Chapitre 4-La nature je m'en bats les steaks

     Où suis-je? J'entends une respiration mais ce n'est pas la mienne. Je me suis endormi je crois. Là, tout contre ma joue, c'est doux. Ca sent vachement bon. J'ouvre les yeux. Je suis ébloui. Trop de vert. Trop de lumière. Trop de vie. Je ne vois plus rien, je n'en peux plus. Je perçois de nouveau la respiration. Trop tard. Un grognement suit l'expiration. Wake up! Je me relève et cours, sans comprendre ce qu'il se passe. Je trébuche une fois sur une racine. Deux fois contre un bosquet. Trois fois contre un troène. Merde, foutu troène! Ma jambe est bloquée entre ses fines branches serrées. Merde de chez merde, il est trop tard. Le grogneur arrive sur moi et me culbute de plein fouet. J'en ai la respiration coupée. Mes entrailles se déchirent. C'en est fini de moi. Je perds le réflexe de vivre et m'endors. Au pays des anges.

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     Cela fait maintenant trois jours que mon meilleur pote est mort, écrasé par un truie enragée. Celle-ci défendait ses petits et avait vu rouge à la venue de mon ami. C'était injuste. La sanglier femelle allait le payer cher. Actuellement, nous organisons une battue pour retrouver la truie sanguinaire. Elle payera cher! Armé d'un sabre, je tailladais les bosquets et les troènes de mes alentours. Pas de pitié pour une nature cruelle, qui m'avait pris mon meilleur ami. Et puis, depuis toujours, la nature je m'en bats les steaks.

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     D'étranges bruits. Des bruits menaçants, des bruits de mort, des bruits de Faucheuse. Je n'aimais pas ça. Je ne voulais pas ça. Je détestais ça. C'est dégueulasse. Ma progéniture mérite mieux que la mort. Ils sont âgés d'à peine huit mois. Ils ne sont que de pauvres marcassins, que je dois élever seule, le père étant parti. Ils sont neuf. Enfin, ils étaient neuf plutôt. Maintenant, il n'en reste plus que deux. Les sept autres ont été terrassés par ces chasseurs qui raffolent de la chère tendre de mes enfants. C'est injuste. Jojo était mort d'un coup de pétoire. C'était mon troisième. A cause du maudit chasseur, je n'avais plus que deux enfants et plus aucun moyen de me reproduire. En effet, les mâles avaient fui. La forêt s'était amoindrie et nous ne pouvions plus continuer à vivre tous dans cette petite forêt. Bouffée qu'elle était par les champs agricoles. Je voulais des marrons, des noisettes, des châtaignes. Pas du maïs. En plus, même le temps était étrange. Chaud, froid, chaud, froid, chaud et puis encore chaud. Pourquoi nous? Pourquoi les humains avaient décidé de nous détruire comme cela? Mon cœur de truie était vide. Seule la rage me poussait à vivre. Je m'étais bien vengée. L'assassin de Jojo était mort. Ouf, cela faisait un danger de moins pour mes rejetons.

     Je ne comprenais pas pourquoi il y avait d'étranges bruits. Décidément, on coupait. Et c'était chez moi qu'on coupait. Vite, vite, je dis aux gosses de se préparer à mettre en pratique l'entraînement physique que je leur avais appris. Les humains approchaient et ils étaient aussi énervés que moi. Ils étaient énervés que j'ai pu tuer un des leurs. Eux ne sont pas mieux. Ils tuent cent des miens par an. Puis ils détruisent mon chez moi. La nature est cruelle. Pourquoi avoir créer autant d'humains? Un jour, il faudra leur rappeler qu'ils ne sont pas surpuissants et qu'eux aussi font partie intégrante de la nature. Putain d'humains!

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     C'est bon, nous la tenons. La truie était là, à une centaine de mètres. Elle ne pouvait plus s'échapper. Ses marcassins étaient avec elle. Elle bougea d'avant en arrière pour protéger ses petits, à qui elle indiqua de prendre la tangente. Les marcassins s'enfuirent sans demander leur reste. Bas les steaks, nous voulons cette affreuse truie. Je ferai des saucisses de cette tueuse d'ami. L'homme ne se laisse pas faire!

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