#Prof 06 | ZÉLIE
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06 ☆ ZÉLIE
Le constat est accablant !
☆☆☆☆
La semaine se termine et je ne suis pas mécontente de pouvoir souffler un peu. Ces cinq derniers jours ont été intenses. Devoir repasser derrière ma collègue et m'apercevoir qu'elle n'a rien fait depuis le début de l'année m'est tombé dessus sans que ce soit prévu. Je m'attendais à des différences dans notre méthodologie, mais pas un si profond retard qui ne vient pas que de cette année. Sur la quinzaine de livres qu'ils sont censés lire et analyser, ils n'en ont survolé que quatre. L'étude de texte n'a même pas été faite.
Ils doivent en apprendre plus sur Wikipédia que ce qu'elle leur a fourni comme enseignement. Je suis révoltée face à ce manque de travail et de professionnalisme.
J'en ai parlé avec le doyen qui tenait à recueillir mes premières impressions sur leur niveau. J'ai été honnête avec lui...
— C'est catastrophique.
— À ce point ?
— Seulement un tiers ont le niveau. Et s'ils l'ont atteint, ce n'est pas grâce à Madame Albert. Ils se sont débrouillés tout seuls. Mais pour y arriver, il faut être volontaire et déterminé.
— Je suppose que les sportifs n'en font pas partie ?
— Vous supposez bien. Ils n'ont clairement pas le niveau. Ils ont préféré utiliser ce temps libre pour effectuer plus d'entraînements ou récupérer, là où les plus assidus passaient des heures à la bibliothèque.
— Je vous remercie de votre franchise, Madame Maynard. Pensez-vous que vous pourrez rattraper le retard ?
— Vous croyez au miracle ? Moi, non. Je reste lucide sur leurs capacités. Certains arriveront à intégrer les deux années de programme en une, mais pour d'autres...
— Les sportifs ?
— Pour eux, c'est quasiment mission impossible.
— À ce point-là ? Je pensais pourtant quand, les intégrant dans ce cours, ça leur permettrait de remonter leurs notes.
— Vous vous êtes fourvoyé.
J'aurais dû m'arrêter avant de mettre son jugement en question. Même si le Doyen est lucide sur son erreur, il n'a pas bien digéré le fait que je relève ses manquements. Et me voilà, à devoir créer un programme spécial pour ces messieurs les sportifs.
Ils vont être tout aussi ravis que je le sois face à ses changements.
La porte de l'appartement s'ouvre et je sursaute.
— Ce n'est que moi.
— Désolé, Paul. Je n'ai pas l'habitude qu'on entre chez moi sans frapper ou sans s'annoncer.
— J'espère que tu n'attends pas de moi de le faire ?
— Non... Bien sûr que non, voyons. Tu es chez toi...
— En parlant de désagrément causé à l'autre.
Quand il prend cet air sérieux, ce n'est jamais bon. Je sens que je ne vais pas apprécier la suite.
— Quand comptes-tu vider tes cartons ? Parce que, là, c'est impossible. Il y en a partout. S'en compter tes meubles, tes sculptures, tes tableaux... Enfin, j'arrête là... La liste serait trop longue.
— Je vais essayer de m'en occuper ce week-end.
— Essayer ? Ce n'est pas suffisant, Zélie. Je ne supporterai pas de vivre une semaine de plus dans ce bordel.
Il se dirige vers la salle de bains et j'entends l'eau de la douche couler.
Au début de notre relation, je le rejoignais souvent afin de la prendre ensemble. Et puis les occasions de nous y retrouver se sont faites de plus en plus rares. Pour en arriver à ne plus se produire du tout.
Est-ce que je dois essayer de reprendre cette habitude ? Pour... Pourquoi en fait ? Lui faire plaisir ? Est-ce que j'en ai vraiment envie ? Clairement, non. Et encore moins après son esclandre. Il ne m'a même pas embrassée en entrant.
Il revient quinze minutes plus tard et il file dans la cuisine. Je l'entends râler, alors je me lève pour voir si je peux l'aider.
Je dois faire des efforts.
Je dois prendre sur moi.
Je dois...
— Tu n'as même pas préparé le repas ? Tu es prof et à ce titre ça veut dire que tu rentres tôt et que tu as le temps pour ces choses-là, non ?
Paul s'emporte. Les mots fusent et je reste les bras croisés, appuyée contre le chambranle à attendre qu'il ait terminé de m'incendier pour tout et pour rien.
Je savais que revenir définitivement ici et prendre la décision de revivre ensemble ne serait pas facile. Mais je n'avais pas imaginé que ça serait dur à ce point. Je ne suis là que depuis une semaine...
Face à mon mutisme, il passe devant moi et sort de la pièce. À quoi ça aurait servi de lui répondre ? Je sais ce qu'il pense de ma profession. Alors, pourquoi en débattre encore une fois ? Chaque fois que j'ai essayé d'en parler avec lui, il n'en ressort rien de bon.
Je retourne m'asseoir à la table de la salle à manger, vu qu'il n'a pas daigné me vider le bureau de ses nombreux trophées, coupes et équipement de sport. Cette pièce lui sert de fourre-tout et il n'a visiblement pas envie que je la fasse mienne afin que j'y travaille sereinement.
Toujours aussi en colère, il passe devant moi en m'ignorant et j'aurais sans doute dû en faire autant.
— Tu t'es changé ?
— Quelle perspicacité !
— Tu sors ?
— Oui. Tu comptes me fliquer ?
— Nous vivons ensemble, il me semble normal de savoir ce que fait l'autre de ses soirées.
— Tu comptes bosser, non ?
— Oui, j'ai énormément de choses à...
Paul secoue sa main pour me faire signe qu'il en a assez entendu.
— Puisque tu me demandes des comptes, j'ai un rendez-vous.
— Maintenant ?
— C'est le moment idéal pour rencontrer mes sportifs. Après leurs entraînements ou leurs matchs. Donc oui, j'ai besoin de les voir même s'il est tard.
— Très bien. Tu veux que je te prépare un truc...
Son regard noir a déjà répondu à ma question, mais il tient visiblement à y ajouter des précisions.
— Laisse tomber, je ne voudrais pas m'immiscer dans ton travail. Je vais passer à la brasserie pour grignoter un truc, comme j'avais l'habitude de le faire en ton absence.
Il claque la porte derrière lui et je m'aperçois qu'il n'a pas pris ses clés. Je devrais lui courir après pour les lui donner, mais après tout ce qu'il vient de me balancer, je n'ai aucune envie de lui rendre ce service. Ça sera l'occasion pour lui de devoir frapper ou sonner pour s'annoncer.
Sauf que cela sera tard et que je serai certainement couchée et endormie.
Je passe vite mes chaussures et appelle l'ascenseur. Pas question que je descende les neuf étages à pied.
Forcément quand j'arrive dans le hall de l'immeuble je ne l'y vois pas. Je sors sur le trottoir. Pas de Paul en vue, pas plus que sa voiture. Sa place de parking est vide. Je commence à faire demi-tour quand j'aperçois une silhouette que je reconnais, même si elle se trouve de l'autre côté de la rue.
Je tente de faire comme si je ne l'avais pas remarqué et tape le code de l'immeuble.
— Bonsoir, Zélie.
Rio se tient si proche de moi que je sens son souffle dans ma nuque. Son parfum envahit mon espace vital. Il sent bon le gel douche.
— Rio ? Tu m'as...
— Surprise ? Fais peur ? Pourtant il me semblait bien que tu m'avais vu sur le trottoir d'en face.
La porte de l'immeuble s'ouvre et je la maintiens pour éviter d'avoir à retaper le code.
— Passe une bonne soirée, on se voit lundi en cours.
Je rentre dans le hall, mais sa main m'empêche de la refermer.
— Paul est là ? Il m'a dit de passer après mon entraînement.
— Il vient de sortir, il avait un rendez-vous...
— Avec moi ! C'est bête, on s'est raté de peu. J'avais besoin de lui parler d'un truc important, il insiste.
— Tu veux monter en attendant qu'il arrive ?
— Avec plaisir Zélie.
J'aime la façon dont il prononce mon prénom, dont il fait rouler les lettres sur sa langue. Je me souviens aussitôt de la sienne s'enroulant autour de la mienne l'autre soir. J'ai des bouffées de chaleur en éprouvant à nouveau ces sensations, qui m'ont fait chavirer.
Stop.
Je ne dois pas me laisser contaminer par ce genre de ressenti. Rio est mon élève. L'ascenseur arrive et je rentre en premier. Il me sourit et, moi, je rougis. La montée se fait dans le silence, pourtant je sens le poids de son regard posé sur moi. Mais pas question que je le lui rende. Je fais tourner le trousseau de clés dans mes mains en attendant la délivrance.
— C'est ma présence qui te rend aussi nerveuse ?
Il ne pouvait pas garder le silence. Il faut toujours qu'il la ramène. Lui et son sourire canaille. Lui et ses fossettes, qui se creusent un peu plus en me voyant râler intérieurement. Lui et ses yeux si...
Stop.
Et merde !
J'ai plongé dans son piège et mes iris ont atterri dans les siens.
— C'est ma présence qui te rend nerveuse, Zélie ?
Il me répète sa question comme si j'avais pu l'oublier. Quoique, noyée dans son regard hypnotique, j'aie l'impression de tout zapper.
Enfin, presque.
L'ascenseur s'arrête et les portes s'ouvrent et j'en sors aussi rapidement que mes jambes veulent bien me le permettre.
Allez, reprends-toi, ma vieille.
C'est exactement ça et c'est ainsi qu'il doit te percevoir. Les neuf ans qui nous séparent devraient le tenir à distance. Alors pourquoi je sens sa main se poser dans le creux de mes reins et l'autre s'agripper à mon bras ? Comme si j'avais besoin de son aide pour avancer.
— Tu as failli tomber !
Il me pousse à progresser jusqu'à l'appartement sans pour autant me lâcher.
— Merci.
— Pour ?
— M'avoir évité de finir au sol.
— Tout le plaisir est pour moi.
J'ouvre et entre en lui tenant la porte. Il avance à son tour et siffle en se marrant.
— C'est une sacrée décoration ! C'est un nouveau concept ? Vivre au milieu des cartons.
Je grimace, mais ne rajoute rien.
— Paul arrive à supporter ça ? C'est étonnant, venant de lui. Je n'ai jamais vu un mec aussi ordonné. C'est à la limite de l'obsession.
— Contrairement à moi. On vient de se prendre la tête à cause de ça...
Mais pourquoi je lui raconte ça ? Il n'a pas à savoir comment se passe ma vie avec Paul. Les barrières, Zélie. Les barrières. Tout comme je le fais pendant mon show. Je dois préserver ma vie privée, mais surtout me protéger en tout premier lieu.
— Tu veux boire quelque chose en attendant qu'il arrive ?
— Tu me proposes quoi ?
Ses yeux rieurs ne me quittent pas et je me demande à quel point sa phrase est à double sens. Parce que je ne fabule pas en le pensant, n'est-ce pas ? J'ouvre la porte du frigo pour voir ce que je peux lui donner.
— Une bière ! Ça m'ira très bien !
— Il faut que tu arrêtes de faire ça !
— De faire quoi ?
— De surgir derrière moi !
— Pourquoi ? Tu as peur de succomber... Zélie...
Il se saisit de la bouteille. Mais pour cela, il frôle mon bras. Il se penche un peu plus sur moi afin de l'atteindre avant moi. Son souffle fait réagir mon épiderme au niveau de mon cou. Je ferme les yeux et me laisse imprégner par sa présence, par son envergure, qui me recouvre et me donne l'impression de disparaître entre ses bras. Je m'accroche comme je peux à la porte du frigo que je n'ai pas lâchée de peur de tomber.
Quoique c'est dans ses bras, que tu aurais terminés vu comme il est proche de toi.
Je sens son nez se perdre dans mon cou. Il marque un temps d'arrêt puis se dirige vers le canapé comme s'il était chez lui.
☆☆☆☆
➥ Sa franchise envers le Doyen de l'université lui coûte de devoir créer un programme spécialement adapté pour les sportifs qui assistent à ses cours. Une idée de ce qu'elle va devoir mettre en place ?
➥ La cohabitation s'avère difficile entre Zélie et Paul. Ce dernier ne supporte pas que Zélie n'ait pas entièrement défait ses cartons, alors qu'elle n'est là que depuis une semaine. Il abuse ou pas ?
➥ Rio se pointe chez Paul en affirmant à Zélie qu'il a rendez-vous avec son mari. Est-ce qu'il dit vrai ?
➥ Rio a bien vu qu'il ne laissait pas Zélie indifférente. En joue-t-il ou bien lui aussi ressent-il cette attirance envers elle ?
☆☆☆☆
📍 Dans le chapitre de mardi à 11 h 00, on retrouvera RIO.
🎭 Elle ne plaisante pas...
☆☆☆☆
💖 Bonne journée, mes #Player #Love, gros bisous 💋
🏀 Kty.Edcall.Auteure 📚
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