Chapitre 21 : Fais tourner
Je marche dans les couloirs. Tout est d'un calme, qui me rend nerveuse. Cela ne prédit – à mon avis – rien de bon. Mais pas besoin d'avoir de pensées négatives.
J'arrive au bout du couloir et prends les portes qui mènent vers l'immense cour. Je rejoins alors la brasserie de Steve. Il est appuyé sur le comptoir et à les yeux rivés sur son téléphone. Je me mets face à lui et lui sourie mais il ne me voit pas trop concentré par son écran.
Je me racle la gorge. Il lève enfin la tête.
— C'était pas trop tôt, dis-je.
Il rit.
— Excuse-moi, j'essaye une nouvelle application que je viens de télécharger.
Je lui rends son sourire ;
— C'est rien.
— Alors, comment s'est passée ta journée ? Me demande-t-il en posant son appareil sur le comptoir.
— Assez bien, j'ai hâte que les cours se terminent... J'en ai un peu marre.
— Tu m'étonnes, les études c'est chiant de toute manière.
— Tu viens on s'assied à une table ?
— Bien sûr, les clients n'arrivent que dans deux heures.
Nous nous installons sur une table. Je me demande ce que cela doit faire lorsqu'on est loin des études et que l'on travaille déjà à vingt-deux ans.
Je l'observe, ses cheveux marrons ébouriffés par le léger vent qui souffle, vêtu d'une chemise en jean et de son pantalon bleu qui lui va à ravir. Je n'ai qu'une envie à cet instant, être dans ses bras et l'embrasser ; mais il doit bosser et moi retourner étudié.
— Stevie. Maintenant, que toi et moi, c'est plus ou moins officiel... Est-ce que tu vas être prêt à me dévoiler ce que tu as vécu auparavant?
Son visage se ferme laissant place à des yeux qui cherche un appuie pour le sauver de cette question, un regard vide. Il veut fuir à tout jamais ce propos mais je suis obligée de lui demander, je ne pourrai pas vivre avec cette crainte, crainte qu'il ne me dise rien, qu'il me cache des choses, et puis il doit se débarrasser de ce poids qui l'oppresse depuis si longtemps maintenant. On dira que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais pour pouvoir se sentir mieux, avancer, combattre le futur et laissé loin derrière le passé; il faut dire ce qu'il nous chagrine ce qui nous empêche d'être des personnes entière.
C'est vrai que certaine phase font de soi une personne détruite, où l'on croit que la vie nous en veut et nous rejette tout sur le dos par pure punition, mais tôt ou tard la roue tourne. Si ce n'est pas aujourd'hui, ni demain, alors ce sera dans quelques mois ou quelques années, mais cela finira par arriver il faut juste y croire. C'est vrai qu'avec ce qu'il se passe, j'ai eu du mal à m'extérioriser ou même à faire confiance, mais avec le temps on apprend. Alors je veux qu'il m'en parle et après tout c'est quand même mon petit-ami...
Je le vois en train de se tripoter les doigts, il croit qu'il va s'en tirer comme ça. Mais non, il va devoir m'en parler. Si ce n'est pas à moi, alors ce sera à Phil ou à son père s'il n'est déjà pas au courant, mais il en a besoin. Je le sens.
— Stevie, je t'en prie, réponds-moi.
Il soupire et baisse les yeux de la table à mon visage. Il prend alors mes mains dans les siennes et se met à me fixer.
— Je n'en suis pas prêt pour l'instant.
Puis il se lève et se dirige vers le comptoir où quelques personnes sont déjà installées.
— Stevie ! Je crie en me levant et le suivant. Tu ne peux pas me laisser comme ça !
Il ne dit rien, entre dans la petite baraque côté cuisine, puis claque la porte sans même ne m'adresser un pauvre regard.
*
Je marche dans les allées de l'université avec toujours la même et bête angoisse celle de retrouver mes traqueurs. Je n'en ai pas fini avec eux. La revanche sera froide et amère qu'ils s'en souviendront à jamais.
Je sens alors la poche de ma veste vibrer. Je regarde et vois un message : « Maman. »
Étrange. Que me veut-elle ? Après bien quelques mois sans nouvelles. Je décide de ne pas regarder son message, ni même de la rappeler. Je ne suis pas un pantin qu'on déplace car il a subit de mauvaise phase. Je suis quand même sa fille, qui, pendant plusieurs mois à vécu d'affreuses souffrance, et c'est là où j'avais le plus besoin d'elle. C'est une bonne initiative de m'avoir changé d'établissement, mais de temps en temps un appel ne va pas lui brûlé les doigts que je sache ?
Je continue alors mon chemin après avoir rangé mon téléphone. J'aperçois au loin Phil et Hailee tout deux en train de rire.
— Salut vous deux.
— Salut, me répondent-ils main dans la main.
— Tiens j'ai raté un épisode, vous êtes ensemble ?
— Non jamais de la vie ! S'écrit Hailee. J'ai mon copain, d'ailleurs il fallait que je t'explique.
— Non, dit alors Phil plus calmement, j'étais en train d'observer la petit égratignure sur la paume d'Hailee.
Je souris.
— Comment ça va toi, me demande-t-il.
— Plutôt bien merci, on se retrouve en cours ?
— Ça marche.
Je m'éloigne alors quand je sens une main sur mon épaule, c'est celle de Hailee.
— Il faut je te raconte avec mon petit-ami... et autre chose.
Je la regarde avec étonnement. Tiens, elle va se confier ? A moi ?
— Vas-y je t'écoute.
Avec une grande inspiration elle m'entraîne sur un banc et me raconte ses quelques disputes avec son copain puis les pires horreurs qui lui a fait endurer.
Après son long récit, elle fait une pause puis reprend ;
— Une fois, nous étions en train de manger sur la plage avec ses amis quand nous nous sommes prit la tête pour un truc débile. Puis, nerveux comme il est, il m'a menacé... Puis nous nous sommes séparés un petit moment puis il envoyait sa bande devant chez moi, il me frappait, parfois quand je sortais me suivait et m'agressait... Une fois j'ai dit stop et suis aller porter plainte contre harcèlement. Mais il a fait pire, la police n'a rien fait car manque de preuve alors j'ai serré les dents et fait face à ce qu'il m'arrivait. Aujourd'hui il n'est plus dans cet établissement et je suis avec quelqu'un que je connais grâce à mes parents, mais ses amis, eux, continuent... c'est d'ailleurs eux qui m'harcèlent encore, ils s'en prennent maintenant à mes... proches.
Elle s'arrête me laissant deviner la suite. Alors ils s'en prennent à moi et Phil... et Stevie aussi ? C'est impossible, Stevie a arrêté les cours il a plus d'un an. Il faut que je sache une bonne fois pour toute ce qu'il s'est passé pour lui maintenant !
Hailee s'est enfin débarrassé d'un poids, me laissant comprendre que cela empirer pour elle et pour moi bien sûr... Mais ce n'est pas de sa faute elle n'y est pour rien.
— C'est bien que tu sois arriver à en parler. Je suis si fière de toi, dis-je en la prenant dans mes bras. Ce n'est pas de ta faute et nous allons réussir à faire cesser ce harcèlement ici, c'est comprit ?
Elle hoche la tête tout en essuyant une larme qui coule le long de ses joues.
— Je le devais... C'était maintenant ou jamais.
Puis elle se lève et se dirige vers les cours. Qu'entend-elle par « maintenant ou jamais » ?
*
Dix-huit heures, et toujours pas de Stevie en vu, ni même de Hailee. C'est bizarre tout de même mais je ne m'affole par pour le moment, ils sont assez grand pour se gérer seul.
Je me dirige dans la salle de bain, l'eau chaude sur ma peau me fait un bien fou. Mais les pensées négatives refont surface mêlant tristesse et mélancolie. Je ne peux plus supporter le mal que nous font les autres, c'en est trop.
J'entends alors un trousseau de clé tombé à terre, puis tournant dans la serrure. Je m'empresse de sortir de la douche. J'enfile mon short et mon débardeur puis sèche légèrement mes cheveux. Je sors ensuite de la salle de bain. Stevie est en train de poser son sac près de la table et amène ensuite ses mains à son visage.
— Tout va bien ? Je demande.
Il sursaute, surprit de me voir.
— Je ne m'attendais pas à te voir Summer.
— C'est rien... quelque chose ne va pas ?
Il soupir puis part s'asseoir sur le canapé.
— Je ne me sens pas prêt d'en parler. Du moins de mes problèmes, mais il faut que tu saches que je t'aime et que jamais je ne te cacherai quoique ce soit.
Je m'installe près de lui.
— Mais, j'en ai marre. De ce que tu subis, ce que Phil et Hailee subisse. Ca en devient trop, je ne peux plus le supporter, je sais ce que cela fait et ça me ronge, alors je ne veux pas encore vous polluez de mes « problèmes » alors que vous en avez déjà beaucoup et encore. C'est permanent et... je n'y arrive plus. J'ai l'impression de ne servir à rien car je ne peux pas te venir en aide... Alors j'aimerai que l'on fasse une pause toi et moi.
Je reste bouche bée, pétrifié. Quoi, pourquoi ça, pourquoi veut-il ça, en a-t-il vraiment envie.
— Stevie, non, tu ne peux pas me faire ça. En as-tu vraiment envie ? C'est là où j'ai le plus besoin de toi dans ces périodes difficiles... ne me laisse pas c'est déjà si dur pour moi...
Il ne dit rien et se lève, me laissant un baiser sur le front. Il met sur son dos son sac et part en laissant les clé sur la table.
*
J'allume la télé et tombe sur une série peu connue. Je laisse histoire de me changer les idées. Je repense alors à ma journée. Dire que Hailee avait réussi à se confier à moi, c'était déjà un si grand pas. J'adore cette fille, c'est comme une sœur que je n'ai jamais eu et je suis tellement ravie de la connaître. Mais cette phrase qu'elle m'a dit dans l'après-midi me trotte encore dans la tête, qu'est-ce que cela signifie au juste ? Je ne l'ai malheureusement plus revu ensuite. Et il se fait tard et je n'ai encore aucun appel. Normalement vers sept heures elle est de retour : il est neuf heures et je n'ai toujours rien. Aucun signe de vie. Je commence à m'inquiéter. Et si je demandais à Phil, lui qui reste constamment avec elle depuis quelques semaines maintenant.
Je sors de ma poche mon téléphone et inscris le numéro de Phil. Je lui demande s'il a eu des nouvelles de celle-ci, mais apparemment aucune. Je commence à avoir un mauvais pressentiment, mais pas trop vite. Les pensées pessimistes plus tard. Elle a dû aller se balader sur la plage.
Puis je revois alors l'appel manqué de ma mère ce matin et le message vocal qu'elle m'a laissé et si je l'écoutais ? Non pas tout de suite...
Je prends alors un verre de coca et revois les images de Stevie et moi défiler. Il voulait une pause. Mais il n'a pas voulu m'entendre, moi je n'en ai pas envie... Je le veux près de moi. C'est mon repère, il me guide. Mais me laisse sans défense au milieu d'un sinistre environnement.
Je me demande ce qu'il peut clocher chez moi. Je n'ai rien demandé. Mais fini de s'en vouloir ! Je remonte la pente. Je vais me battre, je n'ai plus peur, ça c'est fini. Je suis forte après tout ce que j'endure...
Il est vingt-deux heures passé quand je regarde une énième fois l'horloge placé au-dessus de la table. Mais où est-elle bon sang ? Je décide de l'appeler.
Une fois. Rien. Deux fois. Encore rien. J'abandonne, elle ne veut peut-être pas parler. Mais ça m'inquiète. J'envoie alors un autre message à Phil qui lui aussi commence à s'inquiéter car c'est tout de même son amie. Et si je demandais à Stevie ? Non, il ne veut plus, je suppose, entendre parler de moi pour l'instant.
J'abandonne alors. Phil me dit de ne pas m'inquiéter elle finira par rentrer, c'est une grande fille, non ?
Il a raison. J'éteins la télé et prends une grande couverture, essayant de fermer mes yeux sur le canapé. Mais je sens quelque chose vibrer :
« Message d'un inconnu : »
Je clique ; une photo suivit d'une vidéo. Pas n'importe lesquelles, celle de Hailee. Elle est en larme, allongée dans l'herbe, on la ru de coup dans la tête, et on entend les autres autour rire, demanadant de continuer. Il faut que j'aille la rejoindre, l'aider, avec Phil et Stev'...
Et le tout, dans ce message il y est inscrit :
« Fais tourner. »
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