Chapitre 8 : Mort à vif


Le cours commence à peine. Cela fait à peine deux minutes que le professeur à piper deux mots et je n'en peux déjà plus. Le week-end a été long et je n'avais pas envie de revenir. Rien qu'à l'idée de savoir que j'allais revoir deux membres de ce groupe de personnes immatures, j'en avais la boule au ventre. Je suis placée au rang du milieu. J'entends quelques rires et quelques chuchotements dans la salle quasi silencieuse. Qu'est-ce qu'ils ont bien à se dire ? Ils se voient tout le temps, tous les jours. J'oubliais, ils cherchent leur proie au sein de la classe, et bien sûr : Phil. Il est arrivé il y a quatre jours maintenant, il faut bien le taquiner... Je prends mon stylo en bouche et essaie d'écouter en étant le plus discrète possible, mais rien. Je ne comprends rien hormis des « shh, shh, shh ».

- Hé !

D'un coup sec les deux personnes arrêtent de discuter. Le professeur à balancé le feutre dans leur direction.

- On ne parle pas dans mon cours, est-ce clair ?

Je me retourne pour les regarder, voir leur mines coincés et leur visages rouges me fait sourire, c'est vrai après tout, au moins leurs moments d'humiliation arrivent. Pourquoi qu'au plus « faible » ? Ils regardent de droite à gauche, un petit sourire désolé, les mains sous la table, presque s'ils ne diraient pas « Excusez-nous monsieur, ça n'arrivera plus ». De temps en temps, cela devrait arriver. Une excuse de leur bouche. Le moment passer je retourne à mon occupation, finir l'exercice de géographie. A mon ancienne université mon seul professeur au courant – enfin qui voyait que ça n'allait pas – enseigner la géographie. Je peux avouer que seul lui me manque il était gentil, on ne tombe pas toujours sur d'aussi gentil professeur, observateur et surtout à l'écoute.

Au bout de la cinquante-cinquième minutes la sonnerie retentit laissant tous les élèves partir.

- Summer ?

Je me retourne, c'est pas vrai, mon prof de géographie m'interpelle ?

- Oui ?

- Viens s'il te plaît.

Je m'approche du bureau lorsqu'il ferme la porte.

- Est-ce que ça va ?

Je le questionne du regard étonné qu'il me pose cette question.

- Bien sûr, répondis-je tendue. Pourquoi ?

- Tu n'étais pas très attentive aujourd'hui.

- Ça arrive parfois vous savez !

- Hm, oui.

Il repart vers son bureau et s'assoit sur son siège roulant.

- Je peux y aller ?

- Oh, oui allez-y.

Je quitte la salle et me dirige vers l'immense cour de pause. Je rejoins Phil qui discute avec un garçon.

- Salut, lance-je.

- Salut Summer ! Summer je te présente Mattew, Mattew voici Summer.

- Bonjour, Dit-il.

Phil lui lance un petit sourire puis nous nous éloignons.

- Ca va c'était pas trop dur pour suivre le cours d'histoire ? M'interroge-t-il.

- Euh, pourquoi cette question ?

- Je les ai entendu parler aussi.

Je souris en m'asseyant sur l'herbe fraîche et bien tondu.

- Toi aussi si je comprends bien, ajoute-t-il.

- Oui.

Il s'assied près de moi, je sens son souffle contre le creux de mon cou.

- Tu sens bon.

Je reste ébahit.

- Merci. Je suis rouge non ?

Il rit aux éclats.

- Un peu oui.

- Je n'aime pas qu'on me fasse de compliment.

- Je pense que personne n'aime.

Je sors un sourire forcé. Il n'a pas tort, mais je n'arrive pas à le sentir vrai. Je le vois comme le garçon qui cherche à concurrencer Stevie, qui n'est autre qu'un ami... Et puis, l'amour à quoi ça sert réellement ? Je n'en veux pas, je n'y ai jamais cru, personne ne s'est jamais intéressé à moi.

Phil se rapproche encore un peu plus de moi, il enlace ses doigts dans les miens qui sont posés derrière mon dos pour me donner appuie. Je sens son doux parfum enivré mes narines, son souffle chaud sur ma peau, ses doigts entre les miens... Mal à l'aise je me lève en trombe.

- Qu'est-ce qu'il te prend ? M'écris-je.

- Quoi qu'est-ce qu'il me prend ?

- Pourquoi tu fais tout ça ?

- Tout ça quoi ?

- Ces rapprochements ?

- Je croyais... Que c'était réciproque...

Je ne dis rien que dire face à ça ?

- Summer, attends !

Je ne l'écoute je pars en courant vers la brasserie attendant la sonnerie pour réapparaître en cours.

**

- Prenez vos stylos, interrogations écrites.

- Oh NON ! Crie la classe en cœur.

Je remarque que Hailee n'est encore pas venu en cours, mais qu'est-ce qu'elle fabrique elle aussi ? Des coups retentissent de la porte, je sais qui c'est : Phil. Il entre en s'excusant auprès du professeur de maths et se dirige à côté de moi, place à laquelle le professeur lui a donné. Je n'ai jamais de chance. C'est la vie.

- Summer, il faut que tu m'écoutes...

- On a interro, je peux pas te parler, le prof va croire qu'on triche.

- A la fin de l'heure ?

- On verra.

Il sort une feuille double qu'il coupe en deux pour me passer l'autre moitié. Il prend un stylo plume et se concentre sur le contrôle que moi-même n'ai pas révisé...

La sonnerie retentit, la classe sort. Je m'avance vers le tableau pour poser ma feuille sur le gros tas, et me cale contre le tableau double, attendant que Phil termine son examen. Je vois alors les deux garçons qui font partit du groupe des harceleurs pouffer en train d'observer Phil, ils s'approchent de son bureau et lancent un regard noir, comme pour le mettre en garde ou lui rappeler quelque chose. Mais... Quoi ?

- J'ai fini ! S'exclame-t-il cinq minutes plus tard.

Il remet la feuille au professeur et nous quittons la salle doucement.

- Qu'est-ce que tu voulais me dire ?

- Quelque chose d'important...

Il n'a pas le temps de finir qu'Hailee arrive en trombe.

- J'ai pleins de choses à te raconter au sujet de mon copain et moi...

Tiens, elle se confie maintenant ?

- On se voit demain ?

Il avale une grosse gorgée de salive comme si quelque chose allait se produire. Il s'arrête au milieu de l'immense cours, je tourne ma tête pour le regarder, en même temps que Hailee me parle de chose et d'autre. Qu'allait-il se passer ? Où ? Avec qui ? Et comment ?

*

Il est vingt-trois heures quand je reçois le message de Stevie.

« Rejoins-moi immédiatement sur la plage... »

Des points de suspensions ? Ce n'est pas de lui...

« J'arrive de suite ! »

Je cours quelques minutes plus tard sur le sable. Mes baskets ne font même plus l'affaire, elles sont mortes. Je m'approche de l'ombre qui se tient devant moi.

- Stevie ? Ca va ?

Je vois deux petites larmes longées ses joues. Je regarde le sol, là où son doigt m'indique d'observer.

- Q... Quoi ? Stevie ? Est-ce que tu sais ce qu'il s'est passé ?

- Non... Je... J'ai juste entendu... Hurler.

Je me tiens à son bras et tombe à genoux au sol.

- J'appelle les pompiers.

- Oui... Mais j'ai peur qu'il soit trop tard...

Je regarde le corps intact de Phil gisant au sol. Je tiens entre mes mains son visage et laisse couler des larmes. Les sirènes des pompiers résonnent dans la rue. Ils sont tout près.

C'était peut-être de cela qu'il voulait me parler, qu'il allait avoir un règlement de compte avec cette bande... Je touche son visage et avale un sanglot.

- On va te sauver, je te le promets...

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