Chapitre bonus 1 : Un nouvel arbitre


 Sous la lumière d'un arrêt de bus, seul, il s'endormait. C'est alors qu'un caillou heurta son front, le blessant légèrement. Des rires d'adolescents stupides étaient fort audibles.
— Bah alors, souriait un des types en s'approchant de lui. T'as pas de maison ?
Le sans abri versa une larme, tout tremblotant.
— Allez, on va te laisser crever dans le froid !
Ce visage allait rester à vie dans la mémoire du pauvre homme. Une tête plutôt banale avec un sourire narquois, des yeux noirs, tel les ténèbres de cette nuit froide et un bonnet...
Peu après, il s'allongea sur le banc d'attente et se mit à pleurer. Puis, il vit une main s'approcher. Effrayé, il se mit à crier.
— Oh, doucement, s'exclama l'inconnu. J'suis venu vous aider.
— Ah... C'est... C'est vrai ?
— Techniquement, ce n'est pas moi qui vous aiderais, mais j'ai quelque chose à vous proposer.
L'homme se releva avec difficulté, puis saisit les mains de son « sauveur ».
— Dîtes-moi tout !

Noah – le vrai – s'assit sur une chaise, dans la salle de repos.
— Eh, Kuma ! T'as entendu la rumeur ?
— Ouais, Maya va se faire virer... Il paraît qu'un nouvel arbitre arrivera ce soir.
— Je me demande s'il sera aussi tordu que nous.
La porte s'ouvrit. Les deux présidents entrèrent.
— Quoi ? Vous êtes surpris de nous voir après tout ce que vous venez de lire ? Ne vous en faites pas, ce n'est qu'un bonus, il n'y a aucun rapport avec l'histoire.
— Cool ! s'exclama Noah. Il pourra donc y avoir d'autres jeux ?
Logan lâcha un petit rire.
— Bien entendu ! Et nous allons commencer par le nouvel arbitre, Hollow.
— C'est son vrai prénom ?
— J'en sais rien et je m'en fiche un peu...

Le sans abri entra dans le casino.
— Bonsoir.
— Euh... Bonsoir. Je voudrais jouer ici ce soir.
— Je vois, oui. Mais je crois qu'il n'y a plus de place avant le dernier jeu... Il commencera à minuit.
— Oh, et bien, je choisis celui-ci.

Elle inscrit l'homme au nom de « Terrence ». Souriant, il s'en alla et passa une partie de sa soirée dehors.
Un homme s'approcha de la femme à l'accueil. Il portait un jean grisâtre, un pull gris, une chaine avec une ankh au bout et une montre noire.
— Bonsoir, comment puis-je vous aider ?
Il avait les cheveux rouges, les yeux noir, évoquant un vide profond, les paupières lourdes, un point blanc et effrayant en plein centre de son globe oculaire obscur...
— Je m'appelle Hollow. Je viens terminer les préparatifs de mon jeu.
— Oh, bienvenue à toi, mon ami ! s'exclama Noah en lui serrant la main.
Derrière le jeune homme, se trouvait Kuma, les yeux fermés, tout souriant.
— Alors ? C'est quoi ton premier jeu ? Tu vas faire une bataille avec des pichenettes sur le torse pour ceux qui perdent ?
Kuma et Noah se moquaient de lui pour observer sa motivation. Sans répondre, l'homme s'avança.
— Oh, déjà, il n'a pas d'humour, soupira Kuma. J'vais pas m'entendre avec lui.

Le premier joueur arriva. C'était le pauvre homme.

Terrence : 27 ans

Il s'assit dans une salle vide. Il y avait un distributeur de boisson, quelques plantes pour la décoration et une photo de coucher de soleil.
— Yo ! s'exclama un garçon en entrant.

Silver : 19 ans

Terrence fronça les sourcils, tandis que le type sourit, légèrement surpris : c'était l'agresseur au bonnet.
— Qu'est-ce que tu fais là ? demanda l'homme d'un arrogant ton. Tu me suis, c'est ça ?
— Oh, papy, calmes-toi, je ne faisais que jouer un peu. Mais il s'avère que cette nuit où toi et moi, nous nous sommes rencontrés... Il s'est passé quelque chose.
Terrence serrait les poings.
— En outre, sourit le type au bonnet, j'ai besoin d'un paquet de thunes.

La dernière goutte de café tomba dans le gobelet. Une main se posa sur celui-ci et le retira du socle.
— Pfiou, soupira Aurore. Ce jeu m'a ennuyée. Je m'attendais vraiment à ce qu'ils s'énervent tous.
— Tu arrives plus tôt que prévu, répondit Noah. Mais c'est bien, tu vas pouvoir regarder le jeu du nouveau avec nous.
Souriante, elle se jeta sur le canapé avec eux – elle avait au préalable posé son café.
— Super ! On va bien s'amuser !
Kuma restait impassible.
— Tu vas bien ? demanda le plus jeune arbitre.
— Y a quelque chose qui me déplaît vraiment chez lui... J'ai l'impression que son jeu va très mal se finir pour les joueurs...

Le téléphone de l'homme sonnait.
— C'est qui ?
— Merde, c'est Ludmila ! J'avais oublié mon rendez-vous avec elle. Désolé, mais je ne vais pas pouvoir regarder ça avec vous.

Une femme à lunettes, au visage plutôt laid et aux formes non symétriques, entra dans la salle d'attente.

Sharon : 22 ans

Puis, finalement, arriva le quatrième et dernier joueur : un homme aux cheveux blonds, en bataille, aux yeux bleus et aux muscles assez impressionnants.

Ethan : 25 ans

Après quelques minutes d'attente, Silver soupira et s'approcha de la porte par laquelle ils étaient entrés.
— Franchement, ça me gave. Je reviendrais demain.
Seulement, la poignée était bloquée. Ils étaient enfermés.
— C'est quoi ce bordel ? demanda Sharon.
— On dirait bien que ça commence plutôt mal. répliqua Ethan.
L'arbitre leur ouvrit l'accès à la grande salle de jeu. Ils marchaient tous sur du parquet luisant, puis s'arrêtèrent devant un bar.
— Ici aura lieu le prochain jeu que j'organise, sourit Hollow. Mais je vous invite à boire un petit verre avant de commencer. Choisissez n'importe quoi, un jus de fruit, de l'alcool ou même un simple verre d'eau.

Sharon demanda de l'eau. Ethan, lui, prit plutôt un cocktail fruité et alcoolisé. Terrence choisit une bière et le dernier décida de boire un shot d'alcool pur.
— Bon, je vais vous expliquer les règles du jeu pendant que vous buvez.

Il appuya sur un bouton, qui tourna l'étagère derrière lui tel un mécanisme de passage secret. Il y avait un écran à la place des bouteilles.
— Voici donc le jeu de ce soir...

BLOOD POOL

Sur l'écran étaient affichés les détails :

Difficulté : 3/10
Danger : 4/10

Noah fronça les sourcils, derrière son écran.
— C'est tout ?

Derrière les joueurs se trouvait une immense table de billard d'environ 20 mètres carrés. Il y avait des petits dômes et quelques obstacles sur leur terrain de jeu.
— Voilà le principe. Vous allez jouer au billard, en solo. Chaque joueur aura une couleur.
Il y avait six boules de chaque – rouges, bleues, vertes, jaune – que les joueurs devaient faire entrer dans les trous à l'aide d'une canne surnommée « queue ».
— Il faut frapper la boule blanche pour taper une boule de sa propre couleur. Si vous toucher la boule d'un autre joueur avant la vôtre, c'est un changement de joueur immédiat.
— C'est-à-dire ? demanda Ethan.
— Admettons que Sharon joue, puis que ce soit à Silver ensuite. Si elle touche la boule de Terrence, ce sera directement à lui de jouer, sans passer par les joueurs avant lui.
La règle s'appliquait aussi lorsqu'un joueur parvenait à faire entrer une boule adverse dans un trou. Cependant, si cela arrivait, le joueur à qui la boule appartenait allait sentir une atroce douleur à la partie du corps concernée.
— Attendez ! s'exclama Silver. Qu'entendez-vous par « partie du corps » ?
Ils se tournèrent tous vers la table de billard. Sur chaque boule était dessinée une partie.
— J'ai une multitude d'arme derrière ce bar et je viendrais vous faire souffrir moi-même.
— Je suis navré, soupira Terrence, mais je préfère finir ma vie dehors.
Il se leva de sa chaise et s'approcha de la porte.
— Cela me désole pour vous, ricanait Hollow. Hélas, ce soir, non seulement vous gagnerez deux-cent-milles dollars, mais en plus, l'abandon n'est pas toléré.
— Et pourquoi ça ? somma Ethan.
— Parce que vous n'êtes que des cobayes pour mon premier jeu.

Les lumières clignotèrent un instant, puis s'éteignirent toute. Paniqués, dans le noir complet, les joueurs s'étaient tous éloignés de l'arbitre. Puis, au-dessus de la table de jeu, s'alluma une jolie lumière violette.
— Bien, mes chers amis... Que la partie commence !

TOUR DE SILVER

Le plus jeune commençait. Il choisit alors la couleur rouge, puis s'approcha de la boule blanche, placée en plein centre du terrain. Les boules de chaque joueur étaient éparpillées sur la totalité de la table.
— Alors, sourit le garçon, si j'ai bien compris, nous pouvons tous gagner ?
— Exactement. Mais vous pouvez aussi tous mourir. La partie ne se terminera pas s'il ne reste qu'un seul joueur.
— Hein ?
— Par exemple, Silver, s'il ne reste que vous, vous allez devoir faire tomber toute vos boules et forcément, n'ayant plus aucun adversaire pour vous blesser, je vous ferais mal à chaque partie du corps restante.
Le jeune garçon grimaçait.
Alors il va falloir que je fasse tomber rapidement les plus douloureuses...
Il se pencha en avant, la queue à la main, puis prit une grande inspiration avant d'évacuer cette grosse bouffée d'air... Et il tira.
— Joli coup, dit Terrence en s'approchant de lui.
— Qu'est-ce que t'y connais, le vioc ?
— Ne joues pas au malin avec moi... Tu n'es plus dans la rue. Cette fois, j'ai l'avantage sur toi.

TOUR DE TERRENCE

Il saisit la queue et se plaça face à la boule blanche. Il en avait une lui appartenant – de couleur bleue – tout près. Il tira et tapa sa cible, qui s'approcha rapidement d'un trou.
— On devrait discuter un peu, tous ensembles, non ? sourit le plus vieux. Cela nous occuperait. Et on va commencer par moi.
Il fixait Silver, très proche de lui.
— J'étais il y a encore un an, joueur professionnel de billard... Alors ce soir, c'est entre toi et moi que ça se joue.

TOUR DE SHARON

La demoiselle se pencha, laissant apparaitre sa culotte, sous sa mini-jupe.
— Beurk, riait Silver. Quelle horreur !
Les dents serrées, furieuses, elle tira sur la boule du type arrogant : l'œil.
— Eh, salope ! T'es malade ?
Il s'approcha dangereusement d'un trou, observant sa boule s'y rendre à toute vitesse... Mais celle-ci ne fit que percuter une paroi et s'éloigna.
— Pfiou... J'ai eu peur de devoir te tuer.

TOUR DE SILVER

Le jeune homme prit la grande canne et la fit passer d'une main à l'autre en se la jetant, puis s'arrêta devant la boule principale.
— Bon, à mon tour de raconter mon histoire... dit Ethan
— On s'en branle de vos vies, rechigna Silver. Au pire, dîtes-nous vos motivations, histoire qu'on s'occupe deux minutes.
— Ouais, t'as raison...

Il sourit alors et joua. En un seul coup, il fit rentrer deux boules rouges : les siennes !
— Si je suis là, c'est pour battre des fils de pute comme toi. Pour détruire vos vies... 

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