80 - Épilogue | RIO

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80 - Épilogue RIO

Mon rêve se réalise !

☆☆☆☆

Trois semaines après l'enlèvement de Zélie.

Californie, me voilà.

L'avion vient d'atterrir sur l'aéroport international de Los Angeles. Toujours pas à l'aise avec ce coucou de fer, je suis bien content de poser mes pieds sur le sol américain.

Mon rêve est devenu réalité.

Malgré tout ce que j'ai vécu comme péripéties entre mon entorse de la cheville, mon hématome à la main droite dû au coup de poing, que j'ai asséné à Paul, j'y suis. L'annonce du draft a été une dinguerie. Nous étions tous réunis dans le salon de mes parents, toute la bande a répondu présente et nous avons fêté mon admission chez les Lakers comme il se doit. Je n'aurais pas pu rêver mieux que de partager ce moment important de ma courte existence avec eux, mais surtout avec toi.

Je dois une fière chandelle à Marco, qui s'est donné à fond pour que je revienne dans les temps à mon meilleur niveau. Il m'a présenté un nouvel agent avec qui je m'entends très bien et je me rends compte à quel point Paul manquait de professionnalisme. Marco m'a aussi permis de retrouver ma place en équipe de France de basket universitaire. Ce mec est génial et c'est un véritable ami en plus d'être mon beau-frère.

Enfin, il le deviendra à condition qu'un jour Zélie accepte de m'épouser...

Malgré mon appréhension, je suis retourné en équipe de France avec mes deux potes, Caroll et Joao. J'ai aussi retrouvé Drew, autant vous dire qu'entre nous ça a été l'ère glaciaire, mais, comme nous le claironne le coach à longueur de journée, nous devons penser avant tout au bien du collectif. Nous ne sommes pas les premiers sportifs à ne pas nous supporter. Et pourtant nous devons jouer ensemble. Quant à Jordan, même sans sa participation au kidnapping de Zélie, il n'aurait pas été retenu.

De toute façon, il a mieux à faire que de penser au basket. Il doit assurer sa défense, car il est dans de beaux draps. Il se retrouve en prison pour complicité d'enlèvement. Tout comme Chiara, qui, pour alléger toutes les accusations qui pesaient sur elle, a balancé tout ce que Paul a mis en place pour me nuire et pour orchestrer le kidnapping de son ex-femme.

Quant à Drew, le destin s'est chargé de me venger. Sur le dernier match de la saison, il s'est mal réceptionné après un dunk et sa cheville s'est cassée sous l'impact.

On appelle ça, le retour de Karma.

Tout comme celui qu'a vécu Sienna. Elle a eu beau crier sur tous les toits que notre relation, prof et étudiant, était interdite. Peu de personnes l'ont écoutée et encore moins le Doyen. Quand le lundi nous sommes allés le voir pour défendre notre couple, sa réaction nous a surpris. Il n'était pas étonné de la nouvelle, car il avait compris bien avant ça qu'il y avait quelque chose entre nous.

Entre les cours de soutien donné à la cafétéria, le nombre de fois où il nous a croisés ensemble et notamment à l'appartement de Zélie quand elle a emménagé. Ma colère envers Paul et mon envie de changer d'agent sportif... Au fil des jours y avait atteint la certitude que nous formions un couple.

Il avait pourtant fait comme s'il n'avait rien vu. Car pour lui, il n'y avait aucune raison d'intervenir. Il nous a confirmé que la loi était bien de notre côté. Seul le bien pensé de certains pouvait être malmené. C'est pour ça qu'il nous a conseillé de rester discrets lorsque nous nous trouvions dans l'enceinte de l'université.

Il nous a rendu la vie plus facile. Plus besoin d'employer une ruse pour aller chez Zélie. Ni de devoir partir aux aurores pour quitter son appartement avant que le jour se lève. Ces trois semaines avant mon envol vers les États-Unis ont été idylliques. Enfin, presque...

Mais même les meilleures choses ont une fin.

Je cherche du regard la personne du club des Lakers qui doit venir me récupérer à l'aéroport. Autant dire que je farfouille dans une botte de foin pour y trouver une aiguille tant il y a de monde. Je recherche mon nom noté sur une pancarte au milieu des dizaines autres.

Après plusieurs minutes à errer avec mes valises dans ce no man's land pourtant surpeuplé, je discerne enfin un rectangle noir où il est inscrit en lettre capitale « Bienvenue à L.A Rio Carter ».

Soulagé de l'avoir repéré, je me dirige vers la personne qui est dissimulée derrière la pancarte. C'est une femme. Une jeune métisse qui doit sensiblement avoir mon âge et qui s'avance vers moi avec un grand sourire.

— Hello, Rio, je suis Johanna, la fille du coach !

— Enchanté de faire ta connaissance.

— Ton anglais est bon, c'est cool !

— Merci.

J'espère bien qu'il l'est, vu que j'ai bossé comme un forcené au cours de ces derniers mois pour que ma moyenne remonte et que mon arrivée ici n'en soit que meilleure. Il était important que je sois autonome au niveau de la langue aussi.

— On va passer à ton appartement pour que tu déposes tes affaires. Ensuite, je te conduirai au centre d'entraînement des Lakers. Tu dois être impatient ?

— Je le suis !

Mon regard se perd sur ce paysage inconnu qui m'entoure. Le soleil est au zénith et la chaleur n'est pas écrasante contrairement à ce que je pensais. Sur le tableau de bord du 4x4, je peux lire 25°.

— Tu vas voir que l'appartement que nous réservons aux nouvelles recrues est bien situé. C'est dans le quartier de Downtown. Tu connais ?

— C'est là que se trouve le Staples Center. La salle mythique où jouent les Lakers.

— Exact ! Tu y seras en même pas dix minutes à pied. Par contre pour te rendre au centre d'entraînement, ça sera un employé des Lakers qui viendra te chercher et te ramener quand je ne serai pas disponible.

— C'est obligé ?

— Oui. Ça évite les retards, les absences, et ça te permet de te concentrer juste sur ce que tu as à faire. C'est-à-dire à être le meilleur !

Je me retrouve propulsé dans cette nouvelle ville. Cette autre vie. Dans un luxe que je n'ai pas l'habitude de côtoyer. C'est sans doute pour ça que je reste sans voix quand Johanna se gare au pied de l'immeuble. Ils sont gigantesques et je m'en fais mal à la nuque pour tenter de regarder leurs sommets. Les façades en vitres reflètent les rayons du soleil et je me demande si l'appartement en bénéficiera.

Nous montons dans l'ascenseur et la fille du coach tape un code avant d'appuyer sur le bouton.

— Je suis au dernier étage ?

— Oui, j'espère que tu n'as pas le vertige.

— Bien sûr que non !

Je l'affirme avec tellement de force et de certitude qu'elle éclate de rire. Les portes de l'ascenseur s'ouvrent et je fais face à l'appartement.

— L'accès est direct ?

— Il te faudra enregistrer ton code, elle me prévient. Sans ça, tu restes dehors.

Je ne lui réponds pas tant je suis sous le choc. Je vais vivre ici ? Putain ! Je pourrais sauter partout, mais je préfère me contenir devant Johanna pour éviter qu'elle me prenne pour un fou.

La pièce de vie est gigantesque et entièrement ouverte sur d'immenses baies vitrées qui donnent sur le centre de L.A. Je suis sous le choc et j'aurais tellement aimé qu'elle soit là avec moi...

Au lieu de ça, j'écoute la jeune métisse vanter les atouts de l'appartement de cent cinquante mètres carrés pour moi tout seul. Mais, je vais me perdre... Deux chambres, autant de salles de bains. J'ai même une baignoire à remous, apparemment il n'y a rien de mieux pour récupérer après un match. Si elle le dit, je veux bien la croire.

Je me retiens de lui avouer que je détiens une bien meilleure technique... Mais pour la pratiquer, il faudrait que Zélie soit là...

— Cette porte te donne accès au rooftop avec piscine. Seuls les joueurs peuvent en profiter.

— Nous sommes combien à loger ici ?

— Il y en a deux autres qui ont intégré l'équipe l'année dernière et puis il y a moi.

— Tu habites dans cet immeuble ?

— Oui, j'ai l'appartement en dessous du tien. Alors tu n'as pas intérêt à faire du bruit, elle me menace en souriant.

On retourne à la cuisine et je ne peux m'empêcher de penser à Zélie.

Il est quelle heure en France ? J'ouvre l'application et elle me notifie « 20 h 31 ». J'ai tellement envie de l'appeler, de lui montrer où je vais vivre. De lui dire que je suis bien arrivé et que je n'ai pas eu d'angoisse dans l'avion grâce à ses anciens messages, que j'ai relus en boucle faute d'en avoir reçu des nouveaux.

— Je te laisse t'installer. Je passe te prendre d'ici deux heures. Ton frigo est plein, pense à manger et à t'hydrater. Ordre du coach.

Johanna sort et je me retrouve seul dans ce magnifique appartement. Je m'avance vers la plus grande baie vitrée et je me sens happé par le vide. Je comprends mieux pourquoi elle m'a demandé si je n'avais pas le vertige. C'est impressionnant, cette sensation de vide, qui nous attire.

Mon téléphone sonne et j'ai l'espoir que ça soit mon Coquelicot, qui malgré tout vient prendre de mes nouvelles.

— Salut, mon pote ! Alors L.A ?

— C'est gigantesque, Caroll. Tu verrais mon appartement.

— Vas-y, rappelle-moi en visio. On est tous à la colocation.

— Ok ! Ça marche. À tout de suite.

Une boule vient de se loger dans ma gorge et le rêve américain à un sale goût d'un seul coup. Je suis à plus de 9 000 km de chez moi. Et j'ai le blues. Tout ce à quoi je tiens se trouve en France. Toutes les personnes que j'aime et qui comptent...

Je ne pensais pas que ça serait aussi dur.

Les sonneries s'enchaînent et enfin Caroll décroche. La visio démarre et j'en ai le souffle coupé.

En effet, ils sont tous là.

Le salon est décoré de ballons de différentes couleurs, il y a même une banderole où il est noté « Go Champion ». Ils lèvent tous une flûte de champagne pour fêter mon arrivée à L.A.

— Allez, me demande Bilal, montre-nous ton antre.

Il a un large sourire, alors qu'il tient dans ses bras Paloma. Ça me fait du bien de les voir heureux pour moi.

Je me balade dans toutes les pièces avec mon téléphone à bout de bras et les gars sont comme des dingues. Chacun y va de son commentaire et ils n'en reviennent pas de tout ce luxe.

— Celle-là, m'annonce Marco, elle est pour moi.

— Ça tombe bien, j'ai choisi l'autre. Tu arrives quand ?

Ah oui, ce que j'ai oublié de vous dire, c'est que Marco a demandé à faire partie du voyage pour poursuivre ma rééducation et mon entretien physique, mais aussi moral. Il a bien compris que j'allais mal vivre la situation. Le coach des Lakers a été impressionné par le boulot que l'on a accompli en un mois et a accepté que notre duo perdure pour que je sois toujours au top de ma forme.

— D'ici trois ou quatre jours, je veux rester encore un peu en famille.

— Ton père va mieux ?

— Oui, il est revenu à la maison hier. Il lui faudra quelques semaines de convalescence pour se remettre complètement, mais il est sorti d'affaire et cette nouvelle attaque cardiaque ne sera qu'un mauvais souvenir dans quelque temps.

— Tant mieux et ta sœur...

— Elle va aussi bien qu'elle peut vu les circonstances.

Putain, elle me manque à en crever.

— Les gars, j'annonce avec une boule dans la gorge, on se rappelle vite, mais là, je dois manger et me préparer. Encore merci pour la surprise. Vous êtes les meilleurs.

— Bon entraînement, ils me gueulent d'une seule voix. Nous aussi, on t'aime du con !

Je raccroche et je ne retiens plus mes larmes. Putain que c'est dur sans mon Coquelicot... Sans eux... Et puis je repense à nos derniers échanges de textos la veille de mon départ.

Apollon : Zélie, mon Coquelicot, tu auras été cette belle parenthèse enchantée, inespérée. Ce trimestre passé à tes côtés aura été le meilleur de ma vie.

Mais nous avons décidé que nos chemins se séparent ici.

Je décolle dans quelques heures pour Los Angeles. Je n'arrive pas à dormir. Je vais traverser l'Atlantique pour vivre mon rêve... Mais sans toi, il n'a pas la même saveur. Tu me manques déjà.

Mon Coquelicot : Rio... C'est tellement dur. Je te cherche dans le lit, je peine à respirer sans toi. Mais on est d'accord, la relation à distance, ce n'est pas fait pour nous. On en a discuté des nuits entières, on a pesé le pour et le contre et chaque fois la réponse est la même. Pas question de faire de notre relation une liaison banale. On vaut mieux que ça. Notre amour mérite cent mille fois plus que ça. Et puis, je dois obtenir mon divorce, même si la procédure va être simplifiée... Mais aussi témoigner contre Paul pour qu'il termine en prison. Il doit payer pour ce qu'il nous a fait...

Apollon : Je le sais et je suis d'accord avec ça. S'appeler en visio a ses limites et nous les avons testées lors de mon rendez-vous en équipe de France. Chaque séparation devenait de plus en plus pénible à supporter, mais nous nous retrouvions ensuite, tandis que, là, ça sera impossible.

Pourtant, mon cœur n'est pas prêt à ne plus te voir, te respirer, t'embrasser, t'aimer... C'est trop dur d'imaginer ma vie sans toi.

Mon Coquelicot : C'est difficile pour moi aussi, j'ai tellement envie que tu me serres dans tes bras, que tu déposes tes lèvres sur tout mon corps, que tu me fasses rire. Mais il me suffit de penser à ton rêve pour me ressaisir. Je dois tout faire pour qu'il devienne réalité et que tu puisses accomplir tout ce dont tu as toujours eu envie. Être le meilleur joueur français en NBA. Je ne dois pas être un obstacle, tu m'en voudrais un jour ou l'autre de t'avoir privé de cet avenir. Tu dois te concentrer sur cette seule chose et leur prouver qu'ils ont eu raison de te recruter. Je crois en toi comme je n'ai jamais cru en personne... J'aurai été ta parenthèse enchantée.

Apollon : Tu m'as permis d'arriver à toucher les étoiles, si j'ai pu être drafté, c'est aussi grâce à ton aide, à ton soutien, à ton amour. Je sais que tu as toujours des sentiments forts pour moi... Et c'est ce lien si intense qui va me permettre de tenir le coup quand je serai loin de toi. Je t'ai promis de réussir sinon notre sacrifice ne servirait à rien.

Mon Coquelicot : Tu as fait de moi une femme forte et je sais que je serais capable d'affronter Paul lors du procès. Même si tu es à 9 000 km, tu seras tout près de moi en pensées. Je t'aime, mon Apollon.

Apollon : Je t'aime, mon Coquelicot.

Cette relation secrète était belle. Magnifique. Intense. Elle est belle et restera à jamais la plus belle. Mais elle a une fin. Notre fin, celle que l'on s'est choisie...

Ce point, nous l'écrivons ensemble. Heureux de s'être rencontrés, aimés et qui sait, peut-être un jour, on pourra se retrouver...

Apollon : N'oublie jamais qui ont été Apollon et son Coquelicot.

FIN...


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NDA : Ceci est la fin qui était écrite depuis le début, mais je n'ai pas pu me résoudre à clore ainsi leur fabuleuse histoire... Alors si on continuait encore un peu !

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FIN...

Un mot qui termine notre aventure, mais qui ne me convient pas. Comment accepter que ces trois lettres mettent un point final à notre relation, à notre amour si pur et si beau...

Je sais que nous avons convenu de cette séparation. Nous sommes d'accord... Mais entre le dire et le faire, il y a un monde que je ne suis pas près de vivre sans mon Coquelicot.

Assis sur le canapé, mon téléphone en main, j'hésite à l'appeler. On s'est promis de résister à cette envie, qui forcément allait nous prendre aux tripes. On s'est juré de tenir bon pour ne pas détruire notre si bel amour.

Mais putain, c'est impossible. Je manque d'air sans Zélie, je ne sais plus comment avancer. Mon cœur ne parvient plus à battre sans elle à mes côtés.

C'était de la pure folie que de penser que j'arriverais, péniblement certes, à vivre sans son sourire, sans ses caresses sur ma joue, sans ses baisers langoureux, sans son corps chevauchant le mien. Sans nos discussions sans fin, sans nos fous rires, nos moments de complicités.

Comment me passer de tout cet amour ?

Je sélectionne son numéro et tremble de tout mon être en attendant qu'elle décroche. Je t'en supplie mon Coquelicot, répond. La boîte vocale s'enclenche. Je raccroche. Entendre ses mots, qui demandent de lui laisser un message qui me brise le cœur.

Sa voix, chaude...

Impossible que j'abandonne au premier essai. Relève-toi et recommence. C'est ce que l'on m'a toujours appris au basket. On ne lâche rien. On se bat jusqu'à la dernière seconde. C'est ce qui m'a permis de devenir champion de France.

Je relance l'appel. Je reste focalisé sur la photo de Zélie que j'ai emportée avec moi. Le cadre entre les mains, j'écoute les sonneries s'égrainer.

Putain de répondeur.

Je le maudis de mettre encore plus de distance entre nous. Je lui en veux de ne pas décrocher.

Zélie, je t'interdis de m'abandonner.

Je serre les bords en bois noir qui entoure son merveilleux visage. De la pulpe de mon index, je caresse chaque trait, chaque creux, chaque petite ridule aux coins de ses yeux. Je contemple ses deux iris bleus, dans lesquels j'adorais tant me noyer.

Se peut-il qu'elle ne veuille vraiment plus de moi ? Je sais qu'elle m'aime toujours. Elle me l'a encore dit, écrit... C'est cette putain de distance qui est la cause de notre rupture.

Mais qu'est-ce que je fous là ?

Mon rêve. Ma carrière. Jouer au basket en NBA. Tout ça compte-t-il plus qu'elle ?

Non, bien évidemment que non. C'est pour cette raison qu'elle m'a fait promettre de ne rien lâcher. De me battre pour devenir le meilleur. Mais à quel prix ?

Celui de la tristesse de l'avoir perdue ? Celui de l'abandon ? Celui de son absence ? Est-ce que tout ce luxe, cet appartement vaut un tel sacrifice ? Je n'ai pas envie d'une aussi grande superficie pour vivre. Par contre, j'ai besoin de son amour pour avancer, pour nourrir mon corps et lui donner la soif de progresser.

J'essaye une nouvelle fois de la contacter.

Je récupère mes bagages, je les place devant les portes de l'ascenseur. Si cette fois-ci elle ne me répond pas, je pars pour prendre le premier avion en direction de la France. Je retraverse l'Atlantique et retourne aux côtés de celle que j'aime. Auprès de ma raison de vivre.

Il reste encore une sonnerie avant que la boîte vocale accomplisse son œuvre de destruction. Je ferme les yeux. Ma décision est prise. J'attends que le couperet tombe. Que sa voix mette un terme à mon agonie.

« Laissez-moi un message, je vous rappelle dès que je serai disponible »

Les mots ne sortent pas de ma bouche, pourtant j'ai tant de choses à lui dire. J'ai tant à lui expliquer. Tant à lui faire comprendre. Elle doit entendre que l'on s'est trompé et qu'on a pris la mauvaise décision. Elle doit comprendre que, nous deux, c'est pour la vie. Qu'il ne peut pas en être autrement !

Je souffle de dépit, de désarroi face à mon inaction, face à mon mutisme, face à mes larmes, qui coulent sur mon visage.

Elle me manque tellement que je m'en déchire le cœur à chaque inspiration, à chaque expiration. C'est douloureux, mais ce n'est rien de comparable avec ce que je ressens. Je suis vide sans Zélie, sans Vénus, sans mon Coquelicot.

Je tombe à genoux dans cette entrée, qui ne cesse de me renvoyer ma détresse.

J'aimerais tellement que Zélie caresse ma joue comme elle l'avait fait dans les toilettes du Bistrot. Cet effleurement du bout des doigts m'avait permis de retrouver la mémoire. Ce geste si doux, je le ressens encore. Telle une plume passant sur mes pommettes, longeant le contour de mes yeux, traçant mes sourcils, étirant mes rides d'expression sur mon front, pour finir par se perdre dans mes cheveux.

Je la ressens sur la moindre parcelle, la plus petite cellule. C'est si doux...

« Encore... »

Si seulement Zélie pouvait m'entendre. Si seulement elle pouvait se trouver à genoux devant moi. Si seulement elle pouvait exaucer mon vœu. Je devrais peut-être ouvrir les yeux ? Pourquoi ? Pour relancer un nouvel appel qui restera à nouveau infructueux ?

« Ouvre les yeux. »

La caresse reprend avec encore plus de douceur, comme s'il était possible de trouver mieux qu'une plume pour représenter les mouvements de Zélie. Rien ne peut être plus tendre que ses doigts sur ma peau. Rien ne peut égaler ce que je ressens quand elle se promène amoureusement sur mes traits. Rien ne peut remplacer mon Coquelicot.

Rien ni personne.

Pourtant, la caresse reprend. J'imagine la bouche de ma belle brune embrasser chaque millimètre de mon épiderme. Je perçois son souffle amenant d'autant plus de tendresse, de frisson, des vagues de bien-être sur mon visage.

En me concentrant encore plus, je peux même sentir son parfum, qui emplit mes poumons à chaque respiration comme une brise marine dépose ses embruns sur la plage.

« J'offrirais tout pour que tu sois là mon amour »

— Mon amour...

Deux petits mots que je n'ai pas osé lui donner. Pourtant ils m'ont brûlé la langue plus d'une fois. Mais ça aurait été trop pour mon Coquelicot fragile, ça aurait été trop pour ma Vénus indépendante. Pourtant, j'aurais tant aimé voir la réaction de mon Coquelicot. Mais c'est un rêve que je n'accomplirai pas en restant à genoux à me lamenter sur mon sort.

Je suis un battant, un fonceur. Et pourtant je me sens faible de ne pas avoir trouvé les bons mots pour la convaincre que même à 9 000 kilomètres notre amour pouvait résister. Je suis minable de l'avoir laissée derrière moi. Je me découvre tellement insignifiant dans cet univers, qui ne battra pas au rythme de nos deux cœurs.

Si j'avais une lampe magique façon Aladdin, je ne demanderais qu'une chose. Je désirerais qu'un seul de mes vœux soit réalisé... Un simple...

« Fais ton vœu »

« Je veux que Zélie soit là, à mes côtés. Je veux qu'elle vive cette aventure avec moi. Je veux qu'elle devienne Madame Carter ».

— OUI !

J'hallucine vraiment avec cette histoire de lampe magique. Depuis quand Aladdin a-t-il une voix de femme ?

— Je le veux...

La caresse sur ma joue reprend. Le souffle se pose sur ma bouche. Instinctivement, j'ouvre la mienne en espérant ressentir son baiser, qui n'arrive pas. Mes rêves et mon imagination ont visiblement leurs limites.

« Ma Zélie, ma Vénus, mon Coquelicot. Ton apollon n'oubliera jamais ce que l'on a vécu, car je te fais la promesse de me battre pour que l'on passe toute notre vie ensemble ».

— Ta Zélie, ta Vénus, ton Coquelicot ne peuvent pas omettre Apollon, parce que tu es leur vie, leur oxygène, leur paradis. Ouvre les yeux...

Ce n'est pas possible.

Ça apparaît tellement réel. Mes mains partent à la recherche de sa silhouette. Pourtant je brasse de l'air. Quel con je fais ! J'ai cru qu'elle pouvait être là. Je secoue la tête de gauche à droite. J'inspire fort. Je souffle à fond en ouvrant les yeux, car il ne sert à rien d'espérer encore. Je dois agir. Prendre l'avion pour la retrouver.

— Ça y est, te revoilà ?

Je passe mes mains devant mon visage. Non, ce n'est pas possible.

— Tu es venue ?

— Oui.

— Tu as changé d'avis ?

— Oui.

Mes doigts effleurent son visage pour me persuader qu'elle est bien réelle. Qu'elle est bien à genoux devant moi. Qu'elle a bien traversé l'Atlantique pour me rejoindre.

— Tu...

— Tu parles trop, mon amour.

Zélie encadre mon visage tout en me souriant. Ses iris bleus plongent dans mon regard. Son souffle flirte avec mes lèvres sans m'embrasser. Mon Coquelicot savoure ce moment, que l'on s'était pourtant interdit.

— Et toi, tu n'agis pas assez.

Mes lèvres prennent possession des siennes pour ne plus les lâcher. Ensemble, nous nous levons. Ensemble, nous nous prenons dans les bras. Ensemble, nous nous dirigeons vers notre chambre.

Car c'est ensemble que nous allons vivre le rêve américain. Plus amoureux que jamais.

On oubliera jamais qui était mon Coquelicot et son Apollon.

FIN.

☆☆☆☆

C'est le cœur serré que je viens d'écrire ces trois lettres, qui me donnent le blues à chaque fois que je le mentionne en bas de mes histoires. Mais ces deux mots FIN sont spéciaux, car c'est nouveau pour moi que le premier mot FIN ne ponctue pas un happy end. 

Cette fin où ils se séparent était prévue depuis le 1er jour où j'ai commencé à écrire leur histoire. Pour moi, c'était clair, ils devaient résister, succomber pour mieux résister encore et succomber à nouveau, mais leur relation devait se terminer à l'envol de Rio aux États-Unis. Ils savaient depuis le début que cette idylle avait une date de péremption. Le départ de Rio pour vivre son rêve.

C'est la première fois que je commence par la fin avant d'écrire l'histoire. Je me suis tenue à cette deadline, mais je n'avais pas prévu que leur amour soit aussi fort, beau et unique. Ce qui a rendu mes derniers chapitres durs à écrire en sachant la fin qui les attendait.

Comme dit Rio, n'oublions pas qui a été Apollon pour son Coquelicot...

Alors, je n'ai pas pu les abandonner ainsi. Appelez ça de la faiblesse, de l'incertitude, ou je ne sais quoi encore, mais ça m'a torturé des nuits et des jours entiers et je n'ai pas pu me résoudre à les séparer.

Ils devaient eux aussi avoir leur Happy end. Ils devaient pouvoir vivre sans se cacher, sans subir les foudres de Paul et de sa clique. Ils devaient évoluer et grandir ensemble. Ils devaient prouver que, neuf ans de différence dans un couple, ce n'est rien du moment que l'on s'aime. C'est pour toutes ses raisons et bien plus encore que je ne pouvais pas les laisser vivre loin de l'autre.

Ils vont tellement me manquer, mais, pour celles qui me demandent s'il y aura un tome 2, la réponse est non. Cette histoire est un ONE SHOT.

Je tenais à vous remercier pour toutes vos lectures, vos votes, mais surtout pour tous vos commentaires, hypothèses, revendications, et coup de gueule. Vous ne pouvez pas savoir à quel point c'est important pour moi d'échanger avec vous.

Alors MERCI d'être toujours là à mes côtés pour que ces aventures soient encore plus belles.

🥰 Je vous embrasse mes ZÉLIO LOVE 💋

✨ À samedi sur ma nouvelle histoire...

🏀 Kty.Edcall.Autrice 📚


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