Chapitre 7 Un Rendez-vous Compromettant
« En tant que Ladybug ? »
Ma kwami écarlate me dévisageait de ses grandes billes bleues comme si j'étais une folle échappée d'un asile. Je lui réponds calmement tout en replaçant une de mes courtes mèches noires derrière mon oreille :
« Oui Tikki. Il me faut des réponses. Et maintenant.
-Mais, Marinette, tu ne peux pas te permettre de débarquer comme ça chez lui. Réfléchis : Adrien va se poser des questions : pourquoi Ladybug viens lui rendre visite alors qu'il n'y a pas de danger ? Ladybug doit garder son anonymat, et je trouve que tu manques de recul sur la situation. Et puis, même si tu arrives à bien articuler des phrases correctement, que vas-tu lui dire ?
-Que mon réseau de connaissance m'a fait remonter qu'Adrien avait mentit, tout simplement », affirmais-je avec aplomb tout en jouant avec mon stylo numérique.
Tikki croise ses petits bras sur sa poitrine, me contemplant du même air consterné qu'aurai pu prendre Alya devant mes plans foireux.
« Ton réseau de connaissance ? Vraiment ?
-Euh...
-Marinette, Marinette, Marinette... soupire-t-elle. Bon, tu es sûre de ton coup ? Tu veux absolument voir Adrien ?
-J'en suis certaine, Tikki.
-Bon... Bien que je ne sois pas d'accord avec toi, j'accepte de t'accompagner chez lui. Mais avant, réfléchis bien à ton coup. Tu ne peux pas débarquer chez un civil en lui mentant comme ça.
-J'ai compris, d'accord.
-Alors ?
-Alors quoi ?
-Que vas-tu lui dire ?
-Que... Que je me pose des questions sur Chat Noir...
-Imagines toi à sa place. Pourquoi lui demander à lui ? Tu ne sais pas s'il connaît personnellement Chat Noir.
-Maintenant que tu le dis, je trouve ça très étrange, en effet..., admet-je en suçotant le bout de mon stylo. Mais que puis-je dire alors ?
-Peut-être la vérité.
-Quoi ? Mais tu es folle Tikki !, la coupé-je brusquement en posant la tablette à côté de moi. As-tu oublié mon identité secrète ? Je ne peux pas dire que je le connais sous ma forme civile !
-Si tu me laissais finir, continue Tikki d'un air agacé, je pourrais te dire que tu pourrais lui dire la vérité, que tu te poses des questions sur lui et Chat Noir, car tu as appris qu'Adrien n'était pas avec Nino. Et tu omettrais de préciser que tu l'as appris de sa bouche. Puis tu es allée voir une amie d'Adrien pour vérifier ces rumeurs, à savoir...
-Moi...
-Marinette, confirme-t-elle en me souriant.
-D'accord, merci Tikki ! Bon, alors qu'est-ce qu'on attend pour y aller ?
-Tu veux vraiment y aller maintenant ?
-Il me faut des réponses, Tikki. Je ne peux pas rester comme ça les bras croisés, je ne le supporterais pas. Il faut que je fasse la lumière sur ce qui s'est exactement passé. Papa et Maman sont en train de porter une grosse commande chez un client important. Je serai de retour avant qu'ils ne soient rentrés.
-Très bien... Mais promets-moi que tu seras prudente, Marinette..., annonce ma Kwami d'un ton inquiet.
-Comme toujours, Tikki, ne te fais pas de soucis. Merci de me soutenir.
-Bien sûr... Je te soutiendrais toujours, quoi que tu fasses. Tu te rappelles de l'adresse, naturellement ?, me glisse-t-elle, taquine.
-Enfin, Tikki pour qui me prends-tu, enfin ?
-Pour une petite Marinette Dupain-Cheng qui est capable d'oublier tout et n'importe quoi, me répond-t-elle du tac-au-tac, tout en riant franchement à sa blague.
-Ahah, très drôle Tikki, répliqué-je ironiquement en levant les yeux au ciel. Bon, allez, fini de papoter. Il faut partir. Je peux le faire, je peux le faire, je peux le faire...
-Tu peux le faire Marinette, me réconforte Tikki. N'oublies simplement pas ce qu'on a dit.
-Ok... ALLEZ TIKKI ! TRANSFORMES-MOI !
Ainsi devenue Ladybug, j'enfile l'anneau de mon yo-yo autour de mon majeur et lance ma bobine de fil garance pour l'accrocher sur le bâtiment d'en face. J'inspire profondément pour me donner du courage, regarde un instant le trafic inlassable des voitures qui rentrent du travail, puis me reconcentre sur mon objectif. Je tire sur mon câble élastique pour me propulser dans les couleurs de feu du soir qui tombe sur Paris, en direction du manoir des Agreste.
___.oOo.___
J'arrive dans ma chambre, exténué. Le cours d'escrime de ce soir était particulièrement pénible et éprouvant : Armand D'Argencourt a été extrêmement pointilleux sur ma posture de garde très approximative cette séance. Mon coéquipier Tristan parait mes attaques avec une grande aisance et mes coups d'escroc étaient facilement déjoués. J'ai dû aller ramasser mon fleuret une bonne dizaine de fois dans l'heure.
Jamais je n'avais été aussi inattentif lors d'une séance, mais pour ma défense, j'avais une bonne excuse. J'ai lutté contre moi-même toute la journée pour mentir, et j'ai stressé comme un fou pour ne pas éveiller les soupçons de mes amis. Ce n'est jamais facile d'associer la vie rangée et répétitive d'Adrien, mannequin, sportif et collégien ; à la trépidante vie de Chat Noir, libre protecteur de la Capitale des attaques d'akumatisés, défenseur de la veuve et de l'orphelin et sauveur de demoiselles en détresse.
Plagg sort de ma veste, content de pouvoir vagabonder librement dans ma chambre. Je m'attelle à mes devoirs de science et de français pendant que mon Kwami de jais dévore à belle dent un demi-camembert odorant. Je résous avec un peu de difficultés mes exercices de calcul littéral et équilibrer mes équations de réaction me prend un peu plus de temps qu'à l'ordinaire à cause de ma fatigue. Je galère aussi un peu plus sur la leçon d'histoire, dont j'ai dû mal à apprendre les dates, mais je m'en sors pas trop mal tout de même. Nathalie m'appelle pour le dîner, que je prends seul dans la grande salle à manger, bien trop grande pour un adolescent délaissé comme moi.
Totalement épuisé, aussi bien physiquement que mentalement, je me laisse tomber sur mon lit, les paupières closes. Enfin je peux me reposer, sans que personne ne me dicte quoi faire, comment me tenir, quoi dire à qui... Un moment que je passe comme je le désire. Je rouvre les yeux et me redresse sur mon lit.
Plagg roupillait déjà sur son coussin vert malachite, ses moustaches anormalement longues pour un chat repliées contre lui. Ses pattes noires recroquevillées contre sa poitrine s'agitent au rythme de sa respiration régulière et il semble apaisé. Il pourrait être presque mignon lorsqu'il dort, et même mignon tout court s'il n'avait pas ce fichu caractère ronchon et sardonique par moment. Je le contemple en souriant, sans mot dire. A force de le côtoyer, on s'attache à cette petite bête de jais, et je n'imagine plus un jour de ma vie sans essuyer une de ses remarques sarcastiques et désinvoltes.
D'un coup je me redresse vivement, avec tous mes sens en alerte et le cœur battant. J'ai vu, ou cru voir une sorte d'éclair rouge par ma fenêtre. Je ne connais personnellement qu'une seule cause de cet éclat écarlate : Ladybug était de sortie. Il n'y a pas de patrouille ce soir, car nous avions décidé de commun accord de ne plus exécuter notre ronde juste après un combat. Nous supposions tous les deux que, comme nous, le Papillon devait sûrement se recharger au moins une journée après avoir métamorphosé une personne. Alors que fabriquait Ladybug près de la place du Châtelet ? De plus, c'est mon périmètre d'ordinaire, alors pourquoi ma Lady était-elle ici ?
Mais peut-être que je me faisais des idées. Ladybug est indépendante, je l'avais bien assez constaté par moi-même. Peut-être voulais-t-elle aller près de la Tour Eiffel pour admirer la vue ? Je m'y rends toujours après chacune de mes rondes nocturne pour admirer Paris se mettre en veille. Ou alors peut-être que je me mettais tout simplement à halluciner. A espérer qu'elle vienne me voir, comme ça, sans raison. Peine perdue, Agreste, me réplique ma conscience, ayant curieusement pris la voix de Plagg depuis que je suis devenu Chat Noir. Elle ne viendra pas, gamin, laisse tomber et arrête de rêvasser.
En soupirant, je m'interromps dans mes illusions rêveuses et sottement romantiques, et je saisis délicatement le coussin de mon Kwami pour le mettre au pied de mon lit. Plagg se retourne, change de position et se rendort tranquillement, récupérant encore de notre dernier combat. Il avait beau faire le brave quelques fois, je sais que mes acrobaties et mon super pouvoir l'épuisaient beaucoup, tout comme moi.
Je décide à mon tour de faire comme lui. Je prends une petite douche, savourant l'eau chaude qui coule délicieusement sur mes muscles endoloris de courbatures. Une fois habillé d'un tee-shirt blanc et d'un caleçon gris tout propres, je rentre dans mes draps. Allez Adrien, tu as besoin d'une bonne nuit de sommeil. Oui, me dis-je en bâillant aux corneilles et en me couchant en chien de fusil sous ma couverture bleue sombre. Une bonne nuit et on va arrêter d'espérer que Ladybug entre en pleine nuit dans ma chambre... Les battements frénétiques de mon cœur se calment, jusqu'à retrouver un rythme plus normal. Mes paupières se ferment doucement et je tente de faire le vide dans ma tête, prêt à m'endormir.
Deux petits coups légers frappés contre ma vitre me font ouvrir les yeux d'un coup. Plagg se glisse sous mon guéridon, se cachant ainsi à l'abri des regards. Je saute à bas de mon lit pour voir une Ladybug pendue à son yo-yo magique de l'autre côté de la vitre dans la pénombre bleutée du début de soirée. Sa tête était à l'envers et ses couettes d'un joli noir brillant choyaient de part et d'autre de ses joues. Elle m'adresse un sourire avenant, et j'avoue être tétanisé pendant deux longues secondes, tout en la contemplant d'un air ahuri.
« A-Adrien ? Pourrais-je entrer quelques instants s'il te plaît ? demande-t-elle, ses paroles quelque peu étouffées par le triple vitrage de la pièce.
-Hein ? Ah, heu... Oui bien sûr..., affirmé-je en secouant ma tête pour retrouver mes esprits. Oui, bien sûr je t'ouvres... »
Mes mains, brusquement fébriles, ont du mal à déverrouiller le loquet bloquant le battant de ma fenêtre, mais je parviens à ouvrir un passage assez grand pour que la super héroïne au costume à pois se faufile sans faire de bruit à l'intérieur de ma chambre. Je n'en reviens toujours pas qu'elle soit la, chez moi, pour venir me parler à moi, Adrien. Mon cœur jouait du djembé dans ma poitrine, essayant vainement d'alimenter mon cerveau pétrifié de stupeur.
« Merci Adrien... », Murmure-t-elle
Elle se redresse, passant une main dans sa frange pour arranger les fines mèches rebelles qui dérangeaient sa coiffure pourtant toujours aussi impeccable. Je lutte contre moi-même pour ne pas laisser mon regard dériver vers le reste de son corps svelte et mince, dont la combinaison rouge vif laissait en voir la silhouette. Reste concentré Adrien !, me rappelais-je vertement à l'ordre.
-Ladybug... Que fais-tu donc ici ?, réussi-je à hasarder d'une voix basse pendant qu'elle parcourait la pièce des yeux.
-Je voulais te voir, me répond-t-elle sur le même ton, détaillant toujours ma chambre sans croiser mon regard.
-M-Me voir ? Et en quel honneur te déplacerais-tu juste que chez moi ?
-Pour te parler.
-Me parler ?
-Oui. »
Elle et moi nous taisons, et un ange passe. Ladybug esquisse quelques pas, essaye de parler mais se ravise soudainement. La jeune fille regarde le sol sans ajouter un mot. Elle ne sait sûrement pas comment aborder notre conversation. Il faut que je me lance, que j'amorce un dialogue, car la galanterie m'interdisait de laisser une demoiselle dans l'embarras. Il faut que je fasse le premier pas. Je tente alors :
« S-Si tu veux, on peut s'assoir pour discuter...
-Hum, oui, ça sera mieux », me réponds-elle sans pour autant s'assoir sur le canapé en face de la télévision éteinte.
Je m'y installe donc, l'incitant à venir me rejoindre. Elle semble hésiter, mais se décide enfin à se poser doucement sur le bord du divan gris anthracite. Elle semblait très nerveuse, encore plus que d'habitude. Elle se triture les mains d'un geste fébrile, et garde ses jambes serrées l'une contre l'autre. Je lui demande, tout à trac :
« Y a-t-il un souci ? Un danger que je devrais savoir ?
-Non, non, rassures-toi, pas de problème. C'est juste que je ne sais pas trop comment aborder le sujet. C'est... Compliqué pour moi, avoue-t-elle en replaçant une de ses mèches de cheveux aux reflets légèrement bleutés derrière son oreille.
-F-Fais au plus simple Ladybug. Tu peux tout me dire», lui dis-je d'un ton amical.
Je suis de plus en plus nerveux, moi aussi. De quoi Ladybug, la fille qui me fait tourner la tête et mon cœur veut me parler ? Elle-même ne sais pas comment m'en faire par. Dois-je m'inquiéter ? La mettre en confiance ? Rhaah, je ne sais pas ! Si seulement j'étais Chat Noir, je saurais comment réagir. Là, je ne peux qu'attendre que ma Lady se décide à tout m'avouer. Et si... Et si elle voulait me faire sa déclaration ? Me dire qu'elle m'aime ? Oh mon dieu... Non, reprends-toi, gamin. Reste concentré.
« Bon... Allez, je me lance, déclare brusquement Ladybug, interrompant le flot de mes pensées irrationnelles. Je voudrais te parler du dernier combat qu'il y a eu lieu à Paris.
-Celui contre Littérator ? Le type avec le livre ?
-O-Oui, en effet.
-Et... à quel propos ?, lui demandé-je, quelque peu surprit.
-Euh... Eh bien... »
Je me laisse distraire par son index qui se promène sur son menton, et effleure ses lèvres pendant qu'elle réfléchit. Son doigt si fins, ses lèvres délicatement rosées, ses airs hésitants... Il faut que je me reprenne. Regarde-là dans les yeux, Gamin, me réprimande la voix de Plagg dans ma tête. Mauvaise idée. Je me perds dans ses yeux bleus comme au milieu d'une crique d'eau turquoise, si profond qu'on pourrait y sombrer tout entier. Cette couleur claire contrastait avec la couleur garance soutenue de son loup à pois qui masquait son identité. Je crois que si je continue à regarder ses yeux, je vais oublier mon propre nom.
« Euh, Adrien ?
-O-Oui ?
-Tu m'écoutes ?, me demande-t-elle en secouant sa main gantée de rouge devant moi.
-Oh, E-Excuse-moi, Fis-je en me grattant la nuque, le visage aussi écarlate que son costume d'héroïne. T-Tu disais ?
-Je te parlais de Chat Noir.
-Chat Noir ?
-Euh, oui. J'ai toutes les raisons de penser qu'il n'est pas tout à fait honnête avec moi.
-C-Comment ça ? Tu... Tu n'as plus confiance en Chat Noir ?»
Ladybug doute de Chat Noir ? C'est... ca serai catastrophique ! Si elle ne me fait plus confiance, comment allons-nous combattre les akuma si elle n'a plus ma confiance ?
« J'ai confiance en Chat Noir. La n'est pas la question. Seulement... J'ai relevé quelques... Soucis dans ses propos.
-A-A bon ? Lesquels ?
-Eh bien, Chat m'avais assuré que tu étais rentré avec ton copain Nino. C'est vrai ? »
Ses iris bleus limpides me scrutent avec attention, et je me sens totalement désemparé face à elle. Je ne peux pas réfléchir correctement. Je ne peux lui mentir, pas avec cette lueur qu'elle a dans les yeux. J'ai l'impression de passer sous un rayon X et d'être mis à nu à ses pieds.
« Euh... Je... Hum....
-Tu n'as pas à stresser, Adrien, me dit-elle d'une voix douce. C'est juste une simple question. Je te demande juste de me répondre sincèrement. Étais-tu avec Nino lorsque Littérator a attaqué le collège Françoise-Dupont ?
-Je... Non. Je n'étais pas avec Nino.
-Tu étais chez toi alors ?
-Non.
-Non ? Où étais-tu alors ?, me demande Ladybug, toute affolée.
Quoi ? Mais, qu'est-ce que tu racontes, Agreste ! T'es débile ou tu le fais exprès ? Tu as un pois chiche à la place du cerveau ? Allez, reprends-toi et sauve ta peau, stupide Chat de gouttière! La voix de Plagg me maudit de tous les nom. C'est le branle-bas de combat dans mon cerveau pour trouver une solution. Cependant, dans un coin de ma tête, je ne peux m'empêcher de remarquer qu'elle s'inquiète pour moi. Et ça me fait quelque chose de le savoir.
«Euh... J'étais... J'étais euh... En train de suivre Chat Noir !
-En trains de suivre Chat ?, s'étonne Ladybug. Tu étais sur la zone de combat ?
-Euh, je... Oui. Mais j'étais bien caché ! », ajouté-je avec empressement.
Je prie pour que ça n'envenime pas la situation.
« J'espère bien, me réprimande-t-elle. Tu t'es mis en danger inutilement.
-C-Chat m'avait trouvé une cachette sûre pour voir le combat.
-P-Pardon ? Chat Noir a fait quoi ?»
Je sens dans la voix de ma Lady la colère pointer. C'est mauvais signe, très mauvais signe...
« Chat est vraiment irresponsable, affirme Ladybug en se tenant la tête d'un air agacé. Il aurait dû te renvoyer chez toi. Argh celui-là il va avoir de mes nouvelles !
-Ne t'énerve pas trop contre lui, Ladybug, tenté-je le tout pour le tout. C'est... Un ami pour moi.
-Tu es ami avec Chat ? me demande-t-elle, réellement surprise.
-Je... Oui. Et c'est moi qui ai insisté pour rester. Ce n'est pas de sa faute...
-Si Adrien, me réplique-t-elle en soupirant. Un super-héros doit penser avec sa tête. Il a été irresponsable, et je vais lui en toucher deux mots. Ce n'est pas la première fois qu'il me ment ainsi.
-Mais-
-Pas de mais. Il doit comprendre qu'il a franchi la ligne rouge, dit-elle en se levant du canapé. Merci Adrien pour ta franchise. Tu m'as été d'une grande aide.
-Ladybug !, m'exclamé-je paniqué en me levant à mon tour. Attends !
-Oui ?
-Ne sois pas trop dure avec lui. C'est... Il est sincère avec toi. Je te le jure.
-Peut-être. Mais pourquoi me mentir ainsi ? J'ai moi aussi des amis proches. Et je fais attention à eux. Car je ne suis pas uniquement là pour arrêter les akumatisés du Papillon. J'aime savoir les Parisiens hors de danger, et en particulier mes amis. Chat devrait revoir l'ordre de ses priorités. Il t'a laissé sans surveillance. Il nous a tous mis en danger. Il doit payer. »
Je devais afficher une tête affreuse, car la jeune fille s'approcha de moi et me saisit doucement par les épaules d'un geste réconfortant :
« Rassures-toi. Je sais que c'est dur, car c'est ton ami, mais tu as fait le bon choix en me disant tout. Tu n'as pas à t'en faire. »
Ses yeux bleus me fixaient d'un air doux, et ceci renforça mon sentiment en honte. Je me sentais de plus en plus mal, et sa gentillesse accentuait ce mal-être.
« Ecoute, je dois y aller. Tu dois tomber de fatigue, et je dois avouer que moi aussi. Merci encore pour ton aide, Adrien... »
La main s'enlève de mon épaule d'un geste bref puis elle s'éloigne vers la fenêtre. Elle ouvre le battant d'une seule main et grimpe sur le cadran de la vitre. Ladybug lance son yo-yo, qui va s'enrouler quelque part dans la nuit. Une dernière fois, la super-héroïne coccinelle se retourne et me lance :
« Ne t'inquiète pas pour Chat Noir. Dors tranquille. Tu es quelqu'un de bien, Adrien. Peut-être pas Chat Noir, mais toi oui. Je vais me renseigner là-dessus, et peut-être lui tirer un peu les oreilles. En attendant, évite de retourner sur les champs de bataille. Pour ta propre sécurité.
-Oui. »
Mais voix ne me paraît même pas convaincante. Je me force à lui sourire, un faible rictus naît sur mes lèvres. Ladybug m'en renvoit un rayonnant de reconnaissance. Elle me murmure « Bonne nuit Adrien », puis disparaît dans la pénombre du soir, me laissant totalement désemparé.
Plagg sort de sa cachette et se pose sur mon épaule, celle où Ladybug avait posé sa main gantée. Il ne dit rien, ce qui montre que la situation est grave. Son regard vert est plus qu'éloquent : il a tout entendu, mesuré l'ampleur des dégâts. Chat Noir est dans les ennuis jusqu'aux moustaches...
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