchoire crispée. Il avait envie d'aller le jeter au sol et de lui mettre deux grands coups dans la gueule, chose qu'il n'a pas fait.

- C'est moi qui vais y aller. Dis-je en serrant les poings prête à me jeter sur le mec dont je ne connais même pas le nom.

Le pompier souffle et dit alors ;

- Montez.

Je prends la main de Stevie.

- Lui aussi doit venir.

- Montez les deux alors.

Le garçon se recule nous faisant de l'espace pour que Stevie et moi puisse monter. Je grimpe la première, puis il me rejoint. Les pompiers ferment les portes et montent illico. Je regarde par les petites vitres le reste des personnes contemplant le camion s'éloigner. Je ne sais pas ce que ça aurait été si le garçon serait monté à notre place.

- Ça va ? M'interroge Stevie la mine toute triste.

- On va dire que oui... Je me sens juste coupable.

- Coupable ? Pourquoi ça tu n'as rien fait.

- A chaque fois qu'il voulait me parler cet après-midi, je refusais...

- Pourquoi est-ce que tu refusais ?

- Parce que... Je me suis emportée.

- Oh.

- Il croit que toi et moi... On est ensemble, et je crois qu'il m'aime.

Il resta bouche bée, incompréhensible. Je ris.

- Ta tête me fait rire.

Il sourit un petit instant, puis, tourna sa tête vers le brancard où Phil dormait toujours.

- J'espère qu'il ira bien, me chuchote-t-il en me passant sa veste sur les épaules.

J'espère aussi... je lui souris en guise de réponse et posa ma tête sur son épaule. Si seulement cela n'existait pas le harcèlement. Les choses sombres. Les gens rejetés. Si tout aller bien. Mais le monde n'aurait peut-être pas existé... Il faut bien des mauvais comme des gentils.

Le camion s'arrête bien une heure plus tard. Le freinage s'est fait brusquement, ce qui me fait sursauter. Les pompiers ouvrent à toute vitesse les portes et font sortir Phil. Je me précipite près d'eux en courant, ils parlent à tout le personnel de l'hôpital quand ils entrent. Ils font rouler le brancard jusqu'à une chambre et le mettent dans un lit tout en ressortant de la chambre l'emmenant vers le bloc opératoires.

- Restez-là. Ordonne une femme en blouse blanche.

Je m'assieds sur une chaise grise où d'autre personne sont assise : La salle d'attente.

- Tu veux à boire ? Me propose Stevie.

- Pourquoi pas. Dis-je en haussant les épaules. Un café s'il te plaît de quoi me tenir éveillée.

Il s'éloigne vers l'ascenseur. Je mis mon bras sur le dossier de la chaise et appuya ma tête dans la creux de ma main. Mes yeux se ferme petit à petit. Je n'allais pas arriver à rester réveillée. Je sens alors une main me bouger doucement.

- Summer ? Tiens.

J'ouvre immédiatement les yeux et découvre Stevie deux gobelet chaud à la main.

- Décidément je servirais toujours même quand je ne suis pas au travail. Dit-il en riant.

Je prends le gobelet que je finis d'un trait.

- C'est vrai, avoue-je. Merci.

Il sourit un instant avant de boire puis de fixer ses mains.

- Quelle heure est-il ?

- Vingt-deux heures, réponds-je en regardant mon téléphone.

- On va dormir là.

- Je ne partirai pas tant que je n'ai pas de nouvelle de lui.

- Je te suis.

Je jette un œil à son état. Il a les yeux bouffis et cernés, le visage tout pâle par la fatigue, les mains enlacées l'une dans l'autre. Il a peur à mon avis. Je mets ma main sur la sienne.

- Tout va bien ?

- Oui ça va, répond-il en caressant de son pouce ma main glacé.

- Tu... Penses que ça pourrait s'arrêter Stevie ? Honnêtement ?

- Je... N'en sais rien pour tout te dire. Le harcèlement ne se finira peut-être jamais.

- Il faut qu'on change les choses, nous.

Il me regarde, triste, avant d'ajouter.

- On y arrivera. Je le sais.

*

Les médecins ne sont toujours pas sortit pour nous donner des nouvelles, les chirurgiens sont toujours dans le blocs opératoires. Le silence depuis bientôt deux heures. Les seuls bruits qui me tiennent réveillé sont les infirmières discutant avec la femme qui s'occupe de l'accueil. Les quelques médecins passant prendre des familles là depuis beaucoup plus longtemps que nous. Je me redresse sur mon siège. La tête de Stevie tombe sur mon épaule. Je sens vibrer dans ma poche arrière. Un message sûrement. Je tente de le prendre le plus doucement possible sans le réveiller : ça n'a pas marché.

- Je me suis endormie sur toi ? Dit-il toujours dans les vapes.

- Je crois bien, oui.

Je prends mon téléphone et vois un message de Hailee.

« Ça va rien de grave ? »

C'est gentil qu'elle prenne de ses nouvelles même si elle ne le connaissait pas et qu'elle ne lui avait jamais parlé quand il avait mangé avec nous le midi où elle n'était pas bien.

« Ça va, on attend encore. Ça fait deux heures qu'on attend de ses nouvelles. »

« Il ira bien. »

Je verrouille mon téléphone, j'espère qu'elle aura raison, qu'il ira bien.

Des médecins sortent enfin. Je bondis de mon siège comme une furie et attend que les médecins soit assez proche de nous pour enfin demander :

- Alors, des nouvelles, comment est-ce qu'il va ?

Les médecins se regardent d'un air amusés. On a le droit de paniquer quand on est pas calé dans le médicale, non ?

- Et bien. Il faut encore attendre. Les chirurgiens s'en occupent toujours.

Attendre, attendre et encore attendre... Je me tourne vers Stevie qui s'affale sur son siège une fois les médecins partit.

- Putain mais c'est pas possible de ne rien nous dire ! S'énerve-t-il.

Je ne savais pas quoi dire, ce tenir à attendre était dur. On ne savait pas ce qu'ils en faisaient, son état, critique ou non. On ne savait rien du tout. On attendait. Encore et toujours. Je m'appuie contre le dossier de ma chaise métallique. Le regard dans le vide, je pense à un peu tout ce qui s'est passé durant les derniers jours de la semaine. Un nouveau qui arrive, la veille je me suis faite agressée par cette bande, Hailee n'est pas très bien, une dispute avec Stevie, Phil qui part à l'hôpital et qui était au courant de ce qui allait se produire. Tout n'est pas très net, mais pour le moment je préférais ne penser à rien d'autre qu'à Phil et ce qui pouvait bien se passer dans le bloc.

- Dis. Qu'est-ce qui aurait bien pu se produire si ça aurait été le mec de la bande des harceleurs qui serait monté ?

Stevie me regard, perdu dans ma question. J'avais l'impression qu'il ne savait pas où il était, où qu'il ne savait même pas s'il existait.

- Honnêtement, je n'en ai aucune idée. Sûrement qu'il aurait vérifié qu'il ne dise rien aux infirmiers pour ne pas qu'il ne se fasse balancer à je ne sais qui. Ou bien il aurait attendu que son état soit mieux pour le bomber ensuite.

Peut-être bien que ce qu'il avait dit aurait pu se passer. Heureusement que j'avais intervenue, parce que Stevie ne l'aurait pas fait...

- Pourquoi tu n'as pas intervenue ?

- Intervenue ?

- Oui, lorsque le pompier a demandé qui devait monter ? Tu aller laissais l'autre montrer, pourquoi ?

- Je n'en sais rien. Peut-être qu'il se connaissait.

Mais qu'est-ce qu'il raconte là.

- T'es sérieux ?

- Euh. Ouais.

- T'es vraiment cinglé parfois, il fait partie des harceleurs le gars je te signale.

- Mais on sait pas s'il en a pas empêché.

- Tu sais au moins qui a fait ça Stevie !?

Il me regarde pas plus de deux secondes dans les yeux avant de baisser le regard et de dire :

- Non, je n'ai rien vu. Mais on ne sait rien.

- Je sais qu'on ne sait rien... Il faut que ça cesse illico.

- Attends.

- Quoi ?

- J'ai cru reconnaître une ombre. Je fermais la brasserie, puis, j'ai entrevu deux silhouette discuté bizarrement mais je n'ai pas prêté attention, jusqu'à que deux, trois autres personnes arrivent.

- Et ?

- Et... C'est toujours les mêmes...

- Je n'en doute pas.

Je me penche vers mes genoux et appuie mon visage dans mes mains. Si seulement je pouvais savoir chacun de leurs actes, ce qu'ils préparent en ce moment.

- Tu connais quelque chose sur le harcèlement Stevie ?

Il me dévisage. Question peut-être trop indiscrète.

- Oui.

Sans même le temps de le laisser finir de parler j'enclenche sur ce que je devais lui dire :

- Il faut que je te raconte des tas de choses.

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