#Prof 04 | ZÉLIE


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04 ZÉLIE

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Rio est un prénom peu commun, certes, mais je n'aurais jamais pensé que le Rio de l'autre soir soit le même que celui qui me fait face. C'est donc lui, le poulain de mon mari. Celui dans lequel il fonde tant d'espoir. Il serait le premier basketteur dont il s'occupe, qui serait drafté en NBA. Le saint Graal, d'après lui, pour tout jeune qui rêve secrètement de devenir une future pépite.

Pourtant dès que j'ai croisé ses iris noisette avec ses reflets de miel, j'ai su que c'était lui.

Son sourire canaille, qui m'a fait le sélectionner l'autre soir dans la salle du Vésuve, a l'air de ne jamais quitter sa bouche. La même qui m'a effrontément embrassée à la fin de mon show. Malgré mon masque intégral, j'ai pu ressentir toute l'intensité qu'il a voulu exprimer dans ce rapprochement totalement imprévu. Il a l'arrogance de sa jeunesse. Il dégage une puissance victorieuse due à son état de star de son équipe. Il possède aussi cet ego démesuré de sportif si indispensable d'après Paul pour réussir dans ce monde de requins.

La façon dont il a plongé dans mon regard m'a fait tressaillir l'espace de quelques secondes. La peur qu'il me reconnaisse. Et puis, il m'a suffi de me souvenir que je portais mon masque intégral sur le visage pour me sentir protégée par l'anonymat qu'il m'accorde. Il ne peut pas me percer à jour, sans mes lentilles et ma perruque, je redeviens une femme banale aux yeux de tous.

Par contre, le masque intégral ne peut rien contre ce que j'ai éprouvé à son contact.

Paul n'est pas au courant de mon activité nocturne au Vésuve. Ce soir-là, il est convenu entre nous que je le passe avec Paloma, ma meilleure amie. Il ne m'a jamais posé de questions sur ce que nous faisions quand je me rendais chez elle. Et c'est très bien comme ça ! De son côté, il la passe avec des potes à regarder du sport, enfin la plupart du temps.

Car je ne suis pas naïve...

— Tu aimes l'endroit, ma chérie ?

— Ce restaurant est splendide.

— Rien n'est trop beau pour toi. Je tenais à trouver un lieu comme celui-ci pour fêter nos trois ans de mariage.

Et moi qui m'étais imaginé un repas romantique avec des chandelles, des pétales de rose, juste tous les deux en amoureux. J'ai encore rêvé. Ce n'est pas le genre de Paul et ça ne le sera jamais. Je devrais le savoir depuis le temps et pourtant chaque année ou à chacun de mes anniversaires, j'y crois...

Mais là, il a fait fort.

Inviter son poulain pour nous accompagner, je ne l'aurais jamais pensé capable. C'est apparemment difficile pour lui de se retrouver seul avec moi dans la même pièce. En tête à tête. Et c'est bien ce qui m'inquiète maintenant que j'ai obtenu ce poste et que l'on va pouvoir vivre à nouveau ensemble.

Terminés les six cents kilomètres, qui nous ont séparés pendant deux ans à cause de mon emploi de professeur dans ce lycée en banlieue parisienne.

Jusque-là, on se voyait que les week-ends et encore quand Paul n'avait pas un empêchement. Suivre les compétitions de ses sportifs lui prend beaucoup de temps, mais ça fait partie de son travail d'après lui.

Les premiers mois, j'ai espéré qu'il m'aurait rejoint comme c'était prévu quand j'ai obtenu mon premier poste de professeur. On était d'accord que contrairement à moi, lui, il pouvait exercer son travail n'importe où en France. Le seul impératif pour lui était que cette ville soit desservie par un aéroport et une ligne TGV pour pouvoir se déplacer facilement et au plus vite.

Mais voilà, il a découvert Rio.

— Tu as choisi ?

Je regarde la carte et j'hésite entre deux plats. Ce laps de temps m'est fatal. Paul annonce à la serveuse qui nous a accueillis :

— Ma femme prendra un carpaccio de daurade aux petits légumes, quant à moi...

Je relève mon regard de la feuille et reste sans voix. Il a osé commander à ma place. Rio, à côté de moi, se penche et me demande :

— Vous hésitiez entre quels plats ?

Je me tourne vers le jeune basketteur et son sourire canaille m'accueille. L'autre soir, je n'avais pas remarqué ses taches de rousseur, qui parsèment ses pommettes et recouvrent son nez droit et fin avec une petite bosse sur l'arête.

Il a dû se le casser.

— Alors ?

— Quoi ?

— Vous vouliez manger...

Paul se lève en nous montrant son téléphone. Encore une fois, son boulot passe avant moi. Rio le regarde sortir avant de s'approcher un peu plus de ma chaise et fait semblant de parcourir le menu avec moi.

— Une viande rouge, je parie.

— Comment as-tu deviné ?

— Votre attention fixait cette zone, il me la désigne de son index, et, ici, il n'y a que de la barbaque

— Bien vue, Rio.

Il me décoche un clin d'œil et, au lieu de paraître démodé, j'en souris en trouvant ça mignon.

Non, mais qu'est-ce que je raconte ?

— Astrid ! il l'interpelle. On prendra une côte de bœuf pour deux.

— La cuisson ?

— Saignante ? Ça vous convient, Zélie ?

— Très bien.

Je ne peux réprimer la tentative de gaîté qui veut embellir les coins de ma bouche.

— Frites et sauce barbecue.

— Je suis désolée, mais nous ne proposons pas cette sorte d'accompagnement. Je peux vous suggérer un gratin de courgettes ou une purée de topinambours.

Je me marre en voyant la tête du jeune basketteur.

— C'est du n'importe quoi. Je dirais même une hérésie.

Le chef de rang s'approche, sans doute alerté par les remarques de Rio.

— Un souci, Monsieur ?

— Oui, je désire avoir des frites avec ma côte de bœuf.

— Je vais voir ce que je peux faire, annonce l'homme vêtu de noir.

La serveuse en profite pour s'éclipser, alors que Rio n'en a pas terminé apparemment.

— Et n'oubliez pas la sauce barbecue !

J'éclate de rire et tente d'en atténuer le son en mettant ma serviette devant ma bouche.

— Eh bien, vous avez l'air de bien vous entendre, lâche Paul.

— Ça y est ? Tu as terminé ton appel ?

— Oui, c'était important. J'ai un footballeur qui a eu un désaccord avec son entraîneur. Je vais devoir lui trouver un autre club pour la trêve.

— Que lui arrive-t-il ? j'essaye de m'intéresser.

Après tout, ça va être ma vie à présent. Alors autant que je prenne l'habitude rapidement.

— Je parie qu'il n'a pas de place sur le parking du club qui soit assez grande pour son dernier 4x4 flambant neuf !

— Mais, non, Rio ! Ça ne peut pas être aussi futile, je m'amuse.

— Il n'a pas tort. Mais cette fois-ci, ce sont ses affaires, qui n'ont pas été rangées dans l'ordre qu'il l'avait demandé.

— Mais c'est quoi, ces caprices ?

— Les footballeurs sont tous des prétentieux. Ils croient que tout le monde est à leur service.

— Et les basketteurs ? je tiens à savoir.

— Je prépare moi-même mon sac et je ne compte pas changer de voiture.

— Ce que Rio ne te dit pas, c'est qu'il conduit un petit bijou.

— Ah oui ?

Je me tourne un peu plus vers lui et attends qu'il m'apporte des précisions.

— C'est une Mustang cabriolet de 67 que j'ai retapée avec mon paternel. J'y tiens beaucoup.

— Je comprends.

Oh oui, je le comprends. Mon père possédait le même modèle.

— Elle est de quelle couleur ?

— Bleu. Un bleu arctique. Tout comme vos yeux.

Non, mais qu'est-ce qui lui a pris de dire ça ?

Je vois bien l'éclat qui brille dans ses iris. Son envie de me taquiner, tandis que mon mari n'a même pas capté notre échange tant il est absorbé par son téléphone. Il pianote dessus des messages et la discussion a l'air soutenue.

— Madame.

La serveuse arrive avec nos plats et dépose devant moi le carpaccio de daurade aux petits légumes. J'ai saisi le message. Il trouve que j'ai pris un peu de poids. En effet, j'ai deux kilos en trop, mais c'est dû au stress du déménagement, de ce nouveau poste, de retourner vivre avec mon mari...

Ça paraît aberrant de s'en faire alors que pour une fois nous allons agir comme un « vrai » couple.

— Tu n'apprécies pas ton plat ?

— Si...

À ce moment-là, le chef de rang arrive avec un serveur portant un grand plateau. Dans une large assiette, trône fièrement la côte de bœuf, dans une autre, une montagne de frites et un ramequin contenant sans aucun doute la fameuse sauce au barbecue.

Rio arbore un sourire carnassier en regardant ce qui lui est servi.

— Heureusement que tu te dépenses sur le parquet ou à la salle de sport, mon poulain.

— Ne t'inquiète pas pour ça, je connais bien d'autres façons de brûler les calories.

Il se marre, alors qu'il plante sa fourchette avec détermination dans un bout de viande cuit à la perfection. Rien qu'à le regarder faire, j'en bave de plaisir.

— Zélie ?

— Oui ? je secoue la tête pour reprendre mes esprits et tenter de comprendre ce que me veut mon mari.

J'étais en train de fixer ce bout de côte, qui vient d'entrer dans la bouche grande ouverte de Rio.

Depuis quand je trouve ça sensuel ?

— Ton tartare attend que tu veuilles bien dédaigner le manger. Au prix où est le plat, ça serait un vrai gâchis de ne pas y toucher.

— Et bien, tu sais quoi ?

Je prends mon assiette et la vide au-dessus de la sienne.

— Puisqu'il te fait tant envie, régale-toi, mon chéri, je grimace.

Je me saisis de la fourchette largement garnie que me tend Rio et l'enfourne en une fois.

— Hum...

Je ne peux retenir un gémissement de plaisir en dégustant cette merveilleuse viande. Tendre, juteuse à souhait.

À part que ça soit la jambe de Rio qui vient se frotter contre la mienne quand il se penche pour essuyer la commissure de mes lèvres avec sa serviette. Rio ne me lâche pas du regard, alors qu'il annonce :

— Vous aviez un peu de jus qui coulait... Là...

J'ai du mal à déglutir et à détourner mes yeux tandis que j'entends mon mari râler face au gâchis que je viens de faire.

S'il savait à quel point je m'en fous.

☆☆☆☆

Rio a vu clair dans le désir de Zélie et commande une côte de bœuf à déguster à deux. Va-t-elle céder à la tentation ?

Que pensez-vous de la façon dont Paul agit avec Zélie ?

Ils vont devoir apprendre à vivre ensemble, alors qu'ils sont mariés depuis trois ans, ils ne se sont vus que sur des week-ends. Comment va se passer leur nouvelle vie ?

La tension monte entre Zélie et Rio. Alors que son mari ne voit rien, il est bien trop occupé à pianoter sur son téléphone. Drôle de soirée d'anniversaire, non ?

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📍 Dans le chapitre de samedi posté à 11 h 00, on retrouvera RIO :

🤩 Quelle surprise !

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🥰 Bonne journée, mes #Players #Love, gros bisous 💋

🏀 Kty.Edcall.Auteure 📚



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