⋅ Partie 14 ⋅

Lycée Kitanosora - 12h20

L'endroit que préférait Naho dans son établissement, c'était la cour arrière. Isolée au fin fond du lycée, entre le bâtiment de science et les locaux des clubs sportifs, cette partie de la cour était en fleur à tout moment de l'année – ou presque. Le mois de juin débutant à peine, les cerisiers avaient perdu leur couleur rose, mais le reste du jardin se colorait à leur place. Mais ce que la lycéenne adorait particulièrement chez cet endroit, c'est qu'il était déserté par les élèves et il constituait par conséquent un refuge particulièrement calme.

— Et du coup, tu as joué au football avec lui ? demanda Rin, la bouche à moitié pleine.

Au déjeuner, l'adolescente s'était décidée à raconter à sa meilleure amie sa petite mésaventure du week-end. Rin n'était pas beaucoup plus férue de football que Naho et, fille unique, elle n'avait aucun petit frère pour la harceler de détails sur les matchs. Cependant, la brunette avait été bien obligée de la mettre au jus sur l'identité du garçon, en omettant volontairement de mentionner le trouble que Nosaka éveillait en elle.

— Oui, samedi soir... Crois-moi, si j'avais pu, je l'aurais étranglé, ajouta-t-elle en repensant à ce moment.

Là-dessus, elle croqua rageusement dans le dorayaki qu'elle s'était acheté à la cafétéria du lycée. Un court silence flotta sur leur discussion, car une des filles mangeait et l'autre était plongée dans son portable. Alors que Naho entamait silencieusement sa deuxième pâtisserie, Rin poussa un cri soudain, qui la fit lâcher son petit pain sous la surprise.

— Oh bon sang, c'est lui ?! s'exclama-t-elle en brandissant son téléphone au visage de son amie, qui recula, stupéfaite.

Elle avait le dos collé au dossier et il lui fallut quelques secondes pour reconnaître les traits délicats de Nosaka qui la tourmentaient tant. C'était vraisemblablement une photo officielle, à en juger la qualité du cliché et l'uniforme bleu qu'il portait – très certainement celui de la sélection nationale. Il arborait un air bienveillant, en totale contradiction avec son habituel petit sourire narquois. Devant le regard impatient de Rin, elle hocha la tête avant de se pencher en soupirant pour récupérer sa pâtisserie.

— C'est un putain de canon, Naho, reprit la rousse, visiblement offusquée, pour une raison qui échappait à la brune.
— Mon dorayaki, gémit-elle en faisant la moue.

Comme cette dernière grimaçait devant son petit pain au lieu de réagir, sa meilleure amie soupira.

— C'est bon. La règle des cinq secondes, ça te dit quelque chose ?
— Tout le monde sait que c'est n'importe quoi cette règle, Rin, répondit-elle en lui lançant un regard moqueur.
— Je sais pas ce qu'il te faut, là, marmonna-t-elle en agitant son portable. Je te montre ça et tu me réponds nourriture.
— Nosaka est loin d'être aussi bon que mon dorayaki. Crois-moi, je sais de quoi je parle...
— T'es difficile, dis. Moi, un mec comme ça, je joue au football avec lui quand il veut ! déclara-t-elle en insistant sur les trois derniers mots. Je joue même à tout ce qu'il veut, si tu vois ce que je...
— Non, je ne veux pas savoir, la coupa Naho en levant l'indexe.

Rin esquissa alors un sourire malicieux et coula vers la brune un regard taquin. Puis tout en glissant innocemment une de ses mèches rousses derrière son oreille, elle se pencha vers sa sœur de cœur.

— Quelque part, c'est bien que tu l'ais rencontré, lui souffla-t-elle à l'oreille.

Naho la regarda sans comprendre, les sourcils froncés, ce qui ne fit qu'agrandir le sourire de la rouquine. Elle tapota l'épaule de la brunette dans un geste qui se voulait encourageant.

— Il va te décoincer, et ça peut pas te faire de mal.

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