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Chapitre Dix - Osamu Dazai est un abruti

¡!

En y réfléchissant, Mori et Elise n'avaient pas tort sur un point : si Chuuya se défilait quant à son pari avec Dazai, il ne pourrait jamais exiger du brun qu'ils fassent une « revanche ». Au contraire, s'il acceptait aimablement de se plier à son exigence ― rien que la pensée le faisait frémir ―, Dazai serait sans doute le premier à relancer, l'année suivante, leur pari stupide avant le match Serpentard/Serdaigle. Et Chuuya tiendrait ainsi son opportunité de se venger de ce que l'autre lui avait fait subir.

Il songea dans un premier temps que tenir serait plus facile s'il pensait à cela, mais plus la date fatidique se rapprochait ― et plus les sous-entendus publics de Dazai s'intensifiaient ― et plus même la perspective de la vengeance ne lui semblait plus suffisante pour endurer la sortie à Pré-au-Lard avec cet abruti. Lorsque le Serdaigle déclina ouvertement trois invitations de jeunes élèves de sa maison à les accompagner pendant cette journée en précisant à chaque fois « qu'il y allait déjà avec quelqu'un de petit et de féminin », le jeune homme aux cheveux flamboyants éprouva la sourde envie d'aller le cogner ou de se cogner lui-même pour échapper à l'horreur qui l'attendait.

Il tint bon en se souvenant qu'il pourrait se venger et qu'Oda était prêt à lui fournir un alibi si un jour il décidait de se débarrasser de Dazai pour de bon. Mieux valait ne pas négliger cet avantage, qui lui épargnerait sans doute bien des ennuis.

(Même si, franchement, si un jour il tuait Dazai, il estimait que le Ministère de la Magie lui devrait au moins une médaille du mérite pour services rendus à la nation.)

Deux jours avant la date fatidique de la sortie à Pré-au-Lard, Chuuya et Dazai avaient un cours en commun de métamorphoses ― avec le « formidable » (auto-proclamé) professeur Fitzgerald qui semblait lui aussi avoir bien d'autres choses en tête que le cours qu'il était supposé leur donner. Il leur proposa de simples révisions théoriques de sortilèges qu'ils maîtrisaient déjà tous depuis au minimum la première année ― transformer une souris en tasse, c'était largement au-dessus de leur niveau ― avant de s'éclipser en marmonnant dans sa barbe au sujet d'une bonne affaire qu'il ne pouvait pas laisser passer. Depuis l'année précédente, il avait développé une certaine fascination pour les moldus et toutes les choses inanimées qu'ils vendaient. La plupart des sorciers restait dubitative quant à cette passion ― après tout, leurs objets magiques étaient bien meilleurs que ces balais qui ne bougeaient pas seuls ou ces horloges qui n'indiquaient que l'heure.

Pendant ce cours, Chuuya travaillait dans son coin, aux côtés de ses camarades et amis de Serpentard ; et Dazai en faisait de même, à l'exception près qu'il n'avait pas d'amis à ses côtés, juste le silence. Cela ne paraissait pas le déranger cependant ; au contraire, il ne prêtait attention à rien de ce qui l'entourait, focalisé sur la réalisation de ces sortilèges qu'il connaissait pourtant sans doute sur le bout des doigts. Aucun incident notable n'avait été à déplorer, pour le plus grand bonheur de tout le monde mais sans doute particulièrement du professeur Fitzgerald qui aurait été responsable si quoi que ce soit avant mal tourné ; mais, alors que le vert et argent essayait tant bien que mal de lancer un sortilège informulé sans grand succès, il fut dérangé par la voix agaçante de son pire ennemi (à l'heure actuelle), qui se moquait allègrement de lui :

« Tu t'entraînes aux informulés en cinquième année ? C'est au programme de l'année prochaine. » Chuuya se tourna avec un soupir vers Dazai.

« C'est toujours plus utile que de pratiquer la transformation de souris en tasse. On est plus des gamins.

― Ça, je te le concède. Tu t'y prends mal, cependant. Tu n'es pas assez concentré sur ton sortilège.

― Qu'est-ce que t'en sais ? riposta Chuuya, piqué au vif.

― Je sais jeter des informulés. » répondit Dazai comme s'il s'agissait d'une évidence.

Le rouquin le dévisagea longuement. De l'extérieur, on aurait sans doute pu croire qu'il était en train de se retenir de lui sauter à la gorge, comme tous les jours. De l'intérieur cependant, il tentait justement de lui jeter un sort de mutisme. Il en avait toujours rêvé et l'absence de professeurs était une aubaine.

Malgré ses tentatives, malheureusement, il ne semblait pas parvenir à ses fins. Dazai continuait de déblatérer un ramassis de conneries.

« On se rejoint dans l'entrée du château demain ? » lui demanda le Serdaigle après un silence, un sourire moqueur toujours sur les lèvres.

« Non. Je te retrouverai directement à Pré-au-Lard. Je dois aller chez Honeydukes. »

Après tout, il devait toujours satisfaire les désirs de sa sœur. Et comme ça, s'il changeait subitement d'avis après avoir fait acte de présence auprès de Dazai, il pourrait toujours se défiler une fois de plus en empruntant ce fameux passage secret. Le brun haussa un sourcil en entendant sa réponse et rétorqua :

« Je ne te savais pas amateur de sucreries. »

Chuuya haussa les épaules. Il n'avait pas de justification à donner au brun quant à cela. Et puis, ce qui comptait pour lui, c'était de ne pas être vu par trop d'élèves en compagnie de Dazai. Il ne souhaitait pas que ce qui n'était qu'un pari stupide le poursuive jusqu'à son diplôme. A cette période de l'année, Honeydukes serait sans le moindre doute très fréquenté, mais cela ferait toujours moins d'élèves pour les voir que s'il se rendait aux côtés de Dazai dans la petite ville frontalière avec le château de sorcellerie.

« Je te verrai demain, donc. » conclut-il en s'apercevant qu'il était bientôt l'heure de finir le cours (et que leur professeur était toujours aux abonnés absents).

Il rassembla ses affaires et se tourna vers ses amis qui l'attendaient sans accorder plus d'intérêt à Dazai ― et pour éviter les questions qui ne tarderaient sans doute pas pour autant à venir dès qu'il serait seul avec eux ― mais se stoppa net lorsque Dazai s'exclama, d'une voix forte :

« On se verra demain du coup ! J'ai hâte de passer la journée avec toi mon serpent préféré ! »

Et il partit comme si de rien n'était, tandis que tous les regards des autres élèves se portaient sur Chuuya.

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