Chapitre 5 : Réflexion dangereuse


Tandis que Thomas et Eden étaient sur le point de s'affronter, dans une salle proche de la leur, se trouvaient deux femmes.
Elles attendaient deux autres joueurs, assises sur des canapés luxueux.
— Allez, il est déjà 20 heures ! J'ai faim, moi !

Emily : 27 ans

L'autre demoiselle ne réagit point. Elle restait calme, cachée derrière ses lunettes de soleil aussi noires que ses longs cheveux frisés.
La porte s'ouvrit. La jeune femme aux cheveux roses allait sauter de joie. Mais ce n'était que l'arbitre.
— Eh, dîtes-moi, monsieur... Quand est-ce qu'on commence ?
— Voyons, mademoiselle, épargnez-moi ça. Vous pouvez m'appeler Kuma. Et nous commencerons quand les deux garçons auront fini de pisser.
— Alors ils sont là ?
— Bien-sûr. Je vous prierais donc de vous asseoir devant la table.
Les deux femmes s'en approchèrent. Emily jeta un œil au prénom de l'autre joueuse.

Linda : 32 ans

— C'est quoi ces casques et ces écrans ?
— Vous verrez bien.
Un garçon entra, en remontant sa braguette. Il portait un bonnet, une veste, une sacoche et un bracelet argenté.
— Euh... Désolé du retard !
Il avait l'air à la ramasse. Il s'assit, souriant.

Faustin : 19 ans

C'est alors que le dernier joueur entra. C'était un brun à lunettes. Il avait une chemise blanche et un jean noir.

Loan : 22 ans

L'arbitre tapa des mains et pencha sa tête sur le côté, souriant.
— Bien ! Voici le moment que vous attendiez tous ! L'explication des règles du jeu de ce soir !
Il prit un casque et le posa sur la tête de Faustin.
— Alors voilà. Pour jouer, il va falloir mettre le casque comme ceci. Vous devriez sentir des picots à certains endroits.
Les joueurs s'exécutèrent rapidement. Les casques étaient verrouillés.
— Parfait ! Maintenant, nous pouvons passer aux choses sérieuses La difficulté de ce jeu est de 6/10 et le danger est de 7/10. Seul l'un d'entre vous s'en sortira ce soir. Il remportera la fabuleuse somme de quatre millions de dollars.
Le but du jeu était simple. Devant eux se trouvait un écran. Sur celui-ci, il y avait 101 boutons. Ils devaient choisir un nombre entre 0 et 100 à chaque manche.
— Ensuite, la moyenne de chaque résultat sera multipliée par 1,1. Le joueur se trouvant le plus proche de ce chiffre l'emporte. Les autres sentiront une légère douleur au crâne.
— Le casque ? demanda Emily.
— Oui ! Il y a six aiguilles dedans. Une fois que les cinq premières vous auront infligées de violentes douleurs, la sixième vous tuera. Donc vous n'avez droit qu'à cinq erreurs.
— Vous n'avez pas dit « légère douleur » un peu avant ?
Kuma l'ignora et s'installa auprès d'eux.
— Bon, ben... Je vous souhaite bonne chance !

PREMIERE MANCHE

Faustin réfléchissait. La stratégie ne servait à rien dès le début. Il fallait surtout être capable de prévoir ce que les autres allaient faire.
Pour cela, il fallait les manipuler. Faustin sourit, se mordit les lèvres et appuya sur le 23. Emily hésitait encore.
— Allez, on t'attend. dit Linda. Choisis vite !
Elle soupira et appuya sur le 13.

Linda : 75
Loan : 99
Faustin : 23
Emily : 13.

Le résultat était donc 58. Linda l'emporta.
— AAAAAAAH ! hurla Faustin en se tenant la tête.
Emily bavait, sentant l'aiguille s'enfoncer dans son oreille. Un liquide dérangeant en sortait.
Loan ressentait la douleur, mais il ne réagit point. Il se contenta plutôt de réfléchir.

DEUXIEME MANCHE

Faustin essayait d'essuyer le sang coulant sur sa joue par tous les moyens, mais impossible de retirer cet instrument de torture.
— Bien, je vous laisse reprendre la partie.
— Une question, dit Emily en serrant les poings. Pourquoi est-ce que vous êtes là, tous ? C'est pour participer au rush ?
— Pourquoi tu veux savoir ça, demanda Faustin.
— Parce que j'ai peur de perdre. Et s'il y a quelqu'un ici qui compte participer au rush de demain, c'est qu'il aura déjà gagné les six jeux d'avant. Donc nous aurons un ennemi trop puissant.
— Bien vu, soupira le garçon en choisissant le même nombre : 23.
Linda était cette fois-ci, bien trop hésitante.
— Je te rassure, je ne suis pas là pour le rush.
— Et toi, Loan ? demanda Faustin.

Loan : 67
Emily : 88
Faustin : 23
Linda : 98

Le résultat était 76. Loan avait remporté cette manche. Linda senti la première aiguille atteindre l'oreille. Les deux autres poussèrent d'atroces hurlements une fois la deuxième rentrée : dans la nuque.
Loan sourit.
— Je n'ai aucune motivation. Aucune raison d'être là. Je viens juste faire passer le temps.
— Sérieusement ? s'exclama Emily.
— Mais vous n'avez pas de chance... Car cela fait bel et bien six jours que je joue et que je remporte chaque jeu.
Le silence envahit la salle.

TROISIEME MANCHE

Emily choisit un nombre au hasard. Sa détermination s'était éteinte si rapidement.
— Et toi, quelle est ta motivation ? demanda l'homme en remontant ses lunettes.
La demoiselle baissa les yeux.
— J'ai... Un petit souci de santé... Rien de très grave, mais... Je suis incapable de garder un travail plus d'une semaine. Alors c'est mon seul moyen de gagner de l'argent.
Faustin choisi son nombre et le résultat arriva.

Loan : 33
Emily : 56
Linda : 56
Faustin : 11

Les deux femmes se regardèrent. Puis la troisième aiguille se planta dans le crâne de Faustin, d'Emily et la deuxième atteint Linda. Loan était plus proche du résultat : 43.
L'homme remonta ses lunettes à nouveau, en passant par le trou du casque.
— Et toi, gamin ? sourit Emily, la bouche en sang.
— Rire dans un moment pareil, soupira Faustin. T'es déjà devenue folle ?
— Réponds-moi. Pourquoi t'es là ?
— Ma famille est pauvre. J'suis qu'un bon à rien. Plein de raison me poussant à gagner de l'argent...
Kuma jeta un œil à son téléphone.

« Si le jeu devient ennuyeux, quand ils ne seront plus que deux, lance le nouveau processus. Bisous : Aurore ! »

L'homme regardait les joueurs, d'un air inquiet.
La mort subite...

SIXIEME MANCHE

Faustin allait mourir s'il ne gagnait pas les prochaines manches. Emily venait de remporter la cinquième. Loan avait cependant gagné la quatrième.
C'est à ce moment que le jeune garçon compris.
— Je... Je vous vaincrais !

Il appuya sur une touche.
Si nous prenons tous un chiffre haut, logiquement, c'est le plus haut qui l'emporte car en multipliant le résultat, nous montons encore...
Loan se mit à rire.
— J'espère qu'il n'y aura pas de débutant comme vous au rush.

Faustin : 100
Loan : 46
Emily : 23
Linda : 88

Loan grimaçait. Faustin n'eut point le temps de sentir la dernière aiguille...

FAUSTIN : OUT

Le résultat était 71. Linda était la plus proche.
Emily ferma les yeux.
Il faut que je réfléchisse ou je serais la prochaine... Je crois avoir compris la stratégie.

L'équilibre de Nash... Arriver à anticiper la stratégie des autres... Les joueurs devraient tous être certains d'arriver au même résultat.
Loan sourit.

SEPTIEME MANCHE.

L'arbitre tournait autour d'eux.
— Allez, choisissez !
Linda avait déjà appuyé. Emily hésita. Puis, après un petit moment de réflexion, elle finit par choisir. En revanche, Loan refusait de jouer.
— Qu'est-ce que tu attends ? s'exclama Linda.
— J'ai trouvé le moyen de gagner cette manche.
Kuma s'arrêta.
— Ah oui ? demanda Emily, terrifiée.
— Et je remercie fortement l'arbitre de m'avoir laissé gagner ce jeu.
— Comment ? Vous étiez de mèche ?
— Pas du tout ! Revoyons le principe du jeu.

Le but était de choisir un nombre au hasard et d'être le plus proche du résultat final (la moyenne des nombres choisis multipliée par 1,1).
— Maintenant, essayez de trouver une stratégie sur une autre règle. Par exemple, la moyenne multipliée par 0,9.
Si les joueurs choisissaient tous dans ce cas-là le nombre 100, le résultat serait 90. Il n'était donc pas nécessaire de choisir un nombre au-dessus de celui-ci. Puis, s'ils avaient tous choisis 90, cela donnerait 81...
— Le nombre ne ferait que descendre. dit Loan. Rien de plus simple... Mais une fois arrivés à zéro, nous n'aurions fait que tourner en rond.
— Où veux-tu en venir ?
Il appuya sur l'écran et le résultat arriva.
— Nous n'aurions pas pu terminer le jeu s'il fallait adopter une telle stratégie. Et pour qu'il y ait un minimum d'amusement, il ne fallait pas que ce jeu soit du pur hasard. Alors ils ont dû développer une règle plus intéressante.

Linda : 73
Emily : 43
Loan : 55

Il se mit à rire. Emily succomba. Linda grimaçait.
— Je ne comprends pas où tu veux en venir, dit la femme en pleine agonie.
— Tu as mal ? C'est dommage, car maintenant, ce n'est plus qu'un jeu de chance. Kuma s'est arrêté.
Elle regardait l'arbitre.
— Avec un multiplicateur de 1,1, c'est difficile de trouver un moyen de gagner sans faire confiance à la chance. Mais comme on dit ici, les coïncidences et le hasard n'existent pas.
— Quand on veut gagner, on peut, souriait Kuma en posant un miroir de poche sur la table.
— Vous étiez tous absorbés par une façon de gagner. Mais la solution était sous vos yeux. Il tournait simplement autour de nous, avec ce miroir sur lui, afin de nous indiquer le choix des autres.
— Mais tu jouais toujours dans les premiers !
— C'est ce que vous pensiez tous, oui. Mais il n'est pas difficile d'appuyer sur un coin de l'écran où il n'y a rien. Je n'avais qu'à faire un rapide calcul et hop ! Le tour était joué !
Kuma ouvrit la porte de la salle.
— Maintenant, vous allez passer en mort subite. Les casques devraient pouvoir s'enlever facilement. Loan, tu m'as l'air d'être un type très intéressant. Essaie de survivre. Au passage, n'ouvrez pas la porte si vous souhaitez survivre.
Il ferma la porte et les laissa seuls dans la salle.
— Mort subite ? demanda Linda en retirant son casque. Qu'est-ce qu'on va devoir faire ?
De l'eau commença à inonder la salle verrouillée. Quelques armes tombèrent d'une bouche d'aération située au-dessus d'eux.
Linda comprit qu'il fallait qu'elle le tue. Elle fonça alors vers le pistolet et se prit un coup de poing au visage.
Loan s'approcha de la femme apeurée, au sol. Rapidement, elle saisit une grande aiguille de couture et tenta à plusieurs reprises de le tuer. Il esquivait chacun de ses coups, les mains dans les poches, puis lui plaça un violent coup de pied dans le ventre.
Elle fut projetée en arrière et toussa – quelques gouttes de sang sortirent de sa bouche.
— C'est terminé, salope.
Il se jeta sur elle et maintenait sa tête sous l'eau. La jeune femme se débattait mais elle souffrait encore de ses blessures du jeu. L'eau rentrait dans son oreille en sang.
Soudain, elle parvint à enfoncer l'aiguille dans l'épaule du type à lunettes. Il recula par réflexe et la laissa se relever.
— Espèce de connard !
Elle prit le pistolet et tira !

Aurore s'allongea sur le canapé rouge.
— Au faite, soupira la demoiselle. Si Loan et l'autre femme avaient ouverts la porte, ils auraient explosés ? Ils auraient pris une décharge ?
— Rien de tout ça.
— Bah pourquoi tu leur a dit de ne pas l'ouvrir ?
— Pour les dissuader. Ils auraient pu survivre tous les deux. Mais cette idiote a lancé le combat, puis elle s'est tuée avec l'arme piégée.
— T'es un grand malade, ricanait son amie.

La porte s'ouvrit.
— Qui... Qui êtes-vous ?
— C'est une longue histoire, souriait Brahms. Mais sachez que je ne suis pas mort durant ce troisième rush. Et qu'en réalité, c'est Logan qui n'est plus.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top