Chapitre 18.

Damon

La voix d'Aubrey est envoûtante. Quand elle m'a annoncé que pour lutter contre ma difficulté à lire, elle me ferait la lecture, j'avais trouvé que c'était une bonne idée : j'adore les livres audio. Mais maintenant que je suis assis à mon bureau, et elle en face, bien droite du chignon au bout de ses talons, je regrette. Sa voix est douce et sa bouche forme les mots avec précision. Elle a un petit air professionnel très attirant.

Je m'aperçois que j'ai grogné de dépit que lorsqu'Aubrey s'interrompt pour me regarder. Merde.

— Un problème ?

— Oui, je marmonne avec mauvaise fois. Vous.

Elle prend l'air adorablement outré.

— Moi ?

— Oui, vous, vous me distrayez du dossier.

— Comment ça ?

Je fais un vague mouvement de la main, comme pour l'englober toute entière.

— Vous êtes là, une distraction vivante, je n'arrive pas à me concentrer sur ce que vous dites.

Elle fait la moue.

— Oui enfin, monsieur, je ne vais pas me cacher sous le bureau pour vous faire plaisir, s'impatienta-t-elle.

Je perçois dans ses yeux le moment exact où elle se rend compte que ce qu'elle a dit est ambigu. Un sourire étire mes lèvres et je m'apprête à lui faire une remarque pour la taquiner, mais elle me devance.

— Un mot et je dis à votre grand-père que vous me harcelez !

J'ouvre grand la bouche, choqué.

— C'est déloyal !

— Je sais qu'à l'adolescence les hormones vous travail, mais pitié, tenez-vous.

— Hé ! je suis adulte !

Elle fait mine de se reconcentrer sur le dossier qu'elle tient, mais elle ne peut pas me cacher l'expression moqueuse qui illumine son visage. Ah ! Elle se fout de moi et elle y prend plaisir ! C'est de bonne guerre, je ne l'ai pas épargné.

— Je suis sûr que vous en êtes persuadée, murmure-t-elle plus pour elle-même que pour moi, mais je l'entends quand même.

— Vous êtes plus mauvaise que vous paraissez, Aubrey. En fait vous faites semblant d'être un robot froid et impersonnel.

— Vous trouvez que j'ai l'air d'un robot ? s'étonne-t-elle.

Et de ce fait, elle penche la tête sur le côté et cligne plusieurs fois des yeux comme si elle enregistrait cette information dans sa base de données robotique. Arrg, adorable.

Je tape sur mon bureau et elle sursaute, je crois que j'ai interrompu sa mise à jour.

— Allons manger une glace !

Elle rit dans un souffle en levant les yeux au ciel.

— Un gamin, confirme-t-elle pour elle-même. D'accord.

Je suis tellement stupéfait que j'en oublie de me lever quand elle tourne les talons pour aller vers la porte.

— Vous venez ?

C'est trop louche, elle a accepté trop vite.

— Vous voulez quoi en échange.

Son visage s'étire d'un lent sourire calculateur, et je sais que j'ai vu juste, ce privilège ne sera pas gratuit.

— Vous n'allez pas en soirée, ce soir.

— Juste ce soir ?

— Juste ce soir, confirme-t-elle.

— OK.

J'accepte parce que c'est trop beau, je pourrais toujours sortir demain soir, et j'attrape ma veste en cuir.

— On y va en moto.

— J'ai déjà commandé une voiture, me coupe-t-elle. Elle nous attend en bas.

J'ai du mal à y croire.

— Vous ne pouvez pas avoir été aussi efficace en si peu de temps.

Elle hausse un sourcil, l'air de dire « on paris » et oh, Aubrey... oui, je veux parier. Je me demande à quel point elle peut être efficace, alors qu'elle ramasse son sac à main et que nous quittons l'étage de Specter & Co pour prendre une voiture, qui effectivement nous attendait en bas. Je regarde avec plus d'intérêt la petite tablette qu'elle balade comme un doudou, soit ça, soit elle est effectivement un robot avec plein de câbles dans son cerveau qui lui permette d'envoyer des messages secrets.

Je suis tellement concentré à essayer de vérifier qu'elle n'a pas une puce électronique sur la nuque que je ne m'aperçois pas tout de suite qu'elle me parle. Elle claque des doigts devant mon nez, et je me reconcentre sur elle.

— Monsieur Specter, j'ai dit qu'on allait manger une glace, pas qu'on cessait de travailler. Je vous parlais du dossier Heraclyon.

Je grogne en me laissant tomber au fond du siège.

— Vous êtes un tyran.

— Faite vous à l'idée et passez à autre chose. Bref, je disais...

Elle se remet à me parler du dossier, mais avec des mots clairs et des phrases courtes, me posant des questions, et très vite, ça devint une discussion. La voiture nous dépose en centre-ville, près de la jetée, là où étaient basés tous les meilleurs marchant de glace.

— Je suis persuadé que ça se vendrait mieux si on le rendait visible sur les réseaux sociaux, la majorité des produits se vende avec des influenceurs, maintenant, et clairement ces bijoux on besoin d'être porté, par d'être exposé sur des affiches dans le métro.

Je descends et me dirige vers le premier glacier que je vois alors qu'Aubrey me rejoint pour poursuivre notre conversation.

— Sauf que le client, lui, à soixante-quinze ans et les réseaux, ça ne lui parle pas du tout, il va falloir que tu le convaincs.

— J'ai raison, il a tort, je n'ai pas besoin d'en dire plus.

— On va retravailler ta diplomatie, hein. Tu veux une glace à quoi ?

Je renifle pour montrer de façon mature mon désaccord avant de me pencher vers la vitrine.

— Chocolat noir et vanille.

Je me redresse et je lis dans ses yeux « gamin », je la fusille du regard. Ce n'est pas des parfums de gamin, ce n'est pas mon problème si les gens adultes sont ennuyeux à prendre des glaces amères du type « citron » ou « mangue passion ».

— Une boule pêche blanche, demande Aubrey et je ricane.

Une adulte ennuyante, je le savais bien, une seule boule, pfff. Aubrey paye, elle me doit bien ça puisqu'elle me gâche une énième soirée, et je prends ma glace.

— Allons nous promenez, j'ordonne plus que je demande.

Elle est bien obligée de me suivre vers la jetée où une chanteuse harmonise sa voix avec le bruit des vagues.

— Tu veux goûter, je demande soudain à Aubrey en lui tendant ma glace.

Elle hausse un sourcil et s'apprête à refuser.

— C'est la meilleure glace vanille que j'ai jamais mangée, mens-je allégrement pour qu'elle accepte.

Ça l'intrigue, il faut qu'elle vérifie l'information, évidemment. Je crois que je commence à la cerner, et quand elle se penche pour goûter, je pousse un peu la glace pour lui en mettre sur le nez.

— Oh, bon sang, Damon, râle-t-elle en se redressant, me fusillant du regard de derrière ses lunettes alors que j'éclate de rire.

Je ne sais pas si c'est l'air marin ou la glace, mais je me sens léger, et bien. Genre, vraiment bien. Aubrey râle en sortant un mouchoir de son sac et je grogne. Non ! Un mouchoir sérieux ? Et une bouteille d'eau pour l'humidifier, Aubrey est définitivement une adulte chiante !

— Vous êtes vraiment un gamin, grommelle-t-elle.

Mais elle a quand même l'air plus détendue, il y a quelques jours, jamais elle ne m'aurait dit, ça. Oh, elle l'a sans doute pensé fort, mais elle tenait encore un peu à son armure de secrétaire guindée ! Elle se détend, et ça promet d'être tellement plus amusant.

— Quand est-ce que tu as perdu ton âme d'enfant ? je provoque.

Mais au lieu de s'agacer, s'énerver ou râler, elle se raidit, et je la sens se renfermer. Merde.

— On n'a pas tous le loisir d'être un gosse de riche privilégié, cingle-t-elle en terminant sa glace (dans un pot, pas dans un cornet).

— Tu me vois comme un gosse de riche ? je tente pour la dérider.

— Tu me vois comme un robot ?

Un partout, balle au centre.

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Voilà nous sommes arrivé au bout des chapitres d'avance que j'avais proposer pour le concours Fyctia !

Ce chapitre est donc inédit, j'espère qu'il vous a plus !

Comme indiquer sur plusieurs de mes histoires j'ai un mémoire à écrire et plus beaucoup de temps, mais rester connecter car de nouveau chapitre apparaîtrons sans doute de façon ponctuel jusqu'à ce que j'arrive à reprendre un rythme correct

Kiss


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