#Prof 13 | ZÉLIE
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13 ☆ ZÉLIE
Un lendemain difficile...
☆☆☆☆
Ce lundi matin, le réveil vient de sonner et, pour la première fois en cinq ans que j'ai commencé à travailler, je n'ai pas envie de m'y rendre. La nuit a été chaotique et perturbée par les messages de Paul. Il était en colère et bien éméché à la façon d'exprimer ses pensées. Il voulait savoir où j'étais partie et avec qui. Pour une fois la boisson était mon allier, car à jeun, il aurait deviné tout de suite chez qui je me planquais. Il m'a menacée à plusieurs reprises. Il exigeait que je rentre tout de suite.
Autant vous dire qu'il n'a pas apprécié que je ne sois pas à la maison quand il est revenu de son rendez-vous. Cela dit en passant, il ne m'a contactée qu'à 22 h 00. On était loin de la fin d'après-midi auquel il devait entrer et dont il m'avait parlé.
Si j'étais restée à l'appartement, j'aurais encore passé ma journée et ma soirée toute seule. Mais ça, c'était dans l'éventualité que je ne sois pas partie après ce qu'il m'a fait. Ce qui n'était pas envisageable.
Au lieu de ça, j'ai pu me reposer chez Paloma. Après avoir raconté à ma meilleure amie ce que j'avais découvert dans la poche de Paul et ce qu'il m'avait fait alors qu'il était persuadé que je l'avais trompé à mon tour. Elle est partie se coucher épuisée par sa nuit de travail et la longue discussion que nous venions d'avoir sur ma situation.
Le verdict était tombé sans qu'il y ait de point de désaccord. Je devais le quitter.
J'ai passé l'après-midi à corriger les copies. Il me fallait m'occuper pour éviter de revivre l'horreur qui venait de faire basculer ma vie.
Je ne pensais pas en revenant habiter avec Paul que ça nous conduirait à de tels extrêmes. Seulement neuf jours après mon arrivée, me voilà obligée de squatter l'appartement de ma meilleure amie.
Je regarde le sac où se trouve une partie de mon argent liquide gagné grâce à mes derniers shows, le reste étant mis à l'abri sur un compte que j'ai ouvert sous mon nom de jeune fille. Et j'ai bien fait, car il va m'être utile.
Je vais devoir me chercher rapidement un deux-pièces. Pas question que je reste ici trop longtemps ni que je retourne vivre avec Paul. Il a beau me noyer de messages, je ne reviendrai pas.
Ma décision est irrévocable !
C'est fini entre nous. Il ne veut pas l'entendre, mais il va devoir le comprendre et l'accepter. Dès demain, je vais contacter un avocat et enclencher la procédure de divorce. Je tiens à ce que cela soit rapide et sans vagues.
Malgré l'insistance de Paloma, je ne souhaite pas porter plainte. Je ne tiens pas à ajouter de l'huile sur le feu parce que ça ne servirait à rien. Et puis, je sais comment ça se passe. Je vais leur montrer les traces sur mon corps, ils vont recueillir ma déposition et, ensuite, rien ne sera effectué...
J'en ai déjà fait l'amère expérience.
J'ai pris la meilleure des décisions en le quittant et la demande de divorce aura plus de poids que n'importe quel passage devant les flics. Car Paul arriverait toujours à trouver un allié auprès des policiers pour qualifier ça en devoir conjugal.
Je ne fondais pas d'énormes espoirs dans nôtre couple. La distance pendant ces deux ans nous a beaucoup éloignés. Mais c'était la dernière tentative pour essayer de recoller les morceaux. Pour tâcher de sauver ce qui pouvait l'être encore. Certes, j'ai le regret que notre amour n'ait pas survécu, mais, quand on arrive à se faire autant de mal, c'est que c'est déjà trop tard.
Liliane a raison, je ne veux pas allonger la liste des féminicides.
Après avoir enchaîné une nouvelle nuit de boulot, Paloma vient de rentrer et me trouve assise dans la cuisine en train de boire mon café. J'ai eu le réflexe de m'allumer une cigarette, mais le remake de ce que j'ai vécu hier me frappe de plein fouet et j'écrase de moi-même la clope.
— Salut, ma Loute. Tu as pu dormir ?
— Pas vraiment...
— Il a continué à te harceler de messages ?
— Oui. Il veut que je rentre, qu'on s'explique et que je change d'avis.
— Ne me dis pas que tu comptes céder ?
— Pas question. Il m'a fait trop de mal. Je lui avais pardonné la première gifle, je ne recommencerai la bêtise une deuxième fois.
— Tu as raison et tu peux rester ici autant que tu veux.
— C'est adorable, merci. Mais mon dos ne va pas supporter ton canapé bien longtemps.
— Attention à la façon dont tu parles de mon sofa.
— Il est aussi vieux que ce mot !
Nous éclatons de rire et ça fait du bien.
— Tu pourras m'aider à cacher les bleus les plus visibles avant d'aller dormir ?
— Bien sûr.
Nous passons la demi-heure suivante à appliquer plusieurs couches de crème et de fond de teint sur mon visage. Je noue un foulard sur mon cou et choisis un chemisier aux manches assez longues pour cacher les ecchymoses sur mes poignets. Ceux se trouvant sur mon dos ou mes jambes seront planqués sous mon tailleur-pantalon.
Une heure plus tard, je descends du bus et je file vers l'entrée de l'université quand je reconnais sa voiture. Je me dirige rapidement vers le bâtiment, mais il hèle mon nom. Certains étudiants se retournent et, pour éviter d'attirer un peu plus l'attention, je ralentis le pas jusqu'à ce qu'il me rejoigne.
L'endroit est passant et je me dis que je ne risque rien. Il est connu sur le campus, donc il ne tente rien.
— Que fais-tu ici ?
— Nous devons parler.
— Je t'écoute, mais sois bref, mon cours commence bientôt.
— Tu ne veux pas qu'on aille boire un café ? me demande-t-il gentiment.
— Je viens de te le dire, j'ai un cours dans quelques minutes.
— Alors après ton travail ?
— Paul, il n'est pas question que je retourne à l'appartement.
Il grimace et prend sur lui pour rester calme. Tandis que, moi, je profite du fait qu'il y ait du monde pour lui faire comprendre que je ne reviendrai pas. Ici, il n'osera pas lever la main sur moi.
— Allons dans un bar. Laisse-moi une chance de m'expliquer.
— Sur quoi ? Sur ta gifle ? Sur tes propos orduriers ? Sur tes menaces ? Sur la violence de tes actes ?
— Je sais, j'ai merdé, mais essaye de comprendre...
— Tu veux que je comprenne quoi ? Tu m'as accusée sans aucune preuve contrairement à moi. Tu as essayé de me violer...
— De suite les grands mots.
Je commence à partir, mais il me rattrape par le poignet et je grimace.
— Tu veux savoir ce que j'ai fait à Paris ? Ce n'était rien d'important ! Je n'ai pas couché avec une autre femme si c'est ce que tu imagines.
— Tu penses que je vais croire que tu as pris une chambre d'hôtel pour y faire une sieste ? Et tout seul ? De toute façon, ça n'a plus d'importance...
— Comment peux-tu dire ça ? serre-t-il les dents et les poings. Tu es toujours ma femme.
— Plus pour longtemps.
Il s'approche encore plus de moi l'air menaçant.
— Je t'interdis de divorcer.
— Enlève tes mains ou je pars porter plainte sur le champ !
Je me mets à trembler en me souvenant des agissements de la veille. Ses yeux me menacent tandis que sa main relâche mon bras.
— Bonjour Madame Maynard.
Je sursaute face à l'intervention de Sohan. Je le salue et Paul en fait autant en claquant son poing dans celui de l'étudiant. Il tente de paraître cool face au jeune basketteur.
— Je peux vous parler du dernier livre que je dois lire, M'Dame ?
— Ça ne peut pas attendre, on discutait là !
Sa voix est sortie plus agacée qu'il n'aurait voulu et Sohan instinctivement vient de se placer entre Paul et moi.
— Oui, Sohan, faisons le chemin ensemble jusqu'à l'amphithéâtre...
Paul ne peut pas se permettre de me retenir. Il repart vers sa voiture en fulminant et quand il démarre je souffle tout l'air contenu dans mes poumons.
— Ça va, M'dame ?
— Oui, oui, ce n'est rien. Je n'ai pas pris de petit-déjeuner, j'ai la tête qui tourne un peu.
— La cafétéria est ouverte si vous voulez y passer.
— Merci, Sohan. Mais je ne vais pas avoir le temps.
Il dégrafe le zip de son sac de sport et me propose une barre énergétique.
— Ce n'est pas grand-chose, mais ça vous permettra de tenir en attendant le repas.
— C'est très gentil à toi, merci.
Gêné, il danse d'un pied sur l'autre, puis son sourire s'agrandit et il arrive même à me communiquer sa bonne humeur avec sa demande :
— Ça mérite bien un point de plus sur ma copie, non ?
— Tenterais-tu de monnayer ton offrande ?
— Disons que c'est un échange de bons procédés, ajoute-t-il pour m'amuser.
J'ai bien conscience que son intervention n'était pas anodine et qu'il a dû percevoir la tension entre nous. Alors je le remercie encore une fois avant de croquer dans la friandise. Je glisse le papier d'emballage dans ma poche pour penser à en acheter la prochaine fois que j'irai aux courses.
Il me reste quelques minutes, ce qui me permet de faire un crochet par les toilettes des profs. J'en profite pour me soulager, puis, en me lavant les mains, j'inspecte l'état de mon maquillage dans le miroir. Je retouche mon rouge à lèvres pour qu'il attire l'œil sur ma bouche plutôt que sur les ombres qui recouvrent ma pommette.
D'un regard volontaire dans la glace, je m'encourage.
« Tu es la meilleure. Tu vas y arriver. Go. Go. Go »
Regonflé à bloc, je me dirige vers la salle, quand je reconnais la silhouette de Paul en train de discuter avec le Doyen. Pourrait-il me faire virer ? En a-t-il les moyens et les ressources ?
Les réponses sont oui, oui et oui.
Je n'avais pas envisagé ce scénario en le quittant. Je n'ai pas les moyens de perdre mon travail. Et c'est la boule au ventre que j'entre dans l'amphithéâtre rempli aux trois quarts de sa capacité.
Malgré cette angoisse, qui noue ma poitrine, je suis arrivée à produire le cours dans son intégralité. Je m'assois épuisée comme si je venais de courir un marathon. Deux élèves tiennent à me poser des questions sur l'un des livres qu'ils ont dû lire ce week-end et je tente de me concentrer sur leurs demandes.
Je sais que Rio est là avant même de relever mon regard. Pendant ces deux heures, j'ai tout mis en œuvre pour ne pas croiser ses iris posés sur le moindre de mes déplacements. Mais là, je ne peux pas nier sa présence alors qu'il s'est appuyé nonchalamment contre un bureau du premier rang. Face à moi, il patiente. Il me détaille et j'ai peur qu'il arrive à lire en moi ou sur moi ce que j'ai vécu la veille.
Je dois fuir et c'est ce que je tente d'accomplir en lui indiquant que je n'ai pas de temps à lui accorder quand les étudiants me lâchent enfin. Je me dirige vers la sortie, mais bien sûr cette tête de mule ne me suit pas. Je dois m'assurer de ne laisser personne derrière moi avant de fermer les portes de l'amphithéâtre.
— Monsieur Carter, vous allez bien ?
— Et toi ?
Sa façon de me tutoyer ne devrait pas m'atteindre. Pas plus que la manière qu'il a de me regarder. Je dois juguler ce qu'il déclenche en moi depuis ce jour où j'ai posé mes yeux sur lui au cabaret. À ce moment-là, je ne savais pas qu'il deviendrait mon élève. Mais maintenant que je suis sa professeure, ces pensées ou ces sensations toutes plus agréables les unes que les autres n'ont plus lieu d'être.
Pas plus que les questions que Rio me pose sur mon paraître. Bien sûr, que je me suis confrontée à un miroir et ce que j'y ai vu ne m'a pas plu. Me voyant mal à l'aise, il change de sujet et me parle de mon cours, de l'œuvre de Victor Hugo. Je dois diriger la conversation vers les deux heures que nous venons de partager pour qu'il oublie mon état.
— Tu as écouté mon cours ?
— Ça a l'air de te surprendre.
C'est un euphémisme que de le penser. Rio a enfin compris qu'il devait se mettre à bosser sérieusement et j'en suis ravie. Il me montre sa fiche de note et je suis étonnée du boulot qu'il a fourni. Je savais bien qu'il en avait les capacités. Il suffisait de le pousser un peu et de le motiver.
— Autre chose, Rio ?
J'aurais dû m'abstenir de lui poser cette question. Car il enchaîne sur son principal sujet.
C'est-à-dire. Moi.
Il tente de savoir si je vais bien. Et mes mensonges pour le tenir à distance n'ont aucun impact sur lui. Alors je reprends la direction de la sortie. Son contact sur mon bras me fait tressaillir. C'est incontrôlable. Mon esprit et mon corps ont enregistré ce geste comme une attaque. Je tente de me défaire de sa poigne, mais Rio soulève le bas de la manche de ma veste. Je sais ce qu'il cherche, mais comment a-t-il pu voir mes marques ?
Je tente de fuir, mais il s'interpose et sa question me fige.
— C'est Paul qui t'a fait ça ?
Je nie bien sûr. Qu'est-ce que je peux faire d'autre ? Mais Rio ne compte pas en rester là et veut savoir d'où me viennent les traces ainsi que la peur qu'il a lu sur mon visage. Impossible de lui dire la vérité. Et bien malgré moi j'emploie un double sens que Rio ne laisse pas passer.
— Tu m'as prise par surprise.
Revoilà ce sourire canaille, qui me fait tant craquer. Mais je ne dois pas le lui montrer, alors je fronce les sourcils.
— Tu as repris des couleurs...
Ses mots au creux de mon oreille ne réchauffent pas que mon visage. Il me chamboule et je ne devrais pas le laisser balader son nez dans mes cheveux. C'est si agréable, si doux, mais Rio me ramène à la réalité de ce que j'ai subi.
— C'est pour ça que tu portes un foulard ?
Mon excuse du rhume ne tient pas la route, car Rio ne lâche rien. Il veut savoir si c'est Paul qui m'a fait ses traces dans le cou. Heureusement, la sonnerie annonçant le prochain cours retentit.
— Tu ferais mieux d'y aller.
Il ne m'écoute pas et son index remonte mon menton pour que je le regarde. Non, ne fais pas ça... Nous ne devons pas franchir cette ligne, dont nous testons d'un peu trop près les limites. Rio le comprend et se ravise, pourtant ses mots sèment un trouble encore plus grand.
— Je suis là si tu as besoin d'en parler. Tu peux même m'appeler si ça se reproduit.
Il me demande si j'ai bien gardé la carte du bistrot sur lequel il a noté son numéro, je lui réponds par l'affirmative tandis qu'il réduit le peu de distance entre nous. Je sens la dualité vivre aussi en lui.
Ses lèvres sont si près des miennes que son souffle les caresse. Je ferme les yeux, car je ne veux pas qu'il lise dans mes iris ce que ce rapprochement déclenche comme sensations en moi.
Rio m'embrasse.
Mais au contraire de ce que j'étais follement prête à accepter, il se montre le plus raisonnable de nous deux et sa bouche se pose sur ma joue, à l'endroit même de mon hématome.
La douceur de son geste me chamboule plus que de raison. Et je souffle de soulagement ou de dépit, je ne sais plus, lorsque je ne ressens plus sa présence. Le claquement de la porte m'assure qu'il est parti. Me laissant seule avec mes envies, mes interrogations, mes doutes et mon désarroi de me montrer aussi faible face à lui.
Je dois me reprendre et le tenir à distance. Rien de bon ne peut sortir de ce rapprochement.
☆☆☆☆
➥ Paul attend Zélie sur le parking pour lui parler. Il veut s'expliquer autour d'un café. Ce qu'elle refuse. Fait-elle le bon choix ?
➥ Sohan a apparemment capté le mal-être de sa professeure et a inventé un souci de livre pour la tirer d'affaire. Mérite-t-il un point supplémentaire comme il le réclame après lui avoir offert une barre énergétique ?
➥ Rio n'est pas dupe et lui prouve qu'il a compris ce qu'il s'était passé avec Paul. Elle ne le lui confirme pas, mais est-ce bien utile ?
➥ Zélie se rend compte que l'attirance qu'elle ressent pour Rio est réciproque. C'est dangereux pour eux deux. Et elle décide d'y mettre fin. A-t-elle raison ?
☆☆☆☆
📍 Dans le chapitre de dimanche avec RIO :
🎭 Je dois garder le contrôle...
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🥰 Bonne journée, mes #Players #Love, gros bisous 💋
🏀 Kty.Edcall.Auteure 📚
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