Chapitre 2 - Paz
Elle trépignait d'impatience.
Ses doigts se refermaient doucement sur les rênes. Sa jument, Pepperminth, fidèle compagnon de route, marqua l'arrêt.
La jeune femme sentait une multitude d'émotions qui se bousculaient en elle.
Elle avait toujours été très empathique et adorait l'idée de pouvoir aider quelqu'un à se reconstruire, se reprendre en main... Ça n'allait sûrement pas être évident, ni très simple, mais ça lui plaisait beaucoup.
De plus, l'enjeu était énorme. C'était la réputation du ranch qui était à l'épreuve et si tout se passait bien, à la fin de ces deux mois, le coup de pub engendré serait un sauvetage pour eux.
Cependant la jeune femme d'un roux flamboyant était assez stressée. Les années précédentes, ils ne recevaient que des enfants. Jamais ils n'avaient eu à s'occuper d'un jeune caïd parisien, qui serait peut-être capable de dérober des objets dans la maison, ou pire, user de violence.
Cette idée lui noua l'estomac.
Maintenant qu'elle venait tout juste d'être majeure, elle pourrait s'occuper activement de ce jeune homme, sans aucun doute bien plus jeune qu'elle.
Elle ferma les yeux. Le vent s'engouffrait dans sa chevelure rousse et sifflait dans ses oreilles.
Elle rouvrit ses paupières.
La vallée s'étendait à perte de vue.
Du haut de cette colline, elle se sentait intouchable.
Sous sa selle, Pepperminth secoua l'encolure pour chasser un insecte et simultanément, les vibrations de son téléphone ramenèrent Paz à la réalité :
19h33.
Merde, elle allait être en retard et son oncle lui en voudrait !
Rapidement, elle pressa ses talons contre les flancs de la jolie jument grise et celle-ci prit le galop.
Après environ deux kilomètres de course, la grande arche boisée du ranch se dessina enfin en bordure de route. Au petit trot, elles longèrent le chemin menant jusqu'à à l'entrée.
Soudain,
Lui coupant presque le route, une voiture noire, qui ne prit pas la peine de ralentir, pénétra dans l'allée caillouteuse.
Les sourcils froncés, la jeune femme eut tout juste le temps de croiser le regard incroyablement bleu d'un garçon assit sur la banquette arrière, qui, ébloui par le soleil, détourna son attention.
S'il s'agissait bien de ce à quoi elle pensait, elle n'aurait pas du tout à faire à un collégien. Et, ça, ça posait problème.
La voiture disparu progressivement derrière les paddocks des chevaux.
Accélérant l'allure, la jolie rousse ferma la marche, arrivant juste à temps.
Médor, une sorte de sosie de Woody Harrelson toujours vêtu de son chapeau de cowboy, se tenait sur le parking, les bras croisés, observant la voiture en pleine marche arrière. Lorsqu'il aperçut sa nièce, celui-ci lui jeta un regard noir lui reprochant clairement son retard.
Il avait tant insisté pour qu'elle revienne à l'heure afin d'accueillir leur "invité". Mais la jeune femme, fougueuse, lui avait désobéit pensant faire un petit tour à cheval rapide. Encore une fois, elle s'était perdue dans ses pensées et cela s'était éternisé.
Oops.
Passant derrière son oncle grognon, elle mit pied à terre et retira le harnachement de sa jument, la laissant brouter paisiblement. Lorsque Médor croisa son regard, elle lui adressa un sourire des plus sincères.
- Alors c'est qui ? C'est lui ? Demanda-t-elle, dévoilant sa jolie dentition.
Pour seule réponse, il lui fit un signe de tête en désignant la voiture.
Un mélange d'excitation et d'appréhension se forma au creux de son ventre.
Elle suivit son regard et ses yeux tombèrent sur la portière arrière qui s'ouvrait. Derrière celle-ci se dévoila un jeune homme aux cheveux dorés qui bouclaient sur l'avant de son front, plutôt grand et aux traits assez fins. Il croisa son regard et le cœur de la jeune femme loupa un battement. Elle sentit ses joues rougir tant le bleu de ses yeux était intense et pénétrant.
Elle se sentait sondée de toute part.
Il n'était pas du tout un adolescent de treize ou quatorze ans comme elle l'avait imaginé, il avait... Il avait presque son âge.
Déstabilisée, elle fit mine de s'adresser à son oncle pour obtenir plus d'informations.
- Je... Je croyais qu'il serait au collège. J'ai loupé une réunion ?
- Il s'appelle Adonis. Il a évité le camp de redressement grâce à sa mère. Si j'ai bien compris, elle est avocate et a forcé un peu la main au juge. Expliqua Médor.
Il se racla la gorge avant d'ajouter :
- Tiens, Paz, va accueillir notre invité.
Invité. C'est le terme sur lequel Médor ne faisait que d'insister. Pour lui, cela sonnait moins "fautif" qui devait se repentir.
La jeune femme s'apprêta alors à avancer en direction du nouveau, mais une question lui vint à l'esprit :
- D'ailleurs... Où est Lancelot ?
Médor laissa échapper un soupir en haussant les épaules.
- Il va, il vient... Il s'est éclipsé en voyant le taxi. J'espère pouvoir compter sur vous deux pour encadrer le jeune, je ne vous serais pas d'une grande utilité ! Soupira Médor en montrant son bras plâtré.
Au loin, on entendit le blondinet pester, se tapant sur les bras pour éloigner les mouches qui avaient eu le malheur de l'assaillir. Le vieux cowboy leva les yeux au ciel. Il avait réellement besoin que ce gamin tienne la route pour l'aider à reconstruire le ranch. Les attitudes de princesse n'avaient pas leur place ici.
Amusée, Paz arriva rapidement au niveau de ce jeune étranger.
- Adonis, c'est ça ?
Il arrêta de s'agiter lorsqu'il entendit sa voix et, sans un bruit, en profita pour la dévisager rapidement avant d'afficher un sourire satisfait. Ça ne dura pas longtemps avant qu'il reprenne un air blasé, las.
- Ouais. C'est ça.
La jeune femme était mal à l'aise et ses joues s'empourprèrent à nouveau. Elle se maudissait à cet instant de rougir si facilement et surtout, d'être décontenancée par ce jeune homme. Jetant à son tour un rapide coup d'œil à leur invité, elle remarqua de fines tâches de rousseur sur l'arête de son nez.
- Super ! Je suis Paz, la nièce de Médor, le gérant du ranch, juste-là ! Le désigna-t-elle du doigt.
Derrière eux, Médor discutait de quelques formalités avec le chauffeur qui s'apprêtait à prendre la route du retour.
- Sérieux, les bottes, les chapeaux... Ça fait pas un peu trop ? Je veux dire, on est pas au Texas quoi...
Paz sembla gênée avant de répliquer :
- On fait de l'équitation western ici, pas du saut d'obstacle.
- Génial, je me retrouve pommé en pleine cambrousse entouré de crottin et de tarés vivants à l'américaine... Qu'est ce que je fous là, putain... Soupira-t-il en checkant le réseau sur son téléphone.
A ses gros yeux, Paz devina qu'il venait de découvrir qu'ici le réseau avait prit des vacances.
- Fais chier... Dit-il tout bas, pour lui-même.
Sans même attendre d'instruction, Adonis attrapa son bagage et se dirigea vers la porte d'entrée du grand bâtiment en bois, sur laquelle on pouvait lire "Wild Spirit's Ranch".
Paz se tapa le front de la paume de la main avant de lui emboiter le pas.
Deux mois ? Ceux-là ne s'annonçaient pas être de tout repos...
Et, Paz n'était pas sûre d'avoir les épaules faites pour.
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