#Show 02 | VÉNUS


02 VÉNUS

☆☆☆☆

Depuis les coulisses, je profite du passage de Athéna pour tenter de voir les clients se trouvant dans la salle. Ce soir, j'ai envie de surprendre ces femmes, mais surtout ces hommes venus en nombre. Comme chaque fois que je fais une prestation, oserais-je dire sans prétention.

Je ne me produis qu'une fois par mois. Ce qui met le patron du club dans tous ses états. Il bataille fort pour me faire plier et augmenter le nombre de mes prestations. Il a doublé mon cachet et il est prêt à le tripler, mais je ne suis pas intéressée par l'argent.

Je monte sur scène pour le plaisir.

C'est une notion qu'il a du mal à comprendre. Je ne suis pas comme les autres nanas qui viennent ici tous les soirs. En dehors, j'ai un travail que j'adore, un mari que j'aime, une famille unie et une vie sociale bien remplie. Venir ici reste un loisir. Une parenthèse enchantée. Quand je suis sur scène, je peux être moi. Je peux laisser libre cours à mon imagination, à mes désirs et fantasmes.

Mon masque intégral me préserve.

Grâce à lui, j'ai la certitude de ne pas être reconnue. Il cache entièrement mon visage et les pampilles de perles descendent jusqu'à mon cou. Je pousse même l'anonymat en mettant des lentilles de couleur marron pour planquer mes iris bleus. Je porte aussi une perruque différente à chaque prestation pour ne pas révéler la vraie teinte de mes cheveux.

— Vénus ? Tu es prête ? C'est à toi dans cinq minutes.

Personne ne connaît mon identité, pas même mon prénom. Pour tout le monde, je suis Vénus l'insaisissable. La solitaire qui ne se mélange pas aux autres filles, ce qu'elles ont pris au départ pour un affront. J'étais la nouvelle qui se la pétait. J'étais l'orgueilleuse. Puis je suis devenue la pestiférée, seule dans ma loge et maintenant après six mois, elles ont compris que je ne voulais pas leur voler leur boulot et au contraire elles bénéficient des retombées.

Plus de monde, ça signifie plus d'argent.

Je m'adresse au régisseur et lui explique les petites modifications de dernière minute que je viens d'effectuer dans ma tête. Au départ, il s'est montré réticent, mais j'ai réussi à le convaincre avec l'appui de mon patron, qui n'ose rien me refuser de peur que je change d'établissement.

La concurrence est rude et nombreuse. D'où le tapis rouge que le directeur du « Vésuve » me déroule. Aussi bien au sens propre qu'au figuré. Mais s'il savait comme je n'en ai rien à foutre de ses courbettes. Tout ce que je désire c'est m'éclater en réalisant mes shows, ni plus ni moins. Ensuite, je referme la parenthèse et retourne à ma petite vie tranquille.

Je me place derrière cette porte des coulisses, qui donne accès à l'entrée du club. J'ai repéré ma cible et j'attends que le noir soit fait dans la salle, seules les leds se trouvant au sol me permettent de voir où je mets les pieds.

Ma plume à la main, je me balade entre les tables. Celle du jeune homme que j'ai remarqué se trouve devant moi. Il a un air canaille qui m'a fait porter mon choix sur lui, mais aussi un truc, que je n'arrive pas à définir dans son regard couleur miel.

Je m'approche de leur table et le frôle de ma plume. Il se crispe, j'aime le sentir aussi réactif. J'adore jouer avec l'émoi que je peux susciter juste en les effleurant. J'aime à penser que ce n'est pas seulement ma plastique qui les charme. Ma bouche vient se perdre sur son épiderme. Hum, il sent bon...

— Suis-moi, je lui chuchote à l'oreille.

Il a du mal à y croire, alors je balade mes doigts sur son bras avant de me saisir de sa main. Il est fébrile, réagit à chacun de mes mouvements. Le contraste entre nous est frappant. La glace et le feu. Il va être un partenaire de choix, j'en suis sûre.

— Ton prénom ?

— Rio.

Automatiquement, je pense au Brésil, à la samba, qui me donne envie de me trémousser aux sons des Cariocas.

Je l'aide à monter sur scène et lui demande de s'asseoir sur une chaise. Je fais signe au régisseur, qui ne me quitte pas du regard afin de remettre la lumière. Aussitôt, le spot principal s'allume sur nous en dévoilant aux personnes dans la salle ce qu'il s'est passé pendant qu'ils étaient plongés dans l'obscurité. L'intensité de la lumière est douce et c'est tout juste si l'on peut discerner les traits de tous ceux qui nous regardent. Tout en me tenant dans son dos, je lui demande :

— Tu me fais confiance ?

— Oui...

— Alors, tu suis mes instructions au fur et à mesure sans te poser de questions.

Mes mains se placent sur ses épaules. Il est tendu et doit se demander pourquoi je l'ai fait monter sur scène.

La musique se lance et Rio a dû la reconnaître, car je le sens se figer sous mes doigts.

— Détends-toi.

Je commence à chanter tout en tournant autour de la chaise.

« Déshabillez-moi, déshabillez-moi »

« Oui, mais pas tout de suite, pas trop vite »

Je m'installe sur ses jambes et entoure son cou de mon bras tandis que je place le bout de mon index dans ma bouche. À l'aide de mes dents, je tire sur mon gant d'opéra. Avant de lui demander de continuer à me le retirer.

« Sachez me convoiter, me désirer, me captiver »

« Déshabillez-moi, déshabillez-moi »

Il me le tend et je le glisse dans la poche de sa chemise. Je lui montre mon autre main et Rio s'empresse de me retirer le gant.

« Mais ne soyez pas comme tous les hommes, trop pressés »

Je le jette dans la salle sans, vraiment, savoir où il va atterrir, mais si je me base au cri d'exclamation, je dirai que c'est un mec et qu'il est heureux de l'avoir attrapé. Il le porte à son nez et le hume.

« Et d'abord, le regard »

« Tout le temps du prélude »

« Ne doit pas être rude ni hagard »

Je pose mes doigts sous son menton et plonge dans ses prunelles d'une intensité aurifère.

« Dévorez-moi des yeux »

« Mais avec retenue »

« Pour que je m'habitue, peu à peu »

Rio ne se dérobe pas et fixe mes iris dissimulés sous mes lentilles de couleur.

« Déshabillez-moi, déshabillez-moi »

« Oui, mais pas tout de suite, pas trop vite »

Ma main guide la sienne pour détacher mon porte-jarretelles. Je tends ma jambe. Rio retire mon escarpin puis sans que je le lui demande, il enlève mon bas avec délicatesse.

« Sachez m'hypnotiser, m'envelopper, me capturer »

Son regard toujours planté dans le mien, Rio ne cille pas. N'hésite pas quand il décroche mon autre bas. Ma jambe tendue est délestée de sa chaussure puis le voile glisse lentement. Rio laisse la pulpe de ses doigts frôler ma peau.

Un rictus amusé naît sur ses lèvres ourlées.

« Déshabillez-moi, déshabillez-moi »

« Avec délicatesse, en souplesse, et doigté »

Mon buste par vers l'arrière, ainsi que ma tête, qui repose dans le vide. Sa main longe mon corset et l'une après l'autre Rio en défait les agrafes. Tout se fait sans que j'aie besoin de le lui demander.

« Choisissez bien les mots »

— Tu es une vraie déesse...

« Dirigez bien vos gestes »

« Ni trop lents, ni trop lestes, sur ma peau »

Rio suit les indications apportées par les paroles de la chanson. Ses doigts glissent sur mon épiderme et retirent mon corset en le laissant tomber, m'obligeant à cambrer mes reins.

La salle est silencieuse. Je n'avais pas imaginé que la scène se déroulerait ainsi. Mais ce jeune homme loin d'être impressionné a pris les choses en main.

« Voilà, ça y est, je suis frémissante et offerte »

« De votre main experte, allez-y »

Il me relève et instinctivement nos iris s'ancrent, s'arriment sans pouvoir se lâcher. Comme je l'ai imaginé, Rio m'hypnotise. Pourtant je dois reprendre le contrôle de mon show.

« Déshabillez-moi, déshabillez-moi »

Je chante cet ordre teinté de désir avec mes yeux dans ses yeux.

« Maintenant tout de suite, allez vite »

Je me lève pour pouvoir passer mes jambes de chaque côté des siennes. Je m'assieds à califourchon, mon dos faisant face au public.

« Sachez me posséder, me consommer, me consumer »

« Déshabillez-moi, déshabillez-moi »

Ses mains se placent sur mes hanches. Ses doigts s'impriment dans mes chairs.

« Conduisez-vous en homme »

« Soyez l'homme, agissez ! »

Rio me sourit alors que ses index passent sous l'accroche de mon soutien-gorge. Il me le détache. Il fait glisser les bretelles avant de déloger ma poitrine de sa cage. Ses dents enserrent sa lèvre. Ses pupilles se dilatent tandis que sa respiration s'accélère.

« Déshabillez-moi, déshabillez-moi »

Il fait tourner mon balconnet au-dessus de sa tête avant de le lancer dans la salle. Son sourire éclatant ne l'a pas quitté.

« Et vous, déshabillez-vous ! »

Dans un geste maîtrisé, j'arrache les boutons de sa chemise, la lui retire et la laisse tomber au sol. Je récupère un grand éventail à longue plume rose. Je l'ouvre et Rio s'en saisit pour le positionner dans mon dos pour nous cacher de la salle qui applaudit. Les billets volent sur la scène.

La lumière se tamise jusqu'à s'éteindre.

Mais avant que l'on soit plongé dans l'obscurité, je croise son regard et capte ce que ressent Rio. Il m'embrasse et je n'arrive pas à le repousser.

Ce n'était pas prévu.

C'est interdit.

Le noir nous a engloutis et il n'y a aucun témoin de ce qu'il vient de se passer.

— Je veux te revoir !

— Rio, c'était juste pour le show.

— Tu mens très mal.

Je ne suis pas très douée pour cacher ce que je ressens, pourtant il doit croire en mes paroles.

— Tu n'as été qu'un jouet pour que mon show apporte du plaisir aux gens présents ce soir.

— Tu as répondu à mon baiser.

— Une façon de te récompenser pour ta participation.

Je me lève, récupère à tâtons mes escarpins et ce qu'il me reste de vêtements que je colle contre ma poitrine. Je sors et me dirige rapidement vers ma loge.

J'ai merdé ce soir.

Je prononce son prénom tout en passant mon index sur mes lèvres.

Rio...

☆☆☆☆

Vénus a porté son dévolu sur Rio pour son beau sourire et ses iris de couleur d'un miel translucide. A-t-elle eu raison ?

Rio n'est pas du tout intimidé par la situation. Comment cela se fait-il ?

Rio suit les indications fournies par les paroles de la chanson et portées par celles-ci, il embrasse Vénus. Que pensez-vous de son geste ?

Vénus a perdu le contrôle et le fil de son show. Que s'est-il passé entre eux ?

☆☆☆☆

📍 On se retrouve mardi à 11 h 00 pour le chapitre de Rio.

📍 Je vais publier sur le même rythme que BAD BOY OR BOSS, c'est à dire : MARDI - MERCREDI - SAMEDI - DIMANCHE à 11 h 00

🤩 Passez un bon dimanche, gros bisous mes #Players #Love 💋

🏀 Kty.Edcall.Auteure 📚


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top