Sucre

Sidjil avait toujours aimé le sucre.

Chaque matin, il avait grand besoin d'une boisson chaude particulièrement sucrée, car sinon sa journée deviendrait amère. Thé ou café, il choisissait selon ses humeurs, et n'était que satisfait lorsqu'il versait assez de sucre dans son verre.

C'était peut-être, sûrement, une addiction. Sa journée se rythmait par des petits bonbons, et si par malheur il n'avait pas sa dose, on ressentait sa mauvaise humeur par son manque de glucose.

Parfois, il était surpris par son ami Maxime, qui lui donnait de ses sucreries préférées. Dans ces moments, le sucre lui apportait un bien meilleur effet.

Par exemple, Maxime avait toujours sur lui des sachets de sucre pour Sidjil, et ce dernier sentait son cœur fondre comme le sucre au fond de son gobelet. La gentillesse et l'attention qu'il lui donnait le rendait en général de bonne humeur, mais sûrement pas autant que sa boisson sucrée.

Alors, oui, ce fut un choc lorsque Maxime qui, s'étant mis sur la pointe de ses pieds, déposa un timide baiser sur ses lèvres gercées :

Son passage était marqué par un léger goût de sucre acide, qui avait du s'y perdre plus tôt lors de sa dégustation de bonbons. En un instant, Sidjil constata que son estomac vide lui criait de revenir butiner les lèvres de son ami pour de bon.

Quelque chose se déclenchait peu à peu dans son cerveau, et les lèvres de Maxime se présentaient à lui comme du sirop. Sucré, fruité, collant à sa bouche, le laissant avec un appétit plus que louche.

Appétit qu'il ne put assouvir d'aussi tôt. Car les quelques secondes qu'il dû prendre pour réaliser son prochain geste furent de trop. Maxime était parti, sûrement sous la panique, et Sidjil fut laissé dans un état atypique.

Réalisant ce qu'il venait de se passer, Sidjil passa sa langue sur ses lèvres entrouvertes. Il y récupéra le goût unique de celles sucrées de Maxime qui avait laissé sa porte d'entrée grande ouverte.

Sans réfléchir et en pensant à son estomac qui grondait, il se dirigea vers la sortie pour suivre son voleur de baisers sucrés.

Il cherchait partout autour de lui l'ombre de Maxime mais, en vain, se retrouva à marcher sans arrêt. Puis il le distingua, assis sur un petit banc près de l'eau. Le soleil se couchait et Sidjil se demandait comment Maxime pouvait être aussi beau.

Il s'approchait de lui, lentement, doucement, ne voulant pas l'effrayer, prenant soin de prendre une grande inspiration. Il l'atteint enfin, lui, qui pendant ce temps contemplait l'horizon.

-Max ?

Le concerné leva ses yeux mouillés vers Sidjil, qui ne voulait qu'interrompre son jeûne court. Il renifla et essuya ses larmes futiles.

-Qu'est-ce que tu ressens ?

-Oh, tu es là. Je sais pas, ça dépend.

-De quoi ça dépend ? Je peux t'aider ?

-De toi. De ton ressenti, tu sais ?

Sidjil décida de s'asseoir à ses côtés. La bouche sèche, le vent frais, il devait parvenir à se concentrer.

-Moi je me sens bien. Mieux même, si seulement je pouvais...

-Si seulement tu pouvais quoi ?

-Maxime, si seulement je pouvais encore t'embrasser...

-Tu te fous de moi ?

Il regarda dans ses yeux, cherchant l'ombre d'une boutade. Mais non, Maxime était sérieux, il doutait vraiment du ressenti de l'autre homme. Le goût sur ses lèvres devenu fade, Sidjil se contenta de s'approcher au maximum.

-Jamais Maxime, jamais.

-Je croyais-

-Tu te trompais. J'attends ça depuis longtemps, tu sais.

Comme pour marquer ses mots, Sidjil attrapa le visage de Maxime de ses mains tremblantes et vint coller leurs lèvres à nouveau. Une explosion de sentiments s'installa dans son bas-ventre, le laissant, sans surprise, à la merci de Maxime qui ne tarda pas à répondre à son emprise.

Au fur et à mesure que leurs lèvres se rencontraient, Sidjil sentait les papillons dans son estomac. Il mouvait sa bouche contre la sienne et pris un malin plaisir à caresser sa langue d'un air sournois.

Sidjil n'avait qu'une envie, c'était de le croquer tout entier, et il se délectait de la saveur de sa bouche. Le plus délicieux devait être les sons qui s'échappaient de cette bouche sucrée, et tout ce qui comptait pour lui à cet instant était sa dégustation farouche.

C'était dans une hâte anxiogène qu'ils se dirigeaient à nouveau vers l'appartement. Sidjil ne pouvait plus attendre, et ça commençait à affecter son comportement.

Dans une lumière tamisée, caché par leurs propres ombres, qu'ils se découvraient pour la première fois. L'appétit de Sidjil se consumait peu à peu, laissant place à une aise et un plaisir intense qui le rendait fou et intrigué à la fois.

Maxime faisait face à Sidjil qui se permettait de le lécher dans sa longueur, le laissant dans un tourbillon de sensations. C'était comme un sucre d'orge, le goût sucré laissant place à une saveur salée, et cela faisait monter les sons de Maxime d'un ton.

Ce n'était que lorsque leur voyage aux saveurs fruitées se termina que Sidjil fit son choix. Impassible, froid, il ordonna à Maxime de quitter les lieux de ce pas.

-Hein ? Mais... Sid ! Je croyais que...

-Tu avais tort. Sors de là, c'est ce que je veux.

Son appétit assouvi, il se contenta de fermer la porte derrière lui.


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