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Chapitre Vingt - On n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace
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Chuuya songea d'emblée que le bluff ― en était-ce seulement un ? ― de Dazai ne fonctionnerait pas ; ils s'adressaient à un homme décédé depuis fort longtemps, qui passait désormais le reste de ses journées à observer des élèves et qui en avait sans doute vu un bon paquet se masser devant lui pour lui poser des questions plus ou moins étranges. Il doutait donc fortement que Shizuka Mori se laisse tenter d'une manière ou d'une autre par la proposition de Dazai... et pour tant, cela sembla fonctionner.
« C'est une proposition intéressante, monsieur Dazai, reconnut l'homme peint à la grande surprise ― et au grand désarroi ― du Serpentard, et je me vois mal la refuser. Soit, je vais vous expliquer. » Chuuya eut le pressentiment que l'homme cherchait juste une excuse pour tout leur raconter, en réalité. Il se demanda ce que le professeur Mori penserait de cela s'il était présent... Mais il semblait qu'il était véritablement absent de la cabane hurlante, quand bien même ils l'avaient vu entrer là. « La cabane hurlante est reliée à Poudlard par un passage secret situé sous le Saule cogneur. Même toi tu ne le savais pas, pas vrai ? ajouta Shizuka Mori à l'intention de Dazai, qui pinça les lèvres en faisant la moue. A l'origine, elle a été conçue comme un abri. Un endroit où on pouvait aller faire ses affaires sans déranger les autres. Plus le saule est devenu agressif, plus cette histoire s'est perdue. Mais certains connaissent toujours l'existence de ce passage qu'aucun directeur n'a jugé utile de condamner. Après tout, cela représente une porte de sortie en cas d'attaque, non ? »
Chuuya fronça les sourcils. Une porte de sortie ? Pourquoi auraient-ils besoin de s'enfuir de Poudlard ? Cet endroit était un des plus sûrs d'Angleterre ; personne ne pourrait jamais l'attaquer, certainement pas les moldus qui ne pouvaient pas le trouver et encore moins les sorciers, qui se casseraient les dents sur les multiples protections magiques que le directeur Fukuzawa et les autres professeurs avaient installées.
Il ne pipa cependant mot et laissa l'autre continuer son histoire.
« Ôgai l'utilise souvent pour rentrer en douce au château, pour que ses collègues ne s'aperçoivent pas qu'il s'éclipse en douce pendant la sortie à Pré-au-Lard.
― Il ne pourrait pas juste... rester au château et ne pas participer à la sortie ? Le directeur Fukuzawa le fait aussi, fit remarquer Dazai.
― Bonne observation, opina Shizuka, mais c'est justement pour cette raison qu'il ne le fait pas. » Les deux élèves haussèrent un sourcil, sans trop comprendre. Dazai semblait désireux de poser de nombreuses questions ; le tableau, lui, paraissait beaucoup moins enclin à y répondre. « Vous garderez le silence là-dessus, n'est-ce pas ? Personne n'a envie que l'existence de ce passage soit connue des élèves. Les autres sont déjà assez problématiques pour ce cher Fukuzawa comme ça. Tous ces élèves qui gambadent en dehors du château alors qu'ils sont sous sa responsabilité...
― Vous semblez familier avec le directeur Fukuzawa, fit remarquer Chuuya, un peu étonné par le ton familier qu'employait le tableau. C'est parce que vous l'avez vu en tant qu'élève au château ? »
Bien souvent, même les tableaux étaient polis avec le directeur, sans doute parce qu'ils craignaient à tout moment d'être jugés inutiles et remisés dans un placard, ou, pire ! brûlés.
« Eh bien, oui, c'est une raison. Je me souviens de lui quand il venait à peine d'arriver à Poudlard. Un sacré numéro, déjà. Pas au sens où il se faisait remarquer, comme la plupart des élèves y compris mon descendant. Il était déjà presque comme il est maintenant. Terriblement, affreusement, horrifiquement sérieux. Déjà concentré sur l'idée de rapporter des points à sa maison.
― Le directeur Fukuzawa était un Gryffondor, non ? lâcha Dazai.
― Pas besoin de porter du bleu et du bronze pour être bon élève, petit. » Le brun fit la moue devant le qualificatif condescendant et se tut ― Chuuya retenait la technique, même s'il doutait qu'elle fonctionnerait avec lui. « Quand il est devenu professeur, je n'étais pas surpris. Ce type allait passer sa vie à Poudlard, ça se sentait. Major de sa promotion en cinquième année, préfet puis préfet-en-chef ; professeur de DCFM et directeur de la maison Gryffondor, c'était la suite logique.
― Il était déjà professeur quand le professeur Mori était encore élève, n'est-ce pas ? » demanda Dazai ― qui connaissait visiblement son sujet mieux qu'il ne le prétendait. Chuuya se demandait pourquoi il les avait traînés dans cette situation.
« Oui, il l'est devenu quand Ôgai finissait ses études. Et je pense que c'est dans son bureau qu'il a passé le plus d'heures, cet idiot. Toujours à se faire remarquer, et coller par la même occasion. La fois où il a participé à ce stratagème avec la gamine fantôme, il en a pris pour deux mois. Je crois qu'il détient un des records dans ce domaine. »
Du coin de l'oeil, Chuuya vit que Dazai avait froncé les sourcils en entendant cette histoire de stratagème qu'il ne devait pas connaître. Il se sentit satisfait, pour une fois, d'être celui qui avait une longueur d'avance.
« J'ai répondu à votre question, reprit Shizuka, goguenard. J'attends ma juste contrepartie.
― Je vous avais demandé ce que Mori faisait là, protesta Dazai.
― Et j'ai répondu. Il retourne à Poudlard. » Chuuya dut retenir un sourire en voyant la manière dont le tableau s'était légèrement moqué du Serdaigle. C'était plaisant.
« Très bien. » abdiqua-t-il finalement.
Au grand désespoir de Chuuya, qui avait eu espoir que Dazai n'ait réalisé qu'un simple bluff envers le tableau en prétendant lui raconter ce qu'ils fichaient ensemble alors que tout le monde savait qu'ils se détestaient, le brun s'acquitta de sa part du marché, à sa manière : il déblatéra que Chuuya l'avait invité à Pré-au-Lard, qu'il avait accepté dans sa grande mansuétude et qu'il gardait désormais un oeil sur lui en bon élève responsable veillant sur un « nain imprudent qui lui cassait les oreilles ».
Chuuya allait l'étrangler. Au bout d'une minute à écouter ces absurdités, il lui écrasa le pied avec force et s'imposa dans la conversation :
« On a parié que si Serdaigle gagnait le match, je l'accompagnerais pendant une journée ici. Et c'est moi qui surveille cet irresponsable. Il a eu l'excellente idée de sortir en pleine tempête, cet abruti. J'aurais dû te laisser mourir d'hypothermie.
― C'est vrai que ça aurait été amusant, mais tu déformes la vérité.
― Pardon ? »
Ils continuèrent de débattre ― si on pouvait qualifier cela de débat ― et Shizuka Mori les regarda quelques secondes sans chercher à dissimuler son amusement manifeste.
Chuuya espérait qu'il saurait à qui faire confiance.
(En l'occurence, ce qu'il ne savait pas, c'était que Shizuka Mori composait sa propre réponse en son for intérieur juste en les observant.)
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