Je courai depuis déjà une demi-heure. Les larmes se mélangeaient au sang et à la transpiration qui collaient à mon visage. J'avais un arrière-goût amer dans la bouche. Le goût de la défaite. Je ne sentais plus la douleur. Les branches se prenaient dans mes pieds? Tant pis. Seulement, lorsque je tombai au sol à force de courir trop vite, une pierre s'enfonça dans ma cuisse, précisément là où j'avais la coupure. La ré-ouverture m'arracha un cri. Un affreux cri, rauque et déséspéré. Après la douleur, vinrent les larmes. Je pleurai sans pouvoir m'arrêter. Je retournai sur les lieux du crime. Mathilde et Eliott avaient la même expression horrifiée sur le visage que ma mère. Je m'approchai du corps sans vie d'Eliott. Je posai ma tête sur sa poitrine, pour me rapprocher de lui spirituellement. J'espérai, en faisant ceci, entendre son coeur battre encore une dernière fois. Mais non, plus rien. Pareil pour Mathilde. Je m'éloignai, la mort dans l'âme. Je pensai soudain à une chose. Mon portable! Alors que je sortai de la forêt pour rentrer chez moi et alerter la police, j'entendis un léger bruit derrière moi. Je me baissai, et me rendis compte trop tard que c'était un piège. Je mis le pied sur un tas de feuilles qui s'affaissa sous mon poids. Je tombai, les branches m'arrachaient la peau, me lacéraient les mains, et m'infligeaient toute la douleur qu'il est possible d'accumuler en une seule vie. Je tombai, tombai, tombai... Je murmurai, dans un dernier effort:

- Eliott...