Chapitre 10 : Calme avant tempête
Cela fait un moment que nous avons quitté Alya et Marinette, et on les retrouve en cours pour l'après-midi. Alya semble avoir retrouvé le sourire, et, malgré ses yeux un peu bouffis, elle recommence déjà à gazouiller comme un oiseau avec Marinette. Elles ont même assez d'énergie pour recommencer à se crêper le chignon toutes les deux. Heureusement pour elles, nous avons eu sport avec D' Argencourt et français avec Madame Bustier, qui étaient relativement tolérants avec les bavardages, et Alya avait su tenir sa langue pendant le cours de mathématiques de Mme Mendeleïev. A la fin de la journée, n'y tenant plus, je décide de les interrompre, bien trop curieux de découvrir le sujet de leur débat :
« Ça fait plaisir de te revoir comme ça Alya...
-Re, Agreste ! » , me répond Alya.
Marinette bondit carrément de surprise, ne m'ayant pas vu arriver, et Alya l'empêche de tomber au sol.
« Fait gaffe Marinette ! On dirait que tu as vu un fantôme !
-Merci Alya... », marmonne Marinette, rouge pivoine.
Mon amie replace nerveusement une mèche noire rebelle derrière son oreille, pendant qu'Alya continue de bavarder comme si de rien n'était avec moi :
« Donc oui, je me sens beaucoup mieux en tout cas. Il n'y a toujours pas eu d'alerte Akuma, peut être qu'il n'a pas vu la vidéo... C'est ce que j'espère de tout cœur !
-Tu vois, je te l'avais dit que tout rentrera dans l'ordre ! , dis-je d'un ton plus joyeux
-Oui, c'est vrai. Merci d'avoir été là, avec Nino, Marinette et toi. Vous avez su me réconforter...
-De rien, Alya, je pense que c'est normal entre ami... »
Je lui souris gentiment, avant de lui demander :
« Au fait, sur quoi vous disputez vous depuis tout à l'heure ? On vous entendait chuchoter jusqu'au fond de la classe...
-Hein ? Mais on ne se dispute pas, répond en rigolant la jeune rousse. Pas vrai Marinette ? »
L'intéressée continue de parler en marmonnant, j'ai même un peu de mal à entendre ce qu'elle dit :
« Euh oui... Non on ne se disputait pas... On reparlait de l'histoire...
-Oui. J'ai vraiment beaucoup aimé le concept. Cette histoire de sorcier qui donne des pouvoirs au gens lambda, c'est vraiment génial ! De plus, les idées des pouvoirs sont très créatives, même si ils sont inspirés de certains vieux Comics Marvel ou de légendes de partout dans le monde.
-Ah oui ? Je peux y jeter un œil ?
-Marinette te l'enverra par mail ce soir, n'est-ce pas Marinette ?
Cette fois-ci, Marinette semble ailleurs, comme perdue dans ses pensées. Voyant nos deux têtes tournées vers elle, la jeune fille, mal à l'aise, se gratte la nuque tout en babillant :
« Hein ? Ah bien sûr. Je le ferais ce soir, sans glauque ! Euh, je veux dire sans faute !
-En tout cas, j'aime beaucoup son style. J'avais presque l'impression que tout ce qu'il racontait était réel. »
Elle se tourne en suite vers Alya, retrouvant un peu de sa contenance, les joues légèrement moins cramoisies :
« N'empêche, à t'entendre, on croit que tu as trouvé le nouveau Victor Hugo du vingt-et-unième siècle ! En plus, techniquement, c'est moi qui l'ai trouvé...
-Si ça se trouve, c'est peut être le cas ! Et puis toi, tu ne t'y connais pas en lecture. C'est moi l'experte ! , affirme Alya en croisant fièrement les bras sur sa poitrine.
-Ah ben merci, l'experte, c'est sympa..., réplique Marinette, en faisant mine d'être offusquée.
-Tu sais bien que je plaisante... Bon, je vais aller préparer un post pour mon Ladyblog. Je vais peut-être débriefer sur le combat de Littérator. Je crois que c'est pour ça que je préfère le journalisme aux fictions. Au moins, personne ne parlera d'inspiration, vu que c'est la réalité ! »
Nous la voyons s'éloigner à grand pas de nous, ses boucles rousses bondissant sur ses épaules à chacun de ses pas vifs. Je reste avec Marinette après avoir regardé Alya s'en aller.
« Mais pourquoi est-elle aussi têtue ? » soupire mon amie, tout en levant les yeux au ciel.
Le léger sourire qui décorait le visage de la brunette s'évanouit peu à peu lorsqu'elle regarde son amie s'éloigner de nous. Elle paraît très nerveuse, du moins encore plus que d'habitude, mais surtout inquiète.
« C'est Alya, écoute... », Lui réponds-je en souriant, essayant de détendre l'atmosphère.
-Oui... Quand il s'agit de super héros, on ne l'arrête pas... »
Un ange passe entre Marinette et moi. Je réajuste la lanière de ma sacoche, pendant que qu'elle regarde le bout de ses ballerines rose bonbon. Je devais sûrement afficher un air interloqué, car Marinette brise le silence gênant et se met à m'expliquer en parlant très vite :
« Oui, en fait, l'histoire du pote de Nath parle de deux autre héros, qui seraient à Paris et qui remplaceraient Ladybug et Chat Noir... Et il a plein de pouvoirs magique pour créer de nouveaux super héros pour l'aider... genre Naturia qui contrôlerai les plantes, ou une autre héroïne -je ne sais plus comment elle s'appelle- qui va elle aussi aider en donnant vie à des objets. Et puis ils combattent les habitants de la ville qui se laissent dominer par leur pulsion négative, et, et puis à la fin, les gentils héros gagnent toujours... Enfin c'est ce que je me souviens...
-Ah d'accord, je comprends mieux... »
Je n'aurais jamais cru qu'Alya serait aussi zélée pour une simple histoire... Ne jamais parler de super héros à Alya, noté-je pour moi-même.
« Dans ce cas Ladybug et Chat Noir ont de la concurrence ! », constaté-je en riant.
Marinette semble s'être un peu détendue depuis le début de notre échange. Elle me réplique joyeusement :
-Ahah, oui, j'imagine... Ça serait quand même bien s'il y avait deux héros de plus à Paris. Ladybug aurait moins de travail à faire... et aurait plus de facilité à supporter Chat Noir ! »
Attendez... Supporter Chat Noir ? Est-il -suis-je- si insupportable ?
« Chat Noir aussi travaille tu sais..., lui répliqué-je, un brin vexé. Il a déjà aidé un bon nombre de fois Ladybug avec ses talents...
-Oui, bien sûr, je ne dis pas le contraire... Mais Ladybug aurait peut-être envie d'avoir du soutien pour le supporter ! Il passe son temps à faire le Chat-rmeur... Pauvre Ladybug !
-Il ne le fait qu'avec sa Lady ! », M'exclamé-je, tentant de dissimuler le fait que sa remarque m'a froissé.
On se regarde pendant un instant en chien de faïence, tous les deux médusés, avant de rire aux éclats.
« Enfin on n'en sait rien, hein !
-Oui en effet ! Faudrait poser la question aux principaux intéressés...
-Donc tu serais un fan de Chat Noir alors ? me demande-t-elle, un peu gênée.
-Oui, lui réponds-je. Je le trouve plutôt cool moi.
-Oui, il est cool, c'est vrai », Admet Marinette, en esquissant un nouveau sourire.
Un blanc passe de nouveau, tout aussi gênant que le premier. Je tente de reprendre contenance en remontant les manches de ma chemise blanche, tandis que Marinette joue avec une de ses couettes. Pourquoi lorsque nous ne sommes que nous deux, nous ne pouvons tenir une conversation sans avoir de moment à vide comme ça ?
Je jette machinalement un regard à ma montre. Mon chauffeur doit sûrement déjà m'attendre devant le collège. Me prendre un soufflet sur la ponctualité par Nathalie est une des dernières choses dont j'ai envie de faire les frais aujourd'hui.
« Bon je vais devoir y aller. A demain Marinette !
-Oh oui, bien sûr... Je ne veux pas te retenir.... Mainde à. Non, je veux dire à Mainde. Non, je voulais dire...
Je souris face à ses bégaiements incompréhensibles qui la rendent tellement attachante, et lui répond :
« A demain Marinette... »
Je me retourne, gardant la main serrée autour de la lanière de mon sac. Puis je m'arrête net. J'allais m'en aller, mais il fallait que je lui demande avant de partir. Je me retourne et la hèle de nouveau :
« Euh... Eh, Attends Marinette ! »
Marinette me refait à nouveau face, interloquée.
-Oui, Adrien ?
-Dis-moi...
J'avais une question qui me brûlait les lèvres depuis que je la connais. Il fallait que je connaisse la raison, juste pour savoir. La curiosité me poussait à trouver la réponse, afin de savoir enfin pourquoi elle était si mal à l'aise avec moi.
« Je voulais savoir... »
Soudain, je m'interromps, la raison me rattrapant. Je ne peux pas lui demander cela, ça risque de l'embarrasser encore plus. Marinette est mon amie depuis pas très longtemps, et je n'ai pas souvent l'occasion de parler avec elle. Ce n'est pas en la questionnant sur son mal être que j'arriverai à la mettre en confiance.
« Q-Quoi donc ? »
Marinette me fait face, ses grands yeux bleus interrogateurs levés vers moi. Je sens cependant une ferme envie de prendre ses jambes à son cou, vu la manière dont elle joue avec une sangle de son sac à dos. Bon sang mais pourquoi est-elle si nerveuse quand je suis avec elle ! Je n'allais tout de même pas aller quémander auprès d'Alya la réponse !
Perdu un instant dans mes pensées, je réalise soudain que j'ai laissé ma phrase en suspens, alors j'essaye de retrouver la contenance comme je peux :
«Oh, euh c'est, euh... Non, laisse tomber. J'ai oublié. Ça ne devait pas être important. Excuse-moi de te faire perdre ton temps.
-Ce n'est pas grave, Adrien », m'assure-t-elle en souriant.
Parfois je me demande si Plagg ne déteint pas sur moi, car je manque furieusement de tact en ce moment...
Nous sommes sur le parvis, suivant le flot d'élèves. Quelques gouttes de pluie se mettent à tomber, avant de se transformer en une ondée. La pluie, sans être violente, fait se séparer quelques groupes d'élèves, déployer les parapluies et rabattre les capuches sur les têtes. Je vois l'habituelle limousine grise de mon chauffeur m'attendre, comme à chaque fois le long des marches, comme une voiture de star attendrait une célébrité au pied des marches du festival de Cannes. En soupirant je me dirige vers elle, ouvrant la portière. Une fois installé et au sec, je m'attache et remet en place une de mes mèches trempées par ces quelques secondes sous la pluie. Mon chauffeur démarre tout de suite et s'insère dans la circulation bouchonnée de Paris, à l'heure des sorties de bureaux.
Je regarde le paysage défiler à une vitesse d'escargot, tout en admirant les rues grises et remplie de passants qui se dépêchent de trouver un abri. Pendant un moment, je cru reconnaître une silhouette familière marcher sur le trottoir. La limousine avance, et la dépasse, et je confirme mon hypothèse : c'était bien Marinette, le sac sur la tête, tentant vainement de se protéger de la pluie, battante maintenant. Au prochain feu que rencontre, je demande un instant au chauffeur et j'ouvre la vitre pour passer la tête à l'extérieur.
« Marinette ! »
Cette dernière ne me répond pas, ne m'ayant peut être pas entendu.
« Marinette ! Hé Mari ! »
Elle relève enfin la tête et m'aperçoit. Elle accourt près de la voiture, les cheveux et les vêtements imbibés d'eau et tremblante de la tête au pied, mais surtout très surprise de me revoir encore une fois :
« Adrien ?
-Oui. Je t'ai vue ainsi sous la pluie, et je me suis dit qu'on pouvait te déposer chez toi. C'est sur notre chemin en plus...
-Hein ? Je... Tu... Moi monter avec toi dans ta... Euh... mousse ? Je veux dire ta limousine ?
-Oui. Entre vite, tu vas sûrement tomber malade...
-NON ! Je veux dire non, je suis trempée, et puis je vais faire attendre ton chauffeur en plus. »
Comme pour lui donner raison, une voiture klaxonne derrière nous d'un geste énervé.
« Mais tu risque de tomber malade... Tu es trempée... Allez, monte avec moi !
-Non, ça ira, je t'assure ! ... Mais merci Adrien.
-Tu es sûre ?
-Oui, oui, ne t'inquiètes pas pour moi. En plus je suis à deux pas de chez moi là... Ça ira !
-Comme tu veux... Bon, à demain Marinette !
-A mainde !»
En souriant, je remonte ma vitre teintée et annonce à mon chauffeur que j'ai fini, tout en m'excusant. Ma discussion avec Marinette avait créé une petite file d'attente et un concerto de klaxons derrière nous. Décidément, la patience n'est pas ce qui caractérise les parisiens...
Nous dépassons une nouvelle fois Marinette, à plus grande allure maintenant. Je la suis du regard, jusqu'à ce qu'elle disparaisse de mon champ de vision. Une nouvelle fois, elle a décliné mon invitation à monter dans ma voiture avec moi. Peut-être que c'est ça qui la rend mal à l'aise ? Le fait que j'ai un chauffeur alors qu'elle-même se rendait à pied tous les jours au collège ? Peut-être... C'est dommage. SI ça ne tenait qu'à moi, j'irais à pied au collège avec Marinette, mais c'était une des conditions de mon père. Il a fallu faire des concessions pour que je reste au collège...
Mon téléphone retenti, alors que je m'apprêtais à sortir de la voiture pour rentrer chez moi. Une notification s'affiche sur mon écran tactile. Un mail d'Alya, contenant une pièce jointe. Étrange... Nous utilisons le groupe Messenger d'habitude... C'est vraiment rare qu'on s'envoie des mails, hormis pour les documents Word.
Je sors sous la pluie battante, ayant poliment refusé le parapluie que me tendait mon chauffeur. Je peux faire dix mètres sous la pluie, tout de même ! Je ne suis pas en sucre !
Nathalie m'ouvre la porte, et j'essuie mes baskets trempées sur le tapis du vestibule. Elle me débarrasse de mon sac de cours.
Je m'apprêtais à sortir mon portable, lorsque j'entendis une voix forte et solennelle :
« Adrien. »
Je vis mon père qui m'attendait, droit comme un i, en haut de l'imposant escalier qui trônait dans la pièce. Inquiétant. Il avait la mine sévère des mauvais jours. Encore plus inquiétant...
« J'ai à te parler. Maintenant.
-Bien, père... »
Je crois que je peux dire adieux à mon reste de temps libre...
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