#Prof 50 | ZÉLIE

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50 ZÉLIE

Vivre par procuration !

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Depuis que je connais la date de retour de Rio, je tente de laisser traîner mes oreilles pour glaner des informations ainsi que sur les profils Instagram de ses potes, et même celui de Sienna et Paul. Pour cela, je me sers du compte privé que j'avais ouvert pour discuter avec Rio sans que mon nom soit associé.

Mon Coquelicot.

C'est comme ça que Rio l'a désigné quand je l'ai créé. Mais pour rester encore plus prudente, j'ai changé le pseudo en « Fraise-des-bois », ça me permet de naviguer sur leurs profils sans me faire repérer.

C'est donc Caroll qui a été désigné pour aller le chercher à l'aéroport. Le Doyen ayant accédé à sa demande de rater les cours. Privilège accordé aux sportifs surtout pour aller récupérer la pépite de l'université. Paul s'était proposé, mais les potes de Rio ont refusé.

Eux, ils n'ont pas perdu la mémoire.

Entre deux cours, j'en profite pour passer par la salle des professeurs. Je m'enferme dans les toilettes pour voir ce qu'il y a de nouveau. Moi qui n'allais pratiquement pas sur les réseaux, là, je ne fais plus que ça.

À peine ouvert, je tombe sur un selfie pris à l'aéroport. Rio et Caroll sont souriants. Ils font les imbéciles en tirant la langue et réalisant des grimaces. Rio a l'air d'aller mieux. Les hématomes sur son visage sont moins importants et leurs couleurs moins vives.

Une légende accompagne le selfie.

« De retour ! Direction la colocation »

Les commentaires affluent depuis dix minutes et encore plus depuis que les cours sont terminés. Bon nombre prévoient de les retrouver sur place. Ça va lui faire du bien au moral de se savoir attendu comme le messie.

Pour ma part, je me contente de capturer sa photo et de la ranger dans un dossier nommé « Souvenirs du Brésil ». Ça me permettra de me tenir un peu proche de lui quand, ce soir, je serai seule chez moi.

Je libère les toilettes avant qu'on vienne m'en déloger. Depuis notre repas au Bistrot, Valentine et Sylvain sont mal à l'aise quand ils me croisent. Le seul qui n'a pas changé d'attitude, c'est Jonas.

— Encore malade ?

— Ça va mieux, je suis juste un peu barbouillée.

— Tu m'accompagnes ?

— Où ça ?

— Je dois mettre en place les instruments pour les auditions du spectacle.

— Si je peux t'aider.

— On ira plus vite à deux.

Nous nous rendons dans la salle et rencontrons peu d'étudiants dans les couloirs.

— Ils sont passés où ?

— À la cantine sans doute. Sinon, j'ai entendu que Rio Carter était arrivé à l'aéroport. Apparemment, bon nombre vont l'accueillir.

— Les sportifs ont vraiment la côte.

— On dirait bien.

— Et toi, Zélie ? Tu ne joues pas aux groupies ?

— Non, ce n'est pas mon truc.

— Tu n'aimes pas le basket ou le foot ?

— Pas vraiment.

— Ça ne devait pas être simple avec Paul. Lui qui ne parle que de ses poulains ou de sport.

— En effet, ça ne l'était pas.

— C'est pour ça que vous vous séparez ?

— Non... Il m'a trompée à plusieurs reprises.

— Je suis désolé.

— Ne le sois pas. Et puis, ce n'est pas comme si je t'apprenais quelque chose. Visiblement, la terre entière était au courant sauf moi.

— Tu sais, sur le campus, les rumeurs vont vite et puis Paul ne s'est jamais caché.

— La discrétion ne l'étouffe pas.

On continue de marcher en silence. Jonas tourne la clé et ouvre une salle que je ne connaissais pas. Elle est grande et plutôt bien éclairée naturellement par des fenêtres hautes. Elle paraît ancienne et une belle énergie s'en dégage sans que j'en connaisse la source. Je commence à tourner sur moi-même pour tenter de comprendre quand au fond de la pièce je remarque un autel religieux.

— C'est l'ancienne église des premiers bâtiments. C'était un couvent avant que le fondateur de l'université ne le rachète. Il ne servait plus et tombait en ruines. Peu d'entre eux ont pu être conservés.

— C'est rare qu'un couvent soit laissé à l'abandon. Qu'est-il arrivé ?

— La guerre. En 1944, l'armée allemande a envahi la ville et bon nombre d'édifices ont été bombardés, dont le monastère.

— Quel dommage !

— Malheureusement par temps de guerre peu de bâtisses sont épargnées.

Je suis irrémédiablement attiré par cet autel. Je ne suis pourtant pas pratiquante, mais une force invisible me fascine. Et je ne résiste pas à l'envie de m'incliner face à ce vestige.

— Je te laisse faire connaissance...

Jonas repart dans l'autre sens pour s'occuper du matériel sans doute. Je ne comprends toujours pas ce que je fais. Je sais juste que je dois me laisser happer par ce lieu.

Mes genoux prennent place sur une assise basse en velours, mes avant-bras sans que je les contrôle se posent sur un dossier en bois. Et je me surprends à joindre mes mains. Ma tête se baisse vers le sol et l'envie de prier s'impose.

Je me laisse entraîner par cette expérience mystique et incontrôlable. Et immédiatement, ma première pensée s'envole vers Rio. Je ne sais pas ce que je dois dire. S'il existe une façon de faire ou d'employer certains mots. Je ferme les yeux et me laisse une fois de plus guider par cette puissance.

Bien loin de l'angoisse qui est la mienne depuis quelques jours, je me sens me détendre, m'apaiser. Tout en exprimant muettement ce que je ressens, ce que je souhaite pour ce jeune homme. Pour sa santé. Pour le retour de sa mémoire. J'essaye de me convaincre que je ne le fais pas un peu pour moi aussi, mais cette tentative s'avère vaine.

Je ne supporte pas qu'il m'ait oubliée.

En un claquement de doigts, j'ai disparu de sa vie. Je tente de ne penser qu'à lui, à sa détresse, à ses absences, qui doivent l'angoisser, mais je ne peux pas oublier que cette amnésie me touche aussi.

Je suis une victime collatérale.

Les larmes coulent sans bruit sans qu'elles soient accompagnées de sanglots. Le barrage a cédé et emporte tout sur son passage. Je n'arrive pas à les contrôler, c'est comme si je ne maîtrisais plus rien. Mes doigts, au lieu d'essuyer mon visage, se resserrent d'autant plus.

Comme si je ne pouvais pas les désolidariser.

Une prière, que je n'ai pas formulée depuis l'enfance, vient s'imposer à moi. Elle m'emporte avec elle dans l'évocation de ces mots. Rien ne sert de lutter, je l'ai compris. Alors je laisse ma pensée vagabonder et je la suis sans résistance.

Après quelques minutes intenses et irréelles, je me sens fondre sur cette assise. C'est incontrôlable. Mon corps est vidé de toutes forces ou énergie. Mais je me sens bien. Légère. Je relève mon regard vers la statue de cette femme qui se tient là avec les bras tendus et je la remercie.

Je ne sais pas quoi faire ou dire d'autre et je pense que c'est inutile. Elle a pioché tout ce que je voulais exprimer. Une dernière fois, je joins mes mains face à elle puis je me relève. C'est quand je me retourne que je me souviens de la présence de Jonas. Il a assisté à mon abandon total et je suis gênée de croiser son regard. Pourtant il n'a pas l'air de me juger, au contraire, ses yeux se révèlent doux.

— Je vois que tu n'as pas pu résister à sainte Cécile de Rome. C'est la patronne des musiciens. Elles veillent sur ce lieu et je connais peu de monde qui n'éprouve rien face à elle.

— Je ne suis donc pas la seule à avoir vécu cette expérience...

— Non, nous sommes nombreux à y avoir été confrontés.

— Je ne suis pourtant pas pratiquante.

— Moi non plus. Je pense que cela se situe au-delà. Sainte Cécile donne juste envie de se confier et de se laisser aller.

— C'est exactement ça. C'est irréel et pourtant je ne peux nier ce que j'ai ressenti.

— Si je peux te donner un conseil, ça ne sert à rien d'expliquer l'inexplicable.

— Tu as sans doute raison.

Je pivote vers la statue de marbre blanc et elle se trouve auréolée d'une lumière douce apportée par les rayons du soleil. C'est juste... Magnifique.

Le reste de l'heure, nous la passons à mettre en place les instruments, les partitions sont rangées sur le bureau. Tout est prêt pour que se tiennent les auditions.

— Je t'invite à manger ?

— Il ne nous reste que trente minutes avant la reprise des cours.

— C'est bien assez pour déguster un bon plat de Lucie.

— C'est parti pour la cafétéria, alors.

Je ne m'étais pas rendu compte à quel point j'avais faim.

— On dirait bien que tu as retrouvé l'appétit.

Je lui souris entre deux bouchées. Sa présence m'apaise. Il ne tente pas de parler pour briser un silence qui pourrait s'avérer gênant. Il se contente d'être là et c'est tout ce dont j'ai besoin. Une présence amicale.

— Merci, Jonas.

— De rien, Zélie. Je suis rassuré de voir que tu vas mieux.

Ses mots se dissolvent dans le brouhaha qui a pris place dans ma tête. Mon sourire s'étiole. Mes membres se contractent tandis que mes iris n'arrivent pas à lâcher la personne qui vient de faire son entrée.

Paul sans qu'on l'autorise s'installe à côté de moi. Il fait face à Jonas et je sens une électricité s'établir entre eux deux, alors qu'ils se serrent la main. Je repousse mon assiette. Il vient de me couper l'appétit.

— Je vois que tu as fait connaissance avec ma femme.

— Ton ex-femme serait plus appropriée à la situation, me semble-t-il.

— Tu as besoin de clamer à tout le monde que tu m'as quitté ?

La façon dont il s'est adressé à moi crispe le moindre de mes muscles et la sérénité que j'avais acquise tout à l'heure s'envole en fumée.

— Paul, ce n'est pas l'endroit pour en discuter. Si tu n'as rien d'autre à dire, je m'en vais.

Je commence à me lever, quand sa main se pose sur la mienne. Mon sang se fige avant de déserter mon membre. Je suis pétrifiée sur place et cherche de l'aide dans le regard de Jonas.

— Zélie a raison. Laisse tomber.

— Jonas... Je ne t'ai pas sonné. Et si tu comptes te taper ma femme, tu vas devoir attendre ton tour. Apparemment, la liste n'en finit pas de s'allonger.

Ma main libre s'écrase sur sa joue et je le repousse avec une force dont je ne me serais pas sentie capable.

— Tu ne l'as pas volée, celle-là, ajoute Jonas.

Il se poste à côté de moi. Et d'un geste assuré, sa main se fixe sur mon bras pour me faire avancer et se positionner entre nous au cas où Paul tenterait de répliquer. Ce n'est pas l'envie qui lui manque, mais notre entrevue a attiré l'attention des quelques étudiants encore présents.

— À ta place, je partirai sans faire plus de dégâts.

Paul se lève et j'espère qu'il va en rester là. Il dépasse Jonas. Ce dernier demeure sur ses gardes et se tient à mes côtés. Il n'a pas besoin de parler, son action le fait à sa place. Mais Paul n'a pas de limites quand il est dans cet état-là. Il passe devant moi, presque à me frôler, et je sens une odeur d'alcool que la tension m'empêchait de détecter à son arrivée.

— Tu as de la chance que ton garde du corps soit là. Mais ça ne sera pas toujours le cas. Par contre, tu peux compter sur moi pour attendre le bon moment. Celui où tu baisseras ta garde. Celui où tes chevaliers servants ne seront pas là pour te protéger.

— Tu ne me fais pas peur avec tes menaces.

— Ce n'en sont pas, c'est une promesse, ma chérie.

Jonas le pousse et m'entraîne à sortir de la cafétéria. La honte, la peur, le regard des étudiants sur moi. C'en est trop. J'ai envie de hurler. Ou plutôt de me cacher dans un trou de souris.

Juste au moment de franchir la porte, le Doyen se trouve face à moi. J'ai un mouvement de surprise et me retrouve le dos en appui sur le torse de Jonas qui resserre sa prise sur mes bras pour m'empêcher de tomber.

— Merci, Jonas, de m'avoir prévenu.

Il se dirige vers Paul, tandis que mon collègue me pousse à sortir. Une fois dehors, et, les portes de la cafétéria refermées, je lui demande :

— Tu as fait quoi ?

— J'ai envoyé un message au Doyen. Paul n'a pas le droit d'agir avec toi ainsi et encore moins sur le lieu de ton travail. Sa présence est tolérée en rapport à sa fonction envers les joueurs. Mais là, il a dépassé les bornes.

— Merci, Jonas. Je ne sais pas comment je m'en serais sortie sans ton aide.

— Tu as du répondant et à mon avis ta gifle va laisser des traces.

Pourvu que ce ne soit pas moi qui écope des prochaines...

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Zélie se sert de son compte privé pour épier ce qui se passe sur Instagram afin d'avoir des informations sur Rio. Fait-elle bien ?

Zélie vient de vivre une expérience mystique et déroutante à la fois. C'est pourtant bien réel, mais déstabilisant. Il y a de quoi, non ?

Jonas a agi en ami protecteur en s'interposant entre Zélie et Paul. Que pensez-vous de son intervention ?

Les menaces de Paul sont bien réelles. Les mettra-t-il à exécution en s'en prenant à elle à nouveau ?

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📍 Mardi, on pourra lire la chapitre de RIO :

🎭 J'ai besoin de réponses...

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🥰 Bonne journée mes ZÉLIO LOVE, gros bisous 💋

🏀 Kty.Edcall.Autrice 📚


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