Chapitre 4 : Bien joué !

Je contemple l'objet qui m'est tombé dans les mains dès que la myriade de paillettes roses et écarlates typiques de mon super pouvoir se dissipe. Un seau rouge à pois noirs. Un SEAU ? Sérieusement ? Nous voilà sauvés, songeai-je ironiquement. 

Chat a dû se dire la même chose que moi, car il m'adresse un sourire moqueur :

« Donc, notre dernier espoir est un seau ?

-Il me semble que oui...

-Super. Ce sera parfait pour récupérer nos restes hachés par ses shurikens...

-Cesses de jouer les rabat-joie ! Bien sûr qu'on va s'en sortir, Chat. Laisses-moi un peu de temps...

-C'est justement ce qu'il nous manque, ma Lady. Trouves quelque chose, et vite !, dit-il en me couvrant avec son bâton.

Restant miraculeusement à peu près calme, je réfléchis et regarde autour de moi. Me reste-t-il assez de chance ?

Visiblement oui. Mon Lucky-sens m'indique la fontaine, le seau, Chat Noir et le livre de Litterator. Mais bien sûr ! L'eau ! Pourquoi n'y avais-je pas pensé plus tôt !

« Chat ! Son livre ! Tu sais ce que tu dois faire !

-Avec joie, ma Lady ! », Grogne-t-il, pressé d'en finir.

Mon compagnon s'exclame en levant la main :

« CATACLYSME !!! »

La main droite de Chat se couvrit de paillettes et de bulles noires, signe distinctif de son pouvoir de destruction. Je cours pendant ce temps vers la fontaine au milieu de la place, et y plonge le seau rouge sans ménagement. Il prend de l'élan et s'élance ver Litterator en se battant comme un beau diable. Dans son combat, il parvient à effleurer le livre de l'akumatisé. Ce dernier se désagrège en poussière couleur de cendres, réduisant à néant les pouvoirs du professeur de français, maintenant désarmé.

Désarmé mais pas sans reste. Super Vilain court vers Chat avec vigueur et, tente de s'emparer de sa bague noire avec l'énergie du désespoir. C'est à mon tour d'intervenir, me saisissant du seau remplis d'eau en essayant de ne pas en reverser. Je me place sur un réverbère, attendant que le duo enragé passe juste en dessous. Chat l'attire de plus en plus près de mon poste d'observation. Allez, Chaton, tu peux le faire...

___.oOo.___

Allez, encore un peu... Il faut qu'il soit en dessous du réverbère... Bon sang, mais viens ici !

« Hé, le Rat de bibliothèque ! Je paris que tu ne peux pas m'attraper !

-Ahh ! Je vais me fâcher ! Chat Noir, tu vas regretter de m'avoir énervé !

Il me suit, ivre de rage. Parfait, ma technique marche du tonnerre. Je saute sous le réverbère, me retourne et tire la langue à Gros Affreux ; ce qui est totalement puéril de ma part. Puéril mais efficace. Il s'avance vers moi et pose le pied pile sous le campement de ma Lady sans la voir.

Elle déverse le contenu de son seau sur un Litterator stupéfait, m'éclaboussant au passage.

« Hé ! Tu ne sais pas que les chats détestent l'eau ?

-Oh, désolée Chaton, mais c'est un peu le cadet de mes soucis, là...

Le costume de l'akumatisé lui colle la peau, il est ralenti par une flaque de papier réduit en bouillie et s'embourbe dans la matière grisâtre. Ladybug s'empare de son poignet et arrache son bracelet avec une breloque en forme de livre. Elle l'écrase sous son talon et le petit papillon noir et mauve de malheur s'échappe de sa cachette. Dans un grand élan, ma coéquipière active un mode sur son yo-yo enchanté et le fait tournoyer autour d'elle :

« Fini de nuire... JE TE LIBÈRE DU MAL !!

Le papillon attrapé par la jeune fille disparaît dans la bobine, purifié grâce aux pouvoirs de la Super Coccinelle parisienne.

« Je t'ai eu ! », clame-t-elle en souriant, triomphante.

Puis, d'une délicate pression du doigt, Ladybug ouvre son arme, laissant s'envoler un petit insecte blanc immaculé dans le ciel de Paris, en murmurant :

« Bye, bye, petit papillon... »

Je continue à le regarder s'éloigner dans les couleurs rose-dorée de cette fin d'après-midi qui tombait sur la capitale tout en réarrangeant mes cheveux blonds gouttant sur le pavé.

Lorsque ma partenaire rouge s'écrie « Miraculous Ladybug ! » en laçant le seau à pois en l'air, une nuée de coccinelles et une vague de rouge-rose envahit la ville, effaçant les dégâts occasionnés par Litterator. D'ailleurs, ce dernier, redevenu simple professeur, regardais autour de lui, déconcerté. Je me rapproche de ma Lady et tend le poing. Elle presse le sien contre et nous nous exclamons à l'unisson :

« Bien joué ! »

-Je t'avais dit qu'on y arriverait, Chaton... Oh...

-Qu'il y a-t-il, ma Lady ?

-Tes cheveux... On dirait... La coupe d'Adrien Agreste...

Et merde et merde et merde ! Je m'étais recoiffé comme si j'étais Adrien, en replaçant mes mèches sur le côté. Merde !

-Oh, ce... C'est rien, je m'inspire de sa coupe, c'est tout. Tu aimes ?

-O-Oui, ça te vas bien... Mais ça me perturbe trop...

-Moi, je te perturbe ?

-Oui...

-C'est normal, ça veux dire que le courant passe entre nous, ma Lady. Moi j'adore ta coiffure. Sais-tu à quel point tu es absolument parrrrrfaite avec tes couettes ? Fis-je en roulant exprès le R d'un ton séducteur.

Je la prends par les épaules, mais elle se dégage lestement de mon étreinte en souriant :

« Ah là là, tu ne changeras jamais, Chat Noir, soupire-elle en roulant des yeux.

  Ouf ! Cat-astrophe évité à un poil !  

Ses boucles d'oreilles se mettent à biper, le dernier point noir menace de s'effacer du petit cercle rouge qui serti le lobe de Ladybug.

« Ah, manque de chance, mon minou, je resterai bien à papoter, mais je n'ai plus le temps... »

Ma bague se manifeste à son tour, affichant un unique coussinet vert là où une patte de chat entière devrait y briller.

« Apparemment, toi non plus...

-Dis plutôt que tu as peur d'être éblouie de me voir sans mon masque !

-Je préfère ne pas assister à ça, n'y voit rien de personnel mon chaton, réplique-elle en me faisant un clin d'œil et en prenant son yo-yo. Allez, à plus Chat Noir ! »

Elle s'éloigne rapidement, tel un éclair rouge dans le soleil couchant écarlate. Je la suis des yeux jusqu'à je la perde dans le lointain, rêveur. Je cours ensuite dans une ruelle pour me détransformer à l'abri des badauds qui commençaient à revenir, maintenant que tout danger était écarté. Une fois mes boucles blondes débarrassées de mes oreilles de chat et mon costume noir remplacé par mes vêtements d'origine, je cours vers le collège délivrer le pauvre Nino de sa cage de métal.

Nino me prend dans ses bras et commence à discuter, mais je le coupe :

« Nino, rentres chez toi, mon pote. Alya doit être morte d'inquiétude et tes parents aussi.

-Oui, je crois aussi. Je l'ai appelée juste après toi, mais la batterie de mon téléphone m'a lâché en pleine conversation. Tu connais Alya, elle doit flipper à fond...

-Alors va la rassurer...

-Merci de m'avoir libéré, bro' !

-C'est rien, mon pote. Allez, fonces. A demain !

-A demain. Je suis content que tu sois sauf, toi aussi », s'écrie Nino en s'éloignant au pas de course.

Je soupire, le regardant courir dans une rue adjacente. Il est terrible, Nino. Il préfère penser à ses potes qu'à lui-même. Ça me touche beaucoup, et augmente également mon sentiment de remord. Plagg sort de sa cachette et je lui donne un morceau de camembert puant pour le remercier, qu'il dévore à belle dent.

« Eh bien, c'était moins une, tout à l'heure... Tu l'as échappé belle, constate mon kwami, une fois le ventre plein.

-Oui, je sais. Mais j'aurai dû repenser à Nino. Je l'ai oublié si vite...

-Ne t'en fait pas, gamin, ça arrive d'oublier... Et puis il n'était pas en danger imminent.

-Et s'il l'avait été ? Jamais je ne me le serai pardonné, Plagg...

-Adrien... On ne va pas refaire les choses. T'apitoyer comme ça ne te mènera à rien. Sauver le monde, c'est un boulot à plein temps, et tu n'es qu'un adolescent. Tu t'en sors bien mieux que ce que je ne l'espérais avant de te rencontrer...

-Oui, tu as sûrement raison Plagg, merci, soupirais-je, lassé. Allez, on rentre à la maison... Transformes-moi ! »

___.oOo.___

Je me rends chez moi, rentrant dans ma chambre par mon petit balcon. Après être redevenue Marinette, je donne un cookie à Tikki afin qu'elle reprenne un peu de force avant d'aller chez Alya. J'ai envoyé un SMS à Nino pour savoir s'il allait bien, et c'est bien le cas. Je suis contente que Nino ne soit pas blessé, et que Chat Noir m'ai rassuré. J'ai envoyé le même message à Adrien, mais lui ne m'a toujours pas répondu. J'ai un peu peur. Et si quelque chose lui était arrivé ?

Soudain, mon téléphone sonne. C'est lui !! Ahh, qu'est-ce que je fais, qu'est-ce que je fais, qu'est-ce que je fais?! Tikki me regarde en m'encourageant du regard. Je décroche donc, les joues brûlantes et rouges, et lance un timide :

« A-allô ?

-'Marinette ? Oui, c'est moi, Adrien.

-Oh, heu Adrien... P-Pourquoi m'appelles-tu ?

-Pour répondre à ton message. Merci de t'inquiéter pour moi, c'est gentil de a part. Ne t'en fait pas, je vais bien, comme tu peux le constater.

-Tu... Tu n'es pas blessé ?

-Rien du tout, je t'assure. Et toi ?

-M-Moi ? Tu-Tu me demande si je vais bien ? »

Je l'entends étouffer un rire discret, ce qui me fait rougir de plus belle

« Heu... Oui, Mari... Comment vas-tu ?

-Je bien vais. Heu, je vais bien. Non, bien vraiment, je vais super méga bien, je pète la forme, tout marche super. Non je vais bien, je... »

Je me suis mise à débiter ces paroles à grande vitesse, en riant nerveusement tant je suis embarrassée. Je me tais brusquement, ne sachant plus quoi dire.

« Ok, message reçu, Mari, dit-il encore une fois amusé par ma réponse. Bon... Et bien... On se voit demain en classe !

-Oui, à mainde. Enfin je veux dire à demain, Adrien !

-Salut, Marinette... »

Il raccroche et je pose mon portable à côté de moi sur mes couvertures. Je tourne lentement ma tête vers mon kwami, puis m'exclame d'un coup :

« IL M'A APPELÉ ! TIKKI ! IL M'A APPELÉ ! ADRIEN AGRESTE, LE MANNEQUIN, M'A APPELÉ POUR SAVOIR SI JE VAIS BIEN !!!

-Marinette, je ne suis pas sourde, j'ai entendu, dit la petite coccinelle avec un sourire.

-Et il m'a demandé comment j'allais... Ahh, ça y est, je peux mourir maintenant, Adrien m'a appelé pour savoir comment j'allais...

-Tu n'exagère pas un peu là ? »

Je me mets à penser à lui, les yeux dans le vague, à s'imaginer ce qu'il est en train de faire, à ce qu'il pense... Ahh...

« Marinette ?

-...

-Marinette !

-Oui ?, répondis-je d'une voix rêveuse.

-Tu ne dois pas aller voir Alya ?

-Si... Mince Alya ! Je l'avais oubliée ! Oh, j'en ai marre de tout oublier...

-Ne t'en fais pas, Marinette, je suis là pour t'aider...

-Merci Tikki, tu es un ange... Je vais aller voir en bas pour savoir quand est-ce qu'on mange, et je verrai vers quelle heure je passerai chez elle. »

Après avoir salué mes parents en bas, qui viennent de fermer la boulangerie, et discuté avec eux ; je remonte prévenir Tikki qu'on va voir mon amie, vu qu'on mange dans une demi-heure. Je me transforme à nouveau en héroïne à pois pour filer dans le bleu profond du début de soirée.

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