Strong - Part 1
- Il est important de prendre en compte les nouvelles mesures annoncées par ...
Louis n'écoutait la prof que d'une oreille, bien trop concentré, ou plutôt distrait par ce qu'il se passait juste devant lui, deux rangs devant plus exactement, que pour prêter attention au cours que débitait son professeur d'économie assis sur l'estrade d'une voix atone et carrément soporifique. Ses doigts virevoltent néanmoins sur le clavier et pourtant à chaque fois qu'il a jeté un œil sur son écran il a pu remarquer qu'il écrivait n'importe quoi, tous les mots, s'il y en a, sont soit soulignés de rouge ou encore de vert, signe que cela n'a absolument aucun sens et défie les lois grammaticales et orthographiques de la langue française. Non, Louis, lui, préfère regarder ce qu'il se passe devant lui ; le champ est dégagé, il doit n'y avoir qu'une trentaine d'étudiants dans l'amphi et le professeur n'en n'a même pas fait la remarque alors qu'ils sont passés de cent-cinquante à trente individus en l'espace de quatre petites semaines. Louis plisse de temps à autre les yeux pour tenter de lire les répliques qui s'affichent sur l'écran dernier cri de l'étudiant assis deux rangées devant lui. Il est complètement absorbé, et intéressé ; il ne peut retenir un petit rire à une réplique particulièrement stupide de l'un des personnages de son dessin animé préféré s'étouffant avec sa propre salive et entrainant de ce fait une quinte de toux résonnante dans l'amphi. Il ne retient pas non plus un bruit d'indignation quand l'étudiant met en pause l'épisode et se retourne pour lui lancer un regard interrogatif par dessus son épaule. Louis ne remarque pas tout de suite le regard qui pèse sur lui bien trop occupé à fixer l'écran dans l'attente que l'épisode reprenne comme si par la force de son regard il pouvait appuyer sur le bouton play.
- Je peux t'aider peut être ?
- Ouais, remets Play s'il te plaît.
Il répond sans réfléchir, à voix haute et s'attirant les regards des quelques étudiants aux alentours ; il rougit violemment quand il se rend compte qu'il est au centre de l'attention mais surtout qu'il s'est exprimé à voix haute et qu'en plus de cela, il s'est permit de répondre à ce mec alors qu'il s'est fait prendre en flagrant délit d'il ne sait trop quoi. Il fusille les gens du regard avec un claquement de langue agacé avant de reporter son attention sur l'écran mais sa vue est obstruée par deux orbes vertes qui le fixent intensément. Louis pousse un couinement surpris qui à nouveau fait se retourner les étudiants et attirant même l'attention de la prof qui s'était arrêtée dans son monologue pour humidifier ses lèvres sans doutes aussi sèches qu'elle ne l'est elle même.
- Un peu de silence je vous prie jeune homme. Comme je vous le rappelais la loi de financement mise en place a l'occasion de...
Louis n'en n'a rien à cirer, tout ce qu'il veut c'est que ce benêt d'étudiant se retourne et remette en route ce putain d'épisode. Certes, il pourrait le regarder sur son propre ordinateur mais ces épisodes, il le sait, sont postés et disponibles exclusivement pour les titulaires d'un compte utilisateur à trente euros par mois et Louis n'a vraiment pas les moyens de s'offrir cela. Il n'a même pas pu se payer un café à la machine de son bâtiment qui ne coûte pourtant que cinquante malheureux centimes.
- Nous reprendrons dans cinq minutes ça permettra à certains de prendre l'air et enfin se concentrer sur le cours.
Louis jette un regard de travers à cette vieille chouette qui ose insinuer qu'il n'écoute rien, c'est le cas mais qui dit pause, dit qu'il va aussi devoir attendre pour savoir la suite des péripéties de Luffy. De plus l'étudiant est susceptible de changer de place gâchant ainsi l'un des seuls plaisirs de la semaine qu'il ait. Parce que oui, depuis le début des cours, tous les mardis, ce même étudiant vient dans l'amphi profiter de la wifi pour visionner ses dessins animés et si Louis avait au début trouver cette attitude puérile et irrespectueuse il a du admette que ça lui profitait bien lorsqu'il s'est rendu compte qu'il regardait One Piece mais surtout les épisodes en provenance directe d'Asie et fraîchement traduits. Lui n'a pas l'occasion de les regarder dans son appartement, tout simplement parce qu'il n'allume pas la télé, bien sûr qu'il en a une mais sérieux, sa première facture d'électricité lui a filé des boutons de stress pendant plus d'une semaine ! Et les seuls endroits où l'électricité est gratuite sans qu'il n'ait l'obligation de consommer c'est à la fac, sur son lieu de travail et dans le centre commercial. Mais bon, au boulot il se contente de recharger parce que si son patron le surprend encore une fois à mater la télé durant ses heures il risque de se retrouver dans la merde, et dans l'amphi il se sent légèrement fixé, il ne peut pas rigoler à gorge déployée ou taper du pied, ni protester mais là c'est One Piece, les derniers épisodes ! Merde elle fait vraiment chier cette prof. Il a attendu toute la semaine ces quatre heures de cours durant lesquelles l'étudiant assidu regarde ce dessin animé.
Louis fume sa clope roulée nerveusement sur les marches devant son bâtiment, il est seul mais n'est pas envieux de voir tous ses groupes de jeunes plaisanter et discuter, non, de toute façon il n'a pas vraiment le temps de s'autoriser à avoir une vie sociale. Bon ok, il aimerait bien aussi pouvoir discuter et casser du sucre sur le dos des profs ou des gens qui passent mais sans qu'il ne sache pourquoi il ne s'est fait aucun ami depuis le début de la rentrée. Il a bien des potes dans la fac, des gens avec qui ils passent quelques instants, mais quand tu es qualifié de rat de bibliothèque, premier de classe et surtout jamais disponible pour faire la fête forcément ça réduit les rangs. Pourtant Louis est un fêtard, il aime rire même s'il a un humour pourri, il sait s'amuser comme tout jeune de son âge mais il est vrai qu'il prête une attention particulière à ses études. Parce qu'il sait que c'est son avenir qui est en jeux et à défaut d'être un bout en train populaire, il est intelligent. Il bénéficie de la bourse mais malheureusement ce n'est pas suffisant alors il bosse dans un Starbucks de la capitale et boucle ses fins de mois comme il peut, parfois en étant barman dans un club branché ou bien même en gardant des gamins. La vie d'étudiant est plutôt pépère généralement mais Louis galère, entre son loyer, ses titres de transport pas assez occasionnels, sa vieille voiture, sa bouffe et l'argent de poche qu'il file à ses sœurs, Louis se retrouve avec cinquante euros à la fin du mois qu'il ne parvient même pas à mettre de côté. Il a même du se résoudre à fortement diminuer sa consommation de cigarettes et de bonbons.
- Hey Louis ! Ça fait dix minutes là, tu ne crois pas que tu t'es assez fait remarquer comme ça ? Louis renvoie une moue hautaine à Sarah, une jeune fille avec qui il s'entendait plutôt bien mais qui reste étrangement froide avec lui depuis qu'il s'est barré un matin la laissant se réveiller seule dans son lit de son appartement familial. Elle s'est un peu remise de ses émotions il faut croire puisqu'elle lui parle à nouveau même si c'est pour lui lancer des pics. Sa réputation de coureur qui abandonne ses partenaires doit aussi participer à l'absence de sa vie sociale universitaire.
Louis passe les vingt premières minutes de reprise de cours à tenter de prendre en note le flux de mots impressionnants que débite la prof, elle parle toujours trop vite après sa pause café-clope, mais il se ravise bien vite quand l'étudiant revient et s'assoit nonchalamment à la même place que plus tôt et Louis est ravit de ce fait. Il reprend tranquillement le fil de son épisode, laissant tomber le cours pour se focaliser sur ses personnages favoris. Après tout, lui aussi a le droit d'avoir une pause.
* * * * * * *
Le soir même de ce mardi pas si exceptionnel Louis rentre chez lui fatigué, pas physiquement mais plutôt moralement. Il s'est pris la tête avec son collègue qui passe sont temps caché dans l'arrière salle à envoyer des textos pendant que lui se tape et la commande et la préparation des boissons, sous prétexte qu'il a été pistonné il se permet de faire des choses qu'aucun autre employé n'oserait faire. Louis est pour l'égalité, et il n'apprécie vraiment pas ce petit glandeur incapable de préparer un Caramel Macchiato correctement. Il fait froid, le mois d'octobre est venteux malgré les quelques rayons de soleil qui filtrent de temps à autre. Louis craint un peu l'arrivée de novembre qui va amener l'humidité ; son appartement est genre gelé et mal isolé, et le seul point positif au froid qui règne dans l'appartement c'est que Niall se contente de ne pas venir chez lui. Sérieux il adore son meilleur ami mais Niall est trop envahissant par moments. Même si Louis aime rire et plaisanter avec lui et son coloc', ainsi qu'avec les quelques personnes qui composent son entourage, Louis a besoin de moments de paix. Lorsqu'il pose un pied dénudé sur le parquet froid Louis tressaille, il déteste le froid, il sautille jusqu'à son tapis à poils longs, l'un des nombreux cadeaux offert par son ami lors de sa pendaison de crémaillère. Il n'avait pas l'intention d'en faire, son appartement est vraiment petit et il n'avait pas envie de se faire remarquer par les voisins à peine débarqué. Mais Niall n'en n'a pas démordu, alors ils ont fait ça en comité restreint, lui et Niall, un pack de bière irlandaise et de la pizza quatre fromages ; ça craignait en apparence mais c'était suffisant pour Louis parce que même s'il ne l'admet que rarement à voix haute il adore vraiment son faux blond de meilleur ami sans qui il ne se serait sûrement pas relevé des épreuves qu'il a vécues. L'appartement de Louis est petit mais fonctionnel et surtout très bien équipé. Niall a quasiment tout acheté, à chaque fois qu'il venait, il ramenait un truc qu'il disait ne plus se servir, pourtant Louis n'est pas con et il sait très bien que Niall ne lui ramenait que du neuf mais il voulait juste préserver son égo en taisant cela. Il s'affale dans son canapé neuf, qu'il s'est offert pendant les soldes de juillet, il l'a eu à -70% ; en même temps la réduction est justifiée rien que par l'horrible couleur vert pomme du tissus, mais il était neuf et pas cher, et confortable et convertible alors Louis n'a pas fait la fine bouche, au moins il a un lit, alors qu'avant il dormait sur un vieux futon posé à même le sol parce que son canapé était trop petit pour l'accueillir. Son appartement est petit selon lui, il a toujours vécu dans une maison familiale avec cinq chambres et trois étages, un jardin aussi grand que le parc du Luxembourg, bon peut-être pas, mais grand tout de même, et là il se retrouve confiné dans un vingt-deux mètres carrés, un salon qui fait office de chambre, un salle d'eau de trois mètres carrés et une cuisine américaine, sous-entendu une cuisine qui donne dans le salon-chambre. Heureusement qu'il est bricoleur et a plutôt très bien aménagé l'espace. La chose qu'il aime par dessus tout dans son appartement et c'est un luxe apparemment, est son balcon, il y a installé une vieux transat et deux plantes vertes, il n'a pas de vis-à-vis si ce n'est la tour Eiffel qui s'élève au loin et les toits parisiens. Il a deux voisins de palier, une dame d'environ quarante ans et un jeune salarié de trente-quatre ans. Il sait qu'il a de la chance d'avoir cet appartement, parce que parfois quand il écoute certains étudiants raconter leur galère de logement, il admet n'être pas si mal loti.
Il se déshabille, ne prenant pas la peine de se doucher, il n'est pas crevard au point de se laisser puer mais il a juste la flemme et puis il s'est lavé le matin même. Il ne déplie pas son canapé, tire son portable de son sac dont la batterie affiche un plaisant cent pour cent et s'installe pour regarder un film qu'il a téléchargé illégalement durant son cours de comptabilité. Il soupire de bien être mais est vite dérangé par le bruit de coups contre sa porte. Il se lève en grognant, se cognant au passage au pied d'une chaise qui traine dans le petit espace, quand il ouvre la porte il est limite aveuglé par le sourire d'Arthur, son voisin de palier, le jeune actif qui gagne plus de trois mille euros par mois.
- Salut Louis, j'ai ramené chinois, ça te dit ?
Louis hésite, il a faim c'est sûr mais il sait aussi que cette invitation sous-entend de finir sa nuit là-bas. Louis n'est pas stupide, la première fois qu'Arthur est venu lui demander s'il avait du sucre il savait très bien que ça se finirait au pieu quand il l'a laissé entrer. Ça se passe pas comme ça que dans les films hein, faut pas croire, dans la vraie vie c'est pareil, juste une proposition, un prétexte pour inviter l'autre à une partie de plaisir, et ça laisse l'occasion également de refuser poliment sans se prendre la tête et sans éveiller l'intérêt des voisins.
- Ouais, j'ai la dalle. Chez toi.
Arthur sourit et le précède jusqu'à chez lui, Louis se précipite dans son grand appartement bien chauffé et s'installe directement dans le canapé face à la télé allumée. Il attend à peine qu'Arthur se serve pour attaquer la bouffe, ça fait bien trois jours que Louis n'a pas mangé correctement, autre chose qu'un paquet de chips ou un sachet de riz micro-ondable. Et quand le repas est fini, et le film oublié, Louis remercie son hôte comme il se doit, le faisant gémir et couiner sous ses coups de reins brutaux. Louis est un coureur, de jupons et de pantalons, si l'amour n'a pas de sexe, pourquoi le plaisir en aurait ?
* * * * *
Dimanche, le seul véritable jour de repos de Louis, et pourtant il est sur son lieu de travail. Question pratique, il y a des canapés, des tables, des prises, internet illimité, de la lumière, et le must : il a le droit à des boissons gratuites. Parce que son manager l'adore, qu'il n'hésite pas à renfiler sa blouse pendant le rush alors qu'il ne bosse pas pour aider et parce que d'après ses collègues masculins, il est du genre à fidéliser la clientèle qu'il ne fout pas dans son pieu. Il a un devoir particulièrement difficile à rendre pour le lendemain et il n'a pu emprunter le manuel à la bibliothèque parce que tous les exemplaires avaient déjà été pris, il lui faut donc se débrouiller comme il peut.
- Salut Lou' ! Louis grogne sans même relever la tête, il a reconnu la voix de son ami qui vient l'emmerder ici un dimanche sur deux mais habituellement il le laisse tranquille le dimanche où il ne travaille pas préférant venir taper l'incruste pendant ses heures et lui gratter des pâtisseries gratuites alors qu'il a amplement les moyens de s'en payer, il pourrait même s'offrir la boutique entière s'il le souhaitait. Il le sent s'asseoir à ses côtés, en silence et c'est ce qui le fait tiquer, Niall n'est jamais silencieux ; il est bavard, tout comme l'est Louis. Quand ils sont ensemble ils ne s'arrêtent que pour boire et bouffer ou à peine. Il fixe son ami du regard qui s'est plongé dans un bouquin d'histoire et civilisation.
- Ça va Niall ? Son ton est inquiet et vraiment intéressé.
- Ouais. Ok. Louis se dit qu'il sera temps de discuter après et en profite pour rapidement terminer sa dissertation qu'il ne lui restera plus qu'à recopier au propre. Niall aussi fait ses devoirs, même si par son comportement il paraît immature et je m'en foutiste. Niall est une tête, il est intelligent mais il préfère se contenter de notes moyennes, il n'a pas besoin de bosser beaucoup pour réussir ses examens de justesse, il se repose sur ses acquis, vivant sereinement sa vie d'étudiant quand Louis doit se saigner pour rester le meilleur et se démarquer. Niall s'en fiche un peu de la fac, il n'a pas envie d'entrer dans la vie active et c'est la seule option qui lui restait pour que ses parents lui lâchent la grappe. Étudiant en histoire, Niall ne montre qu'un maigre intérêt pour cette matière dans laquelle il excelle en vérité, il est un mordu d'histoire, il s'intéresse à toutes les civilisations et toutes les époques, il se plaît à comparer les populations, à tenter de comprendre les us et coutumes d'autrefois, mais il n'aime pas la fac ou tout est finalement trop cadré. Il dit que l'université c'est fait pour ceux qui ont besoin de barrières et qui se cantonnent à ne pas sortir des rangs. Niall lui veut faire comme bon lui semble, il veut étudier comme il l'entend et pas copier bêtement ce que dit un prof qui manque d'impartialité et d'objectivité. Alors il étudie chez lui et ne se présente qu'aux examens de fin de semestre, participant à quelques cours juste pour voir où en sont les autres et recueillir l'avis du prof et sa façon de penser parce que Niall n'est pas con, il sait que s'il ne va pas dans le sens du prof il échouera alors il le fait juste pour réussir et après prouver qu'il n'avait pas tort. Louis n'est pas comme Niall, il est plus maniable et sans doute aussi plus influençable, il est intéressé par la pensée du prof et puis ce qu'il étudie n'est pas équivalent aux cours de Niall donc pas comparable. L'an dernier, Niall était tellement en désaccord avec son directeur pour son Master qu'il a du tout recommencer et perdre huit longs mois, ce qui leur permettra tous deux d'obtenir leurs diplômes en même temps. Au bout d'une heure, Louis se lève et ramène deux boissons, Niall le remercie d'un hochement de tête sans même quitter sa lecture.
- Niall ?
- Hum.
- Qu'est ce qu'il se passe ? Louis attend sagement qu'il se décide à répondre, et il sait que ça peut prendre du temps ; Niall a quelques difficultés à aborder les sujets plus sérieux surtout quand ça le concerne. En le regardant, Louis ne peut s'empêcher de se faire la réflexion que Niall est particulièrement mignon, avec son visage masculin, sa bouche fine, ses grands yeux bleus, son nez droit et sa petite fossette au menton. Ses cheveux sont teints en blond laissant apparentes ses racines foncées, il ne se coiffe que rarement abordant trop souvent une coupe d'après baise. Il n'est pas très grand mais sa musculature est bien développée, de belles mains soignées, des doigts longs aux ongles courts, des jambes fines qui paraissent bien plus grandes qu'elles ne le sont et qui rendent pas mal de nanas jalouses, un petit cul rebondi et un torse qu'il sait très bien dessiné, Niall est un beau mec, mais c'est surtout son meilleur ami et il est hors de question qu'il le mette dans son lit. Aussi parce que Niall est un pur hétéro, pas vraiment macho mais il a tout du mâle en puissance.
- Rien Louis, je t'assure, c'est juste que Zayn m'a encore planté pour se taper son mec et Gemma passe la journée avec son frangin.
- Et donc toi tu t'es dis que ça serait une bonne occasion pour te rappeler que j'existe le seul jour où je préfère rester seul. Louis se claque intérieurement, il faut vraiment qu'il réfléchisse avant de parler. Niall ne dit rien mais il ramasse son sac et se tire à toute vitesse en lui balançant un "à plus" neutre. Il faut au moins deux minutes à Louis pour suivre Niall toujours en se maudissant. Son ami est sensible sous ses dehors de joyeux luron rustre et bruyant. Et il ne montre sa sensibilité qu'à Louis qui l'a encore une fois remballé. Il passe le reste de la journée à chercher Niall en vain. La culpabilité est une punition que l'on s'inflige souvent à soi-même parce que notre conscience est incapable de s'auto-détester.
* * * * *
Mardi, Louis n'a pas de nouvelles de Niall. Il a été obligé de passer par Zayn qui est devenu un ami au fil du temps ; c'est un mec sympa, calme et discret et surtout un tatoueur hors pair, propriétaire de son propre salon et l'auteur de chaque œuvre qui parcoure la peau de Louis. Zayn a trente-et-un ans, c'est un vieux en quelque sorte quand on sait que lui n'en n'a que vingt-quatre ans et Niall vingt-cinq. Zayn et Niall ont fait connaissance simplement. Niall avait un grand appartement payé par papa et maman et à cause d'une simple erreur de numéro, Zayn a appelé pensant tomber sur le propriétaire d'un appartement en colocation, ils ont discuté, Zayn a visité l'appartement en méconnaissant son erreur ; le feeling est passé et ils vivent ensemble depuis maintenant quatre ans et demi. Ils sont deux opposés mais ils sont très complices, si Niall est le meilleur ami de Louis et inversement, son ami a trouvé en Zayn un substitut de famille, un grand frère qui prend soin de lui, le console et le réfrène. Leur relation n'est pas du tout la même que celle que partage Louis et Niall, mais Louis sait que lui et Zayn sont aussi importants l'un que l'autre pour Niall. Et au fil du temps, Zayn est devenu aussi l'adulte sur lequel il lui arrive de se reposer. Sa famille est loin de lui et même s'il est moins dépendant d'attention et plus solitaire que Niall, recevoir une accolade ou un "félicitation" d'un homme de la trempe de Zayn est toujours agréable et gratifiant. Quand Niall et Louis s'engueulent Zayn se moque toujours d'eux mais ne s'en mêle jamais pour autant disant qu'ils sont assez grands pour se débrouiller et que lui a passé l'âge des enfantillages. C'est vrai que ça en est, Louis était un peu fâche contre Niall qui l'avait ignoré toute la semaine parce que sa copine était là et Louis déteste être délaissé aussi vulgairement qu'on balance ses chaussettes sales dans un coin d'une pièce.
Quand treize heures arrive. Louis balaie toutes ses pensées merdiques, il s'installe à sa place habituelle et est plus que ravit lorsque l'étudiant arrive à l'heure et se pose devant lui, à seulement une rangée et légèrement en décalé lui laissant une vue parfaite sur son écran qui fait au moins une fois et demi la taille du sien. Les cinq premières minutes, il simule un désintéressement total pour l'épisode qu'à lancé l'étudiant, mais pourtant quand une heure plus tard la prof chiante annonce la pause Louis n'a pas vu le temps passer, tout absorbé qu'il était par cet épisode particulièrement palpitant. Il ne sort pas fumer, il ne lui reste que deux cigarettes et il préfère les conserver pour plus tard. Il reste assis la tête posée sur ses bras et continue le visionnage de l'épisode en même temps que l'étudiant et ce durant tout le reste de l'après midi, jusqu'à la fin des cours de la journée.
- À la semaine prochaine. Louis sourit paresseusement et répond un petit "hum", il a l'impression d'être repu et totalement abruti. Un rire rauque, mélodieux, lui parvient aux oreilles et il se redresse vivement, son regard plonge furtivement dans celui de l'étudiant qui s'en détache avant de partir d'un pas nonchalant et maladroit. Louis sent ses joues le brûler en comprenant le manège de l'autre garçon. Même s'il l'injurie à voix basse pour l'avoir démasqué, intérieurement il le remercie car pendant quelques heures il a réussi à oublier Niall.
* * * * *
Samedi, Louis bosse, s'acharnant et se noyant dans ses tâches pour oublier qu'aujourd'hui c'est samedi et que c'est également la soirée qu'il est censée passer avec son meilleur ami. Une semaine sans aucunes nouvelles, ça à le don de le rendre dingue, il est en manque de son Niall. Zayn l'a prévenu ce matin que le sale gosse était enfin rentré au bercail, qu'il était d'une humeur massacrante et que lui, Louis, avait intérêt à venir remédier à ça rapidement parce que ce soir là il a prévu de passer une soirée en solitaire. Louis a répondu un simple ok, auquel Zayn a renchérit par un "J'espère que ton ok signifie que tu vas entraîner la fausse blonde à l'extérieur de l'appartement que vous allez vous réconcilier me permettant de dormir tranquillement"; dormir mon cul. Louis sait très bien que son mec va venir passer le week-end chez eux, comme le week-end précédent, et celui d'avant et encore celui d'avant. Ils ignorent même pas à quoi il ressemble ce mec, en tout cas Louis ne le sait pas. Les gens qui les côtoie demande souvent pourquoi Niall et Zayn vivent encore ensemble alors qu'ils ont maintenant amplement tous les deux les moyens de se payer chacun leur appartement, après tout le salon de Zayn est plus que rentable, quant à Niall en plus de ses économies personnelles, de la fortune de ses parents, il a investit dans le salon de Zayn. Le plus âgé répond toujours que Niall ne serait pas se débrouiller seul et qu'il n'est pas fou pour cracher sur un duplex de 157 m² en plein cœur de Paris. C'est pas faux, néanmoins ils savent tous les trois, que ces deux-là ont sans aucun doute besoin de la présence de l'autre, mais ça les gens n'ont pas besoin de le savoir.
- Bonsoir, qu'est ce que je vous sers ?
- Un grand chocolat viennois au lait de soja et un Mocha blanc s'il vous plait. Louis relève la tête au son de cette voix rauque et grave qu'il n'a pourtant entendu que deux ou trois fois, son regard croise celui de l'étudiant alors que lui continue à préparer les commandes des précédents clients.
- Votre prénom ? Louis attend fébrilement la réponse de l'étudiant qui est à la caisse avec Karim. Louis a du mal à détacher son regard du sien, il est captivé, sans raison juste comme ça.
- Louis. Il a prononcé son prénom d'une manière si sensuelle que lui même ressent des frissons parcourir son échine. Il prend les gobelets que Karim lui tend avec le prénom "Louis" et prépare la commande du garçon qui après avoir payé vient se poster face à lui. Le poids de son regard pèse sur lui et au lieu de le gêner ça lui donne envie de mieux faire encore. Pourtant ce n'est pas comme s'il préparait un truc compliqué ça fait tellement de temps qu'il travaille ici que c'est devenu carrément automatique.
Il pose les boissons sur le bar et récite le prénom inscrit, celui du jeune homme même s'il sait que c'est pour lui et qu'il aurait pu se contenter de lui tendre les gobelets.
- Louis ? Ça sonne bizarre d'appeler quelqu'un qui porte le même prénom que soi. Mais le jeune ne réagit pas alors Louis l'interpelle d'un petit "hey bouclette". Le jeune rougit et bredouille un petit désolé avant de prendre les boissons, de le remercier et de s'en aller au fond de la salle. Il s'assoit près d'un autre gars, des cheveux courts, un peu plus long sur le dessus, et ce qu'il remarque tout de suite c'est la casquette Obey posée sur la table et le t-shirt Marvel de son ami, il a le même couvre chef et ça l'énerve un peu quand il voit quelqu'un d'autre avec alors que Niall lui a ramené de son dernier voyage aux États-Unis. Deux heures plus tard son service est terminé, il se charge seul de la fermeture, il rejoint ensuite sa voiture dans le parking, c'est gratuit pour les employés alors il en profite. Quand il est sur la route, il hésite entre rejoindre son appartement ou retrouver Niall ; il travaille le lendemain, c'est son dimanche de boulot, il est exténué alors il rentre chez lui dans son petit appartement dans le 15ème arrondissement. Et tant pis pour Zayn il n'a qu'à passer la nuit chez son mec pour changer ou se payer l'hôtel c'est pas ce qui manque dans la capitale.
* * * * *
Mercredi, Louis commence à trouver l'attitude de Niall carrément ridicule, rendant la sienne encore plus stupide, ils sont deux cons et Zayn n'est qu'un simulacre d'adulte pas foutu de faire son job correctement. La veille au soir suite à son après-midi film sur l'écran de l'étudiant plus si inconnu - Il a du mal à nommer un autre personne par le même prénom que le sien alors ça restera l'étudiant ou bouclette jusqu'à ce qu'il lui trouve autre chose - il a débarqué chez Zayn qui s'est montré très désagréable. Louis a fui rapidement quand Zayn a compris que non ils ne s'étaient pas réconciliés et que non ce n'était pas chez lui que Niall dormait depuis trois jours et là Louis est juste inquiet et énervé. Et en plus le sermon que lui a servi Zayn n'a fait que renforcer sa culpabilité et sa colère. Mais le pire c'est surtout que cette conne de Gemma ait osé l'appeler en lui demandant où était Niall. Il a envie de sexe, d'une bonne partie de baise pour le détendre. Alors en rentrant en plein milieu de la nuit Louis se dirige directement vers chez Arthur, mais quand Louis lui demande s'il a du sucre avec un sourire enjôleur, pour la première fois depuis qu'il a emménagé, son voisin refuse laissant un Louis abasourdi.
* * * * *
Vendredi, ce matin Louis n'a pas cours, exceptionnellement, il est resté chez lui, porte d'entrée ouverte, emmitouflé dans un gros pull subtilisé dans l'appartement de Niall et il a attendu jusqu'à ce que l'intrus chez Arthur montre le bout de son nez. Car Louis est persuadé que la seule raison pour laquelle il se soit pris un refus c'est parce qu'il n'était pas seul. Alors Louis veut savoir qui ou quoi.
11:30, rien, Louis a faim mais il ne quittera pas son poste.
11:35, Louis est sur le poing de tomber dans les pommes ça fait au moins vingt-quatre heures qu'il n'a rien bouffé et ne rien faire ça creuse.
11:40, une silhouette bien trop connue passe le pas de la porte de son voisin de baise. La personne en question se fige à sa vue, les joues rouges de gènes alors que les siennes sont rouges de colères, il lui indique l'entrée de son appartement et le jeune homme entre sachant qu'il ne sert à rien d'éviter plus longtemps la confrontation. Louis utilise exceptionnellement la cafetière Nespresso, il fait deux cafés, un serré pour lui, un allongé avec trois sucres pour Niall assis dans le canapé.
- Qu'est ce qu'il t'arrive ? Un silence lui répond. Niall c'est bon là, ça devient ridicule cette attitude, tu te vexes ok, une soirée ok, deux jours ça passe encore mais la ça rime à rien ! J'ai pas été sympa mais ça ne justifie pas ton comportement ! Merde on est plus des gamins pour s'ignorer ainsi, parle put..
- Gemma est enceinte.
- Enc.. Hein?!
- Gemma est..
- Oh oui ça va j'avais compris je ne suis pas débile non plus ! Putain ! Mais merde ! Vous ne savez pas que c'est un préserv-
- C'est pas moi le père.
- Oh... Merde Niall.. Louis ne sait plus quoi dire, il ne peut même pas imaginer ce que peut ressentir Niall. L'infidélité pour lui est la pire des choses, il suffit de voir l'aversion qu'il a envers ses propres parents qui se trompent mutuellement depuis des années.
- Tu es sûr que.... ?
- Qu'elle est enceinte ? Oui, elle me l'a dit, elle a fait une prise de sang et a vrai dire elle a déjà un petit ventre et a pris pas mal de poids. Sur que ce n'est pas moi le père ? Elle est enceinte de neuf semaines, faut pas sortir de l'ENS pour résoudre cette simple soustraction et en déduire les bonnes choses. Neuf semaines on est le 24 octobre, donc la conception a du avoir lieux approximativement à la fin du mois d'août et Gemma a passé la totalité de ce mois chez ses grands parents en Angleterre pour ne revenir que la seconde semaine de septembre. Merde.
- Ne dis surtout pas que tu es désolé Louis, s'il te plaît je me sens déjà assez pitoyable et con comme ça.
- Qu'est ce que tu foutais chez Arthur ! Et pourquoi tu ne m'as pas appelé hein ?! Tu m'as gâché un putain de plan cul ! Louis est content de voir Niall rire un peu à sa réplique.
- Je t'ai attendu toute la journée mercredi mais tu n'es pas rentré de la nuit, et puis Arthur m'a vu le soir puis le lendemain assis dans le couloir alors il m'a juste proposé de squatter la chambre d'ami. J'ai comaté toute la journée avant de m'endormir jusqu'à ce matin. Rien d'exceptionnel en soi.
- Tu vas faire quoi pour Gemma ?
- J'en sais rien, je ne sais pas ce qui me fait le plus mal Louis. Je suis un peu perdu, je ne sais même pas ce qu'elle veut elle. J'ai mal de me rendre compte que je suis tellement amoureux de cette fille que là, la seule chose qui m'importe c'est qu'elle soit bien. Je me suis barré quand elle me l'a dit mais c'était uniquement pour éviter de lui faire du mal, d'être blessant ou violent. Je ne sais pas quoi faire Louis, tout simplement parce que je ne sais pas ce qu'elle compte faire.
- Elle va le garder ?
- Oui je suppose, elle a toujours été contre l'avortement et je le suis également.
- Si elle veut rompre ?
- Je ne dirais rien.
- Et si elle veut que tu restes.
- Je resterais.
- Putain t'es vraiment stupide !
- Je sais. Mais tu ferais quoi toi ? Je l'aime Louis.
- Mais.. Mais comment tu peux l'aimer après ça ! Comment tu pourrais élever le gamin d'un autre, un gamin qui te rappellerait chaque jour que cette conne t'a trompé ! Cette garce !
- Ta gueule Louis ! Putain ta gueule ! Louis se tait brusquement faisant claquer sa tasse contre le plan de travail, il n'a pas mesuré ses paroles sous le coup de la colère. Il a toujours été jaloux de cette fille qui prenait toute l'attention de son meilleur ami et si leur relation c'était quelque peu amélioré, il la déteste plus encore maintenant pour avoir fait ça à Niall. C'est vrai que lui aussi a été un salaud avec bon nombre de filles et de mecs mais lui n'a jamais rien promis à personne, il n'a jamais été en couple comme ont pu l'être Niall et Gemma.
- Désolé, je ne voulais pas dire ça.
- Oh si Louis ! Je sais que tu penses même pire et une part de moi est sans doute d'accord avec toi et a envie de l'insulter de tous les noms mais s'il te plaît respecte la, fais le pour moi parce que malgré tout j'aime cette fille, Okay ? La voix lasse et triste de Niall fini de convaincre Louis. Il est fatigué et il suffit de voir la mine de son ami pour savoir qu'il en va de même pour lui. Il ferme les rideaux, assombrissant la pièce, il ôte son pull restant torse nu. Il force Niall à se lever afin de déplier le canapé et de préparer le lit, Niall se déchausse et ôte ses fringues ne laissant que son sous vêtement et enfilant un t-shirt à Louis. Louis, lui, envoie un texto à son manager, il ne viendra pas travailler aujourd'hui, ni demain, simulant une gastro, heureusement que son supérieur a prévenu qu'il y avait une épidémie et donc son excuse passera sans soucis, sans aucun risque de licenciement ou même d'avertissement. En comptant son dimanche ça lui laisse trois jours pour assumer son rôle de meilleur ami et rattraper ses heures de sommeil. Il rejoint Niall sous la couette et l'attire à lui pour une étreinte solide, Niall ne pleure pas, ce n'est pas son genre mais il ressent sa détresse et ses doutes. Louis sait qu'il ne laissera jamais tomber Gemma mais ce que Louis craint vraiment c'est que Gemma lâche Niall.
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