Une aide inattendue

Je me sentai légère, si légère... Je commençai à partir. Je devais être en route pour le Ciel. Oh! Une lumière. La Porte du Paradis? Pas du tout. C'était la lumière d'une lampe de poche. En l'occurrence, la lampe d'un policier. Un policier? Que faisait-il ici? Qui l'avait prévenu? Et d'ailleurs, qu'est-ce qui me prouvait qu'il était ici pour nous sauver? Les trois autres voitures dehors, sans doute, dont une ambulance. Et un homme qui ressemblait à un inspecteur. Il avait un petit bloc-notes à la main. Une large moustache couvrait un peu sa bouche. Et son chapeau marron s'accordait parfaitement avec son pantalon. Marron, également. C'est bizarre... Je ne sentais plus mes membres. J'avais l'impression de flotter. J'étais morte? Sûrement. Mes yeux se fermèrent et je perdis tout contact avec le monde. Du moins, jusqu'à ce qu'on me secoue le bras. Voyant que je ne réagissais pas, on me mis sur un brancard pour m'emmener dans l'ambulance. Une main se posa sur mon genoux. Je voulus me décaler, en vain. Je cherchais mon père des yeux, dans cette foule. Je pus remarquer qu'un petit attroupement s'était formé autour de quelqu'un. D'un corps. Une larme roula sur ma joue. Je venais de comprendre. Le corps, par terre. L'attroupement. Mon père. Mon père était mort. La voix de l'infirmière était étouffée par son masque:

- Elle pleure? C'est bon signe, ça veut dire que son corps marche encore comme le nôtre! Allez, Patrick, plus vite! Elle perd beaucoup de sang!

Pleurer? Bon signe? Mon père était mort, et c'était ça qu'on me disait? J'avais envie de me lever et de lui flanquer une bonne gifle dont elle se souviendrait toute sa vie. De lui hurler ma peine. Ma culpabilité. Ma tristesse. Malheureusement, je ne pus esquisser le moindre geste. J'étais comme une souris se lançant à l'assaut d'un troupeau d'éléphants. Tout était vain. Je ne manquerais à personne, si je m'en allais maintenant. Comme si on lisait dans mes pensées, sa voix me "réveilla":

- S'il te plaît, reste... J'ai besoin de toi...

Ses larmes vinrent s'écraser contre mon visage. Elles étaient chaudes et pleine de vie.  C'était Thomas. Il était venu. Pour moi. Je puisai dans mes dernières forces pour lui sécher ses larmes. Je lui dis d'une voix faible:

- Je... Je suis là...

Je laissai tomber mollement ma main. Je fermai les yeux, la conscience tranquille. Je pouvais partir en paix.

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