Chapitre 8 : Amertume


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Je tire sur le fil noir de mon yo-yo magique pour m'envoler dans les cieux sombres de Paris. Je crois que je suis encore plus perdue qu'avant la visite chez Adrien. Ce qu'il m'a révélé est pourtant clair : Chat Noir l'avait laissé en pleine zone de combat, et m'a menti au sujet d'Adrien et de Nino. De rage, je tire plus fort que je ne le devrais sur ma bobine, qui casse la boule orangée d'un des réverbères d'une rue. Ignorants des exclamations de surprise des deux passants nocturnes, je file sans demander mon reste. Pas la peine d'ajouter vandalisme public à la liste de mes soucis d'aujourd'hui.

Je survole le Trocadéro, bondé malgré l'heure, et passe sans jeter un œil à la Tour Eiffel parée de lumière. Je continue d'errer au gré du hasard, à vagabonder dans les ruelles où s'accroche la bobine de mon arme. Je quitte ainsi les quartiers chics, et m'enfonce dans des rues qui me sont moins familières. Les touristes, tous agglutinés autour de la tour Eiffel ou du Sacré Cœur, ne s'aventurent jamais dans ces quartiers réputés pour être mal famés. Me voici réellement à Paris. Loin du bling-bling clinquant et au parfum de luxe qui règne dans les Beaux Quartiers. On y entend davantage de chiens qui aboient à tour de rôle et le tumulte du périphérique que celui des appareils photos synchronisés qui prennent des clichés de la Capitale.

En tant qu'habitante du vingt-et-unième arrondissement, je croise la misère tous les jours, que ce soit dans le métro ou en me rendant à l'école, je vois tous les jours des personnes faire la manche dans la rue. Mais là, ces quartiers sentent la pauvreté dans les bâtiments-même. Me dire que pour tous ces gens en difficultés, je suis une super-héroïne, un modèle d'espoir et de justice ne me fait pas rien. Ces gens ont besoin de croire en quelque chose, en quelqu'un. Ils ont besoin d'avoir quelque chose à quoi se raccrocher pour tenir leurs situations. Depuis que j'ai réalisé cela, je me suis juré de ne jamais sortir du droit chemin, pour être ce modèle de vertu quel les parisiens pensent que je suis. Je ne suis pas uniquement la justicière de Paris, je représente tous leurs rêves et leurs espérances. Ladybug est devenue l'allégorie de l'espoir parisien face à la menace du Papillon, je ne peux pas les décevoir. Je mets un point d'honneur à respecter mes promesses et mes devoirs héroïques.

Voilà pourquoi j'en veux autant à Chat Noir. Au début, il m'a semblé être l'un d'entre deux, qu'il connaissait la dure réalité de la vie. Son sens de la justice et de l'altruisme me paraissait exemplaire, et je croyais dans son regard la rage de vaincre. Cependant, je me suis peut-être trompée sur son compte : Après réflexion, c'est peut-être un petit fils-à-papa à la mode Chloé qui veut simplement s'amuser un peu, draguer avec son « Minou-ois » de « Chat-rmeur » du dimanche et ses autres jeux de mots débiles. Il avait ma confiance totale. Je suis aurais donné ma vie sans l'ombre d'une hésitation. Maintenant, je doute de plus en plus de ce que mon partenaire me réserve comme mauvaises surprises.

De rage, je lance à nouveau mon yo-yo autour d'un lampadaire, et je me perche dessus pour soupirer bruyamment. Ce Chat va me rendre dingue... Bien joué, Chaton...

J'entends mon Miraculous sonner. Ma balade a duré bien plus longtemps que je l'escomptais à l'origine. J'étais tellement énervé suite à la découverte du pot aux roses de Chat que je n'ai pas fait attention où ma colère m'avait guidée. Je m'arrête sur un toit d'un bâtiment afin m'orienter dans le labyrinthe qu'est la Capitale. J'étais apparemment de retour dans les quartiers un peu plus huppés de Montmartre, au vue du Sacré-Cœur blanc tout illuminé, posé sur la butte comme une grosse meringue blanche. La nuit était à présent bien tombée sur Paris, les touristes commençaient à rentrer chez eux. Il fallait que je rentre au plus vite, en espérant ne pas avoir inquiéter mes parents par mon absence. Je me jette donc dans le vide, et me propulse comme une étoile filante entre les bâtiments.

Arrivée près de chez moi, je me dé-transforme dans une ruelle attenante à la boulangerie, puis déverrouille la porte dès que Tikki s'est cachée dans ma pochette. La cloche carillonne joyeusement, annonçant mon arrivée à mes parents débordants d'inquiétude :

« Marinette !, s'écrie ma mère, les poings sur les hanches. Mais où étais-tu donc à la fin ? Nous t'avons appelé des centaines de fois sur ton portable !

-Nous imaginions le pire pour toi !, me réprimande Papa, les bras croisé sur son torse imposant.

-Désolée, réponds-je piteusement. Euh... Alya m'a appelée, je suis allée chez elle et... Je n'ai pas vu passer l'heure... et mon portable m'a lâchée...

-Tu aurais pu nous prévenir quand-même, râle maman en posant un plat sur la table de façon un peu plus bourrue qu'à l'ordinaire. Nous te payons tous les mois un abonnement, on aimerait qu'il serve à autre chose qu'à appeler tes copines !

-Très bien... Excusez-moi, fais-je en sortant les couverts pour le repas. Je ne le ferais plus.

-J'y compte bien, jeune fille. La prochaine fois que ça arrive, ce n'est pas dit qui tu iras chez Alya. Qu'avait-t-elle d'ailleurs de si important à te montrer pour t'inviter chez elle à une heure si tardive ? J'en toucherais deux mots à ses parents lorsque je les verrais !

-Non !, m'exclamé-je vivement, paniqués à l'idée de voir mon alibi partir en fumée. C'est bon, c'était la dernière fois ! Plus jamais j'oublierais de vous prévenir ! »

-Bien, conclue Maman et s'installant à son tour à table. Passe-moi ton assiette, Marinette, pour que je te serve des légumes.

-Et vous ? Votre commande s'est bien passée ?, risqué-je gentiment, voulant détourner de l'attention centrale de ma ballade nocturne.

-Mieux que je ne le craignais, répond mon père en soupirant. Monsieur le maire peut vraiment être pointilleux quand il le veut.

-Ça doit être de famille alors, dis-je en levant les yeux au ciel. Chloé est aussi embêtante que lui, si ce n'est pire.

-Embêtant ou pas, ça a eu l'air de lui plaire, ajoute Maman en souriant. Il nous a grassement payé pour cette commande surprise. C'était pour un de ses clients je pense. Un gâteau au chocolat recouvert de glaçage vert, noir et violet avec un crocodile en pâte à sucre en haut. J'ai eu un mal fou pour que ses pattes tiennent à son corps, et les yeux ne voulaient pas non plus rester en place.

-Ça devait sûrement être pour Jagged Stones, ajouté-je en esquissant moi aussi un sourire. Il est à Paris en ce moment, et ça ne m'étonnerais pas s'il créchait dans un des hôtels les plus luxueux de la ville. C'est un inconditionnel fan des crocodiles. Il en a même un comme animal de compagnie.

-Quelle horreur !, commente ma mère avec une grimace. Je n'aimerais pas avoir ça chez moi ! Comment fais-tu pour aimer quelqu'un qui a un crocodile chez lui ? »

Après avoir essayé de faire amende honorable de ma faute en débarrassant la table et lavant les casseroles, je monte dans ma chambre, totalement vidée. Tikki a dû attendre un bon moment avant de pouvoir manger son cookie pour se régénérer, et elle se laisse choir sur son coussin, sûrement aussi au bout du rouleau que moi. Je me vautre à ses côtés sur mon édredon rose clair, et soupire un bon coup :

« Tikki... Je crois que je vais exploser un de ces jours...

-Pourquoi ? Parce que tu t'es fait disputer par tes parents ?

-Enfin Tikki ! Tu n'as pas entendu ma conversation avec Adrien ?

-Tu sais Marinette, je n'entends pas et ne vois pas ce que tu perçois. Je ressens uniquement tes émotions dites fortes, comme la colère, l'amour ou la tristesse. Et j'allais t'en parler justement. Tu as eu un sacré moment de rage... Je n'avais pas ressentis ça depuis... Brrr des années ! Tu m'as fait froid dans le dos !

-Je t'ais fait peur ?, dis-je, réellement surprise.

-Oui, d'autant que la dernière fois que j'ai sentis une telle émotion, c'était... C'était... »

Sa petite voix aiguë s'éteint subitement. Tikki me parait submergée par ses souvenirs antiques, comme à des milliers d'années-lumière de moi. Ces pupilles se voilent, comme si elle n'avait plus conscience de ma présence.

« Tikki ? Tikki, es-tu avec moi ? Tikki ? »

Ma petite kwami se secoue brusquement la tête pour atterrir de ses pensées. Ses yeux bleus myosotis devenus ternes et lointain, retrouvent leur éclat habituel

« D-Désolée Marinette, je... Navrée, c'est juste que certaines choses me sont revenues en mémoire, Je...

-Pas de soucis, Tikki, ce n'est pas la peine de t'excuser. Je ne savais pas que je t'ai fait aussi peur. Je ne pensais pas m'être autant emportée sur le coup...

-Merci Marinette... Tu voulais donc parler d'Adrien, c'est ça ? Ça c'est bien passé ?

-Ça dépend. J'hésite entre fiasco total et entrevue instructive...

-Pourquoi donc ?

-Adrien m'a dit que Chat Noir avait laissé Adrien sur le champ de bataille la dernière fois...

-Quoi ? Non, Plagg ne le laisserai pas faire...

-Plagg ?

-Mais oui, tu sais, le kwami de Chat Noir...

-Ah, oui, c'est vrai, tu m'en avais déjà parlé l'autre jour... Plagg... Quel drôle de nom...

-Oui, ce n'est pas faux... Bref, peu importe, abrège Tikki en secouant que grosse tête écarlate. Je sais que Plagg tiendrait le même discours que moi à ce sujet. Même s'il a toujours été un peu plus laxiste et désinvolte que je le suis, jamais il ne laisserait passer une chose pareille...

-Je ne sais pas... En tout cas, c'est ce qu'Adrien m'a dit. Apparemment, Chat et lui sont amis, et Adrien serai ainsi resté sur la scène de combat. Et il m'a mentit lorsque j'ai demandé des nouvelles de Nino. Tu te rends compte ? Et s'ils leur étaient arrivés quelque chose ? Et s'ils s'étaient blessés avec un shuriken de Littérator ? Jamais je ne lui aurai pardonné Tikki, jamais !

-Marinette, calmes-toi, je t'en prie. Tout le monde va bien. Tu as lancé le Lucky Charm, non ? Alors tout est redevenu à la normal, c'est le principal !

-Là n'est pas la question, Tikki ! S'il estime qu'il peut me mentir là-dessus, ça implique qu'il peut me mentir sur quelque chose de bien plus grave ! Et s'il m'avait déjà mentit plusieurs fois ? Et si le jour contre Cœur de Pierre il m'avait menti en disant que j'étais faite pour être super héroïne ? Et si...

-Marinette...

-Et s'il m'avait menti sur toute la ligne ? Et si en fait les akumas c'était lui qui les purifiait dans mon dos ? Ça voudrait dire que je ne servirais à rien !

-Marinette...

-Je ne pourrais jamais sauver Adrien, ni tous mes autres amis ! Et si le Papillon était de mèche avec Chat ? Et si tout ça, les akumas, les batailles et les Lucky Charm, me détournait de leur plan machiavélique ? Rhahh ! Je me suis faite avoir comme une bleue ! Je suis la pire andouille de tout Paris !

-Marinette, ton portable sonne !

-Hein ?

-Arrête de dire n'importe quoi, et répond ! » Dit-elle d'un ton agacé en me fourrant mon téléphone dans les mains.

Sans voir l'identité de mon interlocuteur, je lance un timide « Allô ? » peu assuré. Qui peut donc m'appeler aussi tard ? Alya ? J'en doute. Le soir, elle préfère envoyer des messages sur Messenger habituellement... Alors qui ça peut bien être ?

« Allô Marinette ? C'est toi ? », Me demande une voix aiguë à l'autre bout de la ligne.

Cette voix me dit quelque chose, mais je n'arrive pas à en retrouver le propriétaire...

« Euh, oui, c'est bien moi... Qui êtes-vous ?, lancé-je timidement à mon interlocuteur inconnu.

-Tu ne me reconnais pas, Marinette ?, ajoute la voix dans un petit rire. C'est pourtant facile de savoir qui je suis !

-Ecoutez si c'est une blague, ce n'est pas drôle du tout !, dis-je en élevant la voix.

-C-calmes-toi, c'est moi Nathaniel !, bégaye la voix, brusquement paniquée.

-N-Nathaniel ? Nathaniel Kurtzberg ? »

Ça expliquerait le stress dans sa voix. Rhahh, et moi qui l'ait pris pour un stalker... Me voilà rassurée...

« Euh, oui, c'est bien moi Marinette...

-Ah, ce n'est que toi....Tu m'as fichu une trouille bleue tu sais ?

-Excuse moi Marinette, ce n'étais pas mon intention..., dit-il d'une voix contrite.

-Ce n'est rien. Juste... Comment as-tu eu mon numéro ? Tu as demandé à Alya ?

-Tu sais, tu m'avais passé ton numéro en classe...

-Oh, oui, c'est vrai, j'avais oublié... Je... Je suis désolée Nathaniel. Je suis... Un peu à cran ces temps-ci », avoué-je en coulant un regard vers Tikki.

Celle-ci me regarde d'un air entendu. Un peu à cran ? C'est peu dire en effet.

« Ça m'était totalement sortit de l'esprit... Euh... Donc désolée...

-C-Ce n'est rien vraiment ! C'est de ma faute, désolé ! J'aurais dû t'envoyer un message pour ne pas t'effrayer, je suis vraiment désolé, vraiment... Vraiment navré de t'avoir fait peur...

-Encore un peu et tu t'excuseras plus que moi dans toute ma vie !

-Désolé... », Dit-il d'une petite voix contrite.

Je ris franchement cette fois. Je crois que j'ai trouvé plus timide que moi !

« Cesse voir te t'excuser Nathaniel, il n'y a pas eu mort d'homme. Dis-moi donc la raison de cet appel.

-Je ne voulais pas de déranger, mais j'aimerai te demander un service...

-Quel genre de service ?, lui demandé-je, intriguée.

-Euh... R-Rien de contraignant, rassures-toi. En fait, j'aimerai te demander ton avis sur une œuvre.

-Oh... Eh bien...

-C'est sur une œuvre d'un de mes amis, pour être exact.

-Oh, très bien... Il est du collège ?

-Non, je le connais du club d'art que je fréquente. Il a notre âge. En fait, il adore écrire, et il aimerait avoir des avis sur l'histoire qu'il vient juste de terminer.

-Tu sais, je ne suis pas une pro avec les mots, lui avoué-je en m'asseyant sur ma chaise de bureau. Je ne sais pas si je suis la mieux placée pour-

-Si tu es la meilleure ! J-Je veux dire... Peut-importe que tu ne sois pas une experte. Justement, c'est bien d'avoir l'avis des gens lambda... Euh bien que tu ne sois pas une personne lambda, rassures-toi ! En tout cas pour moi ! Euh... Non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire ! Je... »

Nathanaël semble vraiment avoir du mal avec les mots, lui. Vraiment, je ne vois pas pourquoi hésiter autant avec des mots aussi... simples.

« Eh, respire Nathaniel, j'ai compris. Je veux bien donner mon avis pour ton ami, il n'y a pas de soucis.

-V-Vraiment ? Tu acceptes ?

-Euh, oui. J'accepte avec plaisir.

-Super ! Alors je te donne ça demain en classe !

-Ça marche Nathaniel. Je pourrais aussi le montrer à Alya. C'est elle, l'experte des mots. Elle pourra peut-être aider ton ami à s'améliorer... 

-O-Oui, ça serai super ! Merci beaucoup Marinette...

-De rien, c'est le moins que je puisse faire...

-Et puis tu pourrais la montrer à Marc également. Il me semble qu'il écrit, lui aussi

-Je l'ai déjà fait, il est actuellement en train de la lire

-Ah, d'accord. »

Un silence gêné passe dans la conversation pendant quelques secondes, sans qu'aucun de nous ne le rompe. Je passe la main dans mes cheveux, et j'entends un raclement de gorge à l'autre bout du fil.

« Bon, eh bien je vais te laisser..., dis-je pour briser le blanc de la conversation.

-Euh oui ! Désolé de t'avoir dérangée pour ça !

-Arrête voir de t'excuser Nath' ! Je t'ai dis que tout va bien. 

-O-Oui... Bon alors...

-A demain, Nathaniel !

-A demain, Marinette... »

Il raccrocha le premier, et je gardai un instant mon téléphone à mon oreille. Cet appel était à la fois réconfortant et assez bizarre. Je croirais vraiment que je l'intimide. On aurait dit une discussion que j'aurais pu avoir avec Adrien... Vraiment étrange...

« Si j'en crois cette conversation, je dirais qu'il en pince toujours pour toi, Marinette !, me lance joyeusement Tikki en me souriant d'un air complice.

-Tu crois ?

-SI je me réfère à ses bredouillements et au nombre de « désolés » qu'il dit à la minute, j'en suis certaine !, dit-elle en riant et en me faisant un clin d'œil. D'après mes observations, je peux te l'affirmer avec certitude !

-Ah ah, peut être... Il faudrait que je lui en touche deux mots alors. Je ne peux pas le laisser espérer ainsi, alors que j'en aime un autre... »

Je m'interromps, laissant ma phrase en suspens. Il va falloir que je trouve un moyen de lui expliquer sans trop lui briser le cœur. Il est et restera juste un ami pour moi. Un bon ami, sur lequel je peux compter, mais sans plus. Il faut néanmoins que je trouve le temps de clarifier à nouveau la situation entre nous deux. 

Je reprends d'une voix plus joyeuse : 

« En tout cas, j'ai hâte de voir cette fameuse histoire. Je m'arrangerai pour que tu puisses la lire aussi, Tikki, lui annoncé-je en caressant doucement sa grosse tête rouge de mon index.

-Merci, Marinette !

-Merci à toi Tikki d'être là... Et, à ce propos, je suis désolée pour tout à l'heure. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, vraiment...

-Je sais que tu as des doutes, mais continue de faire confiance à Chat Noir. Je suis certaine qu'il y a une explication rationnelle à tout ça...

-Je ne peux rien te promettre, Tikki, avoué-je en baissant la tête vers mon parquet. Je ne sais pas si j'en aurais la force...

-Laisse-lui une dernière chance, alors. Une toute dernière chance de remonter dans ton estime... Fais le pour moi Marinette...

-C'est d'accord, Tikki... », Capitulé-je en relevant mes yeux bleu vers les siens.

Elle s'approche de moi, et tends ses petites pattes sentant le chocolat vers ma joue droite pour un câlin réconfortant. Oui. Je le ferais Tikki. Pour toi. J'essayerais au moins de laisser une chance à ce Chat de gouttière de se rattraper et de sauver le peu de confiance que je lui accorde encore.

« Et maintenant, cessons un peu de nous excuser, tu veux bien ? J'ai entendu assez de désolé pour le reste de la soirée !, lance plus joyeusement ma petite kwami en se posant sur mon épaule.

-Entièrement d'accord ! Allez, filons à la douche et zou ! Direction les plumes ! »

Lessivée par cette journée haute en rebondissements, je prends mon pyjama et m'offre sous le jet d'eau chaude. Ma Kwami dormait déjà lorsque je sortais de la salle de bain, récupérant encore de son combat avec Littérator et de ma transformation de tout à l'heure. Une fois dans mes draps, je la regarde un moment, observant sa petite poitrine rouge se soulever lentement au rythme de sa respiration apaisée. Puis je décide de faire comme elle et de tomber dans les bras de Morphée. J'éteins la lampe, puis ferme les yeux, m'endormant en faisant fi de mes émotions d'aujourd'hui.

Le lendemain, avant les cours, je vois un Nathaniel tout souriant se diriger vers moi, une chemise cartonnée à la main :

« B-Bonjour Marinette !

-Oh, salut Nathaniel ! Comment vas-tu ?

-O-Oui ! Et toi ?

-Euh, oui, pas de soucis. C'est la fameuse histoire dont tu m'as parlé hier que tu as dans les mains ?

-C'est ça ! C'est celle de mon ami. J'espère qu'elle te plaira ! Et merci d'avoir accepté de la lire !

-Oh, euh oui, écoute, c'est normal entre ami...

-Oui... »

C'est moi, ou à chaque conversation que j'entame avec Nathanaël, ça se termine toujours par un énorme blanc ? Il s'attarde devant moi, passant sa main sur sa nuque tout en dérangeant ses cheveux rouges d'un air stressé. Suis-je donc si intimidante que ça ? Il est vraiment temps que je lui parle de tout ça...

« Bon, et bien je vais aller rejoindre Alya...

-O-Oui ! Je ne veux pas te retenir, e-excuse-moi !, dit Nathaniel en bredouillant un peu. Je dois aller voir Juleka de toute façon...

-Tu es souvent avec elle ces derniers temps, dis-je en la voyant justement rentrer dans la cour en compagnie de Rose.

-Oui, c'est vrai. Rose est vraiment gentille, et on passe de bons moments tous les trois, m'avoue-t-il en souriant. Juleka et moi avons travaillé sur des projets en commun en physique et en français, et on a commencé à se parler ainsi.

-Je ne savais pas que vous étiez proche à ce point, tous les deux. Vous sortez ensemble ? »

Cela m'avait échappé sans que je ne m'en rendre compte. Je devrait cesser de penser à voix haute...

Nathaniel écarquille les yeux face à ma question, puis se met à rougir d'un coup. Ses yeux turquoises papillonnent de droite à gauche, sans plus oser croiser mon regard :

« Q-Quoi ? Non ! Je veux dire, Juleka est gentille mais je ne sors pas avec elle... Je... Hum...

-Excuse-moi, je ne voulais pas être indiscrète, rétro pédalé-je en secouant les mains. Ce ne sont pas mes affaires de toute façon...

-Si ! Euh, non... Désolé ! Mais il n'y a rien entre Juleka et moi, je t'assure !

-C'est dommage, vous iriez bien ensemble, tous les deux.

Mais qu'est ce qu'il me prend de dire cela ? Moins discrète, tu meurs ! 

«Tu crois ?, me demande-t-il en relevant enfin les yeux vers moi.

-Je ne sais pas... Ce n'est qu'une idée en l'air ! 

-Ah, euh, d'accord... »

J'essaye de rattraper ma bourde comme je peux. Gagner du temps. Mais j'ai l'impression de m'enliser encore plus. Qu'est ce que je manque de tact ! 

Nouveau silence entre nous. Nathaniel est de plus en plus embarrassé. Il se balance de droite à gauche et continue de masser son cou d'un air gêné tout en remontant son sac en bandoulière sur son épaule. C'est fou, c'est exactement le même comportement que j'ai lorsque Adrien est dans les parages, en un peu plus exagéré, bien sûr...

Je n'en mène pas large non plus. La situation est plus que gênante avec lui. Pourtant, j'appréhende vraiment le moment où je vais devoir mettre les points sur les i entre lui et moi....

« Hey Marinette ! »

Une comète orangée me fonce droit dessus, me serrant d'une force surhumaine dans ses bras. Alya et sa bonne humeur habituelle interrompt le blanc gênant entre Nathaniel et moi.

« Salut Alya ! Tu as l'air en forme aujourd'hui !

-Ah ah, tu ne devineras jamais la meilleure ! s'exclame ma meilleure amie en continuant de me serrer dans ses bras. C'est méga-supra-giga trop bien !

-Laisse-moi deviner, ça concerne le Ladyblog, c'est ça ?, dis-je en lui saisissant les poignets et en lui souriant avec patience.

-Bien sûr ! Oh faut trop que je te raconte !

-Ok, ok, calme-toi un peu s'il te plait... »

Je me tourne vers Nathanaël, qui se passait encore nerveusement la main dans les cheveux, se sentant un peu mis à l'écart par ce brusque élan d'affection d'Alya à mon égard.

« Nathaniel ? Tu voulais me dire quelque chose ?

-Oh, euh, non, c'est bon, j'avais terminé de toute façon... annonce-t-il en commençant à s'éloigner. Bon ben, je vous laisse entre vous... Bonne lecture à vous deux !

-Merci ! A plus alors !

-Que se passe-t-il ici ? Une déclaration spéciale ? Et c'est quoi cette pochette que tu as en main toi ?

-Ta-ta-ta, tu vas commencer par arrêter de me bombarder de questions. Déjà que tu arrives comme une bombe dès le matin...

-D'accord, j'ai compris... Mais, il s'est passé quelque chose d'extraordinaire hier !

-Ah bon ? Et quoi donc ?

- Alec Cataldi m'a contacté sur le chat du blog afin me dire qu'il veut m'interviewer pour l'émission  « As-tu dis Buzz ? de la semaine prochaine » ! Tu imagines le coup de pub énorme que ça me ferai ?

-Oh Alya, je suis si contente pour toi ! J'ai hâte de te voir la semaine prochaine à la télé !

-Justement... Alec m'a dit en message privé que quelqu'un peut m'accompagner, en plus d'un de mes parents. Ça te dirait de venir avec moi sur les plateaux ?

-Qui, moi ? Vraiment ?

-Ben oui, banane, puis-ce que je te le dis ! Ça va être génial ! J'espère juste qu'un de mes parents pourra m'accompagner. Alec m'a bien précisé que c'était eux qui devait signer les papiers obligatoires et être présents lors de l'interview...

-Mais bien sûr qu'ils seront là ! Je suis sûre qu'ils parviendront à se libérer pour t'accompagner !

Alya me regarde d'un air un peu triste. Elle sait tout aussi bien que moi que je suis bien trop optimiste de lui dire cela. Sa mère Marlena, travaillant dans le restaurant Le Grand Paris, peut difficilement prendre une après-midi de congé, car M. Bourgeois ne tolérerait pas que sa chef cuisinière ne soit pas à l'heure pour le service du soir. Quant à Otis, son père, il dirige la Ménagerie du Jardin des Plantes de Paris comme sa propre famille. Alors, il faudrait le convaincre de laisser ses animaux une après-midi pour aller au studio. De plus, il ne voit pas d'un bon œil le blog d'Alya, lui reprochant de vampiriser son attention hors de ses études. Ça risque d'être tendu.

Afin de lui redonner le sourire, je tente une proposition

« Sinon, je peux demander à mes parents de t'accompagner ! ils sont un peu comme tes seconds parents lorsqu'on y réfléchis

-Tes parents ont leur boutique à gérer. C'est impossible pour eux de se libérer également... Mais merci de ta proposition, Marinette, répond-elle en plaçant une main sur mon épaule.

Bon en mal en, j'essaye de garder le sourire, jusqu'à ce qu'Alya retrouve le sien. C'est typiquement le genre de fille à ne pas se larmoyer sur ses problèmes, et bien vite sa bonne humeur reprend le dessus :

« Ne t'en fais pas pour moi. Je vais tenter avec mon père pour qu'il m'accompagne, et je te tiendrai au courant », affirme -t-elle sans se démonter. En tout cas je suis trop contente ! Alec Cataldi, quoi !

-Je suis heureuse pour toi aussi, Alya. Quand je te dis que tu es talentueuse ! »

Mais quand même tu te rend compte ? Je vais être interviewée ! Par Alec en plus ! La classe internationale quoi !

-Ouais la classe !

-Bon, et toi ? Qu'est ce que te voulait Kurtzberg dès le matin ?, demande Alya en s'appuyant sur mon épaule. Te faire sa déclaration d'amour ?, plaisante-t-elle en riant.

-Me donner une histoire écrite par son ami, lui réponds-je, ignorant le trait d'humour de sa voix, en espérant qu'elle ne s'appesantisse pas là-dessus.

La jeune métisse me lance un regard étonné :

« Par un ami tu dis ?

-Ouais. Un de ses amis de son club d'art. A ce qu'il paraît, il cherche des avis sur ce qu'il a fait...

-Donne-moi ça illico ! »

Elle me prend la pochette des mains sans me laisser le temps de la contrer.

« Hé ! Qu'est-ce qu'il te prend ?

-SI les membres de son club d'art est aussi doué que l'est Nath en dessin, tu as peut-être sous les yeux une merveille ! Et puis, ça peut me faire un sujet en or pour le journal de l'école ! 

-Je ne l'avais pas vu comme ça, avoué-je, surprise.

-J'ai le flair pour ce genre de chose, crois moi ! Je pourrais même en parler sur mon blog, ce qui lui ferai une publicité monstre et m'aiderai à me faire remarquer en tant que critique sur la toile. Alors, jamais je ne raterais une occasion pareille ! Je m'en vais de ce pas la lire ! »

Alya me laisse en plan pour foncer à la salle de classe, commençant déjà à ouvrir la pochette en route de ses mains fébriles. 

«Hé Alya ! Attend moi ! »

En voilà une journaliste qui devrait avoir une piqûre de rappel sur la politesse... Mais comme il s'agit de ma meilleure amie, je peux bien lui pardonner ça. La preuve, elle-même dois supporter mes inlassables retards et mes excuses en bois bancales à longueur de journée. Levant les yeux au ciel d'un geste exaspéré, je décide de suivre ma meilleure amie en classe, espérant ne pas avoir à penser à ce fichu Chat de gouttière aujourd'hui...

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