Chapitre 13 [Partie 1]
Un rayon de soleil titillait mon œil droit et me tira d'un sommeil qui m'avait semblé long et profond. Totalement déboussolée par ce réveil inopiné, je ne reconnaissais pas la pièce où j'étais et un vent violent de panique m'envahit. Je me redressai, tournai la tête rapidement et réalisai enfin que j'étais dans le lit de Matthieu. Soulagée, je passais ensuite en revue ce que je portais. Habillée seulement d'un T-shirt, je me demandais comment je m'étais retrouvée là. Complètement perdue, je mis quelques minutes à comprendre et à me remémorer mes derniers souvenirs. Les quatre paires de main qui couraient sur mon corps furent les premières sensations à me revenir à l'esprit et je cherchais du regard un deuxième homme dans la pièce. Le seul corps que je vis fut celui de Matthieu, endormi au-dessus des draps, l'air en paix et serein. Je pris mon temps pour le regarder, certaine que, pour une fois, il ne me prendrait pas en train de le mater.
Ses cheveux étaient encore plus en bataille qu'à l'accoutumée mais cela lui donnait, étrangement, un air calme et reposé. Ses lèvres étaient étendues en un léger sourire qui reflétait sa satisfaction. Je n'avais qu'une envie : l'embrasser partout. Mes yeux continuèrent l'exploration de son corps parfait. Nu, sur le dos, il me laissait le loisir de le dévorer du regard. Son torse, parfaitement musclé, se soulevait légèrement, tendant ses abdos vers moi, telle une incitation à les caresser. Ses jambes étaient emmêlées dans le fin drap en soie pourpre ce qui mettait en valeur son léger teint hâlé. Enfin, j'avais une vue dégagée sur son pénis. Il n'avait rien d'extraordinaire, ni trop grand ni pas assez, et je ne m'attardais pas dessus. Je préférais largement les autres parties de son corps, à moins que celle-ci soit plus tendue vers moi.
Tout en parcourant des yeux et des doigts ce corps sublime, je me demandais ce que je ressentais pour Matthieu. Au départ, il n'était qu'un simple plan, qu'une vulgaire idée. Je voulais juste accomplir un projet et m'épanouir en tant que femme. Cependant, mon cœur me dictait de plus en plus de tout arrêter car, selon lui, j'allais tomber bientôt amoureuse de lui, tandis que ma raison se battait pour que j'aille jusqu'au bout. N'était-il pas déjà trop tard ? Est-ce que Matthieu méritait tout cela ? Que penseront mes proches de cette aventure quand ils l'apprendront, tôt ou tard, que ce soit prévu ou non ? D'accord Matthieu était un homme peu fréquentable, accro au sexe et avec une mauvaise réputation. Mais était-ce encore le cas aujourd'hui ? Devais-je aller au bout de mon plan ou m'arrêter là avant qu'il soit trop tard ?
Tout en réfléchissant à la situation, je continuais de regarder son beau visage endormi, ses paupières closes et ses lèvres entrouvertes. Matthieu était adorable. Une soudaine envie de l'embrasser entre ses deux sourcils me prit. C'était l'endroit précis où j'aimais embrasser Clément. Cette révélation était la goutte de nostalgie qui fit déborder le vase de mes sentiments. Je pris ma tête entre mes mains et mes larmes commencèrent à couler, en silence. J'étais déboussolée, perdue, incapable de mettre au clair mes idées. Je faisais face à un véritable dilemme entre l'ancienne et la nouvelle Emma, entre mes convictions et mes sentiments. J'étais, depuis plusieurs jours, plongée dans d'intenses réflexions auxquelles je n'arrivais pas à trouver des réponses. Irritable pour un rien, extrêmement tendue, mes nerfs venaient de me lâcher et se transformer en pleurs.
Devais-je tout lui dire et mettre fin à cette mascarade ? Ou au contraire, devais-je continuer ? Etait-il temps de tout révéler ou pouvais-je encore prendre du plaisir ? N'avais-je pas assez joué avec le feu et ne risquerais-je pas de me brûler ? Il m'était impossible de prendre une décision tant que j'étais en proie à ce déchirement interne.
C'est ce que tu voulais Emma non ? Tu voulais te découvrir, voir jusqu'où tu pouvais aller et surtout te débarrasser de ce démon qui te ronge. Alors, accepte les conséquences, raillais ma conscience.
Oui ! Enfin non pas que ! Si, peut-être... Je ne savais plus. Déboussolée et perdue mais consciente que je ne résoudrais pas ce problème interne en cinq petites minutes, je repris, un tant soit peu, le contrôle de mon être. Il n'était pas question que Matthieu me voit pleurer à son réveil. J'étais peut-être à deux doigts de sauter dans un gigantesque gouffre sans pouvoir apercevoir le fond mais j'avais encore ma fierté.
Je mis de côté toutes mes questionnements et séchai, du revers de ma manche, mes larmes. Puis, je me levais le plus doucement possible pour ne pas réveiller le bel endormi. D'un pas de loup, je me dirigeais vers la salle de bain pour effacer les traces de mes pleurs et de cette dernière expérience sexuelle. Mes jambes étaient lourdes et ankylosées. J'étais étonnée de ne pas avoir plus de courbatures après cette intense activité physique.
Les quelques mètres qui me séparaient de ma douche salvatrice me parurent long. A chaque craquement du parquet je me figeais sur place et attendais quelques secondes pour savoir si Matthieu était réveillé ou non. Je n'avais jamais été douée au jeu du 1, 2, 3 soleil et gardais mal mon équilibre. Mes jambes commençaient à fléchir sur les derniers centimètres. En passant le seuil de la porte, je soupirais de soulagement et fermais, tout en douceur, la porte.
J'adorais cette salle de bain. Grande, élégante et sobre, elle offrait tout le confort qu'une femme pouvait espérer. J'entrais dans la douche et réglais les multiples jets en position massage. Je fermai les yeux et laissai l'eau chasser les dernières traces de mes réflexions. Mes derniers pleurs se confondirent rapidement avec l'eau avant de disparaitre pour toujours. En tout cas, c'était ce que j'espérais. Perdue dans ma pensée je n'entendis pas Matthieu qui s'était lui aussi glissé dans la douche. Ses bras autour de moi me surprirent. Je sursautai, manquant, de justesse, de lui donner un coup d'épaule dans sa mâchoire.
— Désolé, me dit-il tout en m'embrassant d'abord le cou puis le dos en accompagnant le tout par des caresses sur mon ventre et ma poitrine. Je ne voulais pas te faire peur.
Ces quelques gestes tendres réveillèrent une partie de mon corps que je croyais endormie et rassasiée pour les cinq prochains jours. Forcée de constater que j'étais devenue une femme avec un fort appétit sexuel. A mon plus grand plaisir.
Répondre par des mots à cette phrase banale me semblait inutile. Je préférais passer directement aux actes. Je me retournai et l'embrassai langoureusement, passionnément. Je tentai de chasser mes profondes réflexions aussi profondément que possible, afin de profiter de ce corps parfait qui ne semblait attendre que moi, comme le montrait son érection qui commençait déjà à gonfler. Quoi de mieux pour tout oublier qu'une partie de jambes en l'air ?
Je me collais contre lui et le caressais : ses muscles tressaillèrent sous mes mouvements. Je le plaquai ensuite contre le mur, déterminée à retrouver un semblant de contrôle dans ma vie, et sur lui, par la même occasion. Son gémissement de plaisir et de surprise accentua mon désir. Décidément, je n'arrivais plus à me passer de sexe.
Je continuai de le caresser en descendant lentement mes mains vers son entrejambe. Je vis son pénis se tendre par simple anticipation. Matthieu fermait les yeux et semblait impatient que je le touche. Je jouais un peu avec lui, faisant quelques feintes mais j'étais incapable de résister à mon envie. Quand mes mains le touchèrent enfin, j'entendis Matthieu laisser échapper un soufflement de plaisir. Je lui faisais de l'effet et je comptais bien m'occuper de lui. Je commençais de léger mouvement de va et vient pour augmenter son désir :
— Tu m'as fait peur Matthieu et ça ce n'est pas gentil, dis-je d'une voix que je me connaissais pas. Je pense que tu mérites une punition.
Je décidai d'appliquer la même formule que ce qu'il m'avait fait tout à l'heure, la deuxième personne en moins. J'avais adoré chaque moment, chaque sensation et je comptais les éprouver une fois de plus, mais de l'autre côté. Je ne savais pas si j'étais prête pour jouer le rôle de la dominante, je ne savais même pas ce que je devais faire, mais une chose était sûre, j'aimais ça. Je devenais addicte à tous ces jeux sexuels que nous avions créés, plus ou moins ensemble, mais qui n'avait qu'un seul but : le plaisir.
— Sèche-toi et va t'allonger sur le lit, dis-je en lui mettant la fessée. Ce geste m'excitait autant que quand je l'avais reçu.
— Oui Maîtresse, murmura-t-il.
Ces petits mots firent monter mon excitation mais également une vague liée de fierté. Je me sentais honorée qu'il me laisse le dominer. J'avais cependant la sensation que ce n'était pas uniquement le seul sentiment que ces propos avaient éveillé. Il y avait quelque chose de plus profond, de plus enfoui et que j'avais tenté de refouler. Ce moment de clairvoyance ne dura pas. Mon excitation et mon désir revinrent vite contrôler mon cerveau et mes gestes.
Etre au près de Matthieu me faisait pousser des ailes. Tous ces petits gestes, ces phrases que j'avais seulement osé rêver dans mes songes les plus interdits, je me sentais libre de les faire avec lui. Nul autre n'avait réussi à me débrider comme lui et je profitais de chacun de ses moments, consciente que tôt ou tard, ils n'existeront plus.
Rapidement, je me séchai et rejoignais Matthieu qui était déjà allongé sur lit, comme je lui avais demandé. Je m'installai à califourchon et senti son pénis tendu dans le creux de mes cuisses. Je n'avais qu'une envie, le prendre, là maintenant mais je me ressaisi. N'avait-il pas dit que le sexe c'était dans l'attente, la frustration ? Je décidai de refaire ce que j'avais fait dans son établissement, certes pervers, mais très excitant.
Je regardai Matthieu dans les yeux tout en prenant mes seins entre mes mains. Je tentais de reproduire les mouvements qu'il savait si bien faire, en vain. Le but n'était pas là. Je n'avais que peu besoin de m'exciter, mon désir était déjà bien présent, je voulais seulement le frustrer. Je le vis me regarder avec encore plus d'appétit sexuel dans les yeux. Je notai que son souffle s'accélérait en sentit qu'il bougeait sous moi. Ses mains vinrent vers ma poitrine mais je les rejetai.
— Non, tu n'as pas le droit de toucher. Regarde seulement.
J'adorais voir les réactions qu'il avait quand je le frustrai. J'aimais tout particulièrement cette légère lueur d'excitation qui naissait en lui. Ce n'était pas la même que celle du désir. Elle semblait être propre à la frustration. Mais surtout, ce que j'appréciais le plus dans ce jeu, c'était ce sentiment de pouvoir qui m'envahissait. Je le dominais et le contrôlais.
Je continuais mon manège et sentis notre excitation monter encore et encore. Matthieu était incapable de se retenir et essayait, à maintes reprises, de venir toucher mes seins. Pour le punir, je lui bandai les yeux avec son T-Shirt qui trainait par terre. Je remis ses bras à leur place, au-dessus de sa tête. Puis je me soulevai un peu, remuais au-dessus de son pénis, et m'enlevai. Son grognement de frustration me fit plaisir. Je reculai encore et me penchai alors sur lui. Si j'avais aimé les fellations, je l'aurais sûrement pris dans ma bouche. Cependant, j'avais horreur de cela et n'en tirais aucun plaisir. A la place, j'avais décidé de mettre en action un mouvement que je n'avais encore jamais essayé.
Délicatement, je plaçai mes seins au-dessus de son pénis et commençai des mouvements de va et vient. Son membre, déjà très dur, glissai entre ma poitrine. Personnellement, je ne ressentais que peu de plaisir physique mais les gémissements rauques de Matthieu augmentaient mon désir physiologique. L'amour ce n'est pas seulement deux corps, c'est également deux esprits. Je continuai encore jusqu'à ce que j'en puisse plus, je le voulais en moi.
J'ouvris et refermai brutalement tous les tiroirs des commodes à côté du lit. Les bruits sourds faisaient échos à mon cœur qui palpitait de plus en plus fort. Ma quête de préservatif ne fut pas longue, à mon plus grand soulagement, et je tombais rapidement sur une réserve digne d'un grand athlète. Je ne me formalisais pas de ce détail, même si une partie de moi espérait toutes les utiliser, et en saisis un. Je déchirais délicatement l'emballage et équipais Matthieu.
Je me positionnais ensuite au-dessus de lui et lui ordonnai de me pénétrer. Il ne fut pas long à réagir. Saisissant son membre d'une main et en m'agrippant de l'autre, il me pénétra d'un seul coup. Ce mouvement, brusque, de désir n'avait eu d'autres effets que de faire monter encore mon excitation et de libérer un gémissement de plaisir. J'étais mouillée, gonflée par l'envie. J'entamai des mouvements circulaires à un rythme lent. Je voulais encore le frustrer mais je ne pus le faire longtemps. J'accélérai encore et encore, désireuse de trouver la jouissance. Je pris ses mains que je positionnais sur mes hanches et le l'autorisai à bouger. Le sexe en lui-même ne fut pas long, nous vîmes vite. Pour autant, mon orgasme fut violent et salvateur. Affaiblie et repue, je m'avachis à ses côtés et lui enlevai le bandeau improvisé.
*******
Quelques petites précisions sur mon roman :
1. Je vous annonce que j'ai (presque) mis le point final à l'histoire ! Tout est prêt mais attend sagement dans mon petit ordi.
2. Pourquoi ne publies-tu pas tout alors, me diriez vous ! Car je prends le temps de retravailler chaque chapitre (ou partie) avant de vous le montrer (d'où les délais jamais respectés). En plus, j'ai plus de recul à froid et ça me permet de l'étoffer.
3. Enfin, peut-être avez-vous remarqué que je n'avais pas de chapitre du point de vue de Matthieu depuis un bout de temps et vous avez raison ! Je crois que mon cerveau l'avais un peu oublié. Je m'en suis rendue compte et je vais écrire deux chapitres "bonus" sur lui. 1 juste avant celui-ci et le premier entre le chapitre 9 et 10.
4. Pour finir, on m'a suggéré de faire un chapitre avec le pdv de Clément. ça aurait pu être une bonne idée mais ça ne colle pas avec la fin que je veux donner ;) Mais merci et n'hésitez pas à me donner des conseils je suis preneuse !
Bonne lecture !
Exiiste
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top